maxresdefault

L'article sera long, une centaine de titres, mais je pense y arriver : voici la discographie singles de David Bowie ! Pour des raisons de méconnaissance totale (sauf les quelques titres de cette période présents sur le double album d'enregistrements lives BBC Bowie At The Beeb) de son début de carrière (années 60), je commencerai la discographie à partir de 1969. Les quelques singles datant d'avant cette date sont très peu connus, et dans l'ensemble, ne doivent pas valoir grand chose d'un point de vue musical, ce début de carrière ayant d'ailleurs été un bide commercial.

01Space Oddity/Wild-Eyed Boy From Freecloud (1969) : C'est en 1969 que David Bowie, après plusieurs années de disette musicale (aucun de ses précédents singles, ni son album de 1967, ne marchera, ne fera date, même si certaines chansons, comme The Laughing Gnome, offraient des expérimentations sympas), connait enfin le succès. Avec une chanson sur un astronaute en plein espace, une chanson construite selon un procédé vraiment intéressant, une conversation, par radio interposée, entre l'astronaute, une certain Major Tom, et le centre spatial sur la Terre. Space Oddity, telle est cette chanson, qui sortira quelques semaines avant qu'Armstrong, Aldrin et Collins ne se posent pour de bon sur la Lune (il me semble d'ailleurs que la chanson servira de générique au programme TV diffusant l'évênement). Issue de l'album du même nom, aussi nommé David Bowie ou Man Of Words, Man Of Music (selon le pays et l'année de publication), la chanson est éblouissante, un régal folk psychédélique, interprété par un Bowie au sommet, vocalement parlant. Limite elle file le frisson. En face B, une autre chanson du même album, Wild-Eyed Boy From Freecloud, une des meilleures de l'album d'ailleurs, et dans le même registre folk psychédélique (tout le disque est de ce genre). A noter qu'en Italie, ce single sortira aussi, réenregistré par Bowie dans la langue de Berlue s'con-là.

02The Prettiest Star/Conversation Piece (1970) : Celles et ceux qui ne connaissent pas bien la bio de Bowie, mais connaissent assez bien ses albums, doivent se dire Mais The Prettiest Star date de 1973, elle est sur son album "Aladdin Sane"  !, et seront peut-être surpris d'apprendre que cette chanson, écrite en l'honneur de sa femme de l'époque (ils venaient de se marier, ils divorceront une dizaine d'années plus tard) Angela date en fait de 1970. Oui, Bowie la réenregistrera totalement, à la sauce glam/suave et pompeux, en 1973, mais avant ça, il la sortira, en 1970 donc, en single. Ce ne sera pas un gros succès, il faut le dire... ce qui ne signifie pas que c'est mauvais non plus. En face B, Conversation Piece, morceau rare et peu convaincant, absent de tout album studio ; tiens, comme cette version première de The Prettiest Star, aussi, ce qui en fait vraisemblablement un des singles les plus courus de Bowie.

03Memory Of A Free Festival (Part 1 & 2) (1970) : Un seul morceau sur ce 45-tours, mais quel morceau ! Memory Of A Free Festival, 7 minutes et des poussières, est ici découpé en deux parties, une par face (c'était pas dur à deviner...), et est issu de Space Oddity, son album de 1969 (qui sera réédité en 1972 en Angleterre, je crois, et encore, sous une pochette différente de l'originale avec les motifs signés Vasarely, mais avec le titre définitif, car son premier titre fut David Bowie). Une très bonne chanson de folk psychédélique, un peu longuette il est vrai (paradoxe : sur l'album, une autre chanson, Cygnet Committee, est plus longue qu'elle, mais nettement supérieure), mais interprétée avec panache. Son final en chorus répétitif, The Sun Machine is going down, and we gonna have a party, reste longtemps en tête une fois le morceau écouté.

04Holy Holy/Black Country Rock (1971) : En face A, une rareté, que Bowie recyclera en tant que face B d'une de ses futures chansons quelques années plus tard (sans la refaire, non ; il la foutra juste en face B de single, point barre), pour savoir laquelle, attendez que j'y arrive plus bas dans l'article (indice : années 70), Holy Holy, une très bonne chanson, absente de tout album studio et live. Pas la meilleure de Bowie, mais c'est vraiment pas mal. En face B, un extrait du troisième album de Bowie, The Man Who Sold The World (j'ai dit 'troisième', car n'oublions pas son album de 1967, peu connu, quasiment oublié, mais existant bel et bien), Black Country Rock, chanson en hommage subtil à Marc Bolan, ami et rival amical de Bowie, leader de T-Rex (qui, alors, n'avait pas encore connu le succès), originaire de la région britannique du Black Country, pays minier. Chanson de folk/rock psyché, un peu répétitive mais bien sympa, pas la meilleure de l'album (un album très heavy, le premier avec le guitariste Mick Ronson et le batteur Woody Woodmansey, futurs Spiders From Mars, et le premier avec le légendaire producteur/arrangeur Tony Visconti, ici bassiste, d'ailleurs), mais pas la pire (autant la citer ici, car je ne le referai pas ultérieurement dans l'article : Saviour Machine).

05Moonage Daydream/Hang On To Yourself (1971) : Une rareté, car il ne s'agit pas des versions présentes sur l'album The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars (1972, que Bowie n'avait, au moment de la sortie de ce single, même pas commencé d'enregistrer) mais de versions embryonnaires, plus anciennes, et créditées à un groupe du nom de Arnold Corns (une allusion au Arnold Layne de Pink Floyd, Bowie étant fan absolu du Floyd de l'époque et de son leader Syd Barrett), lequel, éphémère, était le sien. Les trois futurs Spiders From Mars Mick Ronson, Trevor Bolder et Mick 'Woody' Woodmansey, respectivement guitare, basse et batterie, en faisaient partie. Bref, il suffira de virer deux autres membres (un chanteur du nom de Freddie Burretti et un guitariste, Mark Carr-Pritchard) et de renommer le groupe pour qu'il devienne les fameux Spiders. Ces deux chansons sont excellentes. Les versions 1972, de l'album, sont cependant meilleures. Et si jamais vous tomberiez un jour, en brocante (peu probable) ou convention, sur ce 45-tours estampillé Arnold Corns, il s'agit bien de Bowie, et pas d'un groupe reprenant une de ses chansons. Ceci est une rareté.

06Changes/Andy Warhol (1972) : En 1971, Bowie sort son quatrième opus, Hunky Dory, et à partir de ce moment, sa légende commence. Sous une pochette iconique sur laquelle Bowie pose à la Greta Garbo, l'album est un régal absolu de folk psyché et vaguement glam/précieux, et est rempli de classiques, il n'y à quasiment que ça, et un fameux spécialiste en Bowie, le journaliste/écrivain/auteur de chansons Jérôme Soligny, en parlera un jour comme d'un album tellement beau que le simple fait de le posséder sans même l'écouter suffirait au bonheur de n'importe qui. Mais c'est quand même mieux si on l'écoute. Ce single qui reprend le visuel de la pochette propose deux extraits de l'album : Changes, en face A, est le genre de chanson qu'il faut faire écouter à quiconque douterait encore, en 2015, du talent du génie de Bowie. On a trop parlé sur cette chanson intouchable, je ferme ma gueule, donc. Andy Warhol, en face B, est l'hommage de Bowie au fameux peintre/mécène américain, lequel, d'ailleurs, n'appréciera pas trop la chanson (selon la légende, la rencontre entre Bowie et Warhol sera étrange : les deux hommes ne se diront rien pendant plusieurs minutes, puis Warhol dira à Bowie j'aime bien vos chaussures, et les deux se mettront à ne parler que de ça, pendant plusieurs dizaines de minutes). Excellente chanson démarrant par une conversation entre Bowie et un ingénieur du son, Bowie lui expliquant comment bien prononcer le nom de Warhol ('War-all') que ce dernier avait écorché !

07Starman/Suffragette City (1972) : En 1972, ça y est, Bowie est immense et déjà intouchable. The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars, alias Ziggy Stardust pour les amis, son album mythique, un des fers de lance de la vague glam, sort, et est fardé de classiques. Deux d'entre eux ici : Starman en face A, et Suffragette City en face B. Deux chansons bien différentes : si la face B est un bon gros rock bien trippant (guitare tronçonneuse de Ronson, un Bowie survolté, Wham bam thank you Ma'am !!), la face A, Starman donc, est un régal assez folk/rock, au refrain inoubliable et beau comme un diamant bien taillé. Une chanson qui, au même titre que Life On Mars ? de l'album précédent (et qui ne sortira en single qu'en 1973 !), et que Rock'n'Roll Suicide sur Ziggy Stardust (et qui, lui aussi, sortira tardivement en single), est belle à pleurer, et une preuve éclatante du génie bowien. Culte et magistral (ça vaut pour les deux faces).

08John, I'm Only Dancing/Hang On To Yourself (1972) : Je vais être clair comme de l'eau de roche, je n'aime pas cette chanson, pourtant un classique de Bowie parmi tant d'autres. Mais ce John, I'm Only Dancing me fait royalement chier. La chanson fera parler d'elle (et ça sera bien évidemment accentué par la déclaration de Bowie dans la presse, à l'époque, où il s'avouera être bisexuel), car son titre la fera passer pour une chanson gay, sur un homme dansant avec une fille, mais rassurant son mec (son mec à lui, pas à la fille) en lui disant que, certes, la fille le drague, mais lui ne fait que danser avec elle, rien de plus. Mais la chanson put aussi bien être interprétée comme un type rassurant le petit ami de la fille avec qui il danse, et lui disant la même chose. Allez savoir. Mais vu le côté un peu sulfureux de Bowie, je pense que la première hypothèse est la meilleure. Musicalement, c'est un peu bof (il existe deux versions de la chanson, de la même époque, une avec saxophone, et une sans), mais c'est surtout la voix de fausset de Bowie qui m'irrite ici. Bowie la refera, en version soul/funk, en 1975, John, I'm Only Dancing (Again). En face B, Hang On To Yourself, issu de l'album de 1972, mais datant d'avant, Bowie l'ayant, on l'a vu plus haut, déjà sortie en single, sous le nom d'un de ses anciens groupes, Arnold Corns. Une chanson bien rock, pas mal, que j'ai mis du temps à aimer, mais c'est tout de même une des deux moins réussies de l'album, l'autre étant le fadasse Star.

09The Jean Genie/Ziggy Stardust (1972) : Dans ce 45-tours, Bowie propose, en face B, la quasi-chanson titre de son album The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars : Ziggy Stardust, chanson bien rock, nerveuse, à la production bien puissante, une chanson devenue depuis un vrai hymne, et une chanson intouchable, une de plus. En face A, en revanche, c'est une chanson inédite (pour l'époque), que Bowie placera un an plus tard sur son album Aladdin Sane : The Jean Genie, dont le titre est une allusion probable à l'écrivain français Jean Genet (bien connu dans le milieu gay) et le riff, une reprise d'un air de Bo Diddley qui, en France, servira aussi pour La Fille Du Père Noël de Jacques Dutronc. Une chanson, donc, bluesy et rock, très efficace.

10Drive-In Saturday/Round And Round (1973) : Extrait de l'album Aladdin Sane (comme la pochette le stipule sans mention superflue : c'est le même visuel), Drive-In Saturday est une chanson vraiment très réussie, qui parle apparemment d'un monde étrange, la Terre après une catastrophe nucléaire ayant rendu les gens stériles. Bowie y chante très bien. Ce n'est pas la meilleure chanson d'un album à la production un peu trop grasse (c'est une sorte de Ziggy Stardust avec plus de beurre, de sucre, de chocolat, de crème, de tout ce que vous voulez), et un peu inégal, mais c'est une des meilleures chansons, ce qui est déjà bien. En face B, une reprise du Round And Round de Chuck Berry, du bon rock'n'roll à la sauce glam, pas mal, et absent de tout album studio de Bowie.

11Time/The Prettiest Star (1973) : Autre extrait d'Aladdin Sane, ce doublé de chansons se suivant d'ailleurs sur l'album, Time, avec son ambiance cabaret allemand en pleine république de Weimar (années 20/30, donc), ambiance glamour et décadente donc, étant suivie, sur le disque, par The Prettiest Star, ici en face B. Cette seconde chanson est une nouvelle version d'une chanson que Bowie avait déjà sortie en single en 1970, sans grand succès, et parlant de sa femme Angela (c'est toujours le cas). Ambiance glam et doo-wop (les choeurs), pour un résultat qui m'irrite pas mal, je n'aime pas cette chanson. Time est nettement meilleure, bien barrée parfois, avec son ambiance glam/cabaret et son allusion à Billy Doll, premier batteur, mort d'overdose en 1972, des New York Dolls, fameux groupe de glam-rock américain, proto-punk, bien influencés par Bowie. La chanson est un peu longuette (5 minutes sur l'album), mais est pas mal dans l'ensemble.

