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Le génial Al Kooper (claviériste/chanteur occasionnel/auteur-compositeur, collaborateur bien connu de Bob Dylan notamment), un des membres fondateurs de Blood, Sweat & Tears, quitte ce groupe de jazz-rock en 1968, peu de temps après la sortie de leur premier opus, le sensationnel Child Is Father To The Man. Peu de temps après, deux autres membres (Rendy Brecker et Jarry Weiss, tous deux à la trompette et au bugle), le groupe recrute trois musiciens et un chanteur, faisant passer le collectif, déjà assez imposant, de 8 à 9 membres, quasiment un record. Les musiciens qui incorporent le groupe sont Lew Soloff (trompette, bugle), Chuck Winfield (idem) et Jerry Hyan (trombone). Le chanteur, lui, à la voix chaude et profonde, s'appelle David Clayton-Thomas, et avec lui, s'ouvre une nouvelle ère, qui durera peu de temps (jusqu'en 1971) mais marquera le groupe, de BS&T. Le reste des musiciens, autant les citer tout de suite : Steve Katz (futur producteur, notamment de Lou Reed) à la guitare, Bobby Colomby à la batterie, Jim Fielder à la basse, Dick Halligan aux claviers, à la flûte et trombone, et Fred Lipsius aux saxophones. C'est avec leur deuxième album, sobrement intitulé Blood, Sweat & Tears, et qui sortira en 1968, que le collectif jazz-rock (assez proche de Chicago, aussi un collectif de nombreux musiciens) va trouver son producteur : James William Guercio, lequel, d'ailleurs, sera aussi celui de Chicago (premier album en 1969).

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En 45 minutes, ce deuxième album de Blood, Sweat & Tears est à mes yeux, et surtout à mes oreilles, un des meilleurs opus de jazz-rock qui soient. Si leur premier opus était absolument grandiose, indépassable ou presque dans le genre (seul le premier opus de Chicago est comparable, en bien, à ce disque), ce deuxième opus, qui ne fait pas trop regretter l'absence définitive d'Al Kooper (pourtant, ce dernier avait offert 7 remarquables moments, 7 remarquables titres sur les 12 du premier album), est presque aussi parfait. La voix de Clayton-Thomas est remarquable, assez proche par moments de celle du guitariste de Chicago, Terry Kath (chaude, rocailleuse mais pas trop, un peu grave et rauque, habitée, parfaite pour ce genre de morceaux). Les morceaux sont en bonne partie des reprises, c'est d'ailleurs un truc qui sera souvent reproché au groupe : mettre plus de reprises que des originaux sur leurs albums. Ici, on a, sur les 10 titres, 6 reprises (en comptant pour une seule reprise les deux morceaux instrumentaux inspirés par Trois Gymnopédies du compositeur français Erik Satie, une en ouverture, l'autre en final). Non des moindres : God Bless The Child de Billie Holiday, Smiling Phases de Trafic, And When I Die de Laura Nyro, You've Made Me So Very Happy de Brenda Holloway (une artiste Motown, le morceau est co-signé du leader de la Motown, Berry Gordy). Toutes sont remarquables, y compris les deux courts Variations On A Theme By Erik Satie, un air de classique contemporain (Satie : 1866/1925) bien connu de tout le monde, utilisé à de maintes reprises dans des films, pubs TV... Je ne parle pas de cette version jazzy, mais de la version originale qui est reprise ici en intro.

 

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Le reste de l'album est constitué de morceaux originaux. L'un d'entre eux est un monumental, un monstrueux instrumental bluesy et jazzy de presque 12 minutes, Blues - Part II (ne cherchez pas la Part I, je ne sais pas où elle est, mais ni sur le premier, ni sur le deuxième album, ni même sur aucun de leurs albums !), qui assure totalement, bien qu'étant vraiment long ; on a Sometimes In Winter, signé et interprété par Steve Katz, qui est remarquable ; et on a surtout  un gros hit de l'époque, signé Clayton-Thomas, et qui sera repris par plusieurs artistes (notamment James Brown qui en fera un hit en version instrumentale lounge) : Spinning Wheel. Terriblement jazzy, ce morceau est vraiment excellent. Ce deuxième opus de BS&T est donc une authentique réussite dans le genre, un album fantastique, quasiment parfait, presque aussi grandiose que le premir album du groupe. Autant le dire ici tout de suite, en guise de conclusion, c'est aussi le dernier grand album du groupe (j'ai même envie de dire : le dernier bon album du groupe), la suite étant, en effet, franchement médiocre dans l'ensemble. Dès le troisième opus (que j'aborderai ici prochainement, ainsi que le quatrième et le cinquième ; après, je ne réponds plus de rien), la formule gagnante du groupe s'effritera progressivement, la même chose arrivera aussi à Chicago, mais en un laps de temps un peu plus étendu, quelques singles à succès ayant fait illusion sur des albums somme toute anodins. Mais avec Blood, Sweat & Tears, la formule big band de rock/jazz avec plein de reprises à la sauce BS&T finira rapidement par lasser et la critique, et le public. Cet opus éponyme de 1968 est le dernier qui soit excellent et recommandé à tous. Après... mais j'en reparle prochainement !

FACE A

Variations On A Theme By Erik Satie (1st & 2nd Movements) Adapted From Trois Gymnopédies

Smiling Phases

Sometimes In Winter

More And More

And When I Die

God Bless The Child

FACE B

Spinning Wheel

You've Made Me So Happy

Blues - Part II

Variations On A Theme By Erik Satie (1st Movement)