Pour bien démarrer l'année 2014 (dans quelques jours, dans quelques jours !!), un article résumant la discographie officielle de Nino Ferrer, grand artiste franco-italien (italo-français, plutôt ! Né en Italie, à Gênes) malheureusement bien oublié de nos jours, et ayant eu un succès assez variable, entre chansons devenues des classiques et albums passés généralement totalement inaperçus... Allez, on commence !
Enregistrement Public (1966) : La pochette est culte et somptueuse, le titre de l'album, lui, est on ne peut plus trompeur : non, cet album, malgré qu'il s'appelle, sur la pochette, Enregistrement Public, n'a pas du tout été enregistré en public (à moins de considérer l'équipe technique du studio et les musiciens de public, et dans ce cas, OK) ! On a rajouté des cris de foule pour faire style, pratique courante à l'époque. Mis à part ça, cet album est majeur (considéré à raison, par Rolling Stone Magazine et Rock'N'Folk notamment, comme un des plus grands albums de rock français), rien que parce qu'il offre une collection de grandes chansons à la sauce rhythm'n'blues (le style d'époque de Nino) : La Bande A Ferrer (en deux parties), Je Veux Être Noir, Si Tu M'Aimes Encore (adapté du It's A Man's, Man's, Man's World de James Brown), Shake Shake Ferrer, Mirza, Les Cornichons, Oh ! Hé ! Hein ! Bon !, Pour Oublier Qu'On S'Est Aimé (Nino avait déjà sorti une version de cette chanson en single auparavant, il a démarré sa carrière vers 1962, qu'avec des singles), C'Est Irréparable (Un An D'Amour)... Comme on le voit, que des classiques ! Ce disque est en fait un regroupement de plusieurs EPs sortis auparavant, comme, là aussi, c'était souvent l'usage à l'époque. D'ailleurs, dans le coffret intégrale 2013, les premiers disques sont regroupés chronologiquement, et pas en reprenant les albums sortis à l'époque (autrement dit, tel qu'il est, cet album de 1966 n'est pas dans le coffret, l'ordre est chamboulé pour les morceaux, dispatchés sur plusieurs CDs, mais la pochette a été conservée, modifiée pour les titres des morceaux cependant).
Nino Ferrer (Les Petites Filles De Bonne Famille) (1967) : Sans vrai titre (celui entre parenthèses est celui de la première chanson de l'album), ce deuxième album de Nino Ferrer offre lui aussi quelques classiques de sa première période : Le Téléfon, Mao Et Moa, N.F. In Trouble, Les Petites Filles De Bonne Famille, Le Blues Des Rues Désertes, Il Me Faudra...Natacha, Ma Vie Pour Rien, Monsieur Machin, Mon Copain Bismark... Du lourd dans le genre, encore une fois ! Des chansons soit rigolotes (Le Téléfon, Mao Et Moa), soit plus graves, toutes remarquables, pour un album qui, tout comme le précédent et le suivant, ne sera pas repris en l'état dans le coffret intégrale, on préfèrera avoir proposé les chansons par souci d'ordre chronologique, et, donc, tout a été chamboulé (premier album réellement repris tel qu'il est : Rats And Roll's). Nino Ferrer (Les Petites Filles De Bonne Famille) est donc encore une fois un disque remarquable de rhythm'n'blues à la française, un album que les fans de Nino se doivent d'écouter !
Nino Ferrer (Agata) (1969) : Pour la troisième et dernière fois, voici un disque de Nino Ferrer sans titre, Agata étant le titre de la première de ses chansons, et on surnommera l'album ainsi pour le différencier du précédent. Encore une fois aussi (et pourla dernière fois, là aussi), on ne trouvera pas cet album tel qu'il est dans le coffret intégrale de 2013, pour les mêmes raisons expliquées plus haut. On peut trouver ça dommage, ou estimer que c'est logique, je suis partagé entre les deux. Et encore une fois, un album qui possède son lot de grandes chansons : Agata, La Rua Madureira, Les Hommes A Tout Faire, Oerythia, Les Yeux De Laurence, Je Vends Des Robes, Tchouk-Ou-Tchouk... Certes, ce disque est sans doute (et ce, malgré La Rua Madureira et Les Yeux De Laurence, les sommets ici) moins percutant que les deux précédents opus du Génois de Montcuq, mais, franchement, on ne boudera pas son plaisir non plus, car mêmes les chansons les moins grandioses sont meilleures que les meilleures chansons d'artistes de la même époque (et nationalité) moins talentueux, je ne cite personne (oh, Hervé Villard, comment tu vas ?)...