12Let's Spend The Night Together/Lady Grinning Soul (1973) : Toujours issu d'Aladdin Sane, un doublé de chansons de qualité assez variable. La première de ces deux chansons est une reprise des Rolling Stones, Let's Spend The Night Together, une chanson à la base datant de 1967, et que Bowie a bien revisité, modifiant quelque peu les paroles (on s'en doute bien, le passage où il chante, d'une voix un peu atone, Do it !, let's make love n'était pas dans la version originale des Cailloux) et l'interprétant d'une manière des plus trépidantes. Malgré cela, ce n'est pas ce que l'on pourrait parler un grand moment, j'ai toujours trouvé cette reprise un peu poussive... un peu grasse...comme pas mal de chansons de l'album. L'autre chanson, bien différente car très calme, suave, est Lady Grinning Soul, chanson en hommage à Claudia Lennear, choriste de toute beauté (qui brille par son absence sur les albums de Bowie, par ailleurs !), une chanson qui achève l'album sur une touche glam des plus magnifiques, piano cristallin de Mike Garson (première participation de Garson à un album de Bowie), chant magnifique, guitare discrète mais bien efficace quand même... Une splendeur absolue, une des meilleures de l'album. Les chansons calmes sont meilleures que les chansons rock, d'ailleurs, sur Aladdin Sane. Pour finir, je ne possède pas ce single (je n'en possède que deux de Bowie pour le moment, au 16 juillet, date où j'écris ceci, mais j'en aurai très probablement d'autres bientôt), mais j'ai failli l'avoir : il n'y à pas longtemps, dans une brocante, un veudeur de disques professionnel (chez qui j'ai acheté trois singles, dont deux des Beatles) le proposait, pas très cher, en disant que le disque était assez difficile à trouver, pas très courant. Je ne sais pas si c'est vrai (s'il est peu courant), mais je regrette de ne pas le lui avoir pris, même si je n'aime pas une des deux chansons qui s'y trouvent !

13Life On Mars ?/The Man Who Sold The World (1973) : Deux chansons bien plus anciennes que l'année de sortie du single : Life On Mars ?, sur la face A, date de 1971, et est issue de l'album Hunky Dory, tandis que la face B propose The Man Who Sold The World, issue de l'album du même nom (1970). Ca ne sera pas la seule fois où Bowie (ou RCA, sa compagnie de disques) publiera tardivement une chanson issue d'un ancien album. Que dire, sinon ? La première, tout à été dit à son sujet, c'est une authentique splendeur inspirée par Sinatra et sa version du Comme D'Habitude de l'électrocuté-dans-son-bain-faut-vraiment-être-idiot-pour-toucher-une-applique-quand-on-est-trempé, à savoir My Way. Une montée en puissance, une performance vocale écrasante, le genre de truc qui vous fout à genoux, tremblant d'émotion et d'admiration. The Man Who Sold The World, quant à elle, avec son titre inspiré par celui d'une nouvelle de SF de Robert Heinlein (remplacée 'world' par 'Moon'), est une magnifique chanson, au riff de guitare entêtant et pourtant discret, et qui compte parmi les préférées de Bowie. Bien des années plus tard, au cours de leur fameuse prestation acoustique à l'émission Unplugged de MTV, Nirvana en livrera une version éblouissante qui remettra cette chanson au goût du jour, la popularisera davantage. Ce single, c'est deux chansons monumentales. Le très beau clip 1973 de Life On Mars ?, avec un Bowie outrancièrement maquillé sur fond blanc, est du genre qui marque, aussi, on a l'impression de voir un extraterrestre chanter, ce qui, compte tenu du génie de Bowie, surtout à cette époque, n'est pas très éloigné de la réalité...

14Sorrow/Port Of Amsterdam (1973) : Pin Ups, dernier album vraiment glam de Bowie, dernier album fait avec ses Spiders From Mars (sauf le batteur Woody Woodmansey, remplacé par Aynsley Dunbar), album enregistré au Château d'Hérouville (Val d'Oise) et entièrement constitué de reprises de chansons anglaises des années 60, sort en 1973. Un succès relatif, l'album étant mal accueilli, son statut de disque de reprises le faisant passer pour un album paresseux. Mais il est vraiment excellent, et offre de grands moments, dont cette reprise des Merseys, Sorrow, une authentique buterie dans le genre, avec la double voix de Bowie faisant passer le tout pour un duo virtuel. Magnifique. En face B, autre grand moment, absent de l'album (Bowie envisagera de faire un autre album de reprises, pour les USA, et il l'aurait mise dessus), une autre reprise, de Brel, Port Of Amsterdam. Reprise de son Amsterdam, évidemment. Bowie la chantait déjà en 1971, on en entend une version sur Bowie At The Beeb, double compilation d'enregistrements lives à la BBC. Sublime.

15Rebel Rebel/Queen Bitch (1974) : Un des rares singles de Bowie que je possède à l'heure actuelle (l'autre étant l'EP Baal ; je dis ça au 16 juillet 2015, ça risque de changer prochainement). En 1974, Bowie a définitivement tourné la page Ziggy Stardust/Spiders From Mars, et glam en général, et passé à autre chose. Et cet autre chose, c'est Diamond Dogs, album étrange, inégal et très apocalyptique, inspiré par le 1984 d'Orwell (la veuve de l'écrivain refusera que Bowie adapte le roman, alors il trichera quelque peu) et l'écriture automatique de Burroughs (ainsi que sa fameuse technique du cut-up). Premier single, ce Rebel Rebel doté d'une guitare remarquable signée Bowie lui-même (il joue de la guitare sur tout l'album sauf sur 1984), un morceau très répétitif, trop sans doute, mais terriblement addictif. En face B, Queen Bitch, chanson datant de 1971, et de l'album Hunky Dory. Grande chanson assez heavy/folk, mais pourquoi la proposer en face B plusieurs années après, je me le demande...

16Rock'n'Roll Suicide/Quicksand (1974) : Encore un doublé de chansons anciennes, qui sortent enfin en single. Rock'n'Roll Suicide est issue de l'album de 1972 The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars, et est le classique absolu, parfait que l'on sait, une chanson qui semble en influence de Scott Walker ou Jacques Brel (deux chanteurs que Bowie adore). Rien que pour sa seconde partie (Bowie glapissantYou're not alone !! suivi d'un orchestre de cordes qui déboule, frissons), ce morceau est légendaire, et hélas trop court (un peu moins de 3 minutes). En face B, Quicksand, magnificence totale, folk, aux paroles parfois cryptiques et glissantes (allusions à la Golden Dawn, société secrète occulte, à Aleister Crowley, 'mage' sataniste qui en fit partie, au mythe du Surhomme cher à Nietzsche, et, plus grave, à Himmler), mais musicalement sublime, issue de l'album Hunky Dory de 1971. Deux grandes chansons, remises sur le devant de la scène via ce single, qui les propose dans leurs jus, elles n'ont pas été réenregistrées pour l'occasion.

17Diamond Dogs/Holy Holy (1974) : Deuxième single promotionnel de Diamond Dogs, voici sa chanson-titre, un morceau de rock bien saignant, avec un Bowie survolté (This ain't rock'n'roll ! This is genocide ! clame-t-il en intro), assurément une des meilleures, des plus durables chansons d'un album inégal et très confus par moments (Bowie était déjà le nez dans la coke, ça se ressent, et ça se voit aussi, il ressemblera rapidement à un rescapé des camps de la mort...). En face B, Bowie nous refile Holy Holy, chanson sortie en single en 1970 (il était, alors, en face A), absente de tout album studio du bonhomme, une très bonne chanson, mais encore une fois, pourquoi la refourguer au lieu de mettre une autre chanson de Diamond Dogs (au pif, disons, We Are The Dead) en face B ?

181984/Lady Grinning Soul (1974) : Single sorti au Japon (ce visuel) et aux USA, et seulement dans ces deux pays, il me semble. Si la face B est Lady Grinning Soul, déjà utilisée dans un single de 1973 (année de la chanson), la face A est un extrait de Diamond Dogs, 1984, seule chanson de l'album où Bowie ne joue pas les parties de guitare (signées Alan Parker, ici), une chanson proto-disco/funk, inspirée évidemment par le roman du même nom de George Orwell. Une bonne partie de la face B de l'album, de We Are The Dead à Big Brother, est en référence flagrante au roman. Une chanson assez sympa, que Tina Turner reprendra sur son album Private Dancer, en...1984.

19Knock On Wood/Panic In Detroit (1974) : En 1974, Bowie sort son premier live : David Live, enregistré au Tower Theatre de Philadelphie. Le bonhomme est alors dans un état proche de l'Ohio, émacié, accro à la coke, blafard, squelettique... Les photos de pochette et livret (CD) font peur, celle de ce single promotionnel de l'album aussi. On y trouve donc, sur ce single, deux extraits de l'album live (un album correct, mais quand même assez bancal par moments, les arrangements à la sauce Diamond Dogs ne fonctionnant pas partout), en l'occurrence une reprise du Knock On Wood d'Eddie Floyd (qui est pas trop mal) et une très bonne version soul/rock de Panic In Detroit, morceau initialement issu d'Aladdin Sane (1973). La pochette de ce single, que ce soit la photo de Bowie ou le design en général, fait frémir par sa laideur...

20Rock'n'Roll With Me/Panic In Detroit (1974) : Pas entièrement sûr et certain que le visuel ci-contre soit celui du single, mais on fera avec si ce n'est pas le cas ! Autre extrait live de David Live (avec, encore une fois, Panic In Detroit en face B, comme pour le précédent single), on a droit cette fois-ci à un extrait de Diamond Dogs, le très fadasse, mièvre, putassier Rock'n'Roll With Me. Je préfère m'arrêter là, je risquerais fort d'être vulgaire si je continue à parler de cette chanson...

21Young Americans/Suffragette City (1975) : Changement d'année, changement (léger) de style, d'équipe musicale aussi (première apparition, dans le prisme musical de Bowie, du guitariste Carlos Alomar, qui restera à ses côtés, album et live, pendant plus de 10 ans), pour Bowie, avec Young Americans, disque de soul, ou plutôt, de plastic soul comme il qualifiera le disque par la suite (avec un peu beaucoup d'ironie d'ailleurs). Bien que remarquable, l'album compte souvent parmi les moins appréciés des fans, qui le considèrent en gros comme un disque raté, médiocre et opportuniste. Conneries. C'est un remarquable album, oui ! Premier des singles promotionnels, la chanson-titre, qui n'est cependant pas la meilleure du lot (un poil trop longue), mais est tout de même franchement bonne. En face B, Bowie nous refait le coup de la vieille chanson remise au goût du jour (sans réenregistrement), en l'occurrence Suffragette City, qui date de 1972. Du bon gros rock qui tache en face B d'une chanson plus calme et suave, on voit bien le côté un peu 'schizo musical' de Bowie !

22Fame/Right (1975) : Deuxieme single promotionnel. Et là, c'est à un gros tube (avec lequel Bowie entretiendra une relation amour/indifférence assez forte, tout comme avec tout l'album, d'ailleurs), chanson qui fut composée en trio avec Carlos Alomar et...John Lennon, avec qui Bowie collaborera rapidement via cet album (il reprend, sur Young Americans, le Across The Universe des Beatles, signé Lennon, en duo avec lui, et il co-signe cette chanson avec lui). La chanson, c'est Fame, un petit régal de soul/funk/rock qui achève idéalement l'album. En face B, une autre chanson issue de l'album, le nettement moins connu, mais vraiment attachant et réussi Right, baigné de choeurs soul du plus bel effet.

23Golden Years/Can You Hear Me (1975) : Nouvel album pour Bowie, Station To Station, en 1976. Un disque majeur, probablement son meilleur, sous sa pochette reprenant une photo du film L'Homme Qui Venait D'Ailleurs de Nicholas Roeg, classique de la SF qui fut par ailleurs son premier rôle au cinéma (même année que l'album). Un album enregistré par un Bowie alors dans un triste état général, entre parano, coke et idées douteuses (qu'il reniera rapidement), il dira même ne pas se souvenir de l'enregistrement de l'album, un grand flou dû à la consommation de came. Premier single pour cet album ne comprenant que 6 titres (mais quels titres !), Golden Years, chanson la plus courte de l'album avec 4 minutes au compteur. Chanson qui, apparemment, était initialement prévue pour Elvis Presley, Bowie la lui avait offerte, mais il refusa, donc Bowie la chantera pour lui-même. Une grande chanson aux accents soul. En face B, Can You Hear Me, issue de l'album précédent, Young Americans, un morceau moins abouti, mais quand même très très bon, lui aussi très soul.

