Les 27 et 28 juin 1970 eut lieu, à Bath, dans le Somerset, en Angleterre, un festival de musique rock. Au programme passèrent, durant les deux jours, Fairport Convention, Hot Tuna, Johnny Winter (le regretté Johnny, parti dernièrement), Canned Heat, John Mayall, Jefferson Airplane, les Moody Blues, les Byrds, Dr John, Santana, Country Joe, Steppenwolf, Frank Zappa et ses Mothers Of Invention et le Keef Hartley Band. Il y en à eu d'autres à passer, moins connus. Led Zeppelin fut une des plus grosses têtes d'affiche de cette édition du festival, et on nota aussi, le 27 juin, la présence de Pink Floyd. Le groupe, alors en période Atom Heart Mother (qui sortira en octobre de la même année), est l'objet, justement, de l'album que j'aborde aujourd'hui. Il s'appelle Sunbathing In Somerset, fut enregistré durant le show floydien du festival, et est sorti en CD en 2009. Ne le cherchez pas à la FNAC et consorts : ce live est en effet un bootleg de la plus belle eau, édité par le label indépendant et même quasiment artisanal (mais compétent, professionnel) Godfatherecords. En 71 minutes, ce live propose 5 titres, seulement 5 (mais allez voir leurs durées : 3,30, 10, 18, 13,30 et 25 minutes respectivement, dans l'ordre !), mais l'offre est quand même généreuse. Moi qui possède une fuckitude de bootlegs du Floyd (en fichiers MP3, tous, sauf celui-ci, en CD digne de ce nom), je peux vous dire deux choses : ce n'est pas le meilleur live bootleg du floyd (Concertgebouw 1969, Pompeii 1971, pour ne citer qu'eux, sont meilleurs), mais il est tout de même foutralement bon. On peut cependant se douter d'une chose, et je vais d'ailleurs en parler maintenant (pour ne plus y revenir ensuite) : la qualité sonore, ici, n'est pas à proprement parler extraordinaire. Attention : il y à pire, bien pire, pour un bootleg, mais ce n'est pas d'une netteté à toute épreuve (les deux bootlegs que j'ai cité avant ont une meilleure qualité sonore, ainsi que le seul live audio officiel du groupe de l'époque 1967/1970 : le disque live du double album Ummagumma de 1969). En même temps, on a affaire à un bootleg, autrement dit, à un live soit enregistré officieusement, illégalement, soit enregistré au vu et au su du groupe, mais dans les deux cas, commercialisé sans leur accord.
Autrement dit, à cheval donné, on ne regarde pas les dents, comme on dit. Donc on cesse de parler du son parfois un peu rugueux, cafouilleux (mais pas honteux dans l'ensemble, même si, sur les deux premiers titres et les cinq dernières minutes du dernier, c'est franchement dur), pour parler du live en lui-même. Sunbathing In Somerset vaut le coup (mais ce n'est pas, je le précise, le seul live bootleg floydien sur lequel on trouve ce morceau, bien au contraire !) pour proposer une version de 25 minutes, avec orchestre (bref, une version très proche de la version studio), d'Atom Heart Mother, nommée ici d'un de ses premiers titres, The Amazing Pudding (un autre ancien titre était, je crois, Epic). D'autres versions live existent, toutes n'étaient pas avec l'orchestre, et certaines étaient plus courtes (d'autres, au contraire, atteignaient ou dépassaient la demi-heure de musique). Dans le livret accompagnant le CD (on y trouve aussi un petit poster reproduisant le visuel de la pochette, lequel est aussi craignos qu'on peut l'imaginer, compte tenu que c'est un bootleg), il est dit qu'apparemment, le groupe était arrivé à l'heure pour le show, mais ce n'était pas le cas des musiciens de l'orchestre classique ! Cette version live est franchement une des meilleures que je connaisse, et elle est aussi incroyable que la version studio, qui fut, selon les aveux du membre du groupe David Gilmour (guitare, chant), un vrai bordel à enregistrer. Le reste du live propose des morceaux que l'on retrouve TRES souvent dans les setlists floydiennes de l'époque : Set The Controls For The Heart Of The Sun, A Saucerful Of Secrets, Careful With That Axe, Eugene, trois morceaux ici dans des versions pour le moins éblouissantes. Le concert s'ouvre sur le bucolique Green Is The Colour, qui apparaissait souvent (mais à un degré moindre quand même) aussi en concert à l'époque. Initialement composé comme partie intégrante de la suite The Man And The Journey (qui ne fut jamais enregistrée telle quelle officiellement), elle a été refaite très rapidement après pour la bande-son du film More de Barbet Schroeder (1969). Malgré le son un peu cafouilleux (aaahhhh, et moi qui m'étais juré, plus haut, de ne plus parler du son, sur cette chronique !), c'est sublime.
Pour tout dire, Sunbathing In Somerset (chouette titre, en jeu de mots, vu la localisation, la ville de Bath) est un excellent live pirate de Pink Floyd, à réserver aux fans, et surtout aux fans de la période 1968/1970 (ma préférée). Le groupe est en forme, la présence d'Atom Heart Mother est un atout non négligeable, et malgré qu'il ne contienne qu'un seul disque, ce bootleg est dans l'ensemble assez généreux et vraiment sympa. Après, est-ce le meilleur bootleg floydien, sans doute pas. J'en connais vraiment des fameux, comme The Band Who Ate Asteroids For Breakfast (double live de 1971), ou bien Who Was Trained Not To Spit In The Fan (le concert de 1977 à Montréal au cours duquel Waters crachera à la face d'un spectateur hystérique, incident ayant directement entraîné The Wall), ou bien le concert du Concertgebouw d'Amsterdam de 1969... Mais celui-ci est vraiment un bon cru. Amateurs ayant la possibilité de se le procurer, ne pas trop hésiter (comme pour tout bootleg commercialisé, généralement, le prix est une source de frein ; je l'ai eu à 17 euros, et c'était déjà cher pour un simple CD, mais quand on sait que ce n'est pas un CD 'classique', ça passe) !!
Green Is The Colour
Careful With That Axe, Eugene
A Saucerful Of Secrets
Set The Controls For The Heart Of The Sun
The Amazing Pudding (Atom Heart Mother)