L'autre jour, je me disais encore, en me levant (non, je déconne : pas en me levant), que seulement quatre albums d'Alice Cooper abordés sur le blog, et ce, depuis la nuit des temps (2013 pour l'article le plus récent), c'est ma foi bien peu, mes braves. Il faut putain-de-remédier à ça. J'ai donc décidé conjointement avec moi-même de faire un petit cycle cooperien sur le blog : aborder, dans l'ordre, les albums du mec, de Pretties For You à DaDa, soit une période de 15 albums studio en presque autant d'années. Un ami m'ayant gentiment prêté un coffret renfermant ces albums, je ne vais pas me priver pour les aborder enfin (et réaborder Killer, School's Out et Billion Dollar Babies). J'en profiterai aussi pour faire Welcome To My Nightmare 2, de 2011, au passage, c'est pour moi, c'est cadeau (Hanouna, sort de ce corps et va te foutre...dans la Seine). Pour le reste (Constrictor, Along Came A Spider...), c'est pas au programme pour le moment, on ne peut pas tout avoir, et arrête de chialer, toi, au fond à droite, tu es ridicule. Place donc à la première chronique du cycle, pour le premier album d'Alice Cooper, sorti en 1969 sous une pochette rose pâle assez moyenne et vraiment à des années-lumière des futures pochettes d'albums du Coop'. L'album s'appelle Pretties For You, et a été produit par Alice Cooper lui-même, c'est le seul album (ou en tout cas, un des rares) qu'il a lui-même produit. Alice Cooper, à l'époque, c'est le groupe, jusqu'en 1974, après, son groupe se séparera et il continuera en solo. Tout le monde le sait, mais je le rappelle : le vrai nom du mec, c'est Vincent Furnier. Au moment de la sortie de ce premier opus, c'est un protégé d'un certain...Frank Zappa. Lequel aurait coproduit le bouzin, sorti sur le label Straight Records, qui appartenait à...oui, bravo, Zappa.
Verso de pochette vinyle
En 38 minutes, cet album inaugural contient pas moins de 13 titres, dont un capté live (Levity Ball) et cinq qui durent moins de 2 minutes. La pochette étrange est signée Edward Beardsley et le tableau original fut accroché sur un mur de la maison de Zappa, puis a disparu, prétendument volé selon les dires de Gail, la veuve du Grand Wazoo. Si l'artwork est chelou, le contenu musical de ce premier opus n'est pas anodin non plus. Déjà aux commandes de son groupe fétiche constitué de Dennis Dunaway (basse), Glen Buxton (guitare solo), Neal Smith (batterie) et Michael Bruce (guitare, claviers, chant sur un titre), Alice Cooper livre un album original, surtout pour son époque, et franchement très éloigné de ce pour quoi on le connait, le shock rock amusant et bien trippant. Rien ici, pas même Reflected qui quatre ans plus tard deviendra Elected, ne permet de se préparer au futur choc de Killer et Billion Dollar Babies. C'est parfois heavy, mais comme ça, sans plus, c'est nettement moins bourrin que ce que Black Sabbath faisait la même année avec son premier opus éponyme. C'est presque flower power, dis-donc (B.B. On Mars). On trouve d'excellents morceaux (Levity Ball, malgré l'épouvantable qualité sonore de ce titre capté live ; Today Mueller ; Living ; Reflected), mais aussi des trucs un peu bizarres et qui ne fonctionnent pas très bien (Titanic Overture, B.B. On Mars, Sing Low, Sweet Cheerio au titre en jeu de mots, Earwigs To Eternity).
Le chant si particulier, la voix si particulière d'Alice Cooper est déjà là, et on imagine que sur scène, le Coop' se fardait déjà bien le visage, se faisant des toiles d'araignées autour des yeux et un maquillage buccal sanguinolent. Il n'en était cependant pas encore à se faire exécuter par pendaison, guillotine, fusillade ou électrocution à la fin de ses shows, ça viendra plus tard. Il devait déjà têter un peu de la bouteille, ou bien prendre de la drogue, le LSD a sans aucun doute aidé à la conception des 13 morceaux souvent courts, souvent un peu mal fagottés mais souvent intéressants, de ce Pretties For You. L'intérêt de ce disque n'est pas immense. Un fan du Coop' l'écoutera par curiosité, un esprit curieux ne connaissant pas forcément l'oeuvre du Coop' pourra se laisser tenter à condition de ne pas le payer trop cher, ça ne mérite pas spécialement qu'on écume les conventions de disques et qu'on claque une fortune pour un exemplaire d'époque. Pretties For You est meilleur que pas mal d'albums que Cooper fera durant une décennie 80 redoutable (l'alcool y fera des ravages), mais ce n'est pas pour autant un grand disque, juste un objet de curiosité, parfois intéressant, parfois un peu embarrassant, très daté (la production est correcte, mais sincèrement, il y à mieux), et rien que l'album suivant, Easy Action, sorti en 1970 et produit par David Briggs est plus réussi, mais c'est clairement à partir du troisième album, produit par Bob Ezrin (première d'une longue série de collaborations), qu'Alice va décoller. J'en reparle bientôt.
FACE A
Titanic Overture
10 Minutes Before The Worm
Sing Low, Sweet Cheerio
Today Mueller
Living
Fields Of Regret
FACE B
No Longer Umpire
Levity Ball (Live At The Cheetah)
B.B. On Mars
Reflected
Apple Bush
Earwigs To Eternity
Changing Arranging