24TVC 15/We Are The Dead (1976) : Deuxième single de Station To Station, avec TVC 15, chanson amusante, aux paroles assez absurdes et même grotesques : une jeune femme se fait littéralement happer par un poste de TV que le narrateur vient de s'acheter, un TVC 15 (TVC est une marque de TV). Vidéodrome avant l'heure ! Musicalement, le piano bastringue de Roy Bittan (membre du E-Street Band de Bruce Springsteen) est sympa, l'ambiance décalée aussi, mais les Traaaaaansition, traaaaaaansmition répétitifs de Bowie, dans la coda (encore plus dans la version longue, 5,30 minutes, de l'album ; en single, le morceau a été raboté de 2 minutes) sont assez usants, à la longue. Pour moi le morceau le moins grandiose de l'album, sans pour autant qu'il soit mauvais, loin de là, mais... enfin. En face B, un extrait de l'inégal et étrange Diamond Dogs de 1974 : We Are The Dead. Si on peut se demander pourquoi proposer ce morceau et pas un autre, c'est, tout de même, loin d'être mauvais, ce morceau inspiré par Orwell et son 1984 étant un des meilleurs de l'album.

25Stay/Word On A Wing (1976) : Troisième single, et ici, on a enfin deux extraits de l'album de proposés. En face A, le géniallissime (mais ici hélas, pour des raisons de durée, raboté de moitié, 3 minutes au lieu des 6 de la version album) Stay, un funk/rock endiablé, guitares remarquables de Carlos Alomar et du terrible Earl Slick. Un morceau sur lequel Bowie s'en donne à coeur joie, et je ne parle même pas des versions live, grandioses. En face B, le tout aussi génial, mais dans un autre registre, Word On A Wing, morceau langoureux, mystique, christique même, sous influence Scott Walker et Jacques Brel, Bowie y transpire la grâce par tous les pores de sa peau. Je ne sais pas combien de temps dure la version sur ce 45-tours, mais sûrement moins longtemps que la version album, qui dure 6 minutes. Mais si ça se trouve, elle est proposée en entier sur cette face B. Si c'est le cas, dans ce cas, pourquoi ne pas l'avoir aussi fait avec Stay ?

26Suffragette City/Stay (1976) : A nouveau une ancienne chanson (ici, de l'album de 1972 The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars) proposée en single ! C'est à Suffragette City, rock couillu et glam proposé déjà en face B de Young Americans en 1975 qu'on a droit ici, en face A. En face B, Stay, présent déjà sur le précédent single, mais en face A. Bref, je passe.

27Sound And Vision/A New Career In A New Town (1977) : Enregistré au Château d'Hérouville, dans le Val d'Oise (dernière fois, et deuxième aussi, que Bowie y enregistrera pour lui-même ; il y fera aussi, quasiment en même temps, le The Idiot d'Iggy Pop, qu'il produira), Low est le premier volet de la fameuse 'trilogie berlinoise', ou plutôt, 'trilogie Eno', vu que Brian Eno participe au trois albums de la trilogie, mais que seul le second volet a été fait à Berlin. Un disque assez expérimental, ambient, souvent instrumental (toute la face B, si on excepte des paroles absconses et inintelligibles sur certains titres), dont voici le premier single. Une des chansons les plus 'accessibles', presque pop, de l'album en face A : Sound And Vision, magnificence démarrant par une longue partie instrumentale assez sautillante ; et un instrumental relativement joyeux en face B, A New Career In A New Town, inspiré par l'arrivée de Bowie à Berlin, où il vivra deux-trois ans. Remarquable. A noter que le visuel de ce single reprend celui de l'album, et est une photo trafiquée (aucun fond orange à la base) issue du film de Roeg L'Homme Qui Venait D'Ailleurs.

28Be My Wife/Speed Of Life (1977) : Deuxième et ultime single de Low, et encore une fois, une chanson en face A et un instrumental en face B. Be My Wife (dont le clip, montrant Bowie jouant de sa guitare et chantant, dans un décor blanc immaculé et sur-éclairé, est limite flippant, tant Bowie y semble mal en point, émacié, regard morne malgré le maquillage...) est une chanson enjouée avec un piano de bastringue totalement addictif. Une chanson en forme de déclaration d'amour, mais probablement pas à sa femme de l'époque, Angela, car le couple battait de l'aile grave à l'époque, déjà. Une de ses meilleures chansons, qu'il chantait encore sur scène en 2003. En face B, Speed Of Life, instrumental ouvrant Low, et qui, à la base, était prévu pour être chanté, mais comme Bowie et Eno n'arrivèrent pas à trouver des paroles allant avec la musique, et comme le morceau fonctionnait bien tel quel, il fut laissé instrumental. Excellentissime.

29"Heroes"/V-2 Schneider (1977) : Tout a été dit au sujet de cette chanson, "Heroes" (les guillemets font partie du titre), issue de l'album du même nom, deuxième volet de la 'trilogie berlinoise' et le seul à avoir été fait à Berlin, d'ailleurs. Une tuerie mélodique, mélancolique, 6 minutes (amputées de leur moitié, en single) que Bowie enregistrera aussi en allemand et en français. S'inspirant de la vision d'un couple d'amoureux s'embrassant contre le Mur de Berlin (il s'agissait, selon la légende, du producteur de l'album, Tony Visconti, et de la chanteuse Antonia Maas, qui pousse des choeurs sur l'album ; Bowie les aurait vus, de la fenêtre du studio Hansa, situé près du Mur, dans Berlin-Ouest), c'est une chanson magistrale, enregistrée avec panache (et un son dantesque, dû à plusieurs micros situés, dans le studio, à diverses distances de Bowie, afin de créer un effet de réverbération). En face B, un instrumental (avec quelques paroles sans intérêt, Bowie y répétant le titre du morceau), V-2 Schneider, allusion à la fois aux fusées allemandes ayant bombardé Londres durant le Blitz, pendant la Seconde Guerre Mondiale, et à Kraftwerk, via le nom de leur leader, Florian Schneider. Excellent morceau, basse gigantesque et saxophone (de Bowie) qui n'est pas en reste. Mais pas le meilleur instrumental de l'album ni de Bowie.

30"Heroes" (chanté en français)/ V-2 Schneider (1977) : Tout simplement la version chantée en français (il a aussi fait une version en allemand, Helden) de "Heroes". Musicalement, rien à dire ; après, entendre Bowie clamer, dans la langue de Molière, avec un accent assez fort et une diction hésitante, Tu seras ma reine, etc, ça peut prêter à sourire. Le prix de ce single lui, peut prêter à hurler si on le recherche et qu'on n'a pas un budget conséquent, car il est des plus collectors, et est souvent vendu aux alentours de 25 € minimum. En face B, V-2 Schneider, comme pour le précédent single, je passe donc. Un single français rare, collector et, donc, cher. Après, cette version en frouze n'est pas la meilleure de la chanson (ça reste l'originale, évidemment, la meilleure), et la version en allemand, présente sur la bande-son du film Moi, Christiane F., 13 Ans, Droguée, Prostituée... (1981), un film allemand, est meilleure aussi.

31Beauty And The Beast/Sense Of Doubt (1978) : Dernier single promotionnel de l'album "Heroes" avec le gigantesque Beauty And The Beast (et ses My-my ! réjouissants des choristes et de Bowie). Reprenant encore une fois le visuel, très culte, de la pochette de l'album (Bowie y reprend la même pose qu'Iggy Pop pour la pochette de The Idiot, mais en plus stylisé), visuel qui sera perverti avec jubilation pour The Next Day en 2013, ce single propose aussi, en face B, Sense Of Doubt, instrumental terriblement flippant, glaçant, avec ses claviers oppressants, son ambiance sépulcrale et nocturne, et ses effets sonores chelous, l'impression d'être dans un tunnel sans éclairage, et de sentir une créature s'approcher de soi, lentement, sans qu'on sache ce que c'est. Ecoutez ça de nuit, à un volume important (au casque, de préférence), dans l'obscurité, et on en reparle ! Pour en revenir à Beauty And The Beast, sinon, c'est grandiose aussi, donc, avec son ambiance totalement survoltée. Quelque chose me dit que Bowie s'en est inspiré pour la chanson-titre de The Next Day, en 2013...D'ailleurs, les deux morceaux ouvrent leurs albums respectifs, qui partagent le même visuel. Ce n'est pas une coïncidence.

32Breaking Glass/Art Decade/Ziggy Stardust (1978) : Deuxième live de Bowie, Stage (enregistré durant la tournée de "Heroes", au cours de plusieurs concerts) sort en 1978. Qualité sonore excellente, morceaux interprétés avec fougue et efficacité, le seul reproche sera fait à son visuel (une seule photo de Bowie, reprise trois fois dans l'artwork, avec des teintes variées) et surtout, au fait que l'on entend difficilement le public parfois, et que pas mal des morceaux sont achevés en fade-out (le double album les propose dans un ordre différent de celui dans lequel ils furent joués, et la réédition CD, qui propose des bonus-tracks incorporés au tracklisting, propose enfin le tout dans le vrai ordre, et est plus recommandée que le vinyle), ce qui est con pour un live, même si tout est bel et bien live ici. Ce single propose trois extraits du live : Breaking Glass (considérablement rallongé par rapport à la version studio issue de Low) qui est absolument grandiose, et en face B, l'instrumental Art Decade (issu de Low) et Ziggy Stardust. Rien à dire, même si Ziggy Stardust, joué à la sauce Low/"Heroes", est moins époustouflant que la version originale (même chose pour les quatre autres extraits de l'album The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars, présents sur l'album). Mais rien de grave.

33Boys Keep Swinging/Fantastic Voyage (1979) : Troisième et par conséquent dernier volet de la 'trilogie berlinoise', Lodger, sorti en 1979 et enregistré en Suisse (Montreux), est le plus atypiques des trois, et le moins bien connu et estimé, même s'il a tendance à être réhabilité avec le temps. J'ai mis un temps fou à l'aimer, ce disque, mais désormais, à deux chansons près, c'est le cas, et même, je l'adore. Sous sa pochette cheloue (réutilisée en partie pour ce premier single promotionnel) se cache un disque aventureux, inspiré par la world music et la new-wave naissante, notamment le groupe allemand Neu ! dont Bowie était fan. Ce single propose deux des meilleures chansons de l'album. Boys Keep Swinging est une chanson amusante enregistrée avec les musiciens ayant échangé leurs instruments (genre le guitariste à la batterie, le bassiste à la guitare...), et dans une ambiance des plus rigolardes (le clip aussi, où Bowie est travesti en plusieurs femmes dans un défilé), et célébrant la joie d'être un garçon. En face B, Fantastic Voyage est une splendeur à peine minée par une production (disons plutôt : un mixage) un peu moyen, ce qui, hélas, est le cas de l'ensemble de l'album (ça lui fut reproché à l'époque). Mais mis à part ça, cette chanson qui ouvre l'album est une merveille.

34D.J./Repetition (1979) : Sous son visuel tiré du clip vidéo de la chanson, voici le deuxième single de Lodger : D.J., une des chansons les plus accessibles et pop de l'album, une chanson qui aurait pu être un putain de tube en puissance, mais apparemment, elle ne sera pas si cartonneuse que ça (enfin, disons qu'elle est un peu oubliée, par rapport aux futurs tubes que seront Let's Dance, China Girl et Ashes To Ashes). Avec la toujours magistrale guitare d'Adrian Belew (invité sur tout l'album, il avait participé à la tournée de 1977/78 ayant donné le live Stage), futur King Crimson, ce morceau est trépidant, jouissif, et détonne par rapport au reste de l'album (même si la face B de l'album, qui s'ouvre par cette chanson, est bien plus accessible que la A). En face B, justement, un autre morceau issu de la face B de Lodger : Repetition. Chanson répétitive (ah bah, ça tombe bien, vu son titre) aux paroles cinglantes sur un homme rentrant du boulot et foutant sur la gueule de sa femme qui, selon lui, n'est bonne à rien, même pas capable de faire la cuisine. Le chant est assez monotone, la mélodie est plus entraînante, mais pas trop. Le morceau est court (3 minutes) et heureusement, car mis à part ça, il saoûle un peu... Un des deux titres de l'album que je n'aime pas.

35Yassassin (Turkish For : Long Live)/Repetition (1979) : Troisième single promotionnel, et chose étrange, on y retrouve le même visuel de pochette que pour le précédent, alors que ce visuel est issi du clip vidéo de la chanson D.J., et n'a donc rien à voir (mais avec les pochettes de 45-tours, on ne s'étonne plus de rien, en même temps...). Les deux chansons de Lodger que je n'aime pas, réunies ici, inutile donc de dire ce que je pense de ce single. Je ne reviens pas sur Repetition, déjà présente sur le précédent single. Yassassin (Turkish For : Long Live) est une sorte de...reggae arabisant, positivement et négativement insupportable, et qui plus est, trop long (4 minutes). Bowie y chante un peu comme un muezzin, ce n'est pas une mauvaise idée à la base, mais il n'en demeure pas moins que ce morceau est limite insoutenable tant il énerve. Enfin, c'est mon avis. On passe ?

