Il est maintenant temps de parler du magnum opus d'Electric Light Orchestra : Out Of The Blue. J'attendais depuis des jours, depuis la rédaction de la chronique de On The Third Day (le premier album d'ELO abordé ici, et leur troisième opus, sinon), de pouvoir, enfin, parler plus longuement de ce que j'ai, mis à part ça, décrit rapidement, quasiment dans chacune des précédentes chroniques d'albums du groupe, comme étant leur chef d'oeuvre. Si Out Of The Blue, sorti en 1977 sous la forme d'un double album (17 titres pour un total de 70 minutes ; tout tient désormais sur un seul CD, auquel quelques bonus-tracks ont été rajoutés au passage) est leur chef d'oeuvre, ce n'est pas parce que c'est le double, enfin, pas que pour ça (l'ensemble est d'un niveau jouissif, et si le disque n'avait été que simple, ça aurait été un vrai crêve-coeur pour le groupe, sans aucun doute, d'avoir du en virer la moitié des titres pour ça). On sent ici la pleine maîtrise de leur art. Ce qui était déjà bien palpable sur l'écrin à hits qu'était A New World Record (1976) est ici totalement confirmé : ça y est, Electric Light Orchestra est énorme, énôôrme, hénaurme même. Avec les Wings de Paul McCartney (qui, en cette même année, publient le single Mull Of Kintyre), on tient le plus grand groupe pop de la décennie. Les deux groupes ont été fondés à peu près en même temps (1971 pour leurs premiers opus) et connaîtront le nadir en même temps aussi (1979 : fin des Wings ; et publication, pour ELO, de Discovery, album ma foi très très correct, mais marquant clairement le début d'une inévitable et terriblement longue descente, aucun album ensuite ne sera réussi et digne qu'on parle encore de lui en 2015). Inutile aussi de rappeler (même si je le fais quand même) qu'entre les Wings et ELO, il existe un lien : les Beatles, groupe dont Jeff Lynne, leader d'ELO (chant, guitares, claviers, composition, production), est fan, et dont il produira un des membres (George Harrison, entre 1987 et la fin de sa vie).
C'est en partie parce qu'il est double, et en partie parce que rien, ici, n'est ne serait-ce que moyen, et aussi en partie parce que c'est le dernier disque majeur du groupe, et aussi en partie parce qu'il contient 7 immenses morceaux parmi les 17 grands morceaux qu'on y trouve, qu'Out Of The Blue est le sommet de la bande à Jeff Lynne et Richard Tandy (claviers). L'album est sorti sous une pochette de pleine science-fiction montrant un gigantesque vaisseau spatial aux couleurs du logo du groupe (logo ayant fait sa première apparition sur la pochette de l'album précédent), vaisseau circulaire au-dessus de la Terre (visible au verso) et dans lequel une fusée elle aussi arborant le logo d'ELO entre par un sas. A l'intérieur de la pochette ouvrante, l'intérieur du vaisseau, avec les différents membres du groupe (photo plus bas). On sent que l'album sera aventureux et riche rien qu'à regarder son artwork, et on ne se trompera pas. Ce disque est une cathédrale, un Paradis pop absolu qui, de Turn To Stone à Wild West Hero en passant par sa complète face C proposant un Concerto For A Rainy Day en quatre mouvements (le dernier de ces morceaux est l'immense, culte et très connu Mr. Blue Sky, que SFR utilisera comme musique de ses publicités il y à une dizaine ou douzaine d'années), et ce, sans oublier Jungle, Sweet Talkin' Woman et le remuant Birmingham Blues (Birmingham est la ville de Lynne), vous transporte dans l'univers chatoyant, sublimement produit, et très varié, d'Electric Light Orchestra.
C'est difficile de décrire l'album, il faudrait passer au crible chacun des 17 morceaux, et ça risquerait de tuer dans l'oeuf la jubilation que l'on ressent à l'écoute d'un tel phénomène. Quand on pense que ce disque est sorti en pleine année punk, l'année des albums autoproduits (ou produits à la rapide, comme le Dead Boys ou le Clash), on peut se demander comment un tel disque, qui représente exactement tout ce que les punks détestaient (ELO a fait partie, avec Pink Floyd, Genesis et Led Zeppelin, des groupes sur lesquels les punks chiaient, métaphoriquement parlant, à longueur de journée), a fait pour cartonner autant. Mais 1977 est aussi l'année du AJA de Steely Dan et du Rumours de Fleetwood Mac, autres triomphes pop (et jazzy pour le premier cité). En tout cas, avec ce double album anthologique, ELO s'impose définitivement comme un très grand. Dommage pour eux que ça soit leur dernier sommet, même s'ils ne pouvaient pas le savoir. Dès l'album suivant, Discovery en 1979, Electric Light Orchestra s'enfoncera progressivement dans une mélasse pop de plus en plus caricaturale, le groupe essayant sans cesse de refaire le coup d'Out Of The Blue, en plus new-wave/proto-disco, et ça foirera lamentablement à chaque fois. Discovery aura pour lui quelques chansons imparables (j'en reparle bientôt et ça sera ma dernière chronique sur ELO, du moins pour le moment), mais rien qui soit capable de faire oublier n'importe laquelle (même le court Believe Me Now d'1,20 minute) des 17 chansons de ce double album magistral et culte de 1977.
FACE A
Turn To Stone
It's Over
Sweet Talkin' Woman
Across The Border
FACE B
Night In The City
Starlight
Jungle
Believe Me Now
Steppin' Out
FACE C
Concerto For A Rainy Day :
Standin' In The Rain
Big Wheels
Summer And Lightning
Mr. Blue Sky
FACE D
Sweet Is The Night
The Whale
Birmingham Blues
Wild West Hero
je suis né en 1965, j'étais tean ager en 1980 quand j'ai découvert ce groupe unique par son son de rock symphonique. Je l'écoute encore maintenant avec immense plaisir
Out of blue est effectivement une cathédrale, Jeff Lynne est un vrai génie, injustement "under rated" comme disent les anglais.
Olivier