Tout simple : voici ce qui, selon moi, est le meilleur de 2013 en musique, les meilleurs albums de l'année, tous genres et nationalités confondu(e)s. Aucun ordre, excepté pour les trois premiers, qui sont, selon moi, les trois meilleurs albums, dans l'ordre, de l'année.
Arcade Fire : Reflektor : Ce putain de groupe n'en cessera donc jamais de nous surprendre ? Un album tous les trois ans depuis leur premier (le quintessentiel Funeral en 2004), et ils s'améliorent d'album en album. Après un The Suburbs déjà anthologique (rarement un album aussi long - 16 titres, 65 minutes - n'aura semblé durer aussi peu de temps quand on l'écoute, tant il passe bien), le groupe se permet le luxe inoui de faire encore mieux avec un double album (seul petit bémol : tout tiendrait apparemment sur un seul CD, meme s'il faut préciser qu'un morceau caché en pregap - autrement dit, caché avant la première piste audio - se situe sur le CD 1 et en rallonge la contenance, meme si la durée ne s'en remarque pas au premier abord ; autrement dit, finalement, non, tout ne tiendrait pas sur un seul CD), un disque du nom de Reflektor, attendu comme Lionel Messi comme le Messie, et c'est un disque tout simplement anthologique, tellement puissant qu'au bout d'une dizaine d'écoutes, il reste des choses à découvrir. Morceaux de choix : Reflektor, We Exist, Afterlife, Normal Person, It's Never Over (Hey Orpheus) ou Here Comes The Night Time (et sa suite). Mais c'est, au final, 13 titres anthologiques, et quelle production (assez proche des années 80 pour les sonorités) !
David Bowie : The Next Day : Soyons clairs : qui s'attendait à un retour du grand Bowie en 2013 ? Ca faisait depuis 2003 et le très bon Reality que Bowie n'avait rien glandé (quasiment aucune apparition en public, aucune chanson sortie durant cette période, on a juste eu droit à un live de la tournée de Reality, et c'est marre), il y avait eu des rumeurs, fondées (sur des problèmes de santé, et effectivement, il en a eu) ou pas (non, il n'est pas mort, ah ah ah). Puis, en janvier 2013, shazaaaam, un single déboule, Where Are We Now ?, une chanson sublime qui traite des années berlinoises (1977/78) du bonhomme. Et l'annonce, directement après, de la sortie d'un nouvel album, The Next Day, en mars. Le 11, il me semble. L'album sort sous une pochette que je trouvais stupide, mais j'ai depuis revu mon opinion, pochette qui reprend, en la trafiquant avec un bon gros carton blanc dessus, celle de l'album "Heroes" de 1977 (on distingue encore les titres des chansons de l'album de 1977 au dos de pochette !). 14 chansons, dont au moins 10 sont démentielles, mention spéciale à la chanson-titre, à The Stars (Are Out Tonight), Heat, Where Are We Now et Love Is Lost. Le moins que l'on puisse dire, c'est : David Bowie ize baque, et ça fait du bien, tudieu ! Un des albums inespérés de ce début de XXème siècle.
Jacco Gardner : Cabinet Of Curiosities : Sorte de version batave (il est, en effet, néerlandais) et récente de Syd Barrett ou Nick Drake, Jacco Gardner signe ici son premier album studio après une poignée de singles. Un album sorti assez discrètement (j'en ai chié pour le trouver : il est sorti en février, si pas en janvier, mais je ne l'ai chopé qu'en mars, acheté le meme jour que l'album de Beau oui comme Bowie). Que dire ? Dans ma chronique en début d'année, je précisais (mais pas forcément avec ces mots) que ce disque était une pure merveille, un album essentiel, et qu'il risquait fort de rester longtemps dans les meilleurs de l'année. On est en décembre, dans un mois et demi ou deux ça fera un an depuis sa sortie, et c'est toujours le cas. J'écoute toujours cet album avec un profond sentiment de spleen, de mélancolie, de plénitude aussi. La voix est juste parfaite, douce, aérienne, planante, planée, un peu absente, les chansons sont comme des comptines (l'une d'elles s'appelle Lullaby, justement), les mélodies sont parfaites, douces, calmes. Jacco joue de tous les instruments sauf de la batterie, il a enregistré le disque quasiment chez lui, tout l'ensemble sonne assez confortable. Les chansons sont sublimes, notamment Clear The Air, Chameleon ou The One-Eyed King. Essentiel.
