Tam-dam-da-dam. Le prochain train à destination de Strasbourg est annoncé avec un retard de 3 mois environ. Merci d'avance de votre compréhension. Qui aurait cru qu'un jour, ce petit jingle bien sympathique de quatre notes deviendrait une chanson de rock ? En tout cas, Michaël Boumendil, l'auteur dudit jingle, n'y croyait apparemment pas,car le jour où David Gilmour l'a contacté pour lui demander l'autorisation de faire une chanson à partir de cette petite mélodie, il ne le rappellera, dans un premier temps, pas, pensant à une farce. Gilmour avait entendu ce jingle dans une gare francaouaise, à Aix-En-Provence précisément, il rendait visite à un ami et il appréciera tellement ce tam-dam-da-dam bien joyeux (histoire de contrebalancer les mauvaises nouvelles parfois annoncées par la SNCF, genre retard ou annulation de train...?) qu'il l'enregistrera sur son smartphone. Quelques mois plus tard, ça donnera Rattle That Lock, chanson issue de son nouvel album, album venant de sortir et portant le même titre, Rattle That Lock donc, 50 minutes de pur bonheur comme Gilmour, en solo, ne nous en avait pas offert depuis 2006 et On An Island. Lequel s'avère être son précédent opus. Gilmour, en solo, travaille peu, mais bien : il s'agit ici de son quatrième album studio solo depuis 1978, année de sortie de David Gilmour, disque magnifique (Mihalis, I Can't Breathe Anymore). Puis il y aura About Face en 1984 (très pop, avec All Lovers Are Deranged et Until We Sleep), très bon album, mais son moins grandiose. Puis On An Island, immense (Castellorizon, A Pocketful Of Stones) suivi d'un Live At Gdansk vraiment remarquable.
Ca faisait donc quasiment 10 berges que Gilmour, guitariste/chanteur de Pink Floyd depuis 1968/69, n'avait rien foutu en solo. L'an dernier, il nous avait régalé de The Endless River, l'ultime opus de Pink Floyd, disque ambient majeur et fantastique, quasi exclusivement instrumental, quasi exclusivement enregistré peu après The Division Bell soit vers 1994/95, ode à Rick Wright (claviériste du groupe, mort en 2008). Aucune tournée, rien. Ce qui était prévu, en même temps... Phil Manzanera, guitariste des légendaire Roxy Music, avait participé à l'élaboration de l'album, tout comme il avait bossé avec le Floyd sur A Momentary Lapse Of Reason (1987) et sur le On An Island de Gilmour. Je le cite, Manzanera, car il participe très activement à ce Rattle That Lock, il joue des claviers, de la guitare acoustique, et surtout, coproduit l'album avec Gilmour. Ce n'est pas le seul invité de luxe ici : Robert Wyatt joue du cornet sur un titre, The Girl In The Yellow Dress, morceau très jazzy, David Crosby et Graham Nash posent des voix d'harmonie sur un autre (A Boat Lies Waiting, calme et assez folk), Roger Eno (fiston de Brian ?) joue sur deux titres, Guy Pratt, Andy Newmark, Jon Carin (qui avaient par le passé bossé avec le Floyd) jouent aussi... Gilmour joue de la guitare, des claviers, et chante, même si trois morceaux, ici, sont instrumentaux : 5 A.M. (une courte mais magistrale intro floydienne à base de guitare électrique et de claviers, Gilmour y joue de tout), Beauty et And Then..., tous remarquables). L'album est propulsé par son tube de chanson-titre, Rattle That Lock est une chanson terrible, géniale, et le vrai coup de génie, ici, réside vraiment dans l'utilisation du jingle de la SNCF, bien utilisé, très présent (on l'entend, en filigrane, quasiment du début à la fin) mais sans être envahissant, le juste milieu.
Après, l'album dans sa globalité, assez varié, est juste remarquable : In Any Tongue propose ni plus ni moins que le plus grand solo de guitare de Gilmour depuis un certain High Hopes en 1994, et est, dans l'ensemble, probablement la meilleure de l'album. Dancing Right In Front Of Me, assez sombre, est fantastique, Beauty et 5 A.M. sont des instrumentaux immenses, Today est splendide... Les morceaux chantés ont tous été composés avec Polly Samson, femme de Gilmour depuis de nombreuses années, qui signe les paroles, et avait déjà signé les paroles des chansons de The Division Bell. Et de On An Island, évidemment. Dans l'ensemble, ce disque offre 50 minutes (et 10 titres) remarquablement produites, assez floydiennes (normal, c'est Gilmour !) par moments, assez variées aussi, on a du rock planant, du rock pur, une chanson assez jazzy, d'autres plutôt pop... Rien à jeter, en tout cas, sur ce disque sorti, ce qui ne gâche vraiment rien, sous une des plus belles pochettes de l'univers floydien, albums du groupe et carrières solo réuni(e)s. Bref, si vous aimez Pink Floyd, si vous aimez David Gilmour, je ne peux que vous conseiller ultra ardemment l'écoute de Rattle That Lock, ce quatrième opus solo de l'ex-Pink Floyd est un vrai régal ! Tam-dam-da-dam...
5 A.M.
Rattle That Lock
Faces Of Stone
A Boat Lies Waiting
Dancing Right In Front Of Me
In Any Tongue
Beauty
The Girl In The Yellow Dress
Today
And Then...
"Faces Of Stone", "In Any Tongue"... Sublime.