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Hawkwind, sacré bon Dieu de merde ! Ah, ça faisait longtemps que ce groupe n'avait pas été abordé ici, tiens ! Et il l'a été, au final, très peu : deux albums seulement, Doremi Fasol Latido et le double live Space Ritual, sont sur le blog. Enfin, trois avec celui-là. Je vais être clair (de lune à Maubeuge) : ceci est incontestablement le meilleur album studio d'Hawkwind. Meilleur que le pourtant sensationnel Doremi Fasol Latido (qui le précède dans leur discographie, même si l'album qui précède directement celui que j'aborde aujourd'hui est en réalité le double live que je viens de citer plus haut), meilleur que Warrior On The Edge Of Time, qu'il précède, et que j'aborderai ici bientôt, et meilleur que leur deuxième opus, In Search Of Space. Mais pour celles et ceux qui l'ignoreraient encore (et ils doivent être un certain nombre, ce groupe n'étant pas des plus connus, il l'est surtout pour avoir accueilli en son sein une personnalité marquante du hard-rock), Hawkwind, fondé à la toute fin des années 60, c'est un groupe de space-rock à tendance heavy, un groupe de hard-rock psychédélique, une sorte de Pink Floyd en plus agressif. Le groupe a vraiment commencé à exploser vers 1971 avec l'arrivée du bassiste (et chanteur occasionnel : sur l'album qui nous intéresse ici, il chante un titre) Ian Fraser Kilmister. Alias Lemmy. Oui, le Lemmy qui, en 1977 (après avoir été viré de Hawkwind), fondera un groupe de hard-rock tirant son nom d'une chanson de Hawkwind : Motörhead. Le mec à la voix de gravier, au look de barbare, multi-accro aux cames, hélas décédé en décembre 2015, aux environs de son anniversaire, d'ailleurs. Hé bien, Lemmy a commencé sa carrière musicale au sein d'Hawkwind. Les spécialistes en rock, les connaisseurs, le savent bien. D'autres, au moment de la mort de Lemmy, ont dû lire ou entendre ça et là qu'il avait fait partie d'un groupe avant de fonder le sien, mais comme ça, sans plus. Hé bien, c'est ce groupe !

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Sous-pochette vinyle

Hall Of The Mountain Grill, tel est le nom de cet album, le quatrième album studio (et cinquième album tout court) du groupe. Sous une pochette magnifique et un titre étrange et semblant en allusion à la fameuse pièce de musique classique de Grieg (In The Hall Of The Mountain King), cet album renferme 9 morceaux, dont plusieurs instrumentaux, pour un total d'une bonne quarantaine de minutes qui passent comme une lettre à la Poste en envoi recommandé. Le titre de l'album (aussi celui d'un court instrumental musicalement très inspiré par le 'classique') est aussi une référence à un restaurant qui s'appelle Mountain Grill, et dont on voit la devanture sur la sous-pochette (ci-dessus). Sans doute le groupe y avait-il ses habitudes, ou bien au contraire ils sont passés devant une fois et le nom les a marqués. L'album est très certainement, comme Doremi Fasol Latido ou Warrior On The Edge Of Time, conceptuel, mais c'est plus pour des ambiances que pour les paroles, je crois. Etant donné que les paroles manquent dans l'album, je ne peux pas vraiment être sûr à 100% que l'album est entièrement conceptuel. En tout cas, c'est une tuerie totale, et ce dès son premier morceau, le long (presque 7 minutes) et totalement trippant The Psychedelic Warlords (Disappear In Smoke), un morceau doté d'une ligne de basse et d'un riff de guitare absolument géniaux. Au même titre que Masters Of The Universe sur In Search Of Space, ou que Lord Of Light et Brainstorm sur Doremi Fasol Latido (et que Assault And Battery/The Golden Void sur Warrior On The Edge Of Time), ce morceau vous entraîne ailleurs par la force du son. Le passage central (solo de basse) est à tomber, et le morceau s'enchaîne, après un autre solo de basse, avec l'instrumental Wind Of Change, pure merveille aux accents progressifs.

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Verso de pochette

Alternant entre furie heavy (You'd Better Believe It, le féroce et court Lost Johnny écrit et chanté par Lemmy), ambiances spatiardes (D-Rider, Paradox) et intermèdes plus ou moins longs, et plus ou moins recherchés (le morceau-titre, Goat Willow, Web Weaver), cet album est un des plus riches du groupe. Groupe qui est par ailleurs, en 1974, constitué du chanteur, guitariste et organiste Dave Brock (auteur de la majorité des chansons de l'album), du bassiste et chanteur Lemmy, du saxophoniste et flûtiste Nik Turner (qui pose des voix de choeurs), du violoniste et claviériste Simon House, du claviériste Del Dettmar et du batteur Simon King. On avait aussi, sur scène, dansant nue et couverte de peintures, une sculpturale jeune femme du nom de Stacia. Groupe d'allumés accros au speed et autres produits dopants, bande de Huns délivrant une sorte de croisement entre Pink Floyd et Black Sabbath (à la même époque, 1971/73, les Pink Fairies faisaient à peu près le même style de rock, voir leur démentiel Neverneverland de 1971), Hawkwind, avec cet album de 1974, sont entrés dans la cour des grands. L'année suivante, ils collaboreront intensément avec l'écrivain de SF/Fantasy Michael Moorcock (auteur de la saga Elric, notamment), qui posera des voix de récitation, signera des textes, sur l'album Warrior On The Edge Of Time. Moorcock, d'ailleurs, en 1973, avait déjà participé à l'aventure du spectacle live Space Ritual...

FACE A

The Psychedelic Warlords (Disappear In Smoke)

Wind Of Change

D-Rider

Web Weaver

FACE B

You'd Better Believe It

Hall Of The Mountain Grill

Lost Johnny

Goat  Willow

Paradox