Queens Of The Stone Age : ...Like Clockwork : Entre la sortie de l'album Era Vulgaris (en 2007) et de cet opus, Josh Homme, leader du groupe, participera à l'aventure de son supergroupe Them Crooked Vultures (avec Dave Grohl de Nirvana/Foo Fighters et John Paul Jones de Led Zeppelin) avec leur premier et à ce jour unique album, éponyme, en 2009. Rien des Queens Of The Stone Age pendant 6 ans, meme si le groupe profitera de cette période pour rééditer (car il était devenu difficile à trouver), avec bonus-tracks, leur premier opus éponyme. L'annonce du retour fut donc inespérée pour les fans, et ...Like Clockwork a fait parler de lui avant sa sortie : disque court avec pas mal d'invités (Alex Turner, Elton John...), avec des chansons inhabituellement calmes (la chanson-titre, essentiellement basée sur un piano doucereux et lancinant, de toute beauté, Josh y chante d'une voix plaintive, hantée, sublime). On a quand meme des chansons bien bourrines à la QOTSA, comme My God Is The Sun ou If I Had A Tail. Dans l'ensemble, cet album est une pure merveille qui renouvelle bien le répertoire du groupe. Un disque quasiment capable de passer à la radio (et je ne parle pas de Oui FM) et de plaire aux masses ! Pochette assez zarb', en revanche, et livret décevant (une feuille de papier, rien d'autre). Mais bon...
Etienne Daho : Les Chansons De L'Innocence Retrouvée : 2013 est l'année des retours inespérés. Celui d'Etienne Daho en est un, sans en etre un : il a été malade, et hospitalisé, on le sait, et ça a retardé la sortie de l'album, mais pas son enregistrement, l'album ayant été fait par un Daho en bon état physique (c'est après que ça s'est gaté). Sous sa pochette sexy (une rareté, chez Daho) et classieuse, Les Chansons De L'Innocence Retrouvée est selon moi le meilleur album français de l'année, rien de moins, et le meilleur de Daho depuis un certain Paris Ailleurs (1991), album qui reste son meilleur, ceci dit. Un pur régal de pop à la française, production impeccable (signée Daho et Jean-Louis Piérot), un Daho en forme, des chansons qui vont sans doute rester parmi ses plus réussies (Les Chansons De L'Innocence, L'Etrangère avec Debbie Harry et Nile Rodgers, La Peau Dure, Onze Mille Vierges)... Bref, cet album est un régal.
Nick Cave & The Bad Seeds : Push The Sky Away : Dès la première écoute, ce fut clair pour moi : ce nouvel opus de l'Australien fou et de ses Mauvaises Graines, enregistré en France - à Saint-Rémy De Provence -, allait devenir mon préféré de lui, devant Murder Ballads et le Junkyard de son ancien groupe The Birthday Party. Push The Sky Away, sous sa belle pochette (prise par un photographe français, autre raison d'appeler le disque l'album français de Cave) représentant Cave ouvrant un volet pour éclairer sa femme nue, est un régal, remarquablement apaisé quand on connait le style cavien. Oui, Cave, tout du long de ce disque assez court (44 minutes, 9 titres), est assez calme, apaisé. Les chansons sont sublimes, mention spéciale à We No Who U R qui m'a scotché dès la première écoute (cette mélodie...), à ce trio central Jubilee Street/Mermaids/We Real Cool, au long Higgs Boson Blues, à la chanson-titre... Mais tout est parfait ici, et les musiciens accompagnant Cave (dont Warren Ellis) assurent. A noter, c'est le premier album studio de Cave sans son complice Mick Harvey, et ce, depuis quasiment les débuts de la carrière musicale de Cave (ils étaient ensemble dans The Birthday Party)...