36Look Back In Anger/Repetition (1979) : Est-ce parce que la chanson s'appelle Repetition que Bowie se sentit obligé de la refourguer en face B de single pour la troisième fois ? Car c'st un fait, après D.J. et après Yassassin, ce nouveau single issu de Lodger propose Repetition en face B, je ne redirai pas une troisième fois ce que j'en pense, je ne l'ai d'ailleurs pas redit plus haut... La face A de ce single peu facile à trouver, et apparemment sorti en pochette neutre (ce qui est toujours cheap et regrettable) est une des meilleures chansons de Lodger, et même de Bowie en général, une chanson courte (3 minutes quasiment tout rond) et puissante, abordant un sujet étonnant pour une chanson : un ange tombé du ciel, découvrant l'horreur de la vie sur Terre. Le clip était sublime, montrait Bowie en train de se peindre, un visage jeune, tandis que lui vieillissait, se fanait, bref, Le Portrait De Dorian Gray en clip vidéo ! La chanson, qui démarre par une guitare géniale, s'appelle Look Back In Anger. Selon certains, cette chanson est une tuerie (j'en fais partie). D'autres, apparemment, estiment au contraire qu'elle est un des points faibles de Lodger, album étrange (rien que sa pochette donne le ton), difficile à aimer au premier abord, mais un des plus attachants et aventureux de Bowie (un des plus sous-estimés, aussi).

37John, I'm Only Dancing (Again)/John, I'm Only Dancing (1979) : Avec en visuel de pochette une photo issue du génial film de SF L'Homme Qui Venait D'ailleurs (1976) de Nicholas Roeg (troisième fois que ce film sert de base visuelle à un single, ou album, de Bowie), ce single propose deux versions de la même fameuse chanson. Si la face B propose la version 1972, j'en ai déjà parlé plus haut dont je ne dirai rien de plus ici à son sujet, la face A, elle, propose une nouvelle version, John, I'm Only Dancing (Again), qui date des sessions de l'album Young Americans, soit de 1974/75. Une version à la sauce de l'époque, soit proto-disco, funky, soul, emplie de cocaïne plein les naseaux. Une version que je préfère amplement à l'originale, et que l'on retrouvera en bonus-track sur la première édition CD (éditée par Ryko, avant qu'EMI ne les réédite, sans bonus-tracks mais avec une meilleure qualité audio) de Young Americans. Excellent, enfin je trouve.

38Alabama Song (Whiskey Bar)/Space Oddity (1980) : Et hop ! une reprise et une ancienne chanson en face B, et ça donne un single. La reprise, c'est Alabama Song (Whiskey Bar) de Bertolt Brecht, que les Doors ont bien popularisé en 1967 sur leur premier album. A noter que cette chanson fut jouée durant la tournée 1977/78 , elle se trouvera sur Stage en 2004, pour la réédition de l'album avec bonus-tracks, et pas sur le vinyle original. En face B, Space Oddity, qu'on ne présente plus, je ne la présente donc pas.

39Crystal Japan/Alabama Song (Whiskey Bar) (1980) : Rareté que ce single sorti uniquement au Pays du Soleil Levant, d'Akira Kurosawa, des effets constatés sur population de l'explosion d'une bombe A, et de la soupe miso, bref, oui, le Japon. Crystal Japan est un instrumental d'ambient un peu comme ceux que l'on retrouve sur les albums Low et "Heroes", mais ce n'est pas le cas : le morceau date de 1979 et fut fait pour une publicité nippone pour du saké ! C'est pas mal dans l'ensemble. En face B, hop !, retour d' Alabama Song (Whiskey Bar). Marrant : un instrumental pour de l'alcool asiatique (le saké) en face A, et une chanson parlant d'un bar à whisky en face B...

40Ashes To Ashes/Move On (1980) : Scary Monsters (& Super Creeps), premier album de Bowie pour les années 80, déboule, avec sa magnifique pochette représentant Bowie en Pierrot (et des allusions aux trois volets de la 'trilogie berlinoise' au dos). Immense succès public et critique, cet album est clairement un de ses meilleurs, et probablement (sûrement, même) son meilleur de la décennie, il faudra ensuite attendre 1995 pour que Bowie refasse un disque au moins aussi bon (ça sera 1.Outside, malgré qu'il soit quand même trop long). Premier single, et pas des moindres, Ashes To Ashes, chanson qui fait revenir le personnage mythique du Major Tom (héros de Space Oddity). Avec son clip sensationnel (parmi la horde de personnes suivant Bowie dans ledit clip, Steve Strange, futur leader de Visage, mort récemment, qui fit des pieds et des mains pour participer au clip) et sa mélodie synthétique entêtante, cette chanson est une pure merveille. En face B, Move On, excellente chanson aux climats aventureux, reprenant la mélodie du All The Young Dudes que Bowie écrivit, en 1972, pour Mott The Hoople, mais à l'envers (le refrain). Cette chanson (Move On) est, elle, issue de Lodger.

41Fashion/Scream Like A Baby (1980) : Deuxième single, et autre tube, baigné par la guitare tronçonneuse de l'invité de Bowie sur une grande partie de l'album (deuxième fois qu'il joue sur un disque de Bowie après "Heroes", et dernière fois aussi) : Robert Fripp, qui n'allait pas tarder à reformer son King Crimson avec Adrian Belew, Tony Levin et Bill Bruford (1981). Fashion est une chanson survoltée, entraînante, parlant d'une nouvelle danse, d'une nouvelle mode musicale, Bowie semble dire qu'il y en à pas mal, un peu trop, c'est une critique sans en être une. Le ton est pop, malgré la guitare, agressive, de Fripp. Excellente chanson. Scream Like A Baby (sans Fripp), sur la face B, aussi issue de l'album, est pas mal du tout, bien qu'il s'agisse probablement d'une des moins percutantes de l'album. Mais Bowie y est en grande forme vocale.

42Scary Monsters (& Super Creeps)/Because You're Young (1981) : Probablement une des chansons les plus anticonfirmistes à être sorties en single, concernant Bowie : Scary Monsters (& Super Creeps), la chanson-titre de l'album, est en effet d'une incroyable férocité, brutalité, la guitare de Robert Fripp y étant des plus agressives, remplie de sustain, un son écorché vif, sanguinaire, oppressant, digne du meilleur de King Crimson (son ancien groupe) période 1973/74. Bon, OK, c'est pas Red ou Fracture (mythiques instrumentaux de King Crimson) mais c'est quand même tout sauf pop ! Une grande chanson avec un Bowie usant d'un vocoder pour bidouiller sa voix, la rendre inhumaine, ce qui accentue le malaise. En face B, Because You're Young, sans Fripp, mais avec un invité de marque à la guitare, Pete Townshend, guitariste des Who. Une chanson qui, malgré ce très bon riff repété, est assez moyenne, sans pour autant être à chier.

43Up The Hill Backwards/Crystal Japan (1981) : Dernier single issu de l'album : Up The Hill Backwards, chanson amusante, entraînante, chanté en choeurs, avec une guitare acoustique efficace et la guitare tronçonneuse de Fripp délivrant des notes assez remarquables. Peu souvent jouée live, elle servira à Bowie, durant sa tournée Glass Spider (1986/87, période à oublier, pour Bowie), qui l'incorporera à une sorte de medley incongru servant à introduire ses concerts. Une très bonne chanson que j'aime beaucoup. En face B, Crystal Japan, qui n'était jusque là disponible que sur un single japonais de 1980. On passe, j'en ai déjà parlé plus haut.

44Under Pressure/Soul Brother (1981) : Récemment, j'ai abordé la discographie singles de Queen. Ce single en faisait évidemment partie, vu qu'il s'agit d'une collaboration entre Queen et Bowie (du moins, pour la face A, Under Pressure, gros tube de 1981/82 présent sur l'album Hot Space de Queen ; la face B, Soul Brother, est une chanson de Queen seuls, et présent sur aucun des albums du groupe - ni de Bowie, évidemment, qui n'a rien à voir avec elle). Une chanson assez efficace, pas un chef d'oeuvre, mais qui se laisse très bien écouter. Si Queen la chantera souvent sur scène, sans Bowie évidemment (ce qui nuira un peu à la chanson), Bowie lui-même, co-auteur, la chantera live aussi de son côté, livrant des versions vraiment convaincantes, notamment les plus récentes, dans les années 2000, avec sa bassiste et choriste Gail Ann Dorsey en seconde voix. Il me semble aussi que lors du concert en hommage à Mercury, en 1992, il la chantera en duo avec Annie Lennox, chanteuse d'Eurythmics. Bref, un gros tube pour les deux ; Queen et Bowie.

45Wild Is The Wind/Golden Years (1981) : A nouveau un single proposant des anciennes chansons, même pas refaites, juste casées sur un single. Toutes deux sont issues de Station To Station (1976), et l'une d'entre elles a déjà été mise sur single, en face A : Golden Years, ici en face B. La face A de ce single tardif est Wild Is The Wind, splendeur absolue, et reprise d'une chanson issue d'un vieux western, le morceau est signé Dimitri Tiomkin (fameux compositeur de musiques de films). Une pure merveille interprétée par un Bowie au sommet de son art vocal. On notera que si le visuel de ce single propose une photo de Bowie à l'époque de la sortie dudit single (1981, donc), le lettrage blanc et rouge, et sobre, reprend celui de Station To Station. Ce qui est logique.

46Baal EP (1982) : Un EP écoutable à la vitesse 45-tours (et au même format), contenant 5 titres, tous sont issus de la pièce de théâtre Baal de Bertolt Brecht (aussi auteur de L'Opéra De Quat'Sous, dont est issu Alabama Song (Whiskey Bar), la bien connue). Enregistré en 1981 pour un TVfilm dans lequel Bowie joua le rôle-titre (celui de Baal, donc, un jeune poète impliqué dans une affaire de meurtre consécutif à une histoire d'émour compliquée), cet EP est assez étrange, et dure dans les 11 minutes. On y trouve Baal's Hymn (avec 4 minutes, le morceau le plus long), Remembering Mary A sur la face A, et Ballad Of The Adventurers, The Drowned Girl et un court (40 secondes !) The Dirty Song sur la face B. Bowie est impeccable, l'ambiance est des plus atypiques, germanique, expressionniste. La pochette est dépliante en plusieurs volets : d'un côté, on glisse le disque, et de l'autre, on déplie encore et on a un rapide résumé, en lettrage gothique, avec photos du TVfilm. Au dos, une bio de Bertolt Brecht, qui fuya l'Allemagne nazie, aussi en lettrage gothique. Excellent EP, une petite rareté aussi, pas aussi rare que Crystal Japan, relativement facile à trouver même, mais quand même, un collector pour tout fan de Bowie. Je n'ai pas vu le TVfilm, je ne sais pas ce qu'il vaut, mais apparemment, c'est du bon boulot.

47Cat People (Putting Out Fire)/Paul's Theme (Jogging Chase) (1982) : En 1982, Paul Schrader réalise un très connu mais plutôt médiocre remake du classique de l'épouvante des années 40 La Féline (de Jacques Tourneur à la base). Le film, du même nom, est mis en musique par Giorgio Moroder (et interprété par Nasstasja Kinski), lequel Moroder demandera à Bowie de signer une chanson (en réalité, de la cosigner avec lui). Cat People (Putting Out Fire), telle est cette chanson qui marchera très fort et est, il est vrai, géniale. Il s'agit ici de la première version de la chanson, car un an plus tard, Bowie la réenregistrera, avec le guitariste de blues Stevie Ray Vaughan, pour son album Let's Dance. La seconde version est presque aussi bonne que l'originale, qui est, hélas, moins facile à trouver car absente de tout album de Bowie. La face B est un morceau instrumental signé Moroder seul, et plutôt correct, mais c'est du Moroder, faut aimer...

48Peace On Earth/Little Drummer Boy/Fantastic Voyage (1982) : Une rareté, mais ce n'est pas des plus glorieux. Si la face B propose le sublimissime Fantastic Voyage (1979, album Lodger), la face A propose un morceau, Peace On Earth/Little Drummer Boy, qui fut enregistré au cours d'une émission de TV anglaise, en 1977, pour les fêtes de Noël, en duo avec le légendaire chanteur/acteur Bing Crosby. C'est kitsch, vieillot, mièvre, niais, sirupeux, plein de bonnes intentions, mais chiant au possible. Pour collectionneurs acharnés seulement.

49Let's Dance/Cat People (Putting Out Fire) (1983) : Que de la nouveauté pour Bowie en 1983 : changement de maison de disques (EMI, lui qui était chez RCA depuis plus de 10 ans), changement de look (blond péroxydé), changement de style musical (pop dansante en avant toute !). Let's Dance, son nouvel album, produit par Nile Rodgers de Chic, et avec notamment la participation d'un jeune guitariste de blues du nom de Stevie Ray Vaughan (que Bowie a découvert au cours d'une édition du Jazz Festival de Montreux) sur l'ensemble des morceaux, cet album à la pochette montrant Bowie en boxeur sera un immense succès, avec pas moins de trois méga-hits. Mais l'album sera, aussi, controversé, et il l'est toujours, chez les fans, qui estiment que Bowie s'est perdu dans la mélasse commerciale ici. Une difficile période (les années 80) commence alors... Ce premier single est le plus connu : Let's Dance (en version raccourcie par rapport aux 7,35 minutes de la version album), qui passe toujours à la radio et est vraiment un gros tube, et en face B, une nouvelle version de Cat People (Putting Out Fire), morceau de 1982 écrit pour la bande-originale d'un nanar d'horreur sexy. Cette nouvelle version est plus funky, nerveuse, elle cadre parfaitement avec l'album (car elle s'y trouve), et Vaughan y livre un remarquable solo. J'adore cette version pourtant moins époustouflante que l'originale !

