Amateurs de rock progressif qui désespériez de ne pas trouver un seul article sur ce groupe pourtant phare du genre, réjouissez-vous, voici que Marillion déboule sur le blog ! Je sais, je sais, il aurait été foutralement plus logique de commencer par parler du premier album de ce groupe anglais, Script For A Jester's Tear (1983), mais c'est avec le deuxième album, sorti en 1984 sous une des plus belles pochettes du rock progressif (selon l'avis de pas mal de monde) et baptisé Fugazi, que j'ai préféré démarrer, étant donné que j'ai découvert Marillion avec lui. "Fugazi" est une expression qui viendrait des soldats américains durant la guerre du Vietnam, et qui signifiait, quand on utilisait cette expression (un acronyme anglophone, je le décrirai ensuite) au sujet d'un soldat, qu'il était mort : Fucked Up, Got Ambushed, Zipped In ('foutu, tombé dans un traquenard et a terminé sa course dans un sac à zip'). Le même genre d'expression acronyme que SNAFU (Situation Normal : All Fucked Up) qui pullulait dans l'armée ricaine. Si le groupe a choisi cette expression, ce n'est pas pour dire que tout foutait le camp dans le groupe à l'époque (compte tenu que c'est juste leur deuxième album, ça aurait été dramatique, vu la longévité de Marillion et le fait que leur chanteur de l'époque, Fish, restera jusqu'en 1988, que ça commence à partir en couilles dès le départ !), mais probablement pour la sonorité du mot. Concernant le groupe, il est à l'époque constitué du chanteur Fish, donc, du guitariste Steve Rothery, du bassiste Pete Trewavas, du claviériste Mark Kelly, et du batteur...mais c'est un peu compliqué.
En même temps, il y aura quand même des tensions durant l'enregistrement : le premier batteur du groupe, Mick Pointer, s'en va une fois le premier album sorti, et il est remplacé par le batteur de Camel (groupe de rock progressif des 70's : Moonmadness...), Andy Ward, mais ce dernier, alcoolique apparemment, ne fera pas l'affaire, et on le remplacera par John Martyr, qui ne convainc personne dans le groupe et sera remplacé, au bout de quelques concerts, par Jonathan Mover, un inconnu. Mais entre lui et le chanteur du groupe, Fish (de son vrai nom William Derek Dick), rien ne va plus, et Fish menace de se barrer si Mover reste, donc...Mover va mover, et est remplacé par Ian Mosley, lequel est, à l'heure actuelle, toujours dans le groupe. Et l'enregistrement de Fugazi, repoussé jusque là par Fish, démarre. L'album sortira en 1984 donc, et est constitué de 7 titres (pour un total de 46 minutes) qu'on imagine, dans l'ensemble, plutôt longs. Comme je l'ai dit plus haut, sa pochette est magnifique, et représente le Jester (personnage emblématique de Marillion) allongé quasiment à poil sur un lit défait dans une chambre en bordel (on distingue notamment des pochettes de disques, celles des albums Over et Fool's Mate de Peter Hammill ; un caméléon ; une TV allumée et de laquelle dépasse une sorte de bras de créature ; un petit train en bois ; un exemplaire du journal musical Billboard ; une chaussure à talon de femme ; un tableau représentant un clown...). La pochette représente le réveil difficile d'une rock-star en pleine débauche. On a, sur cette pochette, des allusions aux chansons, notamment She Chameleon (le caméléon), Punch And Judy (une pochette de single avec ce nom dessus, et aussi le Guignol, dont Punch & Judy est l'équivalent anglophone), Jigsaw (un puzzle)... On a même, via la pie, une allusion aux Beatles et à leur Blackbird !
Au sujet de Fugazi, les critiques sont partagés : tout en ayant été un bien plus gros succès que le précédent opus, et tout en étant une belle réussite dans le genre, il n'est généralement pas considéré comme un sommet de Marillion ; on estime en effet que le groupe n'a pas su évoluer, progresser (or, c'est du rock progressif, après tout !) depuis Script For A Jester's Tear. L'album suivant, Misplaced Childhood (1985), allait en revanche mettre tout le monde d'accord. Mais Fugazi est tout de même un excellent album, et il recèle de grands moments : Jigsaw en est selon moi le sommet, mais Assassing, Incubus et Fugazi (en fait, toute la face B est géniale) sont également superbes. Le timbre de voix de Fish n'est pas sans rappeler celui de Peter Gabriel, avis donc aux amateurs qui ne connaissent pas encore Marillion (du moins, le Marillion des années 1983/88, car après, Fish partira pour ne plus revenir, et les chanteurs permuteront souvent). La guitare de Rothery, qui a livré cette année un album solo instrumental magistral (The Ghosts Of Pripyat), est sublime, les compositions sont efficaces, bien écrites... Sorte de Genesis en plus musclé et 'moderne' (un peu le Genesis de l'ère Gabriel si celle-ci avait eu lieu dans les années 80 plutôt que 70), Marillion, dont le nom vient de Tolkien (Le Silmarillion), livre donc ici un excellent album, peut-être pas le meilleur, mais un de mes préférés avec le bien plus récent Marbles (2004), un album plus moderne, avec un autre chanteur, et bien plus proche du rock néo-prog à la Porcupine Tree que du rock progressif à l'ancienne. Album que j'aborderai ici bientôt, même si d'autres Marillion (je pense à Misplaced Childhood ou Clutching At Straws) le seront ici aussi un jour ou l'autre... Je précise pour finir que je n'ai jamais été un fan de ce groupe : j'aime bien certains albums (comme pour Rush), mais je ne le citerai jamais dans mes groupes favoris.
FACE A
Assassing
Punch And Judy
Jigsaw
Emerald Eyes
FACE B
She Chameleon
Incubus
Fugazi
Il n y a eu que Fish et l actuel à savoir S Hoggarth..