Oui, oui, je sais ce que vous allez me dire : Marilyn Manson c'est de la merde, ce personnage est ridicule et grotesque, sorte de faux sataniste musical qui a tout piqué à ses glorieux aînés (Alice Cooper, Kiss, Bowie, mais aussi Arthur Brown avant eux, notamment), le look, le côté trash et provocateur, bla bla bla...et musicalement, rien de neuf sous le soleil, c'est du metal brutal, un peu glam, assez tordu, tout juste bon à faire tressauter les têtes des p'tits cons d'ados (qui, sans aucun doute, en 2021, sont passés depuis longtemps à autre chose, en fait).
Oui.
Oui, oui.
Oui, oui, oui, mais...
Mais voilà, quoi. J'ai beau penser bien du mal de Brian Warner (son vrai nom) et de sa musique, j'ai beau trouver le mec ridicule avec son maquillage outrancier et ses textes faussement trash, il n'empêche qu'en 1998, le zozio il a sorti un album que j'adore mais alors bien comme il faut : Mechanical Animals. C'est à dire cet album-ci. Ce Mechanical Animals est, officiellement, le maillon central d'une trilogie d'albums que le connard a sortis entre 1996 et 2000. Donc, 1998, c'est effectivement en plein dedans. Cette trilogie relate la naissance, l'ascension et la chute finale de l'antéchrist reconverti en star du rock. Oui, on parle de Marilyn Manson, donc on se doute bien que ça n'allait pas parler d'autre chose. Et comme le satanisme, c'est le christianisme inversé, l'antichristianisme autrement dit, hé bien cette trilogie est à l'envers. Mais le maillon central est bien à sa place, lui, vu qu'il est au milieu, gag. C'est ainsi qu'Antichrist Superstar (1996) relate la chute, et que Holy Wood (2000) relate la naissance.
Mechanical Animals, lui, relate l'ascension au rang de star de l'Antéchrist, en gros. Efin, je vous avouerai que ce concept de trilogie inversée, bla bla bla, je m'en fous comme de mon premier plat de coquillettes au beurre. Mais musicalement, attention, c'est autre chose. Si vous pensez que cet album est aussi abrutissant, violent, brutal que les deux autres que j'ai cités, ou que Portrait Of An American Family, vous vous trompez. OK, Mechanical Animals, 62 minutes au compteur (pour 14 titres), est du heavy metal. Oui, on évitera d'écouter ce disque le soir en famille avant de faire coucher les chiards, et ce, même si les paroles en anglais leur passeront au-dessus de la calebasse. Mais ce n'est pas du brutal. En fait, ce disque, assez électrorock parfois, est presque du glam-rock. En fait, merde, c'est du glam-rock ! C'est l'album glam de Manson, c'est son disque mainstream, commercial, accessible. Sous une pochette assez provoc', encore une fois, le Mansoninet nu sous une couche de laque, le corps transformé de manière à être parfaitement asexué. Le disque est vendu sous un fourreau de carton, et le boîtier CD est classique, mais teint en bleu. Le livret contient les paroles, imprimées en deux sens (selon que l'on retourne le livret, on peut changer le visuel, le second visuel est juste au-dessus), et on a des mentions diverses et variées imprimées en jaune sur fond blanc, illisibles...sauf si on passe le plastique du boîtier bleu, car, comme il est indiqué quelque part sur le boîtier ou livret, bleu + jaune = vert. C'est ludique. Alice In Chains ne fera pas autre chose avec leur The Devil Puts Dinosaurs Here en 2013, mais avec des teintes rouges (boîtier) et vertes (livret).
Bon, sinon, ce disque, c'est en partie une sorte de ...Ziggy Stardust... mansonien, qui prend le rôle de son alter ego, Omega, une star du rock provocatrice dont le groupe s'appelle les Mechanical Animals. Les chansons parlent souvent du monde du show-biz, avec tout ce que ça implique de plaisirs superficiels (came, drogue, dope, défonce, stupéfiants, par exemple) : The Dope Show, I Dont Like The Drugs (But The Drugs Like Me)... L'album s'ouvre sur un Great Big White World infernal et monumental qui paie sans doute son tribut à Bowie, le passage du refrain I wish you were queen just for today me faisant fortement penser à une ligne des paroles de "Heroes". Le morceau-titre, The Speed Of Pain, New Model N°15, le déchirant Disassociative, et le doublé final The Last Day On Earth/Coma White font de ce disque un album que je passe souvent. Fundamentally Loathsome ("fondamentalement répugnant"), avec ses paroles assez directes ("Je ne t'aime pas, mais je vais te baiser jusqu'à ce qu'un type mieux que moi ne prenne ma place"), Rock Is Dead, I Want To Disappear... Autant de morceaux qui font de ce disque un des meilleurs de 1998, le meilleur de Manson (de LOIN, très LOIN), un très grand disque de hard-glam. Epicétou.
Great Big White World
The Dope Show
Mechanical Animals
Rock Is Dead
Disassociative
The Speed Of Pain
Posthuman
I Want To Disappear
I Don't Like The Drugs (But The Drugs Like Me)
New Model N°15
User Friendly
Fundamentally Loathsome
The Last Day On Earth
Coma White