Vous ne connaissez peut-être pas forcément le Steve Miller Band, ou son leader/chanteur Steve Miller, mais au moins, vous devez déjà avoir entendu sa chanson The Joker. Le Steve Miller Band est un groupe de rock américain à tendance country/psyché/blues, fondé en 1966, et qui a accueilli en ses rangs, parfois le temps d'un album seulement, des pointures telles que Boz Scaggs, Jim Keltner, Charlie McCoy, Gary Mallaber ou 'Sneaky' Pete Kleinow. Cet album, sorti en 1973, est leur huitième, et on y trouve, autour de Miller (chant, guitares) : Gerald Johnson (basse, chant occasionnel), John King (batterie) et Dick Thompson (claviers). 'Sneaky' Pete Kleinow, justement, participe sur ce disque (sur le dernier morceau, à la pedal-steel guitar), ainsi que Lonnie Turner (basse sur l'avant-dernier titre). Cet album, qui cartonnera à sa sortie et est même considéré comme le breakout album pour le groupe (autrement dit, l'album les ayant fait mondialement révéler), s'appelle The Joker. C'est bien évidemment sur cet album que l'on trouve cette fameuse chanson du même nom, la plus connue, et de loin, du Steve Miller Band, et que, je pense, tout le monde a déjà du entendre au moins une fois, que cela soit dans sa version originale ou dans une quelconque reprise par un groupe de balloche populaire type 14-juillet/feu de la Saint-Jean/fête de la musique. Oui, la chanson est connue à ce point. Elle est tout aussi mythique que le sont More Than A Feeling de Boston, Walk On The Wild Side de Lou Reed, Dust In The Wind de Kansas ou Stairway To Heaven de Led Zeppelin.
Verso de pochette
Sous sa pochette assez amusante au recto et quelque peu flippante au verso (enfin, flippante...surprenante quand on la voit pour la première fois, disons !) et qui est considérée comme une des 100 plus réussies par le magazine Rolling Stone (personnellement, j'ai du mal à être de leur avis, mais bon...), The Joker est donc sorti en 1973. C'est un disque de blues-rock à tendance parfois vaguement country, proposant 9 titres (pour un total de 36 minutes) dont deux sont, c'est intéressant à noter, enregistrés live au cours d'un concert donné au Tower Theatre de Philadelphia : Come On In My Kitchen (une reprise d'un standard de blues signé du légendaire Robert Johnson) et Evil (signé Miller, c'est sur ce disque que Lonnie Turner joue de la basse à la place de Gerald Johnson). Le reste est enregistré en studio. J'ignore pourquoi ces deux titres live se retrouvent sur l'album, au milieu de la face B,et non pas en final d'une des faces. Sans doute que le groupe n'avait pas suffisamment de morceaux studio pour faire un disque d'une longueur acceptable (si on retire ces deux morceaux live, l'album ferait environ 27 minutes, ce qui serait vraiment court, mais on connaît des albums aussi courts que ça, même si en 1973, ce n'était plus trop la norme) L'ensemble de l'album est produit par Miller.
Intérieur de pochette ouvrante
On y trouve, en plus de ce The Joker remarquable utilisant un mot inventé pour l'occasion (pompatous) et ayant été littéralement bombardé comme des missiles sur les ondes radio du monde entier, d'autres excellentes petites chansons de blues-rock, comme Something To Believe In, Sugar Babe ou Your Cash Ain't Nothin' But Trash. Les deux titres live sont ma foi vraiment bons, mais tout le disque n'est pas du niveau de The Joker, loin de là même. On tient ici précisément l'exemple de l'album propulsé par un hit-single de folie (encore une fois, cette chanson, ce fut vraiment quelque chose), mais qui semble avoir été fait pour recouvrir ce tube potentiel d'autres chansons afin de faire, justement, un album viable. Certaines chansons comme Shu Ba Da Du Ma Ma Ma Ma (ce titre...), Lovin' Cup ou Mary Lou ne sont pas particulièrement remarquables, rien de honteux, mais rien de vraiment jouissif. C'est potable, sans plus. Et même parmi les excellentes chansons citées plus haut (Sugar Babe, notamment), aucune n'est, je le redis, du niveau de la chanson-titre. The Joker est typiquement l'album d'un tube, c'est d'ailleurs un peu le cas du Steve Miller Band, essentiellement connu pour cet album et surtout pour cette chanson au rythme plan-plan et enivrant. Cet album, pour le groupe, c'est un peu comme leur premier opus éponyme (avec More Than A Feeling) pour Boston. On l'écoute sans aucun déplaisir, mais si on retire sa chanson-phare, rien n'est digne de faire figurer ce disque dans les best-sellers (alors que ç'en est un). L'album suivant du groupe, Fly Like An Eagle de 1976, est plus réussi, je l'aborderai d'ailleurs bientôt. The Joker, quant à lui, est un très bon album dans son genre, mais un peu surestimé quand même.
FACE A
Sugar Babe
Mary Lou
Shu Ba Da Du Ma Ma Ma Ma
Your Cash Ain't Nothin' But Trash
FACE B
The Joker
Lovin' Cup
Come On In My Kitchen
Evil
Something To Believe In