Rats And Roll's (1970) : Disque rare, on peut même dire rarissime : à sa sortie en 1970, il n'a été commercialisé qu'en Italie, et il faudra attendre le coffret intégrale de 2004 et, ensuite, celui de 2013, évidemment) pour l'avoir enfin en CD, chez nous. C'est un live (enregistré en octobre 1970 au Teatro Sistina de Rome), la qualité sonore est par ailleurs exemplaire, et il offre 10 titres, interprétés en italien sauf un en anglais (reprise du standard Ol' Man River) et un en français (Pour Oublier Qu'On S'Est Aimé). Rats And Roll's est un OVNI dans le ciel de Nino en cela qu'il propose, un an avant, et en live et en italien donc, des chansons qui se trouveront en 1971 sur l'album Métronomie. Parmi eux, la chanson en français, mais aussi Povero Cristo (qui deviendra La Maison Près De La Fontaine), Reminiscenza (instrumental qui deviendra Métronomie, aussi un instrumental), Fratelli E Cosi 'scia (Les Enfants De La Patrie)... On y trouve aussi des chansons qui ne se trouveront pas sur Métronomie : Play Boy Scout, Ol' Man River, La Pelle Nera (adaptation de Je Veux Être Noir) et O Mangi Questa Minestra O Salti Dalla Finestra (adaptation de La Bande A Ferrer). Dans l'ensemble, c'est magistral, à condition d'aimer le chant en italien (pas la pire langue au monde, il faut le reconnaître ; c'est pas comme si il chantait en allemand !). Une curiosité pour les fans de Métronomie, qui apprécieront d'entendre ce remarquable album dans cette version italienne et embryonnaire.
Métronomie (1971) : Du rock progressif plutôt qu'autre chose que cet album. Un des plus courts de Ferrer (32 minutes, 8 titres...dont un de 9 minutes, l'instrumental-titre), et un des plus réussis. Métronomie est la version définitive, et française, des morceaux présents, pour beaucoup d'entre eux, sur l'album précédent, Rats And Roll's. Mais ce précédent opus n'était pas sorti en France, donc il fallait le savoir, à l'époque ! C'est, sinon, le premier album studio de Nino qu'on puisse vraiment qualifier d'album, et non pas de réunion de plusieurs singles et EPs. Un album magnifique, même si deux titres semblent inférieurs aux autres (le très court Freak, et Isabelle, lui aussi peu long). Les autres, entre La Maison Près De La Fontaine, Cannabis, Pour Oublier Qu'On S'Est Aimé (dans sa plus belle version) ou Les Enfants De La Patrie, sans oublier Métronomie et Métronomie II, sont anthologiques. La pochette (une peinture du nom de Le Métronome) est sublime, la production est excellente, l'interprétation itou... Cet album est une réussite majeure !
Nino Ferrer And Leggs (1973) : Enregistré au Château d'Hérouville en 1972, cet album porte en partie le nom du groupe accompagnant Nino Ferrer sur l'ensemble de ses 8 morceaux (pour quelques 36 minutes) : Leggs. Un groupe en partie constitué du guitariste irlandais Micky Finn (ne pas confondre avec Mickey Finn, du groupe de glam-rock anglais T-Rex), qui signe ici sa première (mais clairement pas sa dernière !) collaboration avec Nino. Cet album possède un on très rock progressif, plus encore, sans doute, que Métronomie (pas dans le même registre progressif, ceci dit), et offre des chansons remarquables : L'An 2000, Listen To The Master, L'Angleterre, Moby Dick, Kinou (du nom de la femme de Nino), La Révolution... il faudrait tout citer, en fait ! Seul petit reproche, sa pochette (trois paires d'yeux bleus de Nino, de haut en bas) est assez zarb', assez moche aussi... Comme on s'en doute, l'album sera un bide commercial, aucun single ne sera issu des 8 titres, et on le trouvera assez difficilement (exception faite du coffret intégrale qui, évidemment, le propose, en pack, comme il était commercialisé en CD autrefois, avec l'album Blanat, les deux albums sur le même CD). Un grand cru de plus !
