PT1

La pochette donne le ton : bleutée, avec ce regard d'enfant en gros plan, un regard clair et quelque peu inquiet, un visage auquel il manque la bouche, masquée par un gros bord noir. Le titre de l'album, lui, fait furieusement penser à celui d'un des plus fameux albums de rap au monde, signé Public Enemy, et qui s'appelait Fear Of A Black Planet. Le titre est ici quasiment le même : Fear Of A Blank Planet. Avec un titre pareil, on croirait avoir affaire à un groupe parodique, mais non, il s'agit d'un des groupes de rock progressif les plus expérimentaux qui soient, Porcupine Tree, le légendaire groupe du chanteur/guitariste/claviériste/arrangeur Steven Wilson. Neuvième album studio du groupe, il a été enregistré entre Londres et Tel Aviv (Israël) et est sorti en 2007. Il fait suite à un excellent album du nom de Deadwing (2005), lequel faisait déjà suite à un monumental In Absentia (2004). Porcupine Tree, à l'époque de l'enregistrement de cet album (je reparle de Fear Of A Blank Planet, titre qui signifie "Peur d'une planète vide"), est constitué, outre de Steven Wilson, de Richard Barbieri (claviers), Colin Edwin (basse) et Gavin Harrison (batterie). Robert Fripp, fameux leader/guitariste de King Crimson (groupe sans lequel Porcupine Tree n'existerait probablement pas), participe rapidement à l'album en délivrant ses fameux soundscapes (paysages sonores) sur un des 6 titres (pour 50 minutes) de l'album, Way Out Of Here, et on note aussi, sur le long (presque 18 minutes !) Anesthetize, la participation, au solo de guitare, d'Alex Lifeson, un des membres fondateurs du groupe de rock progressif (à tendance assez hard-rock) canadien Rush.

PT2

Si In Absentia était une tuerie absolue, le genre d'album qui s'impose d'écoute en écoute, et s'impose comme le sommet de l'Arbre Hérisson, Fear Of A Blank Planet n'est vraiment pas loin de l'égaler. En 50 minutes aussi sombres, expérimentales et difficiles d'accès que la pochette bleutée et étrange peut le laisser présumer, cet album est un régal de rock progressif teinté de métal industriel à la Nine Inch Nails. Un disque torturé, vraiment pas gai, sur lequel la bande à Steven Wilson offre quelques morceaux de choix. Rien que les 17,45 minutes (de loin le morceau le plus long de l'ensemble) d'Anesthetize donnent le ton, ce morceau à lui seul est une véritable date, du niveau des meilleurs passages (et ils sont nombreux : Collapse The Light Into Earth, Gravity Eyelids, The Sound Of Muzak, Blackest Eyes, .3, Lips Of Ashes) d'In Absentia. Certains estimeront sans doute que le morceau est vraiment long, trop long, mais il prend le temps de s'installer et au final, une fois qu'on en a achevé l'écoute, on a l'impression de s'être fait piétiner par un troupeau de buffles en furie dans un canyon. Le reste de l'album est généralement plus sobre en durée, compter quand même dans les 7 minutes pour quasiment chaque morceau. Que ce soit le morceau-titre, Sleep Together ou Sentimental, le résultat est le même : Fear Of A Blank Planet est parfait.

PT3

S'il n'y avait pas In Absentia... Oui, mais voilà, ce disque existe, et il reste tout de même le sommet du groupe de Steven Wilson. Le groupe a quand même réussi à quasiment l'égaler, la tâche semblait des plus insurmontables, un peu comme de demander aux Beatles de faire mieux qu'Abbey Road, ou à King Crimson d'égaler Red. Sous son titre en allusion caustique, peut-être parodique (le groupe, on ne s'en rend vraiment pas compte en écoutant cet album, a de l'humour) à Public Enemy, cet album de Porcupine Tree, sobre en nombre de morceaux comme en durée (une cinquantaine de minutes, c'est peu, malgré qu'il n'y ait que 6 titres et que l'un d'entre eux est suffisamment long pour occupr à lui seul une face de vinyle), est élégant, racé, classieux, économe et tout simplement tuant. On est en droit de lui préferer le monumental In Absentia, plus long et riche, mais rien que pour Anesthetize, Fear Of A Blank Planet est rigoureusement indispensable.

Fear Of A Blank Planet

My Ashes

Anesthetize

Sentimental

Way Out Of Here

Sleep Together