Depuis le temps ! Depuis le temps qu'on attendait ça, qu'on espérait ça, sans trop y croire (dans une interview donnée dans Rock'n'Folk il y à quelques années, à la question Téléphone remontera-t-il sur scène ? , Bertignac avait répondu par une anecdote : il avait un jour demandé à Jimmy Page si Led Zeppelin se reformerait, et il lui avait répondu en lui demandant s'il croyait aux contes de fées...), mais c'est fait : Téléphone s'est putain de reformé. Bon, pour des concerts, pas un album studio. Et c'est pas exactement Téléphone, bikoze Corinne Marienneau, la bassiste, n'est pas là (personne, dans le groupe, elle y compris, n'avait apparemment envie qu'elle soit de l'aventure). Mais le groupe, renommé Les Insus ? (jeu de mots évident sur 'insupportable' et 'portable'), avec point d'interrogation dans le nom, s'est reformé, en 2015, pour un concert dont la teneur sur le groupe qui allait jouer était restée à peu près secrète jusqu'au dernier moment. Puis un autre concert. Puis, devant le succès monumental et le retentissement médiatique, pour une tournée, avec accomplissement final au Stade de France les 15 et 16 septembre 2017. Et moi, j'ai loupé ça comme un gros connard. Mais heureusement, il y à le DVD live (perso, je l'ai en Blu-ray, mais c'est identique pour le contenu) sorti récemment, et avant ça, le double live, enfin, triple dans son édition collector (et une édition encore plus collector propose un quatrième disque, avec quelques titres supplémentaires joués durant la tournée, absents du triple live et du futur DVD pour la plupart : Les Dunes, Téléphomme, 2000 Nuits). Je n'ai pas le coffret 4 CD, juste le triple CD. Qui est immense, et me voilà à le chroniquer ici ! Les Insus ? se sont donc reformés : Jean-Louis Aubert (chant, guitare, piano sur un titre), Louis Bertignac (guitare, choeurs, chant sur quelques titres), Richard Kolinka (batterie, acrobaties avec ses baguettes et autres pitreries), plus, à la basse et aux choeurs, Aleksandr Angelov, un bassiste ayant notamment, gasp, oeuvré pour Jenifer. Mais rassurez-vous, le mec, avec son look de motard mal rasé, est plus que compétent. Il est même vraiment bon et je pense qu'il ne fait pas regretter l'absence de Corinne, même si, évidemment, les choeurs perdent leur petit côté féminin sans sa voix à elle. Et évidemment, Le Chat, chanson qu'elle interprétait sur Dure Limite, n'est pas interprétée, ce qui ne manquera à presque personne en réalité.
C'est Téléphone, donc aucun titre solo d'Aubert ici, ce qui n'est pas plus mal, car à deux albums exceptés (Plâtre Et Ciment et H), j'ai toujours trouvé les albums solo d'Aubert un peu moyens. Le triple live propose, sur ses deux premiers disques (les mêmes que pour l'édition classique à pochette noire ne proposant que deux disques ; et le vinyle triple disque ne propose que le concert principal, pas le disque bonus), un mélange de deux concerts donnés les 21 et 22 octobre 2016 à Bercy (oui, je sais, l'Accor Hotel Arena, maintenant ; mais dans 250 ans, je dirai toujours Bercy, les mecs), soit le jour de mon anniversaire et son lendemain. Le disque bonus, c'est le concert du 3 novembre 2016 au Trabendo, à Paris. On notera une belle coquille dans le livret, il y est indiqué que le concert du Trabendo a eu lieu le 3 novembre 2017, soit deux mois après la sortie du triple live ! Qui s'appelle Les Insus ? Live évidemment. Je vais d'abord parler du disque bonus, le Trabendo 2016. 18 titres qui, à quelques exceptions près, sont joués, sur scène, dans l'ordre des albums. Le show commence par Un Homme + Un Homme, issu du troisième opus Au Coeur De La Nuit, mais ensuite, on a, grosso modo, plusieurs chansons de chaque album, dans l'ordre des albums, on traverse le temps. La grande, grande majorité des morceaux de ce troisième disque sont des titres moins connus (sauf des fans), pas de doublons avec les deux précédents disques. Si Anna et Juste Un Autre Genre sont connues, ce n'est pas vraiment le cas de La Laisse, d'Ordinaire, J'Suis Parti De Chez Mes Parents, Prends Ce Que Tu Veux et Les Ils Et Les Ons. Toutes sont excellentes, et excellemment bien jouées, et on sent que le groupe s'éclate, vu les plaisanteries entre les morceaux.