Nino And Radiah (1974) : Sous sa pochette très sexy et 70's (qui, pour son ancienne édition CD qui le proposait en pack avec l'album suivant et, entre les deux, la chanson Le Sud, avait été censurée : une vue du jardin, sans personne, que le jardin) représentant Nino posant, fringué, aux côtés de la belle Américaine Radiah mère de Mia Frye, nue, dans le jardin de sa maison (à Nino) de l'époque, Nino And Radiah est un disque assez bluesy et chaud (chaud pas dans le sens sexuel, mais dans le vrai sens du terme : on sent la chaleur du sud sur pas mal des titres !), entièrement interprété en anglais, et proposant 8 titres, dont South, version originale, faite un an avant sa version française, du Sud. On y trouve aussi Hot Toddy, The Garden, Moses, Looking For You, New York... Peu de succès (aucun, même, mais la version française de South cartonnera, on le sait, un an plus tard, elle en vampirisera clairement tout le reste de la discographie de Ferrer), mais on s'en doute encore une fois. Un disque sublime, pas mon préféré de Nino, mais un fan se doit de l'écouter. C'est (pour le moment, du moins) le seul album de Nino que je possède en vinyle (d'ailleurs, Vomitation et Mint Julep sont inversés, sur le CD, par rapport au vinyle) !
Suite En Oeuf (1975) : Paru peu après Le Sud (qui cartonnera), Suite En Oeuf, par manque de promotion, sera un bide retentissant, ce qui est vraiment dommage, car on tient ici un disque du niveau du précédent (on y trouve d'ailleurs deux titres, dont Papagayo Frog, issus des sessions de Nino And Radiah). Disque court - 34 minutes ! - , il offre de vraies merveilles, comme le triste Chanson Pour Nathalie, en hommage à une jeune femme décédée dans un accident, ou bien Alcina De Jesus, Southern Feeling...et la meilleure chanson de l'album pour moi est Les Morceaux De Fer, une splendeur qui n'a rien à envier au Sud, croyez-moi. On peut aussi citer Moon (personnellement, je ne suis pas totalement fan de celle-là, mais je peux comprendre) parmi les réussites de ce disque méconnu et à redécouvrir de toute urgence. Suite En Oeuf possède de plus une belle pochette, assez amusante (tout comme son titre), ce qui ne gâche jamais rien, soit dit en passant.
Véritables Variétés Verdâtres (1977) : En revanche, la pochette de cet opus-là est assez drôle (la caricature cartoonesque de Nino, englué dans des lianes verdâtres, une sorte de toile d'araignée gluante et géante), mais ratée. Sorti en 1977, très rock dans le ton (pas sur tous ses morceaux, ceci dit), Véritables Variétés Verdâtres est un bon opus de Nino Ferrer, on y trouve quelques remarquables morceaux, comme Il Pleut Bergère (reprise de la comptine), Ouessant (instrumental saisissant) ou bien Valentin. Mais ce disque a beau être réputé chez les fans, et il a beau contenir ces remarquables morceaux (dont deux de plus de 6 minutes), il offre aussi plusieurs titres qui ne me plaisent pas, comme Mashed Potatoes et Ah ! Les Américains. En fait, ce sont les deux morceaux de l'album qui ne me plaisent pas du tout, les seuls (pour le reste, soit j'adore, soit ça passe bien la rampe sans autant dire que je les adore : Sud Express, Joseph Joseph). Dans l'ensemble, si je peux comprendre qu'on adore Véritables Variétés Verdâtres, ce n'est pas mon cas, je trouve ce disque très bon, mais moins que les deux qui le sandwichent dans la discographie de Ferrer. Encore une fois, aucun succès pour cet album qui, autrefois, était commercialisé en CD sur le même disque que Métronomie (et à sa suite), et est, dans le coffret intégrale, collé à La Carmencita (qui le suit, sur le même disque). Ce qui est plus logique, d'un point de vue chronologique, qu'autrefois !
Blanat (1979) : Je vais être clair : c'est le sommet absolu, intégral, complet, entier, total, de Nino Ferrer. Enregistré dans le Lot, au château de Blanat (sur la pochette), en 1976, ce disque ne sortira qu'en 1979 (entre temps, Nino fera l'album précédent de la liste, Véritables Variétés Verdâtres). Blanat offre 8 titres (pour 42 minutes, durée plus généreuse que de coutume), dont un chanté en français, un chanté en majeure partie en italien (et un peu en anglais), et le reste, en anglais. Sur les 8 titres, rien à jeter, tout est absolument quintessentiel, le genre d'album qu'on écoute sans pause, sans lassitude aussi. De l'étrange Introduction quasiment instrumentale au fabuleux L'Arbre Noir (le texte est très très ancien, années 50, Nino mettra donc du temps à le mettre en musique ; la musique, parlons-en, de ce morceau, est tétanisante, ce long solo de guitare final...) en passant par Michael And Jane (co-écrit par Gilbert Montagné ! L'album, au départ, devait être fait avec les musiciens de Montagné, mais le courant ne passera pas, et Nino demandera à ses potes de Nino Ferrer And Leggs de venir faire le disque), Fallen Angels, Scopa ou Little Lili, tout est parfait. L'ambiance est très très rock, c'est le disque le plus rock de Nino, probablement. Et je sais que, musicalement parlant, on s'en fout, mais quelle belle pochette... Un disque culte, essentiel. S'il ne fallait conserver qu'un seul opus de Ferrer (ce qui serait hautement dommageable pour les autres, d'ailleurs), c'est celui-là !
