WR1

Weather Report, fameux groupe de jazz-fusion, a démarré sa carrière en 1971. C'est à partir de son deuxième album, à moitié live (la face B), I Sing The Body Electric en 1972, que le groupe de Wayne Shorter (saxophones) et Joe Zawinul (claviers), deux anciens participants à des albums de Miles Davis, commence vraiment à faire parler de lui. Puis c'est Sweetnighter en 1973, au moins aussi grandiose, et en 1974, le groupe publie un album que les fans ne manqueront pas, par la suite, de classer parmi leurs sommets les plus absolus (aux côtés de deux monstres sacrés qui sortiront en 1976 : Black Market et Heavy Weather) : Mysterious Traveller. Au moment de publier ce quatrième album studio et cinquième album tout court (un double Live In Tokyo sorti, à l'époque, uniquement au Japon, mais qui sortira internationalement en CD au début des années 2000, et proposant la performance complète de ce que l'on a en face B de I Sing The Body Electric, existe aussi), le groupe est constitué, outre de son noyau dur Zawinul/Shorter, du bassiste/contrebassiste Miroslav Vitous (qui, cependant, ne joue que sur un titre ici, et quittera le groupe à cette époque pour être remplacé par le suivant de l'énumération), du bassiste/contrebassiste Alphonso Johnson, du batteur Ishmael Wilburn, du percussionniste Dom Um Romao, et on a aussi un autre batteur, Skip Hadden, sur deux morceaux (le premier de chacune des faces).

WR0

Long de 48 minutes et constitué de 7 titres allant de 10,40 minutes pour le plus long (le premier) à 3,40 minutes pour le plus court (le deuxième), Mysterious Traveller est sorti sous une pochette bien dans l'esprit du jazz-fusion et de Weather Report. On parle généralement de cet album (produit par Zawinul et Shorter) comme du premier album de Weather Report sur lequel le groupe trouve vraiment sa sonorité, sorte de mélange adroit entre jazz, expérimentations et funk/rhythm'n'blues. Et même un peu de rock. C'est le premier album du groupe sur lequel on entend vraiment, tout du long, une basse électrique (par la suite, en 1976, le groupe incorporera un musicien prodigieux à son personnel : le bassiste Jaco Pastorius), et on note aussi que, dans l'ensemble, les morceaux sont moins étendus, moins improvisés que sur Sweetnighter ou I Sing The Body Electric. Moins improvisés, moins expérimentaux, moins longs, mais pas moins bons. I Sing The Body Electric a son Unknown Soldier et son The Moors, Sweetnighter son Boogie Woogie Waltz... Mysterious Traveller, lui, a les quasiment 11 minutes de Nubian Sundance, Cucumber Slumber (morceau qui fut souvent samplé dans le rap), Jungle Book (sur lequel on entend le fils de Zawinul pleurer, le morceau a été enregistré chez lui, et le gosse à Zawinul voulait que son père lui lise Le Livre De La Jungle, d'où le titre !) et le morceau-titre.

WR00

Autant de grands moments sur un album certes long (quasiment 50 minutes) mais parfait de bout en bout. Par la suite, le groupe livrera un album un petit peu en demi-teinte par rapport à ce disque de folie (et aux deux qui le précèdent), Tale Spinnin' en 1975, mais explosera totalement à la face du monde avec les deux immenses albums de 1976 (Heavy Weather, le deuxième des deux, contiendra le hit Birdland, oui, on peut parler de hit, bien qu'il s'agisse de jazz-fusion, de jazz en général, et d'un instrumental en particulier !) avant hélas de plonger quelque peu dans une mélasse jazzy/funk (Mr. Gone, Night Passage), l'Âge d'Or étant révolu. Pour amateurs de jazz et de fusion, Mysterious Traveller fait partie des albums les plus essentiels à écouter, un disque majeur, puissant, beau comme un camion, un disque sensationnel... un disque de l'Âge d'Or (1972/1976) de Weather Report, quoi !

FACE A

Nubian Sundance

American Tango

Cucumber Slumber

FACE B

Mysterious Traveller

Blackthorn Rose

Scarlet Woman

Jungle Book