50China Girl/Shake It (1983) : Autre single, autre gros tube : China Girl. Oui, il s'agit bien de la même chanson que celle qu'Iggy Pop, en 1976, chantera sur son album The Idiot enregistré au Château d'Hérouville, et produit par Bowie. Bowie, tout du long des années 80, et en fait, depuis son album Lodger de 1979 (Red Money : Sister Midnight avec des paroles différentes), reprendra de temps en temps des chansons signées ou co-signées Iggy Pop, alors lui aussi dans un beau creux de vague commercial. Pour l'anecdote, la fille Chinoise de la chanson serait Kuelan, qui était, à l'époque, la femme de Jacques Higelin, lequel enregistrait un de ses albums en même temps qu'Iggy et Bowie, au même endroit (Higelin et Hérouville, c'est comme Bécaud et l'Oympia : ça va ensemble). Iggy aurait essayé de draguer Kuelan, elle lui aurait répondu, malicieusement et innocemment, ssshhhh..., comme dans les paroles de la chanson. Cette nouvelle version est bien évidemment à la sauce Let's Dance, donc bien dansante, l'ambiance orientalisante est toujours là, mais compte tenu que Bowie la chante assez légèrement (par rapport à la voix sur le fil du rasoir d'Iggy Pop), elle change du tout au tout. Un remarquable solo de guitare de Vaughan, hélas raboté dans la version single, bien plus courte que la version album. En face B, autre extrait de l'album : le définitivement abominable Shake It et ses choeurs ridicules. Une des pires chiures jamais faites par Bowie durant toute sa carrière.

51Modern Love/Modern Love (live version) (1983) : La version single d'une des chansons de l'album (version single, soit version raccourcie) et une version live de la même chanson, issue de la phénoménale et cartonneuse tournée mondiale Serious Moonlight Tour, Bowie ne s'est pas cassé le cul en deux pour ce single. Modern Love est une assez bonne chanson, à l'intro que j'adore, mais elle (la chanson, pas l'intro) finit par être un tantinet énervante au bout d'un moment. N'empêche, c'est une bonne ouverture pour l'album. La version live est du même tonneau, tout aussi efficace à petites doses. Rien de révolutionnaire, mais c'est vraiment du correct.

52Without You/Criminal World (1983) : Dernier single promotionnel de Let's Dance, et le moins connu et vendeur. Pas étonnant, car si la face B du single (une reprise du Criminal World d'un groupe du nom de Metro, reprise issue de l'album) est remarquable, la face A, Without You, est franchement une chanson des plus insipides, malgré la production de Nile Rodgers (selon la légende, pour son Love On The Beat, Gainsbourg aurait voulu Nile Rodgers à la production, car il voulait sonner comme Bowie sur Let's Dance ; Rodgers refusera poliment, mais lui proposera un de ses sbires, Billy Rush, qui fera un boulot plutôt compétent et similaire). On passe...

53White Light/White Heat/Cracked Actor (1983) : En 1973, Bowie fait un concert gigantesque à l'Hammersmith Odeon de Londres, il est alors en pleine promo d'Aladdin Sane. Ce concert est le dernier de la tournée. Il décide, avant le concert (et très peu de personnes - sa femme, son manager Leee Black Childers, et le guitariste Mick Ronson - le sauront d'avance), que ce concert sera le dernier non seulement de la tournée, mais son dernier en général, stop, il arrête, et il 'tue' Ziggy Stardust. Le concert est monumental, on se souvient notamment de son final, Bowie faisant son speech d'adieu, devant une foule hébétée et consternée (et ses musiciens, Ronson excepté, le sont aussi), juste avant d'interpréter un Rock'n'Roll Suicide anthologique. En fait, Bowie ne s'arrêtera pas, mais sa période glam, elle, est bien finie. Le concert est filmé par D.A. Pennebaker, un film sortira, et l'album live aussi, mais...10 ans après le concert, et avec une qualité audio dégueulasse (30 ans plus tard, le live sera réédité, avec une qualité audio nettement meilleure). Ce single en propose deux extraits : une reprise du White Light/White Heat du Velvet Underground, qui est bien bourrine comme il faut, et un Cracked Actor assez efficace. Malgré la qualité sonore un peu bof dans le meilleur des cas, et horrible dans le pire. Album sorti chez RCA, alors que Bowie est déjà chez EMI.

54Blue Jean/Dancing With The Big Boys (1984) : Tonight, en 1984, est probablement le pire album de Bowie, un ratage intersidéral à la pochette (ici quasiment reproduite : elle est juste plus colorée et on y voit le visage, en bleuté, de Bowie) hideuse comme un cul de babouin. Constitué en majeure partie de reprises ou de chansons signées avec Iggy Pop, il offrira deux tubes, mais que l'on a pas mal oublié depuis. Blue Jean est l'un de ceux-là. Une chanson surproduite (la production de l'album est bien chargée, à la Let's Dance, mais sans le talent de Rodgers qui a retiré ses billes), pas mal parce que pas trop longue (3 minutes), mais qui, à la longue, énerve quand même. Je préfère ne pas trop parler de Dancing With The Big Boys, en face B, cette chanson signée Bowie/Iggy Pop est des plus embarrassantes, sans être la plus embarrassante de l'album...

55Tonight/Tumble And Twirl (1984) : En 1977, Bowie produit, à Berlin, le Lust For Life d'Iggy Pop, gigantesque album. Parmi les chansons, Tonight, une merveille triste comm un jour sans Q, sur une jeune femme mourant d'overdose devant les yeux de son amant désespéré, et essayant de la (se) reconforter malgré l'issue fatale. 7 ans plus tard, Bowie, qui avait cosigné le morceau, le reprend sur Tonight, justement. Il ne reprend pas le premier couplet, qui expliquait la chanson (la copine mourant d'overdose), transformant cette chanson en une chanson d'amour sans conséquence, rien dans le reste des paroles ne pouvant, en effet, laisser croire qu'elle parle d'une jeune femme en train d'y passer. Cette reprise, surproduite, est interprétée en duo avec Tina Turner (qui, en cette même année 1984, sur son Private Dancer tubesque, reprend le 1984 de Bowie !), et bien qu'elle s'en sorte à peu près bien ici, cette reprise ne s'imposait vraiment pas. En face B, Tumble And Twirl, chanson co-signée avec Iggy, et dont l'ambiance caribéenne est des plus sauvagement ratées. Allez, je passe, parce que sinon, cette chanson et ses choeurs (Borneeeeeeooooooo) vont me faire dire des saloperies...

56This Is Not America/This Is Not America (instrumental version) (1985) : Chanson issue de la bande originale du film  (un peu oublié) Le Jeu Du Faucon (The  Falcon And The Snowman) avec Sean Penn, This Is Not America est une collaboration avec le Pat Metheny Group, un groupe de fusion jazz/rock. Plus pop aérienne, éthérée qu'autre chose, c'est une bien belle chanson, bien qu'un peu lente, et sa face B en propose une version instrumentale sans grand intérêt musical. Une chanson un peu oubliée, qui sera un tube mineur, on la trouve sur les best-ofs de Bowie. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais, franchement, c'est meilleur que la totalité (sauf une chanson) de son album Tonight sur lequel, évidemment, on ne la retrouve pas.

57Loving The Alien/Don't Look Down (1985) : Dernier single de Tonight. Ouf. Mais attendez, la mauvaise période de Bowie est loin d'être finie. Bon, ici, on a droit à la seule grande chanson (non, je n'exagère pas) de l'album, bien qu'amputée de trois minutes pour le single : Loving The Alien. Une merveille sur les guerres de religion, que Bowie reprendra, en une nouvelle version quasiment minimaliste, sur son live A Reality Tour de 2003. Cette chanson est juste sublime. En face B, une reprise d'Iggy Pop (chanson présente sur son New Values de 1979, un album correct, mais pas immense), Don't Look Down, qui démarre bien, avant de s'effondrer dans de la mélasse surproduite. Comme tout le reste de l'album, hélas... Bowie reniera totalement cet album (et le suivant) quelques années plus tard, en parlant de son nadir musical. Avec raison.

58Dancing In The Street/Dancing In The Street (instrumental version) (1985) : Depuis le temps que les fans attendaient ça : une collaboration entre Bowie et les Rolling Stones ! En fait de Stones, c'est uniquement Mick Jagger qui collabore avec Bowie, mais c'est déjà pas mal. La chanson (présente aussi en version instrumentale en face B, sans intérêt) est Dancing In The Street, gros classique des années 60, une chanson, à la base, de Martha & The Vandellas, qui fut auparavant reprise notamment par Van Halen. Cette version Bowie/Jagger est, franchement, un bon moment, pas mal du tout, elle marchera d'ailleurs assez bien, et son clip montre que les deux zigotos se sont apparemment bien amusés à le faire, et à enregistrer cette chanson. Compte tenu du marasme musical dans lequel marinaient alors les deux artistes, ce single est une sorte de petite brise parfumée à la lavande dans une tempête de merde...

59Absolute Beginners/Absolute Beginners (dub mix) (1986) : Absolute Beginners est un film de Julian Temple, sorti en 1986 (ou 1985 ? je ne sais plus), une film musical qui, en son temps, marchera plutôt bien, et dans lequel Bowie tient un rôle, pas le rôle principal, mais pas celui du vendeur de fleurs à la 16ème minute, au coin de la rue, dans la pénombre, et à moitié masqué par des figurants. Plus important, il signe la chanson-titre du film, Absolute Beginners donc, une chanson présente ici en deux versions (la version normale, et un dub en face B, pour moi sans grand intérêt), et qui est, il faut bien le dire, une des meilleures choses qu'il ait faites durant une décennie 80 ayant certes bien démarré (son album de 1980), mais s'étant ensuite vautrée, progressivement, dans de la merde totale, et en 1986, ce n'est pas encore fini, loin de là. Ce single est une des rares raisons d'y croire encore à l'époque, tout comme le précédent single, Dancing In The Street, en était aussi une. Mais attendez la suite...

60Underground/Underground (instrumental version) (1986) : Ne regardez pas trop la pochette de ce single, ça rend aveugle et, avant cela, empêche de dormir pendant au moins une semaine. C'est une photo qui ne reflète pas le look de Bowie à l'époque, heureusement, mais celui qu'il a dans le film Labyrinthe de Jim Henson, où il joue aux côtés de Jennifer Connelly. Un film de fantasy à la Dark Crystal (du même Henson, et un milliard de fois plus réussi), dans lequel il tient le rôle du méchant, Jareth, roi des Gobelins. Pas un gros succès commercial et critique. Bowie est assez méchant, aussi, en dehors du film, car il en cosigne, avec Trevor Jones, la bande originale, en l'occurrence les chansons. Ici, la première, Underground (avec une version instrumentale en face B), pas la pire du lot, mais c'est quand même assez moyen dans son genre...

61Magic Dance/Within You (1986) : Deuxième et ultime single promotionnel de la bande-son de Labyrinthe : Magic Dance et Within You, deux atroces chansons signées Bowie spécialement pour le film. Non, désolé, je préfère nettement passer à autre chose...

62When The Wind Blows/When The Wind Blows (instrumental version) (1986) : Un dessin animé anglais (Quand Souffle Le Vent), sur un couple de retraités britanniques dans une Angleterre ravagée par une explosion nucléaire, sortit en 1986. Bowie en signa la chanson-titre, When The Wind Blows, ici présente aussi en version instrumentale sur la face B de ce single. La bande-son du film est essentiellement signée Roger Waters (ex de Pink Floyd), avec un instrumental de Genesis (en l'occurrence The Brazilian, issu de leur album Invisible Touch de la même année), un morceau de Squeeze aussi, et cette chanson de Bowie, qui est franchement correcte, pas extraordinaire, mais ça se laisse écouter.

63Day-In Day-Out/Julie (1987) : Il fallait bien qu'on y arrive un jour : parler de Never Let Me Down (1987), un des pires albums de Bowie, son pire même selon lui. L'album comprenait 11 titres à la base, et l'un d'entre eux, Too Dizzy, sera littéralement viré des éditions CD (sauf la toute première) car jugé trop raté, vous dire ! Enregistré avec notamment le guitariste Peter Frampton, cet album, dont la tournée mondiale (Glass Spider Tour) sera un naufrage artistique, est vraiment raté, surproduit, même s'il offre quand même deux-trois bonnes chansons, contrairement à Tonight qui n'en offrait qu'une. Mais Day-In Day-Out, qui est le premier single de l'album, n'est clairement pas une réussite. Une chanson au gimmick assez raté, pour tout dire. Allez, on passe ; surtout que je ne connais pas Julie, la chanson de face B, absente de l'album, et j'imagine clairement son niveau...

