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Encore un petit peu de Têtes Parlantes, ça manquait au blog. Bon, ça sera peut-être le dernier article sur le groupe pour un petit moment, mais autant finir en beauté avec un live tout simplement dantesque. Je l'écoute ultra souvent, pour tout dire, et à chaque fois, c'est comme si c'était la première fois, et comme la première fois (il y à longtemps) fut du genre mais comment ais-je pu passer à côté de ça pendant si longtemps ?, inutile de dire que c'est toujours génial à écouter. Stop Making Sense. Un live sorti en 1984, version album d'un film-concert réalisé par Jonathan Demme. La version sortie en 1984, en vinyle, ainsi que la première édition CD, ne comprenait que 9 titres. La version CD la plus récente, commercialisée à un prix tellement bon marché que ça en devient indécent (le genre de CD que l'on trouve souvent dans les bacs 4 CD pour 20 €/7€ le CD au moment des soldes, et qui reste souvent toute l'année à ce prix-là), rajoute 7 bonus-tracks issus du film, et replace les morceaux dans l'ordre original (car le vinyle d'époque proposait, dans l'ensemble, un ordre quelque peu chaotique). A l'époque de la sortie de ce live au titre tiré des paroles de Girlfriend Is Better, le groupe de David Byrne avait sorti Speaking In Tongues (que j'ai abordé hier, et sur lequel on trouve la chanson que je viens de citer), en 1982 précisément, un disque grandiose et rempli de classiques. Pas moins de 6 titres sur les 9 de Speaking In Tongues sont sur ce live, à chaque fois dans des versions tellement dingues qu'elles en écrasent presque la version studio.

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Why ? en effet

C'est d'ailleurs le cas de tous les titres joués ici. Le concert démarre étrangement par Byrne arrivant seul sur scène avec un ghetto blaster. Salut, j'aimerais vous faire écouter une cassette que j'ai. Il met le blaster en route après l'avoir posé au sol, un son en sort : une version acoustique de Psycho Killer, leur tube de 1977. Seul avec une guitare acoustique, il se mettra ensuite à effectuer des pas de danse totalement...byrniens, loufoques, comme s'il était une balle de jokari. Le tout début du live est acoustique avec ce morceau et le sublime Heaven, puis les musiciens arrivent, ça s'accélère un peu avec une version très stampede de Thank You For Sending Me An Angel avant que le quatrième morceau ne vienne faire basculer, définitivement, le concert dans l'electrique : Found A Job, version courte (deux minutes de moins que la version studio, soit 3 minutes) mais époustouflante. Slippery People, Burning Down The House, une version funkoïde et grandiose de Life During Wartime, un Making Flippy Floppy génial et tassé constituent une suite de morceaux totalement renversants, un des meilleurs moments du concert, avant que Swamp et le morceau solo de Byrne (issu de la bande-son d'un film), What A Day That Was, ne viennent un petit peu (mais juste un petit peu) faire retomber la pression, le dernier morceau cité étant notamment loin d'être le sommet de l'oeuvre de David Byrne. Mais attention, car voici que déboule une version à tomber par terre (d'ailleurs, relevez-vous, vous êtes ridicules) de This Must Be The Place (Naive Melody), chef d'oeuvre optimiste qui permet à Byrne, fringué d'un costard qui lui va comme un gant va à un manchot, de danser avec une lampe sur pied, dans le final. La version studio de la chanson est sublime, ce rendement live est ahurissant de beauté. Comment pareille merveille a-t-elle fait pour ne pas se retrouver sur la version vinyle 9-titres ? Once In A Lifetime suit, same at it ever was, comme le dit la chanson.

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Puis arrive une curiosité qui, parmi les fans des Heads, ne fait pas l'unanimité. Personnellement, j'aime bien, je préfère même amplement ce morceau au What A Day That Was un peu trop long (6 minutes) de Byrne, mais je peux comprendre qu'on n'aime pas. Le Tom Tom Club. Deux des membres du groupe, la bassiste Tina Weymouth et le batteur (et son mec) Chris Frantz, fondèrent ce groupe à l'époque. Histoire de se marrer entre deux livraisons des Heads. Une chanson, qu'ils interprètent ici, marchera très bien à l'époque, Genius Of Love. Un morceau amusant, interprété par Tina (belle voix) et les choristes, avec des interventions amusantes mais un peu irritantes, aussi, de Frantz, qui braille comme un annonceur de radio. Jaaaaaames Brooooooown ! Jaaaaaaames Brooooooown ! Jaaaaaaames Brooooooooown ! Jaaaaaaames Brooooooown ! Ce morceau est l'occasion pour Byrne de se reposer un peu pendant 4 ou 5 minutes, avant de revenir pour un final d'anthologie : Girlfriend Is Better, Take Me To The River (reprise de Solomon Burke, version live à tomber) et un Crosseyed And Painless final tout simplement gigantesque, son absence sur le live vinylesque est incompréhensible (celle du Genius Of Love du Tom Tom Club, moins). En résumé, Stop Making Sense est un live tout simplement essentiel, immense (qualité audio exceptionnelle, de plus), à écouter à tout prix, à voir aussi. Surtout que des images restent longuement en tête, comme cette danse de Byrne avec la lampe allumée, ou son gigantesque, cartoonesque costume, sans oublier son arrivée discrète sur scène, ghetto blaster en main, l'air de ne pas avoir envie de déranger. Ce live est, avec Speaking In Tongues sorti deux ans plus tôt, le sommet de la carrière du groupe. La suite sera en effet assez inégale (Little Creatures pas mal, Naked franchement moyen)... Là, on touche au sublime, au légendaire.

Version vinyle et première édition CD : 

FACE A

Psycho Killer

Swamp

Slippery People

Burning Down The House

Girlfriend Is Better

FACE B

Once In A Lifetime

What A Day That Was

Life During Wartime

Take Me To The River

Version CD 1999 : 

Psycho Killer

Heaven

Thank You For Sending Me An Angel

Found A Job

Slippery People

Burning Down The House

Life During Wartime

Making Flippy Floppy

Swamp

What A Day That Was

This Must Be The Place (Naive Melody)

Once In A Lifetime

Genius Of Love

Girlfriend Is Better

Take Me To The River

Crosseyed And Painless