La Carmencita (1981) : On peut se demander ce qui est arrivé à Nino Ferrer, pour avoir fait ce disque court (35 minutes à peine) et hautement inutile. La Carmencita, en effet, est essentiellement constitué de nouvelles versions d'anciennes chansons de l'artiste (Michael Et Jane et Petite Lili sont des versions françaises de deux chansons de Blanat, L'Angleterre date de 1973 et est ici plus courte de moitié que l'originale, Les Cornichons, Pour Oublier Qu'On S'Est Aimé, Je Veux Être Noir sont nettement plus anciennes, années 60), et de seulement trois nouvelles chansons (dont une de 16 secondes, drôle mais inutile) ! Un disque pour essayer de se renflouer (peine perdue, ça sera un bide), et même si Petite Lili et La Carmencita (un des inédits) sont réussies, c'est vraiment un album raté et à oublier. On notera le nom rigolo du groupe accompagnant Nino sur le disque : Rock Ferrer ! Pochette classe, aussi, mais passe-partout...
Ex-Libris (1982) : En 1981, Nino joue dans le film Litan de Jean-Pierre Mocky (qui interprète le rôle principal aux côtés de Marie-José Nat ; Nino tient le rôle du méchant, un savan un peu fou), un film fantastique primé à Avoriaz et qui sortira en 1982. Il en signe la bande-son, inquiétante, hypnotique (comme le film, au climat étrange), dont on retrouve les morceaux, au nombre de deux, sur cet album de 1982, Ex-Libris. Ces morceaux sont Barberine (par ailleurs instrumental dans le film, cette version est parlée), belle chanson à base d'orgue de Barbarie, et Toccatina (instrumental assez flippant), dont une version chantée et longue, absente du film, et aux paroles signées du père de Nino, Pierre Ferrari, est sur le disque, Un Mot Qui Tue (une autre chanson de l'album, réussie elle aussi, Rondeau, possède des paroles signées Pierre Ferrari). Avec aussi Semiramis et Riz Complet (ce morceau est issu de la bande-son du nanar Les Babas Cools), cet album à la pochette médiévale et au titre latin est, sans être un des sommets de Nino, un très bon petit opus, que j'aime vraiment beaucoup. Tout n'y est pas parfait (Télé Libre), mais rien de honteux !
Rock'N'Roll Cowboy (1983) : Pochette signée Margerin. Rock'N'Roll Cowboy est un disque qui ne paie pas de mine, est sorti à une mauvaise période (les années 80 furent difficiles pour Nino, piégé, à chaque apparition TV, comme dans les émissions de Drucker ou Foucault, à éternellement chanter Le Sud ou ses classiques 60's type Mirza ou Le Téléfon plutôt que ses chansons les plus récentes, il en sera très amer, jusqu'à la fin de sa vie), et ne sera pas un succès. N'en déplaise à quelques très très bonnes chansons, comme Le Retour De Monsieur Machin, la chanson-titre (au riff bien rock, très efficace) ou Diane De Montrouge. Bon, après, c'est vrai, Vivent Les Moules, Le Look Plouc ou Est-Ce Que Mon Cheval Est Une Moto ? sont à chier. L'ambiance générale de cet album est assez rock, pop et décomplexée, Nino s'est un peu fait plaisir, allant même jusqu'à citer ses musikos (Joel Segura, notamment) dans le final du Retour De Monsieur Machin, dernier morceau de l'album. Au final, tout en étant moyen (et même un peu médiocre), Rock'N'Roll Cowboy est meilleur que La Carmencita et que l'album suivant. Ca reste à conseiller aux fans, et à eux uniquement, ou alors une fois les autres albums écoutés.
