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C'est au tour des Clés Noires d'avoir droit à leur discographie (officielle) commentée sur Rock Fever ! Une discographie courte, mais passionnante.

The_Black_Keys_-_The_Big_Come_UpThe Big Come Up (2002) : Dan Auerbach (chant, guitares, basse) et Patrick Carney (batterie, percussions, production) sortent leur premier album, enregistré en amateur dans un réduit à Akron (dans l'Ohio ; leur ville d'origine). Production minimaliste. Aucun hit à l'horizon, si le groupe avait continué, au fil des années, à sortir des albums tel que celui-ci, ils ne seraient jamais devenus ce qu'ils sont devenus, à savoir des stars du rock. Mais The Big Come Up offre de très bons moments, comme cette efficace reprise du She Said, She Said des Beatles, ou bien The Breaks. On notera que la version CD propose, après le court final 240 Years Before Your Time, une longue plage de silence qui dure 20 minutes ! Et suivie par...rien, même pas un morceau-caché ! L'intérêt d'un tel truc ? Album très correct, sinon, mais ils feront mieux.

0005526_black-keys-thickfreaknessThickfreakness (2003) : Le début de carrière des Keys (en gros, jusqu'à 2005) est assez discret, des albums enregistrés localement, à l'arrache et à l'ancienne. Offrant notamment une excellente reprise de Have Love Will Travel, ainsi que Hard Row, Set You Free, No Trust et une reprise de Junior Kimbrough (le précédent album aussi en contenait une) intitulée Everywhere I Go, ce Thickfreakness à la pochette amusante est un bon gros pas en avant par rapport à The Big Come Up. Toujours pas parfait, ça peut sembler monolithique parfois (des chansons de 3 minutes, de style garage-blues-rock), mais dans le genre, c'est efficace.

rubber-factoryRubber Factory (2004) : Le groupe commence à avoir un peu plus de moyens : ce disque a été enregistré ailleurs que dans un petit réduit. Enfin, il n'a pas été enregistré en studio non plus, mais dans une ancienne usine de pneus Dunlop (d'où le titre de l'album, 'usine de caoutchouc', qui est de plus une allusion au Rubber Soul des Beatles) ! Un disque mémorable, le sommet de leur première époque (quand les Keys étaient un peu caverneux), avec au programme des morceaux de choix comme 10 A.M. Automatic, The Desperate Man, Aeroplane Blues, Act Nice And Gentle (reprise des Kinks), The Lenghts, Girl Is On My Mind... Essentiel à tout amateur de blues-garage et du groupe, bien que cela soit très éloigné des futurs Brothers et Turn Blue !

Chulahoma-_The_Songs_Of_Junior_KimbroughChulahoma : The Songs Of Junior Kimbrough (2006) : Un EP, un peu moins de 28 minutes entièrement constituées de reprises (au nombre de 7) de chansons de Junior Kimbrough (que les Keys semblent adorer, et qu'ils avaient déjà repris sur leurs premiers albums). Kimbrough (mort en 1998) était un bluesman du Mississippi. Keep Your Hands Off Her, Nobody But You, notamment, sont efficaces. Après, ce n'est pas ce que je préfère chez les Keys, mais ce petit album achève assez bien leur première période, l'album studio suivant allant changer pas mal de choses dans leur style.

BlackKeysLiveInAustinTexasLive In Austin, TX (2006) : Un live à la fois officiel et officieux, un bootleg officiel, quoi, qui propose un concert donné à Austin, dans le Texas, en 2003. Au programme, Hard Row, Have Love Will Travel, Busted, Them Eyes... C'est vraiment pas mal, le groupe assure bien. C'est, en revanche, beaucoup trop court, moins de 50 minutes, et ce fut proposé en format digital. Il existe aussi un DVD, qui, il me semble, n'est pas aussi complet que la version audio (chose rare, c'est souvent l'inverse le cas) !

The_Black_Keys_-_Magic_PotionMagic Potion (2006) : Encore une fois enregistré à Akron, Ohio, Magic Potion marque un changement pour les Keys. Le son est de mieux en mieux (non pas que ça sonnait pourri, mais on sentait bien que la production était minimaliste, et les moyens financiers, faibles). Avec sa pochette représentant un Oeuf de Fabergé, l'album est un chouïa moins immense que le précédent Rubber Factory, et que les suivants, mais il offre quand même Goodbye Babylon, The Flame, Your Touch, Strange Desire, autant d'excellentes chansons. Vraiment pas mal.