Paul McCartney : New : Au moment de la sortie de New, on a beaucoup dit que c'était le premier album de chansons inédites de McCartney depuis Memory Almost Full, de 2007, soit, en 6 ans (comme les QOTSA, d'ailleurs). C'est un peu vite oublier Electric Arguments de The Fireman (appellation sous laquelle se cache Macca quand il se la joue expérimental) en 2008 ! Sous son titre à la con ('Nouveau'... on imagine les unes des articles anglophones sur l'album : The New Paul McCartney album, ce genre...) et sa pochette qui n'en est pas moins conne (des néons formant les trois lettres du mot, en stylisé) se cache un disque vraiment remarquable, rempli de chansons mémorables : Queenie Eyes, Save Us (on dirait du Wings de la grande époque !), Appreciate, Road, Alligator, New (très Beatles !), I Can Bet, On My Way To Work... Production en partie (ça dépend des morceaux) signée du fiston de George Martin, Giles. Au total, 12 chansons, plus deux rajouts en bonus sur la version collector (dont le fond de pochette est celui ci-contre ; le fond coloré de la pochette de l'édition simple est plus foncé et bleuté), et un album très bien produit, très pop, très rock, enlevé, mouvementé, qui prouve que Macca, non seulement vieillit bien, mais se permet meme de rajeunir quelque peu !
Endless Boogie : Long Island : Des malades. Ce disque dure 79 minutes et des secondes (il dure quasiment le maximum de capacité d'un CD commercialisé !), pour seulement 8 titres, dont pas mal atteignent ou dépassent gentiment les 9 minutes (14 pour le plus long, et il n'est pas le plus long de beaucoup). Un rythme monolithique tout du long, des mélodies qui ne semblent pas se renouveler (le groupe s'appelle Boogie Sans Fin, on pige pourquoi), un chanteur assez limité vocalement parlant, des paroles (quand il y en à) qui ne sont pas à retenir parmi les plus belles de l'histoire du rock... On rajoute à ça une pochette certes belle (enfin, je trouve) mais space, et si on précise aussi que les albums du groupe sont encore plus difficiles à trouver qu'une merde de chien dans une bouteille d'eau gazeuse (ça va, l'image ?), on se dit ce groupe a tout pour ne pas se faire connaitre. Rock'n'Folk l'a intronisé disque du mois...plusieurs mois après sa sortie (si, si), bonjour l'actualité ! Long Island, mis à part ça, est une tuerie. Certes, ce n'est qu'après plusieurs écoutes patientes que des morceaux comme Imprecations, The Montgomery Manuscript ou Occult Banker (notamment) se savourent, et il n'est pas impossible de ne pas arriver, finalement, à dissocier les morceaux et à ne voir l'album que comme un gros bloc de 79 minutes, mais ce disque est vraiment terrassant, quand on est dans le bon mood, et qu'on a la patience avec soi. Au bout de 15 écoutes, si le déclic ne se fait toujours pas, jetez ce disque dans le cours d'eau non pollué le plus proche et faites-vous une cure de Keen'V. Il a lui aussi sorti un disque cette année, mais si vous espérez le voir dans cette liste, vous pouvez tout de suite allez consulter un psy avant de passer au disque suivant, qui est :
Foxygen : We Are The 21st Century Ambassadors Of Peace And Magic : Sous sa pochette très psychédélique/mystique à la 13th Floor Elevators, se cache le premier album long-format (après un EP sympa) des Américains de Foxygen. 9 titres, 36 minutes, c'est rapide, ça va vite, très vite, et c'est assez incroyable à la première écoute. Sans doute un peu moins au fil du temps, mais ce mélange entre pop et rock psychédélique, avec un chanteur à la voix assez juvénile (normale, ce sont des jeunots, les Foxygen ! Ils sont au nombre de deux), passe vraiment bien la rampe plusieurs mois après. Des chansons juste réussies, comme No Destruction, On Blue Mountain, la chanson-titre (et possédant donc un titre à rallonge !) ou Oh N°2. Ce n'est sans doute pas le sommet de l'année ni du siècle (clairement pas du siècle, d'ailleurs ! Et ceci, sans critiquer l'album), mais We Are The 21st Century Ambassadors Of Peace And Magic, premier opus de Foxygen, est un beau coup d'essai, et il donne furieusement envie d'avoir entre les mains un nouvel album de leur part (qui n'est pas prévu pour le moment, laissons-leur le temps).
