Et on reparle de Blue Öyster Cult, et on en reparlera bientôt, car je compte bien aborder ici, prochainement, deux albums d'eux n'ayant jamais été abordés ici, Spectres et Mirrors. Celui-ci aussi n'avait jamais été abordé ici, même pas en filigrane (sauf sur l'article résumant leur discographie, évidemment), dont acte. C'est un des albums les plus décriés du groupe de Long Island : il a des fans, mais dans l'ensemble, on l'estime être un de leurs plus faibles opus, en concurrence avec Mirrors et Club Ninja. C'est un disque sorti en 1983, et qui a la douloureuse particularité d'avoir été le premier album studio du groupe avec un line-up différent du line-up original. En effet, entre la sortie de l'album précédent (Fire Of Unknown Origin, 1981) et celui-ci, qui s'appelle, au fait, The Revölution By Night (on appréciera le umlaut sur le o, signe caractéristique du groupe), le batteur d'origine, Albert Bouchard, partira, viré par le reste du groupe (pour je ne sais quelle raison). Il n'a pas participé à la tournée 1981 (immortalisée par le remarquable double live Extraterrestrial Live en 1982), et fut remplacé par Rick Downey, qui joue sur cet album. Le reste du personnel est inchangé : Joe Bouchard (frangin d'Albert) à la basse, au chant occasionnel, il joue aussi un peu de guitare ; Eric Bloom au chant, un peu de guitare ; Donald (Buck Dharma) Roeser à la guitare, chant et un peu de claviers ; et Allen Lanier aux claviers. Lanier ne participera pas à l'album suivant, l'épouvantablement mauvais Club Ninja de 1985 (mais sera de retour ensuite, jusqu'à sa mort en 2013), et Downey ne participera plus à des albums du groupe ensuite, il me semble. L'équilibre du Cult commence, donc, en 1983, à trembler...
Verso de pochette
Sorti sous une pochette quasi intégralement en noir & blanc (teintes grisâtres), si l'on excepte un bandeau pourpre en haut du recto (et en haut de la tranche du vinyle) avec le nom du groupe et le titre de l'album dessus, The Revölution By Night est produit par Bruce Fairbairn et possède un son totalement hard-FM (voir la chanson Eyes On Fire). Ce disque sonnerait presque comme du Ratt, , du Dokken, du Def Leppard ou du Scorpions de la même époque, ce qui ne manquera pas de décevoir et même d'écoeurer certains fans de la vieille école, les adorateurs de Secret Treaties ou Tyranny And Mutation, qui estimeront qu'entre les claviers surexposés et les mélodies très (trop) faciles, le Cult se paume en chemin. D'ailleurs, si deux des chansons marcheront très fort en singles (Take Me Away et Shooting Shark), l'album sera, dans l'ensemble, mal accueilli par la presse, et bidera lamentablement au hit-parade. Il est considéré, comme je l'ai dit, comme un des plus faibles opus du BÖC. Il dure 41 minutes, propose 9 chansons, et parmi ces chansons, trois sont vraiment mauvaises : Let Go (co-signée par Ian Hunter, ancien chanteur/leader du groupe de glam-rock anglais Mott The Hoople), dans laquelle le groupe s'autocite (B...Ö...C... ! ) ; Dragon Lady, putassière et bourrine, qui ne fonctionne pas ; et Eyes On Fire, encore plus putassière, une chanson de pur hard-FM destiné à plaire aux ménagères de moins de 50 ans ayant des oreilles résistantes à quelques sonorités un peu heavy, mais pas trop (un peu comme des chansons du style How You Remind Me de Nickelback, qui marcha fort il y à quelques années, passa souvent à la radio tout en étant assez heavy). Autant on était content que le Cult s'essaie au genre hard-FM en 1981 avec la chanson Burnin' For You, qui marcha fort, autant qu'il récidive de manière encore plus outrancière avec Eyes On Fire, non, ça ne passe pas. Veins est meilleure, pas géniale, et Light Years Of Love, chantée par Joe Bouchard, achève l'album sur une note un peu douce-amère, mais n'est pas honteuse.
Sous-pochette vinyle (de l'autre côté, rien, que du noir), on distingue aussi la pochette principale derrière !
Ca fait donc trois chansons ratées, deux un peu moyennes mais convenables. Et les quatre autres ? Je vais vous rassurer tout de suite, elles sont franchement bonnes. Et ce sont, aussi, les plus longues de l'album, elles totalisent 22 minutes (soit un petit peu plus que la moitié de l'album). On a Feel The Thunder, chanson au rythme assez étrang, au climat qui ne l'est pas moins, une belle petite réussite ; on a, juste avant, Shadow Of California, co-écrite par Sandy Pearlman (un des producteurs/managers du groupe), terrible, et à ce sujet, sachez que le titre de l'album est issu des paroles de cette chanson ; on a aussi l'immortel Take Me Away (co-écrit par Aldo Nova, un guitariste de hard-rock canadien participant rapidement à l'enregistrement de ladite chanson), qui sortira donc en single et est une tuerie absolue, une des meilleures chansons du BÖC ; en plus, elle ouvre l'album. Et, avec ses 7 minutes, Shooting Shark, co-écrite par Patti Smith, est une merveille (qui sortira en single dans une version raccourcie) dotée d'un beau saxophone, et au rythme plus new-wave que hard-rock. Ces quatre chansons, deux par face, sont vraiment puissantes, et rien que pour elles, je me refuse à classer The Revölution By Night dans les ratages. Certes, je le concède volontiers, l'album est inégal, mineur, secondaire, assez faible par rapport aux quatre premiers opus studio du groupe, par rapport à leurs deux précédents aussi. Mais il est meilleur que les suivants, meilleur que Spectres et Mirrors, aussi. Bien meilleur que Mirrors, bien supérieur à Club Ninja, qui reprendra sa formule hard-FM, en plus poussé encore. Quelque part, ce disque, c'est le début de la fin pour le groupe. C'est en cela que c'est triste. Mais tout en étant inégal et dans ses moments de faiblesse, vraiment mauvais (ses moins bonnes chansons sont vraiment affligeantes), The Revölution By Night ne mérite pas tant de haine et de mépris de la part des fans du groupe. Ils ont fait pire. Après, ce n'est pas à acheter en priorité : téléchargez (légalement) ses quatre meilleures chansons, c'est suffisant, sauf si vous aimez vraiment le groupe !
FACE A
Take Me Away
Eyes On Fire
Shooting Shark
Veins
FACE B
Shadow Of California
Feel The Thunder
Let Go
Dragon Lady
Light Years Of Love