Entre ce groupe et moi, une longue histoire. Pas d'amour, cependant. Iron Butterfly, groupe de rock à tendance acid-rock/heavy/psychédélique fondé en 1966, a démarré sa carrière discographique deux ans plus tard avec Heavy, puis un album au titre imbitable : In-A-Gadda-Da-Vida (soit-disant, ça veut dire 'in the garden of Eden', mais prononcé après avoir gobé quelques acides), un disque qui, jusqu'à il y à peu de temps, fut mon seul album du Papillon De Fer, je l'avais acheté en CD il y à, genre, 15 ans, une belle édition avec fourreau et boîtier en hologramme, plus un épais livret, tellement épais qu'il ne rentre pas dans le boîtier mais était glissé à côté dans le fourreau (aux couleurs bien psychédéliques). J'avais acheté ce disque, à un prix tout sauf correct au passage (je crois que j'avais du le payer dans les 20 €...), sur promesse de tomber sur un disque majeur, un classique des classiques, sur la foi de quelques mentions de cet album dans les classements Internet et magaziniers du style 'les meilleurs albums du rock'/'les meilleurs albums des années 60'/'les plus grands albums de rock heavy', dans lesquels on trouve, il est vrai, parfois l'album. J'ai déchanté dès la première écoute, ne parvenant à trouver intéressant que le long morceau-titre de 17 minutes qui, en vinyle, occupait toute la seconde face. On y trouve un solo de batterie assez tuant (un des premiers du genre), une ambiance poisseuse et glauque très réussie, un riff de guitare efficace, une mélodie d'orgue inoubliable et des paroles à la con. Culte, ça c'est clair. Mais la face A... On y trouvait 5 titres de moins en moins réussis au fur et à mesure que le disque avance, et le premier morceau n'étant déjà pas une réussite, imaginez le cinquième ! Et puis une production datée (le son de l'orgue, omniprésent, gâchait pas mal de trucs), un chant moyen... Si on y rajoute des compositions globalement tartignolles, on avait donc, ici, avec ce premier Iron Butterfly, affaire à un album hautement inégal et surestimé. Je me rends compte, depuis, en allant voir certains avis sur le Net, que je ne suis pas le seul à penser ça de ce premier cru du groupe, que je n'aime toujours pas, et n'aimerai jamais.
Récemment, j'ai bouquiné le livre de Manoeuvre, ça, vous le savez, Collector, dans lequel il recense ses 111 albums de chevet à (re)découvrir, des disques certes très réussis (grandioses même pour certains) mais n'ayant pas marché, étant très peu connus, ayant eu des destins tout sauf sympathiques. Parmi eux, un album d'Iron Butterfly. Pas leur premier, mais leur quatrième, sorti en 1970 et intitulé Metamorphosis. La pochette est, de même que celle du Never Never Land des Pink Fairies ou du premier album éponyme du Ginger Baker's Air Force, à l'envers : le titre de l'album et le nom du groupe apparaissent au verso (photo ci-dessus), et le recto ne possède aucune inscription, juste une image étrange, dans un large entourage blanc, d'un couffin et d'un cercueil sur des récifs (la vie, la mort, dans une même image). Au moment de sortir ce disque, le groupe a perdu son guitariste des débuts, Erik Brann (les autres membres, le chanteur et claviériste Doug Ingle, le bassiste Lee Dorman et le batteur Ron Bushy, aussi membres fondateurs, sont toujours là) et ils décident de le remplacer par deux musiciens de studio, Larry 'El Rhino' Reinhardt (qui est crédité sur la pochette comme El Rhino seulement) et Mike Pinera, qui va de plus assurer le chant sur quatre titres. L'album est officiellement sorti comme étant Iron Butterfly with Pinera & Rhino sur la pochette ! Long de 40 minutes pour 9 titres (dont un de 40 secondes, Free Flight, et un de... 14 minutes, Butterfly Bleu), l'album se vendra assez bien, le nom du groupe y étant pour quelque chose, mais n'obtiendra pas des critiques faramineuses. Il faudra ensuite attendre 1974 pour avoir un nouvel album du groupe, avec le retour de Brann, mais sans Ingle et Dorman (ni les deux guitaristes invités sur Metamorphosis), puis il y en aura encore un en 1976 et ensuite, rideau. Metamorphosis est un disque d'acid-rock assez heavy, bien représentatif de son époque, et qui est probablement un des premiers albums sur lesquels on entend de la talk-box, accessoire de guitare qui sera par la suite outrancièrement popularisé par Peter Frrampton.
L'album n'est pas parfait, pas immense du tout même, mais sincèrement, largement supérieur à In-A-Gadda-Da-Vida. J'ai pas écouté les deux albums que le groupe a sorti entre temps, Ball et un Live sorti juste avant Metamorphosis, et comme je n'aime globalemement pas ce groupe, c'est pas demain la veille que je le ferai. Mais je ne regrette pas d'avoir dépensé 20 € (en même temps, c'était pas trop onéreux) pour un pressage original américain 1970, sur ATCO, de l'album, de plus en état impeccable (pochette un peu défraîchie, mais c'est un minimum de reproches à faire à l'exemplaire que j'ai chopé récemment). Je ne sais pas si l'album est facilement trouvable en CD, ni à quel prix, mais je ne voulais pas l'avoir sur ce format certes plus pratique, mais moins mythique. Musicalement, Butterfly Bleu, malgré de bons moments, est trop long (je le répête, 14 minutes), mais on trouve de super bons moments sur l'ensemble de l'album : Soldier In Our Town, Shady Lady, Stone Believer, New Day. La production de Richard Podolor (j'ai parlé récemment, un petit peu, de ce producteur quand j'ai abordé le Special Forces d'Alice Cooper, qu'il a produit, le mec a bouffé à tous les rateliers apparemment) est très bonne, un peu datée mais meilleure que celle du 'mythique' album inégal de 1968 cité plus haut. L'alternance de chant entre Ingle et Pinera apporte du changement, surtout que je n'aime pas la voix de Ingle. Malgré tout, les meilleurs morceaux sont, c'est paradoxal en ce qui me concerne, ceux qu'il chante. Metamorphosis est un bon petit album bien dans son époque au final. Est-ce le meilleur ou le pire du Papillon De Fer, je ne sais pas ; il est meilleur que In-A-Gadda-Da-Vida en tout cas, moins inégal, moins boursouflé et prétentieux. Et j'adore sa pochette (verso, pas recto, un peu glauque et invraisemblable), de plus !
FACE A
Free Flight
New Day
Shady Lady
Best Years Of Our Life
Slower Than Guns
Stone Believer
FACE B
Soldier In Our Town
Easy Rider (Let The Wind Pay The Way)
Butterfly Bleu