64Time Will Crawl/Girls (1987) : Je ne parlerai pas de la face B, Girls (absente de l'album, comme Julie sur le précédent 45-tours), car je ne l'ai jamais écoutée, et ce n'est vraiment pas l'envie de rattraper ce retard qui me tarabuste. Time Will Crawl, elle, en face A, est une des meilleures chansons de Never Let Me Down, oui, une des chansons vraiment sympathiques de l'album ; une chanson sur le péril nucléaire, un an après la catastrophe de Tchernobyl, pas la peine de préciser que cette catastrophe a inspiré Bowie. Une chanson certes putassière, et clairement pas parmi ce qu'il a fait de mieux, mais par rapport à la majorité de sa production des années 80 (l'immense album Scary Monsters (& Super Creeps) excepté), c'est vraiment du bon boulot.

65Never Let Me Down/'87 And Cry (1987) : Dernier single promotionnel de cet album minable dans l'ensemble : Never Let Me Down, chanson dédiée à Corinne 'Coco' Schwab, assistante personnelle de Bowie depuis 1975. Une chanson assez calme, un slow, une ballade, une petite douceur, qui compte, come Time Will Crawl, parmi les 'réussites' de l'album. Sans que ça soit, encore une fois, inoubliable. En face B, '87 And Cry, issu de l'album, et sur lequel il convient nettement mieux de rester discret que de trop en parler...

66Under The God/Sacrifice Yourself (1988) : Surprise : Bowie se lance en groupe ! Tin Machine, tel est le nom de ce groupe de rock à tendance minimaliste, qu'il a fondé avec Reeves Gabrels (guitare, futur membre permanent de l'entourage de Bowie pendant une dizaine d'années) et les frangins Tony (basse) et Hunt (batterie) Sales, qui avaient joué sur le Lust For Life d'Iggy Pop, en 1977. De gauche à droite sur la pochette de ce single reprenant le visuel de l'album qui sortira en 1989 (Tin Machine) : Hunt Sales, Reeves Gabrels, Bowie et Tony Sales. Bowie se cache donc derrière un collectif qui durera pendant quasiment 5 ans, 5 ans pendant lesquels à une exception en 1990, Bowie ne fera plus rien en solo, musicalement parlant. Du rock brut du décoffrage, on oublie les sonorités pop dansantes des précédents albums. Premier single, donc, Under The God et Sacrifice Yourself, deux chansons bien musclées, on a du mal à se dire que c'est du Bowie, et que l'année précédente, il nous faisait chier avec Day-In Day-Out ou Zeroes (deux chansons issues de Never Let Me Down) ! C'est puissant, sobre, racé, tendu comme un string, on ne demandait que ça. A noter que le premier album de Tin Machine (il y en aura trois, dont un live) est le seul à être facile à trouver à l'heure actuelle, car le seul à avoir été réédité dans la Bowie Series d'EMI. Pour les deux autres, faut chercher sur le Net, sur les sites d'occasion !

67Heaven's In Here/Heaven's In Here (album version) (1989) : Deux versions (une écourtée, et la totale de 6 minutes) du premier morceau de l'album Tin Machine, le bluesy et torturé Heaven's In Here. Un Bowie transformé, pas seulement visuellement parlant (une tenue digne des futurs truands du Reservoir Dogs de Tarantino, costard/cravate noir(e) et chemise blanche), mais aussi musicalement. On l'aura rarement entendu aussi rock, aussi hargneux que sur cet album. C'est vraiment du bon boulot.

68Tin Machine/Maggie's Farm (live) (1989) : Troisième single : la chanson-titre de l'album, et du groupe : Tin Machine, de Tin Machine, par Tin Machine ! Une chanson musclée, speedée, quasiment punk, c'est court, et ça va très vite, inhabituel pour Bowie. Excellent, sans que ça soit le meilleur de l'album. En face B, un morceau enregistré au cours des premiers concerts du groupe (tous donnés dans de petites salles, des clubs, un peu comme un groupe qui démarre ; back to the roots, tel est le credo de Tin Machine), une reprise de Bob Dylan, Maggie's Farm. Très efficace !

69Prisoner Of Love/Baby Can Dance (live) (1989) : Ma chanson préférée de Tin Machine, une ode à une danseuse que Bowie rencontra durant la tournée Glass Spider, avec qui il flirta quelque temps, je ne me souviens plus de son nom, mais ça ne durera pas longtemps, et peu après, il rencontrera celle avec qui il vit toujours, Iman (qu'il épousera en 1993). Prisoner Of Love est une grande chanson méconnue qui aurait pu être un vrai hit avec un peu de chance ; mais Tin Machine, malgré son niveau, aura eu une carrière des plus confidentielles, cette période de la carrière de Bowie étant plus vue comme une parenthèse qu'autre chose, et c'est bien dommage. L'autre morceau, Baby Can Dance, issu de l'album de Tin Machine aussi, l'est, ici, en version live, très efficace.

70Fame '90 (1990) : Retour du Bowie solo pour une tournée Sound And Vision en 1990 (tournée au cours de laquelle il met de côté Tin Machine pour interpréter ses anciens succès, et certains d'entre eux pour la première fois en plusieurs années, voire même la première fois tout court). Il en profite aussi pour réenregistrer Fame, son tube de 1975, dans une nouvelle version, modernisée. Le résultat est pas mal, mais ne fait pas oublier l'original, qui était déjà vraiment un must dans son genre. Voilà donc pour ce Fame '90 sur ce single proposant plusieurs mixes différents de la même nouvelle version de cette ancienne chanson.

71You Belong In Rock'n'Roll/Ampalura (Indonesian version) (1991) : En 1991, tout gentiment, Tin Machine publie son deuxième album, sobrement intitulé Tin Machine II. La pochette est moins sobre, on y voit quatre statues de Kouros (modèle de beauté masculine grec de l'Antiquité), nues comme toute statue antique qui se respecte (les sexes bien visibles poseront problème à la censure dans certains pays). Nettement moins connu que le précédent opus, il est, aussi, moins grandiose, tout en étant quand même vraiment bon. Il est aujourd'hui difficile à dénicher ailleurs que sur les sites web de vente d'occasions. Premier single, You Belong In Rock'n'Roll, morceau très rock'n'roll donc, très efficace sans pour autant être génial. Le second titre est un morceau chanté en...indonésien, ce qui est curieux comme choix de langue, aucun membre du groupe n'étant originaire de ce pays, ni même de ce coin du monde. Le morceau, très correct lui aussi, s'appelle Ampalura.

72Baby Universal/You Belong In Rock'n'Roll (extended version) (1991) : Deuxième single, et c'est nettement plus convaincant : Baby Universal, clairement une des meilleures chansons de Tin Machine, voire même de Bowie en général, soyons un peu fous sur ce coup-là. Une chanson vraiment géniale, bien que trop courte, 3,20 minutes. L'autre titre est une version rallongée de You Belong In Rock'n'Roll, qui était déjà, dans une autre version, présente sur le précédent single du groupe. Si cette deuxième version est meilleure que la première, on aurait quand même préféré autre chose comme second titre, surtout que l'album offre une reprise vraiment efficace du If There Is Something de Roxy Music. Pour ne citer qu'elle de super bonne chanson sur Tin Machine II.

73One Shot/Hammerhead (1991) : La taille de l'image à côté est nettement plus grande que pour les autres singles, n'est-ce-pas ? Ce n'est pas par erreur de ma part : ce single est sorti (en CD, évidemment) sous la forme d'une pochette dépliante en trois volets, ici dépliés. Chose assez rare (unique chez Bowie, d'ailleurs) ! Reprenant le visuel de la pochette du deuxième et dernier album studio (ils sortiront un live, Live : Oy Vey, Baby, dont le titre est une allusion comique au Achtung Baby de U2, en 1992) de Tin Machine (Tin Machine II), ce single sera le dernier et pour l'album, et pour le groupe de Bowie, Reeves Gabrels et les frangins Sales. Retour à la carrière solo dès l'année suivante, une fois le live de Tin Machine publié. Sinon, pour ces chansons ? One Shot est une chanson assez efficace, très rock, mais Hammerhead, morceau caché d'une minute sur l'album, n'apporte rien de plus...

74Real Cool World/Real Cool World (instrumental version) (1992) : Les plus anciens (nés au minimum vers 1980/1983) se souviendront peut-être de ce film de Ralph Bashki, sorti en 1992, Cool World, avec notamment Kim Basinger, et qui mélangeait, comme Qui Veut La Peau De Roger Rabbit ? deux ans plus tôt, images réelles et dessin animé. Ce fut un épouvantable four commercial, et encore je pèse mes mots, et pour ne rien arranger, le film est raté. Real Cool World (ici accompagné d'une version instrumentale sans intérêt) est la chanson du film, signée Bowie. C'est hélas des plus dispensables, et là aussi, je pèse mes mots...

75Jump They Say/Pallas Athena (Don't Stop Praying mix) (1993) : Terry, le demi-frère de Bowie, schizophrène, interné, et sujet de plusieurs de ses chansons (The Bewlay Brothers, All The Madmen...), avec qui Bowie entretenait une relation assez forte, se suicida en 1985. Ce qui, on s'en doute, marquera Bowie, qui mettra 8 ans avant d'aborder ce sujet, bien que de manière détournée, dans une chanson, cette chanson, Jump They Say, premier single de l'album Black Tie White Noise qui, en 1993, marquera son retour en solo après l'expérience Tin Machine, convaincante musicalement parlant, mais pas financièrement rentable. Dernier album sur lequel joue le guitariste Mick Ronson (période glam de Bowie, leur collaboration cessa en 1973), qui décèdera d'un cancer peu après, et deuxième (et dernier) album de Bowie produit par Nile Rodgers après Let's Dance 10 ans plus tôt, cet album est très ancré dans son époque, sonorités électro assez poussées. Pas parfait, il offre quand même de très bonnes chansons, comme celle-ci, qui sera un hit. Un beau mix entre pop/rock, électro et funk. L'autre titre est un remix d'une des chansons de l'album, Pallas Athena. La chanson originale est sublime, ce remix n'apporte rien de plus, et est même moins intéressant que l'original.

76Black Tie White Noise/You've Been Around (Dangers remix) (1993) : Deuxième single issu de Black Tie White Noise, la chanson-titre. On ne saurait être plus éloigné de ce que Bowie faisait il y à deux-trois ans avec Tin Machine ! Black Tie White Noise (qui parle des inégalités sociales, il me semble) est une très bonne chanson, un peu putassière dans sa production (les choeurs funky, masculins, répétant le titre), mais vraiment efficace, et si ce n'est pas la meilleure de l'album, c'est pour moi un moment vraiment agréable à écouter. D'ailleurs, tout l'album est de ce genre, agréable à l'écoute, pas immense, pas un de ses meilleurs du tout, mais nettement plus appréciable que Tonight ou que le futur (je tue un peu le suspense en disant ça, mais tant pis) 'Hours...' de 1999. Autre titre, You've Been Around, issu de l'album, mais ici dans un remix qui n'améliore pas trop la chanson, qui est du genre bien-mais-peut-mieux-faire.

77Miracle Goodnight/Looking For Lester (1993) : Troisième et dernier single, c'est probablement le meilleur, et le seul à proposer deux chansons de l'album, sans que l'une d'entre elles soit un remix inédit. Miracle Goodnight est une chanson sur Iman, nouvelle Madame Bowie, mannequin somalien d'une beauté rare, qu'il a épousé peu de temps avant la sortie de l'album (on y trouve, sur l'album, The Wedding, instrumental sublime, et The Wedding Song, version chantée de l'instrumental, ainsi qu'une reprise en anglais d'une chanson traditionnelle africaine qu'Iman affectionne, Don't Let Me Down And Down). Une excellente chanson, bien que la production de Rodgers ne soit pas des plus subtiles. Looking For Lester (allusion au saxophoniste jouant sur le disque, Lester Bowie, aucun lien de parenté), le second titre, est selon moi, et dans un tout autre registre, tout aussi intéressant et réussi que Miracle Goodnight. Vraiment un bon petit single.

78The Buddha Of Suburbia/Dead Against It (1993) : Bande originale du film du même nom (en réalité une mini-série diffusée à la TV anglaise, adaptation du roman éponyme d'Hanif Kureishi, l'histoire d'une jeune Anglais d'origine indienne, vivant sa vie en banlieue, entre (re)découverte de ses origines et tentatives d'intégration à son nouveau peuple. Bowie a fait un album entier, un disque remarquable dans l'ensemble, et les deux morceaux ici présents en font partie. The Buddha Of Suburbia, chanson-titre, est en deux fois sur l'abum, une version classique, et une autre, celle-ci, avec la participation remarquée, dans le final, de Lenny Kravitz à la guitare. Sublime, une chanson qui, qui plus est, possède une allusion à All The Madmen, très ancienne (1970) chanson de Bowie : Zane, zane, zane, ouvre le chien... Dead Against It, en deuxième titre, est une chanson plus aventureuse, moins abordable en premier lieu, mais qui, une fois 'apprivoisée', s'impose comme une des meilleures de l'album, un album lui aussi assez étrange au premier abord, mais vraiment réussi. Et méconnu, surtout.

