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Il fallait bien que ça arrive un jour : un album de Weather Report qui ne soit pas un chef d'oeuvre. Ca, il y en à eu, des grands albums du Bulletin Météo, ces I Sing The Body Electric, Black Market, Sweetnighter, Mysterious Traveller, Heavy Weather, autant de grands albums de fusion jazz, des disques intemporels et remarquables. Mais le groupe n'a pas sorti que des grands disques. Mr. Gone, par exemple, ou Night Passage, sont assez moyens. Moins bons que ce disque-ci, sorti en 1975, coincé entre deux chefs d'oeuvres (Mysterious Traveller et Black Market), coincé le cul entre deux périodes, aussi (Jaco Pastorius, prodige de la basse, arrivera dans le groupe après, sur Black Market), et qui, malgré qu'il soit meilleur que Night Passage et que tous les albums faits par Weather Report dans les années 80, n'est cependant pas d'un niveau exceptionnel non plus. Tale Spinnin', tel est son titre, album offrant 6 titres pour un total de 43 minutes, et sorti sous une pochette assez moyenne et paresseuse (le verso de pochette est très très similaire de son recto proposant les mêmes photos des membres du groupe, avec des visuels divers et variés), est un disque un peu fantôme dans la discographie du plus grand groupe de jazz-fusion au monde. L'album est produit par Joe Zawinul et Wayne Shorter, les deux principaux membres, fondateurs, de Weather Report.

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Au moment de la publication (milieu 1975) de l'album, Weather Report est constitué de Joe Zawinul (claviers), Wayne Shorter (saxophones), Alphonso Johnson (basse électrique, remplaçant de Miroslav Vitous parti en 1974), Alyrio Lima (percussions) et Leon "Ndugu" Chancler (batterie), ce dernier collaborera ensuite avec Santana, Michael Jackson (il joue sur Thriller, sur Billie Jean précisément), Jean-Luc Ponty, Lionel Richie, George Benson, Tina Turner, etc, etc... Sur cet album, le groupe récidive dans la fusion jazz/funk de Sweetnighter (1973) et surtout Mysterious Traveller (1974), mais cette fois-ci, la sauce est quelque peu congelée, à un petit peu de mal à passer parfois, en dépit de quelques très grands moments (Lusitanos, Five Short Stories, Man In The Green Shirt). Aucun problème en ce qui concerne l'interprétation, les musiciens sont des pointures absolues (Shorter est un des plus grands saxophonistes de jazz au monde, Zawinul est un claviériste hors pair, l'égal d'Herbie Hancock ou Thelonious Monk), mais force est de constater que sur Tale Spinnin', la force de conviction de Boogie Woogie Waltz, Nubian Sundance et Manolete est un peu loin.

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Heureusement, le groupe, qui va dès lors changer radicalement d'optique en engageant notamment (le temps d'un album) le batteur Chester Thompson (Frank Zappa, Genesis en live...), et le bassiste Jaco Pastorius (qui restera quelque temps), va faire oublier ce léger passage à vide de 1975 dès l'année suivante avec un doublé d'albums absolument quintessentiels, Black Market et Heavy Weather. En attendant, Tale Spinnin' n'est pas aussi grandiose que le reste des albums (de l'époque) du groupe, mais il n'en demeure pas moins un très bon petit album de fusion jazz, rien n'est honteux ici, ce n'est vraiment pas mauvais, juste un peu en-deçà des espérances, après tant de grands albums. Ca reste un bon disque que je conseille à tout amateur de jazz-fusion, mais sachez que ce n'est vraiment pas le meilleur du groupe ; je dis ça au cas où vous adoreriez ce disque et n'en connaîtriez pas d'autres de Weather Report !

FACE A

Man In The Green Shirt

Lusitanos

Between The Thighs

FACE B

Badia

Freezing Fire

Five Short Stories