Motorhead : Aftershock : La bande à Lemmy Kilmister, le barbare absolu du hard-rock, bassiste/chanteur au look de Hun et à la voix gravillonnesque, est de retour ! Après une série d'albums franchement insipides, Motorhead est de retour avec un disque généreux (14 titres...mais 47 minutes !) et riche en chansons tout simplement démentes : Paralysed, Coup De Grace, Heartbreaker, Going To Mexico... Aftershock ne révolutionnera pas le metal, tout comme le dernier Black Sabbath (que vous retrouverez un peu plus bas si vous etes sages), et les anti-Motorhead riront sans doute en disant que rien ne distingue, si ce n'est les titres des chansons et la pochette (par ailleus très réussie), cet album des autres. C'est en effet du bourrin pur beurre, rien de nouveau sous le soleil, mais on écoute un disque de ce groupe (ou d'AC/DC, ou de Black Sabbath...) parce que ça fait kiffer et headganguer grave, pas pour la beauté de ses paroles ou la majestuosité de ses ambiances progressives. Bref, ce disque est avant tout fait pour les fans, qui seront rassurés : Lemmy, s'il est un peu fatigué ces temps-ci apparemment (le contrecoup de ses excès se fait-il ressentir, avec du retard ? Si c'est le cas, qu'il n'en paie pas les intérets...), prouve qu'il peut encore assurer. Le meilleur du groupe depuis pas mal d'années. Depuis 1916, voire meme depuis avant.
Miles Kane : Don't Forget Who You Are : Ancien des Rascals (notamment), co-fondateur, avec Alex Turner des Arctic Monkeys, de The Last Shadow Puppets, Miles Kane, avec sa bonne bouille d'Anglais pur pot de Marmite, a lancé sa carrière solo en 2011. Un Colour Of The Trap impeccable en guise de premier album. Des chansons pop/rock, bien produites, super bien léchées, un régal absolu. On attendait avec impatience la suite, qui viendra en 2013, et surprendra les fans du premier album : ce Don't Forget Who You Are, très court (32 minutes et 11 titres ; l'édition collector offre 3 titres en plus et dure une quarantaine de minutes, et n'est pas moins bonne), est un déluge de pur rock bien vibrant, bien moins pop (malgré une ou deux orfèvreries comme Darkness In Our Hearts). En fait, il est tellement rentre-dedans (par rapport au précédent opus) qu'il en a déçu quelques uns, l'air de dire Miles s'est perdu en route. Bah non. L'album est toujours aussi génial après plusieurs mois (il est sorti en février, si je ne m'abuse), et offre des chansons bien réussies, comme Give Up, Tonight, Taking Over, Better Than That, Darkness In Our Hearts ou la chanson-titre. Et les trois rajouts de l'édition collector (notamment Caught In The Act) sont géniales aussi. Bref, un grand disque de pur rock. Le titre et la pochette sont en allusion aux origines modestes de Miles Kane et à la profession de ses parents (le commerce en arrière-plan). N'oubliez jamais d'où vous venez, les mecs...