21cdc561341cbed095817f47c2a525f303c79319Attack & Release (2008) : Le son du groupe devient plus dense, grâce à la participation du producteur Danger Mouse, futur fidèle des Keys. Attack & Release offre un bel avant-goût du futur Brothers, et déjà, des morceaux de choix à profusion : Strange Times, Things Ain't Like They Used To Be, Psychotic Girl, I Got Mine, All You Ever Wanted, Lies, Oceans & Streams... Un opus tout simplement excellentissime, qui ne sera suivi d'un autre que deux ans plus tard. Entre temps, le groupe se sépare quelque peu (des tensions peu importantes), Auerbach sortira en 2009 son premier opus solo, le très bon Keep It Hid... Le retour sera fracassant.

brothersBrothers (2010) : Danger Mouse à la production, pas partout, mais il laisse cependant sa marque. Sous sa pochette en allusion au Howlin' Wolf Album de Howlin' Wolf (et avec la police de caractères du Pet Sounds des Beach Boys), Brothers, disque généreux (presque une heure de musique, 15 titres dont une reprise, Never Gonna Give You Up, magnifique), est immense. Un des meilleurs albums non seulement du groupe, mais des années 2000, et probablement le meilleur album de 2010, tant qu'à faire. Difficile de dire quelle chanson est la meilleure : Tighten Up qui fut un tube, Never Gonna Give You Up, Sinister Kid, Everlasting Light, Howlin' For You, The Go Getter, Unknown Brother, These Days ? Un peu tout en même temps, mon capitaine ? Enregistré à Muscle Shoals, en Alabama, ce disque tue.

16cd7cc3a310c4501c8c783bd505630528262d8dEl Camino (2011) :Mon préféré du groupe, un de mes disques de chevet, et je ne plaisante pas du tout. 38 minutes de tuerie, entièrement produit par Danger Mouse, devenu quasiment le troisième membre du groupe (sur la pochette de l'album suivant, il est même crédité en tant que Black Keys aux côtés d'Auerbach et Carney). El Camino, dont la pochette ne représente d'ailleurs pas un El Camino, est un chef d'oeuvre total, un disque parfait du genre de ceux qu’usinaient Creedence Clearwater Revival à la grande époque. Mais en plus moderne, avec des ambiances soul du plus bel effet. Disque majeur regorgeant de monuments, comme Lonely Boy, Mind Eraser, Sister, Money Maker, Little Black Submarines, Gold On The Ceiling, Nova Baby. Mais les 11 titres sont tous parfaits. Pendant un temps, il fut hype, à la TV, de passer des extraits des chansons de ce disque en fond sonore de reportages sportifs, culturels ou généralistes. Les Keys deviennent géants, ici.

the-black-keys-turn-blueTurn Blue (2014) : Dernier opus en date, il a été précédé de Fever (présente sur le disque) en single promotionnel, une chanson très électro/pop/soul qui a quelque peu étonné et stressé les fans. Une chanson remarquable et assez éloigné du reste de Turn Blue, disque pas très joyeux, dans la veine de Brothers et El Camino, produit par Danger Mouse, avec quelques prises de risque (un morceau, en l'occurrence Waiting On Words, sur lequel Auerbach a modifié sa voix pour qu'elle devienne féminine ; un autre morceau, Weight Of Love, qui dure 7 minutes, assez original et floydien, placé en ouverture alors que c'est le genre de truc qu'on placerait en final). Sous une pochette qui fait mal aux yeux, l'album est une réussite selon moi, et je l'adore, mais il a été source de critiques chez les fans, qui estimeront que le groupe ne se renouvelle pas assez. Tant pis pour eux, moi, j'ai adoré. 45 minutes vraiment bluffantes, avec notamment le très stonien Gotta Get Away et son riff qui tue, ou bien la chanson-titre, ou bien In Our Prime, 10 Lovers, Bullet In The Brain... Encore un monument !