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Après la fin de son groupe Taste (deux albums studio, un live, et puis au-revoir) en 1970, Rory Gallagher se lance en solo. Un premier album (éponyme, parfois renommé Laundromat du nom d'une de ses chansons) excellent, un deuxième (Deuce) tout aussi excellent, et un Live ! In Europe (1972) anthologique mais trop court (il n'est que simple) pour confirmer. L'Irlandais à la voix un peu rauque et au style magistral s'impose lentement mais sûrement. Des guitaristes tels que The Edge ou Johnny Marr (des Smiths) s'avouent fans et influencés par son style. Selon la légende, c'est en écoutant le live de 1972 que je viens de citer que U2 s'est formé, avec l'envie de faire aussi bien, si ce n'est mieux (dans ce cas, pari raté, car on ne peut pas dire de U2 qu'il a surfé dans la même catégorie que Rory, U2, c'est certes très bien la plupart du temps, mais c'est pas du blues). En 1972, après cette tournée européenne qui a très bien marché, Gallagher entre en studio pour coucher sur bande les bases d'un nouvel album, qui sortira en début 1973 sous une pochette comptant parmi ses plus criardes (si ce n'est la plus criarde), rose et bleu.

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L'album s'appelle Blueprint, il ne fait pas partie des plus mythiques de Rory (disons, comparé au suivant, Tattoo, enregistré et sorti en 1973, à Calling Card de 1976 et aux deux lives, de 1972 et de 1974 - Irish Tour '74, double). Constitué de 8 titres dont 4 sont non seulement assez longs mais surtout totalement incroyables, Blueprint dure 44 (quasiment 45 en fait) minutes et s'il n'est pas le plus connu des albums de Rory, il est certainement un de ses meilleurs. Pas son sommet total et intégral, pour moi ça reste Tattoo, mais on s'en rapproche. Rien que les deux premiers titres, Walk On Hot Coals (une version live dantesque sur Irish Tour '74, seul morceau de l'album à être sur le double live) et Daughter Of The Everglades, deux titres de respectivement 7 et 6 minutes qui envoient bien le bois en ouverture. De même, les deux premiers titres de la face B, Race The Breeze (presque 7 minutes) et Seventh Son Of A Seventh Son (8,25 minutes), sont de pures tueries. 28 minutes d'intensité blues-rock sur les 44 minutes de l'album. Et le gros quart d'heure qui reste, ces fins de faces ? Sincèrement, c'est du très bon, pas aussi bandant et immense que le reste, mais Hands Off envoie sévère et donne envie de retourner illico le disque noir, If I Had A Reason est excellente, Banker's Blues est sympathique comme tout... 

RG3

Entouré de ses musiciens habituels (le batteur Rod De'Ath, le bassiste Gerry McAvoy, le claviériste Lou Martin ; lui joue de l'harmonica en plus du chant et de la guitare), Rory Gallagher, qui a produit lui-même le bouzin qu'il a enregistré à Londres, nous offre donc ici un album de haute qualité, un de ses plus appréciables à l'écoute, et quand on sait que l'ensemble de la discographie (solo + Taste) de Gallagher est remarquable, on se dit que Blueprint mérite vraiment, mais alors vraiment l'écoute. Ne vous fiez donc pas à sa pochette assez moche, cet album est une tuerie de blues-rock. A noter que tous les albums de Gallagher viennent d'être réédités en vinyle (y compris les lives et les disques posthumes), pour ceux que ça intéresserait, et j'espère qu'ils seront nombreux !

FACE A

Walk On Hot Coals

Daughter Of The Everglades

Banker's Blues

Hands Off

FACE B

Race The Breeze

Seventh Son Of A Seventh Son

Unmilitary Two-Step

If I Had A Reason