79The Hearts' Filthy Lesson/I Am With Name (1995) : Retour aux affaires vraiment sérieuses pour Bowie en 1995 : avec l'aide de Brian Eno (qui produit, pour la première fois en 16 ans, et la dernière, aussi), toujours entouré de Reeves Gabrels, et avec, aussi, l'aide de Mike Garson (de retour), il usine un disque totalement étrange, album conceptuel qui, à la base, était prévu pour être le premier volet d'un cycle mettant en scène Nathan Adler, un détective privé bossant dans un Londres futuriste et glauque à la Blade Runner. Cet album, qui ne sera pas suivi d'un autre volet, s'appelle Outside, alias 1.Outside, le chiffre étant indiqué sur le visuel de pochette, et en allusion au fait que d'autres albums du même genre étaient prévus à la base. Plus de 70 minutes (et 19 titres dont des intermèdes, appelés Segue, plutôt étranges et parlés), ce qui en fait l'album studio le plus long de Bowie, toujours à ce jour. Pas totalement parfait en raison de sa longueur, il offre quand même de grands moments de rock industriel à la Nine Inch Nails (Bowie tournera d'ailleurs avec eux, durant sa tournée promotionnelle de l'album), comme ce single au clip saisissant, The Hearts' Filthy Lesson. Angoissant et brutal. I Am With Name, l'autre titre, est en partie, sur l'album, un des Segue, et un des plus chelous (le plus long, aussi, le seul à vraiment conduire à une chanson). Excellent. A noter, au fait, que l'album parle d'un détective enquêtant sur le meurtre sordide d'une jeune fille.

80Strangers When We Meet/The Man Who Sold The World (live) (1996) : Deuxième single de 1.Outside, et une des meilleures chansons de l'album : Strangers When We Meet. Il ne s'agit cependant pas d'une nouvelle chanson, car Bowie en avait déjà proposé une (très bonne) version sur The Buddha Of Suburbia deux ans plus tôt, et celle de 1.Outside, moins pop, est donc un simple remake. Mais quelle reprise ! Achevant le disque, elle est d'une force, d'une beauté intersidérales. L'autre morceau est une version live d'un des morceaux préférés de Bowie, de son propre répertoire : The Man Who Sold The World. Chanson qui fut remise au goût du jour par la très belle reprise acoustique de Nirvana en 1993. Est-ce ainsi une manière, pour Bowie, de rendre un hommage tardif (Kurt Cobain étant mort en 1994) à celui qui aida à remettre la chanson à la mode ? A moins que ça n'ait rien à voir. Grande chanson, sinon, mais ça, on le savait déjà.

81Hallo Spaceboy/Under Pressure (live) (1996) : On peut constater que le (très hideux et criard) visuel de pochette ci-contre propose d'autres morceaux que Under Pressure (en live, excellente version) en morceaux complémentaires. Ce qui ne gâche rien, surtout qu'il s'agit notamment d'une version live du grand Moonage Daydream. Le morceau principal, issu de 1.Outside, et le dernier single promotionnel de l'album, est le très efficace, nerveux, Hallo Spaceboy. Un des morceaux les plus connus du Bowie des années 90 à maintenant, qu'il chantait toujours en live durant ses derniers concerts, en 2003/2004. Un des meilleurs de l'album, même si j'avoue lui préférer Strangers When We Meet, We Prick You, The Motel, Outside et I Have Not Been To Oxford Town.

82Telling Lies (1996) : Malgré un desgign de pochette des plus étonnants (et moches), ce single ne propose pas une chanson du nom de A Guy Called Gerald, ou Adam, mais Telling Lies ('dire des mensonges'), une chanson issue de l'album Earthling que Bowie publiera l'année suivante. Une chanson absolument puissante, qui offre en primeur le nouveau son de Bowie, un son très technoïde, jungle, influencé par The Prodigy. On pourrait croire que l'album est atroce car rien ne vieillit plus mal que ce genre de production, mais non, au contraire, Earthling (le nouveau look de Bowie, chevelure en brosse et rouge, est génial ; Bowie qui, en 1997, fêtera ses 50 ans, on ne le croirait pas tant il sonne jeune) est une authentique réussite, son meilleur album des années 90, et son meilleur depuis 1980 et Scary Monsters (& Super Creeps), rien que ça. Qui plus est, il ne dure que 48 minutes (et 5 de ses 9 titres sortiront en singles), il est donc sobre et court, et d'autant plus efficace. Une des meilleures chansons d'un grand opus bowien.

83Little Wonder (1997) : Première chanson de l'album Earthling, mais deuxième single, Little Wonder est une des chansons les plus jungle de l'album, une des plus sous influence The Prodigy. D'une durée de 6 minutes, c'est une chanson que j'ai mis un sacré temps à aimer (comme l'album et les albums 90's de Bowie en général), mais c'est désormais chose faite, et comment ! Soyons clairs, c'est une authentique tuerie proto-techno, un morceau totalement furax, trépidant, speedé, on pourrait même dire sous amphét' tant il est sans répit. Du pur bonheur en 6 minutes, et une manière redoutable d'ouvrir l'album. La guitare de Reeves Gabrels est démentielle, la batterie de Zachary Alford aussi, les musiciens en général sont en forme olympique... Little Wonder, ce n'est pas une petite surprise ('little wonder') de s'en rendre compte, est un des meilleurs singles de Bowie.

84Dead Man Walking (1997) : Avec sa pochette montrant une photo (issue du livret de l'album Earthling) déformée de Gail Ann Dorsey (basse) et Bowie, ce troisième single possède le même titre qu'un film de Susan Sarandon sorti à peu près à l'époque (La Dernière Marche, en VF, 1995 en réalité), mais je ne crois pas qu'il y ait un lien (un autre morceau de l'album possède lui aussi le titre d'un film sorti en 1997, j'en parle plus bas). Dead Man Walking est un des morceaux les plus mouvementés et techno de l'album, clairement pas rock du tout. Sans doute est-ce pour ça que ce morceau et un autre du même acabit (mais en plus 'calme'), The Last Thing You Should Do, soient les deux qui me branchent le moins sur l'album. Ca reste du bon boulot quand même.

86Pallas Athena/V-2 Schneider (live) (1997) : Curieux single sorti sous le nom de Tao Jones Index, sous lequel se cache Bowie : il s'agit tout simplement d'une version remixée d'un titre de l'album Black Tie White Noise de 1993, Pallas Athena (un des meilleurs de l'album), couplé avec une très bonne version live (c'est étonnant que ça soit ce morceau, d'ailleurs, car bien que réussi, il n'est pas super connu, sauf des fans) de V-2 Schneider, instrumental de 1977 issu de "Heroes". Curieux mais très bon, ce single. A noter que Jones est le vrai nom de famille de Bowie, ce qui explique en partie le faux nom sous lequel il a publié cet OVNI musical !

87I'm Afraid Of Americans (1997) : Une des meilleures chansons d'Earthling, et une des plus rock, si ce n'est la plus rock : I'm Afraid Of Americans. Oubliez la très vilaine pochette de ce single, concentrez-vous sur la musique, il vous sera dès lors impossible, si vous ne connaissez pas encore cette chanson, de ne pas la trouver réussie et marquante. Une sorte de diatribe amusée, colérique, désabusée, ironique, tout ce que vous voulez, des USA, par un Anglais. La chanson, il me semble, ne sera pas trop mal prise par les USA, ils ont apparemment su faire la part des choses, et heureusement. C'est une des meilleures d'un de ses meilleurs albums. God is an American...

88I Can't Read/I Can't Read (long version)/This Is Not America (1997) : Pour fêter ses 50 balais, Bowie organise un gigantesque concert, en 1997, au Madison Square Garden de New York, concert qui fut filmé et commercialisé en DVD, mais dont l'édition DVD est, curieusement, éditée par un label spécialisé dans le semi-bootleg (enregistrement non reconnu officiellement par l'artiste ou sa maison de disques, mais ayant été enregistré et commercialisé professionnellement). Ce concert, fait pendant la période Earthling, fait intervenir divers guest-stars comme Robert Smith, Billy Corgan, Frank Black (leader des Pixies), Dave Grohl et les Foo Fighters, Sonic Youth...et Lou Reed. Mais aucun invité sur le titre que l'on entend ici en premier lieu, I Can't Read, un morceau de la période Tin Machine. Morceau qui, d'ailleurs, n'est ici pas issu du live (ceci dit, on l'y trouve, sur le live !), mais j'avais juste envie d'en parler avant, de ce live, ah ah ah. Ce morceau est présent en deux versions, dont une rallongée, et on y trouve aussi This Is Not America, le morceau de 1985 fait avec le Pat Metheny Group pour un film. Pour ce single tardif d'I Can't Read, c'est aussi pour un film, en l'occurrence The Ice Storm, avec Sigourney Weaver.

85Seven Years In Tibet (1998) : Dernier single promotionnel de l'album Earthling, et ma chanson préférée de l'album, Seven Years In Tibet. Puisant son titre dans le livre autobiographique de l'alpiniste allemand nazi Heinrich Harrer, qui passa 7 ans dans un monastère tibétain (un film de Jean-Jacques Annaud, avec Brad Pitt, sera tiré du livre, en 1997, année de l'album de Bowie, mais la chanson n'est pas dans le film, elle n'aurait pas collé avec son ambiance), la chanson est un mix puissant entre couplets calmes (un lointain saxophone, signé Bowie) et refrains d'une violence qui vous colle contre les murs (qui sont d'ailleurs des murs sonores : la guitare de Gabrels, putain de Dieu !!!). Une chanson surpuissante, la meilleure de l'album probablement. On en ressort difficilement. La force des chefs d'oeuvre.

89Thursday's Child/We All Go Through/No One Calls (1999) : En 1999, Bowie sort son nouvel album...et un nouveau look, encore un. Cheveux relativement longs, retour à leur couleur naturelle qui plus est (oubliée la coupe de cheveux en brosse et rouge de la période Earthling), très sage et sobre. Sur la pochette de l'album 'Hours...', justement, on le voit, dans ce look, en tenue blanche, dans un décor bleu pâle assez futuriste et austère, tenir dans ses bras son double de la période Earthling, allongé, comme mort ou agonisant, l'air de dire qu'une nouvelle période commence. Hélas pas la meilleure, cet album, 'Hours...' donc (les points de suspension et guillemets sont dans le titre ; et à la base, il n'y à pas de majuscule), étant même, autant le dire, le moins bon album de Bowie de la décennie 90 et son moins bon depuis Never Let Me Down, tout en étant cenf fois meilleur que lui quand même. Premier single, Thursday's Child, qui a la chance, elle, d'être une vraie bonne chanson, apaisante et apaisée, une merveille qui m'a fait acheter l'album à l'époque (j'ai regretté l'achat assez rapidement). Une pure splendeur. Les deux titres suivants sont issus des sessions, mais absents de l'album, et sont d'un niveau correct, mais rien de grandiose : We All Go Through et No One Calls. Ca se laisse écouter.

90The Pretty Things Are Going To Hell/We Shall Go To Town/1917 (1999) : Deuxième extrait du fadasse 'Hours...', et encore une fois, on a, en plus du single choisi, deux chansons absentes de l'album, et datant des mêmes sessions. En l'occurrence, We Shall Go To Town et 1917, deux morceaux que je ne connais pas, je ne les ai jamais écoutées (je ne possède pas ce single de Bowie), je verrai un jour sur YouTube si elles y sont (à mon avis, oui), mais je n'en attend pas grand chose, n'aimant pas trop les chansons que Bowie a fait en cette fin de décennie 90. Pour la chanson issue de l'album, c'est The Pretty Things Are Going To Hell, titre en allusion à deux morceaux en rapport avec Bowie : Oh ! You Pretty Things, qu'il avait chanté en 1971 sur son Hunky Dory, et la chanson des Stooges Your Pretty Face Is Going To Hell, issue de Raw Power, album que Bowie a produit, en 1973. Une chanson (je parle de The Pretty Things..., hein) pas trop mal, mais je n'en suis vraiment pas fanatique.

91Survive (2000) : Troisième single, Survive est assurément, après Thursday's Child, la deuxième meilleure chanson de l'album 'Hours...', un titre vraiment magnifique, une des rares bonnes choses d'un album un peu fade et fantômatique, le genre d'album de transition. D'ailleurs, le guitariste Reeves Gabrels, présent dans l'univers de Bowie depuis 1988 et Tin Machine, partira après l'album, n'appréciant pas cette nouvelle orientation musicale. Sans doute aurait-il eu sa place sur l'album suivant, Heathen, qui proposera un peu plus de panache musical. Reste que Survive est vraiment une très très très bonne chanson.

92Seven (2000) : On achève la période 'Hours...' de Bowie, vraiment pas son meilleur album, par un quatrième single, une chanson du nom de Seven. Je passe rapidement, n'ayant jamais été fan de cette chanson, loin de là même. Vivement l'album suivant...

