Encore les Simple Minds ? Bah oui. Et tout à l'heure aussi. Un truc à dire au sujet de cet album : la basse y est monstrueuse. Bon, le reste aussi, car sincèrement, Sons And Fascination, quatrième album du groupe de Jim Kerr et Charlie Burchill, est parfait de A à Z, de 1 à 9, du début à la fin et en passant aussi par le milieu. 8 titres (pour environ 45 minutes) juste démentiels, de la new-wave de haute, très haute qualité, le tout sorti sous une pochette bien dans les normes de l'époque (Depeche Mode, New Order, Ultravox, OMD...), c'est à dire post-moderniste, pleine de couleurs, de graphismes, de carrés, de lignes, de brisures...Bref, moche. C'est la seule chose négative à dire ici, car sinon, on nage dans le bonheur intersidérant, à condition d'aimer la new-wave et les synthés, car ici, bah on en a pas mal. Mais c'est vraiment la basse qui prend le dessus, c'est d'ailleurs le premier instrument que l'on entend (et quelle intro !) au début du premier morceau, In Trance As Mission, qui offre presque 7 minute de pure transe musicale, un régal absolu qui file des frissons. Et une ligne de basse inoubliable. L'album marque la fin d'une ère et le début d'une suivante, pour le groupe écossais, c'est clairement un disque de transition, et il sera suivi, très peu de temps en cette même année (je crois même qu'ils sont sortis en même temps) d'un Sister Feelings Call plus court de 10 minutes, offrant 7 titres supplémentaires enregistrés durant les mêmes sessions (et une pochette similaire, mais en bleu). Bref, un double album en deux disques séparés, mais la réédition CD propose le tout en pack. A noter cependant que si la réédition CD 2002 propose tout l'ensemble des 15 titres, les éditions CD plus anciennes viraient les deux derniers titres de Sister Feelings Call (que j'aborde tout à l'heure) afin de tout faire tenir sur un seul CD.
Le début de carrière (1978) des Minds était bluffant, mais mis à part Chelsea Girl et dans une moindre mesure Changeling et Celebrate, pas de hits. Trois albums majeurs du mouvement post-punk (Life In A Day, Real To Real Cacophony et Empires And Dance), pas forcément très accessibles mais remplis de chansons tout simplement tuantes (Pleasantly Disturbed, Scar, Premonition, This Fear Of Gods). On ne peut pas dire que le début de carrière du groupe est commercial. Sons And Fascination, tout en étant recherché, va les mener à un autre plateau, l'album sera un gros succès et un écrin à plusieurs hits : Love Song (et son intro monumentale, quelle basse !), Sweat In Bullet, 70 Cities As Love Brings The Fall... Citons aussi The American sur Sister Feelings Call (et l'instrumental Theme From Great Cities sur le même album suivant) et on a une imposante liste de classiques. Mais le meilleur morceau de l'album n'est pas un hit. C'est le dernier titre de l'album, Seeing Out The Angel, une merveille atmosphérique (claviers qui se diluent dans le temps et l'espace, mélodie sombre, minimaliste et inoubliable, chant aussi habité qu'une pomme pourrie et qui, lui aussi, est inoubliable) qui offre 6 minutes de beauté synthétique.
A côté d'un tel titre, des morceaux comme le remuant 70 Cities As Love Brings The Fall ou le sinistre et lent This Earth That You Walk Upon semblent anodins, pourtant, ce n'est absolument pas le cas. Mais tout l'album est d'un niveau tellement bluffant qu'il en ferait crever de honte le futur New Gold Dream ('81/'82/'83/'84) que le groupe sortira en 1982 et qui, pourtant, dans son genre, est une référence, un classique rempli de hits et de chansons mémorables, un album lui aussi parfait, en fin de compte (et qui fut celui avec lequel j'ai vraiment découvert le groupe). Mais Sons And Fascination, musicalement très proche (moins accessible, plus sombre), est venu avant, c'est le disque ayant vraiment permis au groupe de commencer à cartonner après des débuts artistiquement remarquables, mais commercialement décevants (leurs singles et albums ne se vendaient pas trop, surtout les singles). Le groupe ne cessera pour ainsi dire jamais de jouer sur scène des morceaux de ce disque. Au cours de la tournée 5X5 en 2012 (au cours de laquelle ils ne joueront que des titres de leurs cinq premiers albums, jusqu'en 1982), pas moins de 5, voire 6 titres de cet album (et 2 de Sister Feelings Call) seront sur le double live 5X5 Live, qui est monumental dans son genre ! Bref, un album mémorable et essentiel.
FACE A
In Trance As Mission
Sweat In Bullet
70 Cities As Love Brings The Fall
Boys From Brazil
FACE B
Love Song
This Earth That You Walk Upon
Sons And Fascination
Seeing Out The Angel
Un peu moins certes que sur les précédents albums où c'était le synthé qui plagiait copieusement, sur celui-ci c'est clairement le jeu de basse qui s'inspire librement de Barry Adamson. Par contre côté guitare n'est pas McGeoch qui veut...
L'identité de Simple Minds y est certes plus marquée et commence à venir...