Quand je pense qu'il m'aura fallu tout ce temps pour, enfin, penser à aborder, ici, ce groupe... Si je dis ça, c'est parce que ce groupe, je l'adore, et ce depuis quelques années, et c'est pourtant le premier article les concernant. Electric Light Orchestra (ELO pour faire plus court), vous connaissez ? Si vous avez au moins 30/35 ans, et/ou que vous vous intéressez pas mal à la pop music des années 70, la réponse devrait être oui. Ce groupe anglais fondé au tout début des années 70 était, quelque part, un précurseur : parmi les premiers à vraiment mélanger rock (pop-rock, en fait) et musique classique, oui oui, z'avez bien lu. Pas mal de membres dans le groupe, et la moitié sont des violonistes, violoncellistes, contrebassistes. Tout ce petit monde (qui, sur la pochette de cet album, leur troisième, pose en montrant fièrement son...nombril) est dirigé par le chanteur/guitariste/auteur-compositeur et, occasionnellement, claviériste (mais il laisse généralement les claviers à un autre), également producteur d'ELO, j'ai nommé Jeff Lynne. Vrai fanatique de pop et des Beatles en général, ce mec à la dégaine pas possible (barbe courte, chevelure longue et bouclée, lunettes noires) a décidé de reprendre le bordel là où les Beatles l'ont laissé en 1967 avec Magical Mystery Tour. En nettement moins psychédélique (ce n'est, en fait, pas psyché pour un euro), mais en tout aussi riche en orchestrations. Les anti-ELO, généralement, disent que c'est surproduit, de la bonne grosse pâtisserie riche en crème, sucre, meringue et fruits confits. Les pro-ELO, généralement, se régalent de ce truc. Concernant les Beatles, Lynne a un lien avec eux : en 1987, il produira le Cloud Nine de George Harrison, jouera aussi dessus, et dès lors, il suivra de près Harrison, faisant partie des Travelling Wilburys (qu'il produira aussi), ayant aussi produit l'album posthume de George (Brainwashed) et co-organisé le concert collectif en hommage à Harrison. Lynne est totalement partie intégrante de la deuxième partie de la carrière de l'ex-Beatles, un de ses amis. Lynne a aussi bossé avec McCartney (Flaming Pie, 1997).
Pochette de la version britannique de l'album, et du CD réédité
Mais en attendant, Electric Light Orchestra sort donc son premier album en 1971 (éponyme), puis son deuxième (ELO 2) en 1972, et son troisième, ce disque-ci, On The Third Day, en 1973. J'aborderai très certainement, un jour, les deux premiers opus, qui renferment de vraies merveilles (notamment une reprise à la sauce ELO du Roll Over Beethoven de Chuck Berry, qui marcha très fort à l'époque), mais j'ai décidé de commencer mon petit cycle ELO (6 albums dont celui-ci) par le troisième opus, car ça a toujours été un de mes deux préférés (l'autre étant Out Of The Blue, double album de 1977, le meilleur selon moi). Ce disque est sorti sous deux pochettes différentes, et avec un petit changement de tracklisting, aussi, selon les éditions. En Angleterre, l'album est sorti sous une pochette montrant le visage de Lynne dans un cadre, sur fond noir, par-dessus une vue de la Terre (photo ci-dessus), visuel qui sera réutilisé pour la plus récente édition CD de l'album. Ce pressage anglais proposait, pour environ 35 minutes, 8 titres. L'album est sorti aussi, aux USA et, ensuite, dans le reste du monde (Europe compris, sauf sans doute l'Angleterre), sous une pochette photographique montrant les membres du groupe (dont, tout au bout à droite, Hugh McDowell, qui ne joue pas sur l'album !), chemise relevée, montrant leurs nombrils, photo tout en haut. Et l'album y dure 39 minutes, car on a un rajout en final de la face A, Showdown, chanson sortie en single, gros tube de l'époque, bien représentatif du son d'ELO, et que Lennon estimera être digne des Beatles. L'ambiance générale de cette chanson est pop, un peu soul (le chant de Lynne), le tout étant contrebalancé par les cordes, pas synthétiques du tout. Remarquable.
Avant de continuer de parler de l'album, il convient ici de citer les membres du groupe : Jeff Lynne, donc, mais aussi Bev Bevan (batterie), Richard Tandy (claviers), Mike de Albuquerque (basse), Mike Edwards (violoncelle), Mik Kaminski (violon), Wilf Gibson (idem), Colin Walker (violoncelle). On note que Kaminski et Edwards jouent sur la face A, et Walker et Gibson (qui partiront ensuite du groupe) sont sur la B. Concernant Edwards il me semble en fait qu'il soit sur tout le disque... L'album est quasi-exclusivement constitué de morceaux originaux, si on excepte le dernier titre (et le plus long, avec 6,35 minutes), une adaptation à la sauce ELO du classique d'Edvard Grieg In The Hall Of The Mountain King, une des pièces issues de son oeuvre Peer Gynt. Un des morceaux de musique classique les plus connus qui soient, et qui, ici, est un final absolument dantesque. Dantesque aussi est Ma-Ma-Ma-Belle, un morcau furax et très glam, digne du meilleur de T-Rex, ainsi que Showdown évidemment. L'album, qui plus est, s'ouvre sur une série de morceaux qui forment un cycle, de Ocean Breakup/King Of The Universe (sensationnel) à New World Rising/Ocean Breakup (Reprise). Par la suite, d'autres albums d'ELO formeront, parfois sur une seule face, parfois en totalité (Eldorado, l'album suivant, 1974), une sorte de cycle, de concept, les morceaux se répondant l'un l'autre, partageant des thèmes, des mélodies... On The Third Day, dans sa globalité, est une pure merveille, un album riche, très bien produit, original, mélange détonnant entre ambitions pop assumées et expérimentations avec le classique, faisant quasiment passer le groupe dans le domaine du rock progressif. Symphonique et pop, progressif et rock, parfois assez chargé il est vrai même si ça sera encore plus chargé par la suite (quand les synthés commenceront à remplacer les cordes, fin des annés 70 et reste de leur carrière), Electric Light Orchestra est un des groupes les plus majeurs de son époque, et cet album, une vraie réussite, bien qu'il feront encore mieux par la suite !
FACE A
Ocean Breakup/King Of The Universe
Bluebird Is Dead
Oh No Not Susan
New World Rising/Ocean Breakup (Reprise)
Showdown
FACE B
Daybreaker
Ma-Ma-Ma Belle
Dreaming Of 4000
In The Hall Of The Mountain King