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Et c'est ainsi que se termine la période Tin Machine : sans tambour ni trompette, par un petit album live sorti discrètement en 1992 à la suite d'une tournée mondiale (le It's My Life Tour) qui ne sera pas un succès des plus retentissants (il y aura quand même du monde pour aller les voir, hein, mais le groupe jouait dans de petites salles, volontairement, pas dans des arenas), ni commercial (surtout), ni critique. Court, trop court même (il n'offre que 8 titres, pour un peu moins de 50 minutes !), cet album live de Tin Machine, et troisième album du groupe, s'appelle d'un titre amusant mais un peu idiot, inspiré au batteur du groupe (Hunt Sales) d'après celui de l'album que U2 sortit en 1991, Achtung Baby. Le groupe a donc appelé son live : Live : Oy Vey, Baby. Il paraît qu'un autre album live était prévu, et que celui-ci, en allusion parodique aux Use Your Illusion (1991 aussi) des Guns'n'Roses, était pressenti pour s'appeler Use Your Wallet... Tout un programme. Ce deuxième album live ne sortira jamais, vu le peu de succès commercial du premier (qui fut quand même torpillé Disque du Mois dans Rock'n'Folk à sa sortie !). Pourtant, ce live, malgré un ou deux passages un peu chiants (Stateside, issu de Tin Machine II, est un très bon morceau, interprété par Hunt Sales, mais ce dernier n'est pas chanteur à la base, et sa voix est un peu irritante, surtout qu'en live, il en rajoute, en fait trop ; et 12 minutes, soit deux fois la durée du morceau studio, pour Heaven's In Here, issu du premier album Tin Machine, c'est un peu trop), est très loin d'être à négliger. Tin Machine non plus, en général, n'est pas à négliger. Rappelons pour les retardataires que ce groupe peu connu, ayant oeuvré de 1988 à 1992, est le groupe derrière lequel David Bowie a essayé de 'se cacher' afin de revenir aux sources après une décennie 80 dans l'ensemble épouvantable. Le groupe est un vrai groupe dans lequel Bowie est le chanteur et auteur/compositeur (et encore, il n'y à pas que lui qui signait les morceaux), joueur de guitare et de saxophone occasionnel, et entouré du guitariste Reeves Gabrels et des frangins Hunt  et Tony Sales, batterie et basse respectivement.

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Tony, Hunt, Bowie, Reeves

Aujourd'hui chiant à trouver tout comme Tin Machine II car sorti sur un autre label que les autres albums de Bowie et non réédité à ce jour, Live : Oy Vey, Baby propose donc 8 titres. Très démocratique, caro n y trouve précisément 4 titres de Tin Machine et 4 de Tin Machine II, cet album n'a donc qu'un seul défaut selon moi, sa courte durée. L'album a été enregistré durant la tournée mondiale, pas au cours d'un seul concert, mais il propose au final des extraits issus de 5 concerts différents : un extrait d'un concert de Sapporo au Japon, deux d'un concert de Tokyo, un à Boston, deux à Chicago et deux à New York. Parmi les morceaux, un est une reprise (également présente sur Tin Machine II) de Roxy Music, le remarquable, et ici très rock (l'original de Roxy Music, glam comme il se doit, est méconnaissable !), If There Is Something, issu du concert de Tokyo, et ouvrant le bal avec efficacité. Amazing, petite douceur pop/rock (sur l'amour de Bowie à l'époque, la danseuse Melissa Hurley, avec qui il ne sera plus en liaison assez rapidement après, ayant retrouvé l'amour avec Iman, épousée en 1993, et avec qui il vit toujours), issue du premier album et du concert de Chicago, suit, ainsi que le très torturé et heavy I Can't Read, aussi issu de Tin Machine (le seul album encore facile à trouver, car édité sur EMI), et ici, du concert bostonien. Stateside, qui de 5,30 minutes passe ici à 8, achève la première partie du live, un extrait du concert de New York. Comme je l'ai dit, la voix de Hunt Sales (dont les problèmes de drogue entraîneront la dissolution du groupe peu après en 1992 ; Hunt avait apparemment l'habitude rigolote mais peu subtile de jouer en caleçon sur scène, et de faire des blagounettes, peu sérieux...) est un peu forcée, il en fait trop, mais sinon, un excellent morceau. Tout comme Under The God, tuerie métallique surprenante de la part de Bowie, un morceau du premier album ici issu du concert de Sapporo. Goodbye Mr. Ed, magnificence issue de Tin Machine II, suit, le morceau le plus court du live (3,30 minutes !) issu du concert de Tokyo, un peu de brise (le morceau étant très calme, doux) avant une vraie furie, les 12 minutes (concert de New York) du bluesy et ici totalement destroy parfois Heaven's In Here, issu du premier opus. Un peu long, mais Reeves Gabrels délivre des giclées de guitare absolument dantesque, la rythmique est hallucinatoire, Bowie braille comme s'il venait d'apprendre qu'il ne pourrait plus jamais chanter une fois le morceau fini...  Le live se termine sur un extrait de Chicago, et du deuxième album du groupe, le grandiose, et ici long de 7 minutes, You Belong In Rock'n'Roll. Monumental.

Tin Machine - Oy Vey, Baby (Live) - Back

La seule chose de négative à dire, donc, c'est que ce live est trop court, 50 minutes (et encore, un tout petit peu moins). Compte tenu que durant la tournée, Bowie et son groupe ont interprété 10 des 14 titres du premier album et tout des 12 titres du second, plus des tas de reprises (de Cream - I Feel Free, que Bowie reprendra en solo sur Black Tie White Noise en 1993 -, Neil Young - I've Been Waiting For You, par Reeves Gabrels, mais que Bowie reprendra en solo en 2002 sur Heathen -, Roxy Music, des standards...mais rien de la carrière solo de Bowie), c'est peu dire que, sans aller jusqu'à faire un double album (j'aurais aimé, en même temps), il y avait de quoi rajouter environ 25 minutes de musique, ce qui aurait fait 75 minutes en tout. En plus, la qualité sonore est vraiment bonne (le CD, de 1992, possède le son pas totalement génial des éditions CD d'époque, mais mis à part ça, la prise de son est juste excellente) et l'interprétation, excellente. Dommage donc de ne pas avoir inclus, au pif, Baby Can Dance, Sorry, Tin Machine, Crack City, One Shot ou Amlapura... Mais bon, c'est comme ça, et après tout, comme je l'ai dit plus haut, il était prévu qu'un autre live sorte, à la base. Il a malheureusement été annulé. Notons aussi qu'à l'époque, une édition filmée, en VHS, sortira, plus longue il me semble. VHS n'ayant pas été refaite en DVD, et, donc, introuvable désormais. Bowie n'ayant apparemment pas envie de reparler un jour de Tin Machine, l'expérience ayant été certes salutaire pour lui d'un point de vue musical, mais cuisante sur le plan financier et critique (une fois le groupe fini, il ne rejouera plus les morceaux de cette période en live, sauf I Can't Read une ou deux fois), c'est peu dire qu'une sortie DVD et qu'une réédition du (reste du) catalogue de Tin Machine est tout sauf à l'ordre du jour. Et c'est franchement dommage. Moi, je l'avoue sans honte aucune : j'adore Tin Machine.

If There Is Something

Amazing

I Can't Read

Stateside

Under The God

Goodby Mr. Ed

Heaven's In Here

You Belong In Rock'n'Roll