93Slow Burn/Wood Jackson/Shadow Man (2002) : En 2002, publication de Heathen ('païen'), album absolument prodigieux. Ca y est, Reeves Gabrels est parti, lui qui était auprès de Bowie depuis l'aventure Tin Machine n'a pas apprécié le changement de style musical de ce dernier... Il est remplacé notamment par Mark Plati, Gerry Leonard ou David Torn, selon les morceaux. On retrouve, aussi, le fameux TonyVisconti, à la production, basse et un peu aux  guitares, sur ce disque sorti sous une des pochettes les plus marquantes de Bowie (un artwork proposant notamment des visuels d'oeuvres d'art vandalisées, ou des images étranges aux teintes argentées ; le visuel de ce single ne fait pas partie des photos issues du livret de l'album). Premier single, Slow Burn aura l'honneur d'être publié, en 2002 aussi, sur le double Best Of Bowie. Un morceau faisant partie des plus commerciaux et 'pop' d'un album assez intérieur et obscur. Bowie y est en grande forme, tout comme sur les deux rajouts, issus des sessions, mais ne se trouvant pas sur l'album : Wood Jackson et Shadow Man. Bowie revient vraiment en forme.

94Everyone Says 'Hi' (2002) : Je me souviens d'un passage de Bowie chez ce fameux maniaque du canapé rouge, Michel Drucker (son émission du dimanche existait déjà en 2002), pour qu'il interprète cette chanson, qui venait alors de sortir, et faire rapidement la promotion de Heathen (ce n'était pas Bowie l'invité principal, vous pensez bien). Encore plus acccessible et commercial, et surtout, 'pop', que Slow Burn, voici Everyone Says 'Hi', une chanson bien sympathique, peut-être pas le sommet de l'album (ce n'est même certainement pas son sommet), mais il n'y à vraiment pas de quoi avoir honte de l'avoir écrite (en même temps, je dis ça, mais Bowie n'a jamais renié cette chanson, heureusement). Ce n'est pas une chanson représentative de Heathen, elle détonne pas mal par rapport à, disons, Sunday, Slip Away, Heathen (The Rays) ou 5:15 The Angels Have Gone, mais on l'écoute vraiment avec plaisir, à chaque fois.

95I've Been Waiting For You/Sunday/Shadow Man (2002) : Dernier single de Heathen. Trois chansons, dont un retour de Shadow Man, un inédit présent déjà sur le single de Slow Burn, je passe donc. Les deux autres titres sont issus de l'album, et sont absolument prodigieux. On a d'abord une des trois reprises de l'album, en l'occurrence I've Been Waiting For You, à la base une chanson de Neil Young issue de son tout premier album (Neil Young, 1968). Une reprise fidèle à la version originale, elle est juste bien plus teigneuse dans ses passages électriques. A noter que pendant la période Tin Machine, cette chanson était jouée, en live, par le groupe, mais était chantée par Reeves Gabrels ! L'autre chanson du single est Sunday, chanson atmosphérique, un peu lugubre et totalement enivrante, qui ouvre Heathen. Une chanson majestueuse, et même plus que ça. Les albums de Bowie se sont souvent ouverts sur de splendides chansons (Changes, Space Oddity, Five Years, It's No Game, Loving The AlienStation To Station, Beauty And The Beast, Fantastic Voyage, Thursday's Child, Little Wonder), celle-ci entre dans la liste, et pas par la petite porte, croyez-moi. Quant aux deux autres reprises de l'album, au fait, c'est Cactus des Pixies et une chanson du Legendary Stardust Cowboy (un chanteur-comique de folk/country anglais dont le nom a en partie inspiré Bowie pour Ziggy Stardust) intitulée I Took A Trip To A Gemini Starship, et elles assurent aussi bien que celle de la chanson de Neil Young.

96New Killer Star/Love Missile F1-11 (2003) : Nouvel album de Bowie, à peine un an après Heathen. Je me souviens encore de deux choses concernant Reality (ce nouvel album) : avoir été révulsé par la pochette en CGI montrant un Bowie un peu manga, dans un décor blanc rempli de multiples taches colorées, le tout est assez hideux. Et, autre chose, une publicité TV pour Vittel, où on voyait (avec en fond sonore une des chansons de l'album, Never Get Old) Bowie, sous ses multiples incarnations passées (Ziggy Stardust, l'homme-chien de la pochette de Diamond Dogs, le Thin White Duke, le Pierrot lunaire de Scary Monsters (& Super Creeps), etc), passer d'une pièce à l'autre de sa maison de New York (où il est installé depuis 2002). Une pub amusante. Mais je m'égare. Voici le premier single de l'album, et ce n'est pas la chanson de la pub, mais New Killer Star, une tuerie qui ouvre l'album sur un riff remarquable, une belle montée en puissance que cette chanson qui parle d'un sujet assez douloureux et sombre : les attentats du 9/11 à New York (Fall Dogs Bombs The Moon, autre chanson de l'album, parle aussi de ça, je crois). Remarquable. L'autre titre, Love Missile F1-11, est nettement moins grandiose, mais quand même pas mal du tout ; il ne fait pas partie de l'album mais date de ses sessions.

97Never Get Old (2004) : La chanson-Vittel, la voilà ! Un riff entêtant au possible, une ambiance pop et pépère, un refrain tapageur, une manière comme une autre, pour Bowie, alors qu'il a 55 ans bien tassés (en 2004, il en a même 56, il est de 1947), de clamer haut et fort qu'il est toujours aussi jeune dans sa tête, qu'il est en forme, etc. Comment se douter alors qu'il mettra 10 ans entre Reality et son album suivant, et que sa tournée mondiale de Reality, en 2003/2004, sera sa dernière, et sera interrompue à un moment donné pour des soucis de santé (soucis qu'il continuera d'avoir ensuite) ? Une excellente chanson, peut-être pas le sommet de l'album, mais c'est vraiment bon. Quant à l'album, comme j'ai oublié de le dire plus haut, il ne fait pas partie des sommets de Bowie, mais offre de grands moments, et n'est absolument pas à négliger.

97bRebel Never Gets Old/Days (2004) : Un single étrange, que j'ai failli zapper car...j'ignorais son existence ! Je passevite, car je n'ai jamais entendu cette chanson, un mix entre Rebel Rebel (1974) et Never Get Old, intitulé, donc, Rebel Never Gets Old. Elle ne fait évidemment pas partie de Reality. En revanche, Days, l'autre titre, oui, et est une très bonne chanson. Je ne sais pas ce que vaut l'autre, si ça se trouve, c'est bien, mais le côté mix entre deux chansons n'est pas forcément gage de qualité...

98Where Are We Now ? (2013) : Köhlossahlle surprise en début d'année 2013, début janvier : Bowie, sans prévenir personne, offre, sur le Net, une chanson, celle-ci, en précisant qu'un album entier va arriver prochainement (il paraîtra le 11 mars). Après 10 ans d'absence, il y aura même eu une rumeur comme quoi il était mort (hé non, et heureusement) ou malade (oui, il l'a été). Aucune tournée n'est annoncée et ne sera faite, et les interviews de promo seront faites par les musiciens (Gail Ann Dorsey, Gerry Leonard, Earl Slick...) et le coproducteur Tony Visconti, pas par Bowie qui reste dans son coin, seules des photos récentes de lui sont publiées. Cette chanson, qui se trouve évidemment sur l'album, est Where Are We Now ? et c'est une pure splendeur douce-amère, avec un piano magnifique et mélancolique, une chanson qui parle des années berlinoises de Bowie (il a vécu dans Berlin-Ouest en 1977/1978). On ne le saura pas encore à l'époque de la sortie surprise de cette chanson, mais la pochette de l'album sera elle aussi une allusion à cette période, Bowie ayant décidé de reprendre littéralement l'artwork de la pochette de "Heroes" de 1977 (recto et verso) et de la maquiller avec un gros cadre blanc avec le titre de l'album (et, au dos, les morceaux) et une rature sur le titre de l'album de 1977, toujours visible. Un procédé un peu fainéant au départ (selon moi), mais que je trouve, maintenant, logique et vraiment culotté.

99The Stars (Are Out Tonight) (2013) : Deuxième single, sorti lui aussi avant l'album, voici The Stars (Are Out Tonight), qui change du tout au tout avec le précédent titre. Là, c'est du bon vieux rock un peu pop, un peu glam, très mouvementé sans être violent. Le genre de chanson qui s'écoute et s'écoute encore sans lassitude, c'est vraiment du bon boulot, et pas mal de titres de l'album sont de cet acabit, comme How Does The Grass Grow ?, Boss Of Me ou (You Will) Set The World On Fire. Au moment de la publication de ce second single, il ne restait, de mémoire, plus beaucoup de temps avant d'avoir enfin l'album en pogne, on connaissait déjà sa pochette et son titre, et le nombre de ses morceaux (14 pour le CD, et trois ou quatre de plus pour le vinyle qui propose des rajouts inédits), et ça devenait de plus en plus difficile, limite pénible, de devoir patienter jusqu'à la sortie officielle...

100The Next Day (2013) : Le visuel ci-contre est pour l'album. Je ne sais pas s'il existe un visuel pour le single, je ne sais même pas s'il est sorti en format physique, alors j'ai pris celui de l'album par défaut. Chanson-titre et inaugurale de l'album, dont l'ouverture n'est pas sans rappeler Beauty And The Beast, la première chanson de l'album "Heroes" en 1977 (album autoréférencé via la pochette, l'allusion à la période berlinoise dans Where Are We Now ? et la présence du guitariste Earl Slick - qui ne jouait certes pas sur l'album "Heroes", mais sur Station To Station ; mais son jeu de guitare agressif n'est pas sans rappeler celui de Robert Fripp, qui jouait, lui, sur "Heroes"). The Next Day (et son clip incroyable et blasphématoire, on dirait du Jodorowsky sous amphét', avec Marion Cotillard, Gary Oldman et, évidemment, Bowie) est une chanson fulgurante aux paroles éloquentes : Here I am, not quite dead ('Me voici, pas vraiment mort'), et une chanson totalement remarquable en guise d'ouverture d'un album qui, après plus de deux ans d'écoutes de ma part, ma plaît toujours autant.

101Valentine's Day/Plan (2013) : Quatrième single, une chanson bien pop que ce Valentine's Day, sortie en format physique (vinyle) avec, en face B, Plan, une des chansons inédites (que l'on retrouve sur la version vinyle de The Next Day). Plan est vraiment pas mal, mais Valentine's Day, elle, est une pure petite splendeur rock, une chanson qui fait du bien par où elle passe, sans pour autant déménager. Une belle guitare, un Bowie en forme... Les paroles aussi sont pas mal, le seul problème est que dans le livret dépliant de l'album, les paroles des 14 chansons sont imprimées à la queue leu leu les unes à la suite des autres, en un long gros bloc, sans séparation entre deux chansons, sans même les titres des chansons, sans même une distinction pour dire où commencent les paroles de la chanson suivante...ce qui est, donc, relativement galère à suivre, surtout que ce n'est pas imprimé en gros caractères, et ça l'est de plus (imprimé) avec une couleur qui fait mal aux yeux (jaune sur bleu)...

102Love Is Lost/I'd Rather Be High (2013) : Dernier single de The Next Day. On y trouve deux chansons de l'album, aucun inédit. Deux chansons aussi réussies et rock l'une que l'autre : Love Is Lost et I'd Rather Be High, la première étant plus tendue et rock que la seconde, qui a un rythme plus sautillant et recherché. On ne s'ennuie pas une seule seconde ici, et c'est le principal, même si ce ne sont pas les sommets de l'album. Mais ne chipotons pas, c'est vraiment du grand niveau en général...

103Sue (Or In A Season Of A Crime)/'Tis A Pity She Was A Whore (2014) : Un an après The Next Day, voilà-t-y-pas que Bowie nous offre une nouvelle chanson. En fait, deux. Et en vinyle, s'il vous plaît, un bon vieux 45-tours à l'ancienne (sous pochette neutre comme on le voit, une pochette neutre à l'ancienne, elle aussi, on se croirait revenu au bon vieux temps de l'entre-deux-guerres à l'époque où on parlait avec des voix de 78-tours quand on passait à la radio). Deux chansons (Sue (Or In A Season Of A Crime) et 'Tis A Pity She Was A Whore) très dans l'ambiance des passages les plus calmes et atmosphériques de Heathen et The Next Day. Peut-être pas ce que Bowie a fait de mieux, et c'est resté relativement confidentiel vu le format de publication (déjà que l'industrie du disque va mal - sauf pour le vinyle qui a le vent en poupe - alors quand la majorité des gens vont en magasin - à l'heure actuelle, la plupart vont sur Deezer... -, c'est vers les CDs qu'ils vont, pas forcément vers le rayon vinyle, toujours considéré comme une 'niche' pour audiophiles un peu passéistes), mais les fans apprécieront. On trouve la chanson principale sur le best-of Nothing Has Changed sorti en 2014.