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Vous connaissez Nine Inch Nails non ? Mais si, ce groupe formé à la fin des années 80. Vous avez tout de même vu "Seven" de David Fincher ? Et bien la musique glauque qu'on entend dans le générique au début, c'est du Nine Inch Nails. Et ça, ça nous donne une idée de ce qui peut résulter d'un genre comme le Metal Industriel (genre dans lequel la musique de Marilyn Manson est le plus souvent classée) et plus particulièrement, nous dévoile l'influence majeure du groupe (le groupe et le chanteur, Marilyn Manson étant aussi le pseudonyme du chanteur Brian Warner). Car il est important de préciser que ces deux groupes sont étroitement liés. Pourquoi ? Parce que, en dehors du style commun aux deux formations, et bien c'est Trent Reznor, fondateur de Nine Inch Nails, qui va prendre Marilyn Manson sous son aile. Il travaillera sur la production des albums du groupe jusqu'à "Antichrist Superstar " inclus. Mais qu'en est-il exactement de la bande à Warner ? Ce groupe qui a tant choqué l'amérique puritaine, les communautés de l'amérique profonde constituées d'américains moyens ?

Marilyn Manson, c'est un concept : Prenez le prénom d'une top model, associez-y le nom de famille d'un tueur célèbre, et vous obtenez une série de blazes tous plus infâmes les uns que les autres. C'est ainsi que le groupe gagne en notoriété au début des années 90 en remportant notamment le titre du "meilleur nouveau groupe" au South Florida Rock Awards. Des paquets de fans surnommés les "Spooky Kids", par rapport à l'ancien nom du groupe, commencent à se former.  Le quintette entre en studio en 1993 avec Roli Mossiman, mais Manson, mécontent de son travail le renvoie et confie les bandes à Trent Reznor. Certaines parties doivent être ré-enregistrées car gâchées par le travail de Mossiman. C'est finalement en juillet 1994 que sort ce premier album " Portrait Of An American Family ", en pleine tournée durant laquelle le groupe assure la première partie de Nine Inch Nails. Et déjà, on voit que Marilyn Manson est doué pour choquer : une élégante pochette représentant cette 'american family' de base bien évidemment critiquée sur l'album (et en représailles, les américains critiqueront l'album) et qui donne tout de suite envie d'acheter... Au programme : violences, pédophilie, meurtres... Des paroles assez virulentes et comme je le disait, destinées à choquer le plus grand nombre.

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Sauf que là, c'est loupé. Certes, l'esprit déjanté de Manson est bien là, mais la technique n'y est pas du tout. L'ambiance est loin d'égaler le glauquissime "Antichrist Superstar ", et on nous sert plutôt un ramassis de titres Metal aux relents Indus-Glam, sans grande inventivité. Le problème, c'est qu'à l'écoute de cet album, on a l'impression de n'écouter que des variations d'un seul thème, ce qui est très gênant. Impossible de ne pas associer tous les faux jumeaux de l'album que sont "Organ Grinder", "Cyclops", "Dogma"... Et en plus on s'emmerde ferme dessus. La redondance est encore de mise avec "Wrapped In Plastic", "Sweet Tooth", ou encore le single "Dope Hat", même si celui-ci reste correct à l'écoute. Idem pour "Get Your Gunn" qui, malgré l'intérêt que lui porte les fans, peine à se sortir du lot. Au final, l'intérêt principal se situe dans les deux premiers titres (ou plutôt le deuxième et le troisième, car le premier n'est en fait qu'une intro, pas bien méchante d'ailleurs). L'efficace "Cake & Sodomy" où Manson s'autoproclame "Dieu de la baise" dès le début (mais le reste des paroles est bien fendard aussi), couplé avec "Lunchbox" qui, bien que supérieur dans sa version live, sauve les meubles. Mais ces deux titres forment un feu de paille, qui se ravive un peu à la fin avec "Misery Machine", le reste est vraiment dispensable. Dans le meilleur des cas, le sentiment sera mitigé entre correct et moyen. Dans les autres on frise le ridicule, qui porte ses lettres de noblesses avec le titre "My Monkey" qui en plus de ça a différé la sortie de l'album. Et pourquoi ? Parce qu'il reprend une partie d'une chanson de Charles Manson (le tueur en série qui a donné son nom au groupe, et aussi qui a posé des problèmes aux Guns N' Roses l'année précédente avec " The Spaghetti Incident? " pour les mêmes raisons : à cause d'un titre caché qui s'avère une reprise du sieur Manson (le tueur en série)).  Au final, "My Monkey" se retrouve bel et bien sur l'album, et fait pencher un peu plus la balance de l'album dans la médiocrité.

Marilyn Manson joue avec nos nerfs, quitte à passer pour le dindon de la farce en se retrouvant "groupe le plus détesté des USA" en l'espace de quelques mois. Ce qui fait que cet album, replacé dans son contexte, a au moins eu le mérite de réveiller une société cachant sa nature subversive et violente derrière un voile de morale simpliste. Par contre, musicalement, même si effectivement quelques titres honnêtes relèvent l'ensemble ("Dope Hat", "Cake & Sodomy"...), que notre cher Brian Warner à la chance de posséder une voix hyper accrocheuse et charismatique, et que le concept visuel du groupe ont fait le plus grand bien à le scène Metal à l'époque, il vaut mieux passer votre chemin et investir dans du Manson plus récent ("Antichrist..." ou "Mechanical Animals"). Ici c'est encore un brouillon, même pour les fans. D'ailleurs, l'immense majorité des titres sont absents des sets actuels du groupe. Un fichu signe, vous ne croyez pas ?

 

- Liste des titres -

Prelude (the Family Trip)

Cake & Sodomy

Lunchbox

Organ Grinder

Cyclops

Dope Hat

Get Your Gunn

Wrapped In Plastic

Dogma

Sweet Tooth

Snake Eyes And Sissies

My Monkey

Misery Machine