TH1

Là, je ne vais pas être objectif, je le crains. J'adore les Talking Heads, et cet album, leur cinquième album studio, sorti en 1983, est incontestablement devenu, avec le temps, mon grand préféré d'eux. Oui, devant Fear Of Music (1979), que j'avais qualifié, dans la chronique que j'en avait faite il y à quelques années, comme étant mon favori d'eux. Mais bon, de toute façon, de leur premier opus de 1977 (sobrement intitulé Talking Heads : 77 et sorti sous une pochette toute rouge) à ce disque de 1982, sans oublier le live Stop Making Sense de 1984 que j'aborderai demain ou après-demain, tout est parfait chez les Talking Heads. Groupe fondé en 1976 par David Byrne (chant, guitare, névroses), Jerry Harrison (guitare, quelques claviers et choeurs), Tina Weymouth (basse) et Chris Frantz (batterie, mari de Weymouth). Le premier album offrait déjà quelques classiques (Psycho Killer, No Compassion, Uh-Oh, Love Comes To Town, Happy Day). Le deuxième, premier d'une trilogie produite par Brian Eno (excusez du peu), More Songs About Buildings And Food, en 1978, offre, lui, Stay Hungry, Found A Job, The Big Country, une reprise sublime du Take Me To The River de Solomon Burke. Le troisième, Fear Of Music en 1979, c'est l'apothéose avec Air, Mind, I Zimbra, Drugs, Cities, Life During Wartime, Heaven... Le quatrième, Remain In Light en 1980, sur lequel Adrian Belew joue de la guitare (il rejoindra King Crimson, reformé en 1981, juste après, un King Crimson nouvelle formule très influencé par le son des Talking Heads), offre Once In A Lifetime, The Great Curve, Crosseyed And Painless, Born Under Punches (The Beat Goes On) , que du lourd encore une fois. Au cours des concerts, le claviériste Bernie Worrell (Funkadelic) participe en tant que membre supplémentaire. Puis le groupe sort le double live The Name Of The Band Is Talking Heads (remarquable) en 1982.

TH2

Le son des Heads, à partir de 1980, devient plus world/pop que rock à tendance new-wave arty. Speaking In Tongues, leur cinquième opus, sorti en 1983, enfonce totalement cet état de fait. Avec ses 9 titres, l'album dure soit 40, soit 47 minutes, pour le même nombre de morceaux. La version vinyle d'époque, et une bonne partie des éditions CD, durent 40 minutes (presque 41 en fait), tandis que l'édition cassette et la version CD la plus récente, collector, durent 47 minutes. Les cinq morceaux de la face A ont en effet, sur le vinyle, été raccourcis (ainsi qu'un titre de la face B, Moon Rocks), à l'exception de Burning Down The House. Il faut savoir que sur la version rallongée de l'album (qui fut celle avec laquelle j'ai découvert l'album, en cassette, et quand je me suis payé le CD, une ancienne édition, j'ai été vraiment déçu de constater qu'il durait 7 minutes de moins), tous les titres, sauf Burning Down The House (qui dure 4 minutes), durent au minimum 5 minutes (et quasiment 6 au maximum). Je pense cependant que tous les titres auraient pu tenir, tels quels, avec leurs durées complètes, sur le vinyle, on aurait eu dans les 25 ou 26 minutes pour la face A et une grosse vingtaine pour la B, rien d'insurmontable, surtout en 1982. Mais ce n'est pas le plus étrange. Ce qui est étrange, c'est que ça soit la version raccourcie de l'album qui ait été sélectionnée pour le CD, alors que le CD, pardon, mais il peut contenir sans problème 47 minutes, hein, vu qu'à l'époque de la sortie du CD, ce format allait jusqu'à 74 minutes (et 79,59 maintenant) ! Mais passons. Si vous voulez l'album dans sa version longue, achetez une édition récente, ou téléchargez-là (légalement) sur les plateformes. 

TH3

Musicalement, ce disque, sur lequel on trouve pas moins de 4, si ce n'est 5 classiques, est un chef d'oeuvre de pop-rock un peu world (d'ailleurs, sa pochette fait un peu oeuvre d'art africain ou sud-américain). L'album était, en vinyle, commercialisé en tant que disque transparent, dans une pochette de plastique transparente, du moins dans l'édition collector. Le son de cet album est proche de celui de Remain In Light, en plus world, et au passage, au-revoir Eno, il ne produit pas l'album (c'est le groupe lui-même qui produit), mais son absence, ici, ne se fait pas ressentir. Que du lourd ici, je ne suis pas extraordinairement fana de Swamp et Moon Rocks, mais ces deux chansons sont franchement excellentes. Cependant, Burning Down The House (gros tube), Girlfriend Is Better, Slippery People sont irrésistibles, Making Flippy Floppy (avec sa basse démentielle, morceau raboté de 1,30 minutes dans sa version vinyle) est remarquable, Pull Up The Roots est scandaleusement méconnue, et on a, en final, un morceau légendaire, grandiose, inoubliable, doté d'une ligne de basse sensationnelle et d'une partie de guitare qui la reproduit à la note près : This Must Be The Place (Naive Melody). J'ai envie de dire que rien que pour ce morceau (audible notamment dans le film Wall Street d'Oliver Stone et sa suite), l'acquisition de Speaking In Tongues est chaleureusement recommandée. Une chanson irrésistible, joyeuse, qui met de bonne humeur pour le reste de l'année pour peu que vous l'écoutiez le 1er janvier à minuit une ; une chanson trop courte malgré ses 5 minutes, sur laquelle le groupe tisse une mélodie pop, chaleureuse, tribale et enthousiasmée (de la part d'un groupe tel que les Talking Heads, dont les paroles des chansons sont souvent cyniques ou désabusées, ce n'est pas rien), une mélodie par ailleurs inoubliable (ces petites notes sautillantes de guitare et de basse qui se chevauchent...). Vous l'avez compris, c'est mon morceau préféré du groupe. Mon album préféré d'eux (avec le live de 1984 - sur lequel on a une version époustouflante de This Must Be The Place (Naive Melody) au passage - et Fear Of Music juuuuste derrière). Un de mes groupes préférés. Un des meilleurs albums de pop-rock des années 80. Essentiel, quoi. 

FACE A

Burning Down The House

Making Flippy Floppy

Girlfriend Is Better

Slippery People

I Get Wild/Wild Gravity

FACE B

Swamp

Moon Rocks

Pull Up The Roots

This Must Be The Place (Naive Melody)