Histoire de bien finir le petit cycle princier...du lourd. C'est son sixième album studio (et tout court, en fait) et sa première bande originale de film. Le film porte évidemment le même nom que l'album, qui est, vous l'avez deviné, Purple Rain, sorti en 1984 et ayant vraiment, totalement et définitivement, servi à mettre Prince tout en haut de son échelle à succès. Je ne vais pas parler du film, réalisé par Albert Magnoli, et dans lequel jouent Prince, Apollonia Kotero, les musiciens et choristes de Prince (Lisa Coleman, Wendy Melvoin, Bobby Z., Matt Fink, Brown Mark), mais aussi divers acteurs tels que Olga Karlatos et Clarence Williams III. Le film est daté, bien que toujours appréciable, mais n'a jamais été un chef d'oeuvre et n'en sera jamais un. Sa bande originale, elle, sortie parallèlement sous une pochette qui, les bordures fleuries exceptées, reprend l'affiche du film, est une date, un chef d'oeuvre de pop funky et r'n'b, un des meilleurs albums de Prince, et quand je dis un des meilleurs, putain, c'est vraiment un des meilleurs. C'est bien simple, des 9 titres (pour presque 44 minutes), il n'y à rien à jeter, rien du tout, tous les titres, qu'ils aient été des tubes ou pas (en parlant de tubes, il y en à quelques uns ici : le morceau-titre, évidemment, mais aussi When Doves Cry, Let's Go Crazy, Take Me With U et I Would Die 4 U dans une moindre mesure, tous sortis en singles entre 1984 et 1985. Les faces B des singles, sauf pour un, étaient des chansons absentes de l'album, sinon tout l'album serait sorti en single, comme ce sera, je crois, le cas pour le Bad de Michael Jackson en 1987.
Verso de pochette
Avant ce disque, Prince avait sorti 1999 en 1982, un double album (simple CD depuis) franchement bon bien qu'un peu long, et qui sera, sous sa fracassante pochette (le 1 du titre est remplacé par une...bite), marchera vraiment fort en cette année de Thriller. Mais le match Prince/Bambi fut remporté par le second, en 1982. En 1984, Bambi est occupé par We Are The World, et Prince, qui ne participera pas à U.S.A. For Africa, a le champ libre. Et il en profite, le p'tit salopiaud. Purple Rain, l'album, est un chef d'oeuvre, et Purple Rain, la chanson, longue de presque 9 minutes, est le chef d'oeuvre de ce chef d'oeuvre, ça va, c'est pas trop lourd ? En même temps, cette chanson, pardon, mais c'est du lourd. Chant parfait et inspiré, solo de guitare à tomber, refrain certes basique, mais des plus fédérateurs, intro à tomber, final orchestral dantesque... Dans le film, le passage de l'interprétation de la chanson est, aussi, remarquable. Ce morceau achève à la perfection un album qui, sans lui, aurait tout de même été un sacré bon boulot. When Doves Cry, par exemple. Une pure tuerie sans basse (je le précise, aucune basse sur ce morceau), mélodie synthétique inoubliable, chant parfait, paroles géniales... Au final, ce morceau est probablement mon préféré de l'album, oui, malgré Purple Rain tout de même. Darling Nikki, aux paroles si osées (ça parle de sexe, personne ne s'était douté que le morceau parlerait d'autre chose) que l'album sortira sous le fameux sticker "Parental Advisory - Explicit Lyrics" noir & blanc et que ce fameux et infâme sticket a d'ailleurs été quasiment inventé pour l'occasion, est une autre excellente chanson, Let's Go Crazy est une ouverture idéale, frénétique et rythmée, pour l'album, Computer Blue est excellente...
Non, vraiment, tout du long de l'album, le Kid de Minneapolis (The Kid est par ailleurs l'appellation sous laquelle le personnage joué par Prince est nommé durant tout le film, largement autobiographique) nous régale de sons pop, funky et modernes, sous une production parfaite. Purple Rain fait partie des incontournables de la musique des années 80, à ranger aux côtés d'autres albums essentiels tels que Brothers In Arms, So, Thriller, Cloud Nine, Tattoo You, Rum, Sodomy & The Lash et d'un autre album de Prince, Sign 'O' The Times, pour ne citer qu'eux. Morceaux d'enfer, production parfaite (l'album sonne bien mieux que les précédents opus de Prince), interprétation parfaite, durée idéale, l'album sera, on s'en doute, un retentissant succès. L'année suivante, Prince sortira un de ses meilleurs albums, mais qui, hélas, lui, se vautrera quelque peu, surtout du côté des critiques presse qui ne le comprendront pas bien et ne lui pardonneront pas son côté peu accessible, un an à peine après cet album légendaire de 1984. Le titre de l'album suivant ? Around The World In A Day, évidemment, lequel est probablement encore meilleur que Purple Rain, dans un sens. Pas moins bon, en tout cas, et rien que ça, déjà, c'est énorme !
FACE A
Let's Go Crazy
Take Me With U
The Beautiful Ones
Computer Blue
Darling Nikki
FACE B
When Doves Cry
I Would Die 4 U
Baby I'm A Star
Purple Rain