On ne le dira jamais assez : l'alcool est un fléau. Si vous voulez une preuve, demandez à Alice Cooper. En 1977, en proie aux affres de la dive bouteille, il sort son dixième album studio, et sur la pochette de cet album, on voit, plutôt bien en vue d'ailleurs, une bouteille de tise. Le titre de l'album est sans équivoque aussi, Lace And Whiskey. Cet album bien formaté (10 titres pour 41 minutes), produit par Bob Ezrin pour la dernière fois en six ans (autant le dire tout de suite), a été enregistré par un Alice Cooper dans un état d'autodestruction quasi-totale. Il faut le regarder sur la sous-pochette (photo plus bas dans l'article, pas la suivante, mais celle d'après), il est méconnaissable, même s'il le sera encore plus sur les pochettes de certains de ses albums suivants (Flush The Fashion...). Au revoir le maquilage outrancier et habituel, au revoir aussi, on a l'impression, les cheveux longs, le Cooper cuvée (le mot, vu son état, est à double sens) 1977 se met, pour les besoins de cet album conceptuel (le troisième de suite !), dans la peau d'un détective privé alcoolo du nom de...accrochez-vous, parce que ça va secouer...Maurice Escargot. Cooper a décrit ce personnage comme un croisement entre Robert Mitchum, l'inspecteur Clouseau de la série de films La Panthère Rose et un parfait idiot. Après la tournée de ce disque, tournée qui sera immortalisée par un live (The Alice Cooper Show, assez médiocre, et un seul titre de cet album s'y trouve, You And Me), le Coop' entre dans un hôpital psychiatrique pour s'y faire soigner de son addiction à l'alcool. Il en avait grandement besoin, mais rassurez-vous, il plongera dans la drogue peu après...
Verso de pochette
Lace And Whiskey a été enregistré avec certains des musiciens cooperiens habituels : les guitaristes Dick Wagner et Steve Hunter, les bassistes Tony Levin, Prakash John et Bob Babbitt, les batteurs Allan Schwartzberg et Jim Maelen, le batteur Jim Gordon aussi. Al Kooper joue du piano sur Damned If You Do, Ernie Watts est au saxophone et à la clarinette, Bob Ezrin joue des claviers. La même année que cet album, les anciens musiciens d'Alice Cooper (période 1969/1974) fondent un groupe à eux, qu'ils appellent Billion Dollar Babies, et avec lequel ils sortent un album, Battle Axe. Des emmerdes juridiques leur interdiront, on s'en doute, de poursuivre leur aventure, le nom ne leur appartenant pas... C'était pour l'anecdote permettant de rajouter une ou deux lignes au paragraphe. Car, sincèrement, je suis bien emmerdé. Que dire sur Lace And Whiskey ? C'est un des albums les plus pourris d'Alice, tous les fans sont d'accord sur ce point. Peu le défendent. La pochette est belle, originale, avec ce livre de poche au titre de l'album et au nom de l'artiste, sa photo au verso de pochette (qui montre la quat' de couv' du livre, évidemment), cette pochette noir & blanc est clairement la seule chose de potable ici. Musicalement, l'album est plus rock que hard. Ne vous fiez pas à It's Hot Tonight qui ouvre l'album (une chanson nerveuse mais pas géniale, d'ailleurs), l'album est assez mou du genou (le dégoulinant You And Me).
Non, décidément, cette affaire ne s'annonçait pas comme la plus facile et la plus agréable de ma carrière...
Aucune chanson n'est convaincante, l'album a beau ne durer que 41 minutes, il est putain de trop long, on s'emmerde vraiment, on se demande si, malgré la voix si caractéristique, on est bien en train d'écouter un album d'Alice Cooper. C'est juste pas envisageable, en écoutant Lace And Whiskey, de se dire qu'on a affaire au mec qui nous a offert, un an plus tôt, Alice Cooper Goes To Hell, et quelques années plus tôt des albums tels que Killer ou Billion Dollar Babies. King Of The Silver Screen (avec son samplage final de Battle Hymn Of The Republic), Ubangi Stomp (une reprise), My God, Road Rats, autant de chansons médiocres (la reprise est mal reprise), idiotes, sans aucun intérêt. Entendre Cooper chanter You And Me, ballade aussi sirupeuse que du mauvais Billy Joel (si si, ça existe), ça fait mal. La production est correcte (Ezrin, évidemment) mais quand le matériau de base est aussi merdique, ça ne peut que donner un résultat merdique. Et puis, c'est quoi, cette histoire, difficilement suivable (les paroles manquent à l'appel sur la pochette), de détective privé façon Chandler/Hammett ? Il suffit de regarder la photo de pochette intérieure pour se rendre compte que Cooper n'est pas à l'aise du tout, en dépit de son petit sourire narquois, clope au bec et pistolet en train de se faire charger. Et une bonne bouteille de whisky, bien en vue, comme pour insister, en plus du titre de l'album, sur le fait que this album was recorded under the influence of Seagram's VO. Mon pauvre vieux... Vivement le prochain album qui, lui, sera remarquable. Vivement demain, quoi.
FACE A
It's Hot Tonight
Lace And Whiskey
Road Rats
Damned If You Do
You And Me
FACE B
King Of The Silver Screen
Ubangi Stomp
(No More) Love At Your Convenience
I Never Wrote Those Songs
My God
bon, sinon, "You and Me", ouais, on est d'accord. ca aura au moins eu le mérite de renflouer un peu les caisses du Coop'