Gaetan Roussel : Orpailleur : Le premier opus de l'ex-leader/chanteur/guitariste de Louise Attaque et de Tarmac, Ginger, avait obtenu la Victoire de la Musique du meilleur album rock (en 2011 ? L'album date, je crois, de 2010). C'était un excellent album de pop/rock, parfois teinté de dance (DYWD, par exemple), des mélodies accrocheuses, douces ou enlevées, et deux-trois tubes en prime. Je ne sais pas si Orpailleur (chouette titre !), le deuxième album de Gaetan Roussel, obtiendra la meme récompense, mais en tout cas, c'est une réussite dans le genre, en plus recherché, expérimental que Ginger. Tout aussi court (11 titres, 37 minutes) que le précédent opus, Orpailleur fait la part belle aux mélodies complexes, et se pose là comme étant l'équivalent rousselien (et en moins sombre et torturé, tout de meme !) du Play Blessures de Bashung, album que, justement, Roussel a récemment repris en entier durant quelques dates, en live. Bashung avec qui Roussel a collaboré pour Bleu Pétrole en 2008, lui ayant offert une grande partie des chansons de l'album (et jouant dessus). Pour en revenir à ce nouvel album, il offre de grandes chansons comme La Barbarie (qui parle de barbarie d'une manière poétique, et sans jamais prononcer le mot), Orpailleur, Cha Cha Cha ou Eolienne. Un excellent opus qui n'a pas obtenu autant de succès commercial que Ginger, mais c'était un peu à prévoir.
Bernard Lavilliers : Baron Samedi : Nanard de Saint-Etienne de retour ! Lui qui avait obtenu la suprème consécration aux Victoires de la Musique il y à deux ans (meilleur album pour Causes Perdues Et Musique Tropicale, album effectivement sensationnel) est de retour avec Baron Samedi, un disque qui marque quelque part le retour au sources 'chanson française'. Quasiment pas de mélodies world ou latino ici, l'ensemble de ce disque court (une quarantaine de minutes, plus un second disque constitué d'un unique morceau de 27 minutes, une adaptation d'un texte de Blaise Cendrars du nom de Prose Du Transsibérien Et De La Petite Jehanne De France ; une édition collector FNAC propose un titre bonus sur le premier CD, La Complainte De Mackie, reprise de l'adaptation, par Boris Vian, de Mack The Knife, de L'Opéra De Quat' Sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill), l'ensemble de ce disque court, donc, est très 'chanson'. De pures merveilles, comme Scorpion, Baron Samedi, Villa Noailles, et le plus remuant et dansant Y'A Pas Qu'A New York. A noter qu'une bonne partie de l'album a été produit par Romain Humeau (d'Eiffel), qui joue sur cette bonne partie de l'album. Ce nouvel opus de Lavilliers est clairement son meilleur depuis 1988 et If..., et un de ses plus grands. Et si vous pensez qu'entre 1988 et 2013, il n'a rien fait de bon, croyez-moi, c'est tout le contraire, certains des albums de cette période (Samedi Soir A Beyrouth, Clair-Obscur...) sont sublimes !
Black Sabbath : 13 : Le retour du line-up originel (exception faite du batteur Bill Ward, qui a refusé de participer au bouzin, et c'est le batteur de Rage Against The Machine, Brad Wilk, qui assure, dans tous les sens du terme, les tambours et cymbales ici) avec un disque qui n'est pas leur treizième, ni le treizième de ce line-up, mais qui s'appelle ainsi parce qu'à votre avis, en quelle année est-il sorti, hein ? 13 est une tuerie. 8 chansons (l'édition collector 2 CD en comporte 11 : il y en à donc 3 sur le second CD, et ces trois bonus-tracks sont excellents) qui rappellent fortement les grands moments de l'Age d'Or de la première période de Black Sabbath (l'intro de End Of The Beginning est comme celle de Black Sabbath, le riff de Loner ressemble à celui de NIB, Zeitgeist est une douceur à la Planet Caravan...), au point que des médisants pourraient fort bien accuser le groupe d'autoplagiarisme, quelque part. Mais si c'est autoréférencé, 13 n'en demeure pas moins un petit miracle. Ozzy assure à fond au chant (sa voix n'a pas changé d'un iota !), Geezer Butler assure à fond à la basse, Tony Iommi, rescapé d'un cancer (en rémission, en tout cas, et il remercie les médicaments et médecins dans les crédits), assure à fond à la guitare, c'est un miracle qu'il soit encore là, car il était mal, très mal. L'album est une des plus grosses claques-dans-la-gueule de 2013, tous genres musicaux confondus. Génial.