13ème Album (1986) : Le pire album de Nino Ferrer, de loin. Si L'Arche De Noé est une sublime chanson, c'est bien la seule ici, sur les neuf (dont une reprise de L'An 2000, chanson datant de l'album Nino Ferrer And Leggs, 1973) de ce 13ème Album à la pochette noire et bananière, à valoir le coup. Le reste, vraiment, c'est déplorable, entre la production très 1986 (logique, c'est l'année de sortie de l'album) et des chansons pitoyables comme L'Homme Qui A Vu L'Homme Qui A Vu L'Homme Qui A Vu Le Blues, Chita Chita et l'interminable (8 minutes !) Création. Je ne conseille cet album à personne, pas même aux fans de Nino Ferrer, pas même à celles et ceux qui auraient adoré Rock'N'Roll Cowboy et aiment ce genre de productions lourdingues et datées. Le seul avantage de ce disque est qu'il n'est pas très long (moins de 40 minutes ; dans l'intégrale 2013, il est seul sur son CD, alors qu'autrefois, sauf erreur de ma part, il était commercialisé en pack avec le précédent opus). Mais quelle merde, mis à part ça...
La Désabusion (1993) : Un chef d'oeuvre. Album studio le plus long de Nino Ferrer (une cinquantaine de minutes), La Désabusion propose une reprise d'une ancienne chanson de l'artiste (Ma Vie Pour Rien, sublime) et une succession de chansons magnifiques, comme Trapèze Volant, Blues En Fin De Monde, La Désabusion, La Danse De La Pluie... On notera aussi quelques chansons étonnantes (Notre Chère Russie, exclusivement constituée, dans ses paroles, de termes faisant allusion à la Russie, entre noms de célébrités et autres expressions ; Marcel Et Roger, aux paroles exclusivement constituées de prénoms). Enregistré chez lui, vers Montcuq (là où, en 1998, peu avant son anniversaire, il se suicidera, dans un champ de blé, d'un coup de fusil en plein coeur ; prémonitoirement et sinistrement, sur la pochette peinte par ses soins se trouve un champ...), portant le nom d'un néologisme qu'il a inventé, La Désabusion est un disque triste, désabusé (essentiellement), peu connu, sorti en 1993 sur un label éphémère (FNAC Music) et qui sera assez difficile à trouver jusqu'au coffret intégrale de 2013. Si le meilleur album de Nino reste Blanat, cet opus est clairement un des 3 ou 5 meilleurs. Sublime.
La Vie Chez Les Automobiles (1993) : Un peu comme La Carmencita, ce disque est peu utile et réussi, et est constitué de reprises d'anciennes chansons de Nino (mais pas seulement : sauf erreur de ma part - humour !! - Nino n'a pas écrit La Marseillaise, reprise ici en final), comme Mirza, Il Pleut Bergère (qu'il n'a pas écrit, mais a repris en 1977) ou Le Sud. Des reprises faites avec des amis et des membres de sa famille (sa femme, ses enfants...), ce qui explique les crédits, sur la pochette, Nino & Cie. Sorti en 1993, peu après La Désabusion (une édition CD de 2002, que j'ai, les propose en pack double CD), La Vie Chez Les Automobiles, sous sa pochette signée Nino (comme le précédent opus), est officiellement le dernier album studio de Nino Ferrer, mais on peut dire qu'il ne compe qu'à moitié. C'est un album à ne conseiller qu'aux fans absolus du chanteur, et même à eux, il sera une belle déception. Je ne vais pas dire que c'est nul, mais Nino a fait mieux, et je ne vois pas trop l'intérêt d'un tel album (comme pour La Carmencita de 1981). Si on excepte le live sorti deux ans plus tard, mieux vaut donc faire comme si La Désabusion était le dernier album de Ferrer...
Concert Chez Harry (1995) : Excellent live proposant quelques unes des meilleures chansons de Nino (L'Arbre Noir ! L'Angleterre ! Le Sud ! Mirza !) ainsi que plusieurs extraits de La Désabusion, et non des moindres, car il s'agit de Blues En Fin De Monde, La Danse De La Pluie, Trapèze Volant... et d'autres. Deuxième live de Nino Ferrer après Rats And Roll's, mais premier sorti chez nous (je ne rappellerai pas l'histoire de la sortie de Rats And Roll's, voir plus haut), Concert Chez Harry, sous sa pochette signée Hugo Pratt (le dessinateur de Corto Maltese avait, en 1979, dans son album Corto Maltese En Sibérie, dessiné son ami Nino en capitaine de bateau !), est un très très bon album, Nino semble bien s'éclater. De quoi achever en réussite une discographie essentiellement remarquable, ce n'est pas parce qu'il y à quelques (rares) mauvais albums que ça entache l'ensemble. Un live pour fans essentiellement, mais dans le genre, c'est très bien foutu.