Puis le concert (les concerts !) de Bercy, sur les deux premiers disques, soit environ 110 minutes (le disque 3, lui, dure 78 minutes bien tassées) ; et là, c'est infernal, immense, et tous les tubes sont là, de Crache Ton Venin à Ca (C'Est Vraiment Toi) en passant par Le Jour S'Est Levé que Téléphone n'avait jamais joué live, la chanson étant sortie au moment de la séparation du groupe en 1986. Là aussi, dans l'ensemble (enfin, surtout au début du concert), on traverse le temps, chronologiquement, écoutant d'abord Hygiaphone et Dans Ton Lit avant de passer à Fait Divers, Argent Trop Cher, Au Coeur De La Nuit (agrémentée d'un sublime solo final de Bertignac)... Bertignac, justement, s'offre deux chansons : 66 Heures et Cendrillon, avant que le groupe nous fasse jouer, pendant 7 minutes et des poussières, à une magistrale et jubilatoire partie de Flipper. Mon morceau préféré du groupe ! Le CD 1 se termine sur cette déflagration monumentale (ce riff...écouté le matin au réveil, et présent dans la tête jusqu'au coucher du soir tellement il est prenant !), et le second s'ouvre sur un Métro (C'Est Trop) génial. Le Silence, très bluesy, est excellente, je préfère cette version à celle présente sur Au Coeur De La Nuit, personnellement, et que j'ai toujours trouvé un peu longuette et ennuyante. Le Jour S'Est Levé (avec Aubert au piano), grand moment d'émotion. Puis Jour Contre Jour (absent du concert du Stade de France, en tout cas pas sur le DVD/BR qui est un mélange adroitement monté des deux concerts, 15 et 16 septembre), avant que ça ne redémarre en fanfare avec Dure Limite, New York Avec Toi, Un Autre Monde, Le Vaudou (Est Toujours Debout) (aussi absent du DVD, qui, cependant, lui, propose Fleur De Ma Ville, Ce Soir Est Ce Soir et Electric Cité en contrepartie, immenses et, pour les deux premiers, en acoustique le temps d'un mini-set), Ca (C'Est Vraiment Toi) et le final évident (vu son titre), Tu Vas Me Manquer. Voilà (je n'ai pas tout cité, mais presque tout, et, oui, La Bombe Humaine, que je n'avais pas cité, est évidemment joué - ainsi que Ce Que Je Veux, morceau que j'ai toujours détesté sans vraiment savoir pourquoi, et là, j'ai tout cité) pour ce live d'enfer. L'interprétation est à tomber, le groupe est en total accord et s'éclate comme des bêtes, et le son est juste génial. A voir la tronche des Téléphone originels, on se demande bien comment ils ont fait pour ne pas se reformer plus tôt. Eux aussi se le demandent probablement, tant ils se sont éclatés sur scène le temps de cette tournée, immortalisée par ce live et son pendant visuel, aussi quntessentiel que la version audio ! Rigoureusement indispensable !
CD 1
Crache Ton Venin
Hygiaphone
Dans Ton Lit
Faits Divers
Argent Trop Cher
La Bombe Humaine
Au Coeur De La Nuit
66 Heures
Cendrillon
Flipper
CD 2
Métro (C'Est Trop)
Le Silence
Le Jour S'Est Levé
Jour Contre Jour
Dure Limite
Ce Que Je Veux
New York Avec Toi
Un Autre Monde
Le Vaudou (Est Toujours Debout)
Ca (C'Est Vraiment Toi)
Tu Vas Me Manquer
CD 3 (édition collector : Live au Trabendo 2016)
Un Homme + Un Homme
Sur La Route
Prends Ce Que Tu Veux
Anna
J'Suis Parti De Chez Mes Parents
Facile
Un Peu De Ton Amour
Ploum Ploum
Pourquoi N'Essaies-Tu Pas
Seul
Laisse Tomber
Les Ils Et Les Ons
Le Garçon D'Ascenseur
Ordinaire
La Laisse
Serrez
Le Temps
Juste Un Autre Genre