Alice In Chains : The Devil Put Dinosaurs Here : Layne Staley, chanteur d'Alice In Chains, meurt en 2002, d'overdose. Le dernier opus studio d'AIC avec lui datait de 1995 (un album éponyme), une pure tuerie grunge (ça reste selon moi le meilleur album de ce mouvement musical typiquement américain). Un an plus tard sort un live acoustique de toute beauté, puis un live électrique moins inspiré (la meme chose est arrivé à Nirvana, d'ailleurs...). Staley mort, on admet qu'AIC est mort avec lui. Mais les autres membres du groupe, et notamment le principal auteur/compositeur (et chanteur occasionnel à l'époque) Jerry Cantrell (guitariste), ne sont pas d'accord. En 2009, après l'arrivée d'un nouveau venu (William DuVall), ils sortent Black Gives Way To Blue, album franchement réussi. Et cette année, son successeur, The Devil Put Dinosaurs Here. Pochette blanche dans un boitier rouge (c'est sympa et ludique : on distingue mieux les paroles du livret quand on les lit à travers le boitier, par un jeu de couleurs, et on distingue mieux certaines des illustrations, par le meme procédé), et chansons rouges dans un boitier rouge. Hollow, Voices, Scalpel, Hung On A Hook, Phantom Limb, et ma préférée, Choke, sont autant de chansons terribles ; parfois moins violentes que de coutume, mais férocement grunge et dépressives tout de meme. Je ne sais pas si je préfère ce disque au précédent, mais les deux se complètent totalement.
Daft Punk : Random Access Memory : Qu'est-ce qu'on en a bouffé, du Get Lucky, cet été ! La guitare cocotte fuzzy de Nile Rodgers de Chic, le chant de Pharrell Williams, les deux zigotos casqués entre eux, sur fond noir, dans le clip... Daft Punk, alias Guy-Manuel de Homem-Christo et Thomas Bangalter, ont encore fait parler d'eux : les Français ayant le plus vendu dans le monde entier cette année. Croyez que ça me fait un peu chier de reconnaitre qu'en dépit d'évidents défauts (une durée épouvantable, quasiment la totalité de la contenance d'un CD, et des morceaux en trop, ou trop longs ; plus le fait qu'on parle de Daft Punk, les mecs) Random Access Memory, ce nouvel opus des DF, est réussi. Avec notamment un Giorgio By Moroder (avec Giorgio Moroder) ou Instant Crush (avec Julian Casablancas des Strokes), vraiment excellents. Plus Get Lucky, vraiment bonne chanson, bien que trop entendue. Probablement l'album que j'aime le moins dans la liste, il ne s'y trouve donc qu'in extremis, mais ne pas le mettre dedans aurait été sans doute assez polémique aussi, alors je l'y ai foutu.
Depeche Mode : Delta Machine : Je n'ai jamais été un grand fan de Depeche Mode, meme si des albums comme Black Celebration, Music For The Masses (surtout), Violator, Songs Of Faith And Devotion et Ultra (albums qui se suivent dans la discographie studio du groupe), plus leur double live 101, me plaisent énormément. Delta Machine est dans la veine des précédents opus du groupe, à savoir Playing The Angel et Sounds Of The Universe. Autrement dit, de la très bonne pop électronique, parfois très sombre (Broken, Angel), avec de grands moments au programme, comme ce sensationnel Goodbye qui achève bien (vu son titre) l'album. Ce n'est ni le sommet du groupe, ni le sommet de l'année, ni un des sommets du genre électropop, mais, franchement, Delta Machine est un excellent cru de la bande à Gore et Gahan, un disque dans la très très haute moyenne. Sans aucun doute ne le mettrais-je pas dans un Top 10 de 2013, mais je pense qu'il a tout à fait sa place dans la liste quand meme ! Il est selon moi meilleur (mais dans un autre genre, aussi) que celui qui, dans cette liste, le précède directement.
Quelle bonne année 2013. La meilleure depuis au moins 1998 !!!