Bon, ça y est, j'ai enfin réabordé les trois opus cooperiens (Killer, School's Out, Billion Dollar Babies) qui, il y à longtemps, avaient été abordés sur le blog. Vu que je comptais aborder, enfin, les autres albums, il me semblait logique de les refaire, dans la continuité chronologique, pour éviter de passer brutalement du troisième au septième album du mec. A partir de maintenant, donc, et jusqu'à la fin du cycle, c'est du Alice Cooper nouveau (comprendre : des albums abordés ici pour la première fois) que je vais vous servir. Et voici donc le septième album d'Alice Cooper, qui sera aussi le dernier fait avec son groupe mythique (Dunaway, Bruce, Smith, Buxton). Il fait suite au triomphal et gigantesque Billion Dollar Babies et comme lui, date de 1973. Il est sorti en fin d'année, sera un très très fort succès commercial (disque d'or au bout d'une bonne semaine après sa sortie) et Alice a écrit les paroles des 9 chansons (l'album dure un tout petit peu moins de 40 minutes) en deux jours au cours d'un petit congé bien mérité à New York. L'album s'appelle Muscle Of Love et il est sorti sous une des plus étranges pochettes d'Alice, qui ne sera pas en reste, par la suite, pour livrer d'autres pochettes étranges dans le courant des années 80. La pochettte est un carton type d'emballage, marron, classique, avec le bas qui semble trempé (une imitation, évidemment), la mention 'fragile', et une précision comme quoi cet emballage contient un exemplaire de l'album.
L'expression sur le visage d'Alice n'a pas de prix !
A l'intérieur, la sous-pochette propose deux photos, toutes deux dans l'article, de la même scène, en avant et après : Alice et ses musiciens, vêtus comme des marins en goguette, sur le point d'entrer dans un club de strip-tease (l'expression du visage d'Alice, billets de banque en main, est hilarante, celle du type qui sait qu'il va passer un très bon moment bien coquin et s'éclater comme un demeuré, ça fait très cartoon), et à la sortie du club, vêtements déchirés, gueules en vrac, amassés sur le trottoir après ce que l'on imagine être une bonne bagarre. Le pressage original avait aussi une autre pochette dans la pochette principale (qui, elle, était en vrai carton de qualité similaire à celle du carton d'emballage standard), montrant le groupe en marins, en train d'éplucher des patates. L'album a été produit non pas par Bob Ezrin, mais par Jack Richardson et Jack Douglas, et a été enregistré entre New York et Greenwich dans le Connecticut. C'est le dernier album de Cooper avec son groupe, comme je l'ai dit, et il faudra attendre 1975 pour que le Coop' refasse un disque, le premier de sa carrière 'solo'. Apparemment, les conditions d'enregistrement furent épiques : Ezrin devait produire le disque, mais des tensions entre lui et certains membres du groupe durant des répétitions firent qu'il abandonnera le poste. D'autres sources disent qu'en fait, Ezrin était malade, ou l'avait été récemment, et était en convalescence. Peu importe, l'enregistrement fut difficile dans tous les cas, Dennis Dunaway (basse) ayant dit, au sujet de l'album, qu'ils étaient tous complètement crevés, vidés, suite aux retombées de l'album précédent, et ont donc eu du mal à aligner 9 morceaux. Aucune des 9 chansons n'est un classique cooperien comme l'étaient School's Out, Under My Wheels ou Elected, au passage.
Si l'album a bien marché, la popularité de Cooper ayant joué pour pas mal, les critiques presse furent, elles, assez moyennes, pour ne pas dire méchantes, vis-à-vis de ce Muscle Of Love un peu paresseux et sentant bon la fin de parcours. Enregistré avec notamment l'ajout du guitariste Dick Wagner (qui fit partie de l'équipe de Lou Reed pour Berlin et les lives Rock'n'Roll Animal et Lou Reed Live, et participa aussi, discrètement, aux sessions de Billion Dollar Babies) et des choristes tels que Ronnie Spector Liza Minelli et les Pointer Sisters, l'album offre quelques très bons moments : Muscle Of Love, Teenage Lament '74, Man With The Golden Gun et Big Apple Dreamin' (Hippo), mais il est vrai que l'album est un peu frustrant. Au même titre que School's Out, il fonctionne difficilement comme un ensemble. Le Coop' interprètera rarement les chansons de Muscle Of Love en concert par la suite, et la moitié de l'album n'a même jamais été jouée live du tout. Le disque est correctement produit, il manque la touche ezrinienne, mais ce n'est pas honteux. Les chansons sont dans l'ensemble correctes, mais son sent vraiment le groupe en bout de souffle, fatigués, need a break, et justement, ce break, ils y auront droit, vu que c'est le dernier album d'Alice Cooper en tant que groupe. L'année suivante, 1974, ne verra aucun album d'Alice sortir, juste un best-of comprenant deux titres de cet album, et aucun des deux premiers opus psychédéliques (quelle surprise). Mais en 1975, désormais sans son groupe, Alice reviendra, et ça sera quelque chose, vous pouvez me croire ! La suite demain...
FACE A
Big Apple Dreamin' (Hippo)
Never Been Sold Before
Hard Hearted Alice
Crazy Little Child
FACE B
Working Up A Sweat
Muscle Of Love
Man With The Golden Gun
Teenage Lament '74
Woman Machine
Ce Muscle of Love en revanche est effectivement le seul album dispensable du groupe, comme tu l'as bien décrit. Un tube, "Working up a Sweat", un "Muscle of Love" indéniablement bon auquel j'ajouterai personnellement "Hard Hearted Alice". mais c'est vrai que ca sent la fin....