Aaah, les Red Hot Chili Peppers...Avouez, hein, avouez ! que le fait que pas mal de leurs albums n'avaient toujours pas été abordés sur Rock Fever vous paraissait abominablement triste ! Je vais rattraper le retard, et dès aujourd'hui, en abordant leur deuxième album (pas la force morale de commencer par leur épouvantablement raté premier opus éponyme, mais je l'aborderai cependant, je l'espère, avant mes vacances qui démarrent le 3 août), un disque sorti en 1985 et portant le nom de Freaky Styley (un nom bien dans le genre RHCPien, mais qui est aussi et surtout une expression argotique américaine existant déjà avant l'album des Red Hot Chili Peppers, et signifiant, à un poil de derche près, putain, la classe. Enfin, je crois. Ce deuxième opus des Red Hots date donc de 1985. Là où le groupe, dès 1991 et Blood Sugar Sex Magik, usera et surtout abusera du format CD en remplissant ses albums (entre 56 et 74 minutes pour les durées des albums de 1991/2011, sans compter les deux heures de Stadium Arcadium, double album de 2006), Freaky Styley, tout comme l'ensemble des premiers opus (jusqu'à 1989 inclus), est remarquablement court : 40 minutes ici, pour, cependant, 14 titres. On imagine donc que les morceaux n'ont pas la durée d'envolées progressives ou psychédéliques ! C'est d'ailleurs un fait, pas mal des titres sont ici très courts, la face B du vinyle comprenait 9 titres sur les 14 (trois titres font moins de 2 minutes, deux autres font respectivement 37 et 13 secondes... le morceau le plus long de tout l'album dure 5 minutes, mais c'est le plus long d'au moins une minute par rapport au deuxième plus long titre !).
Sous sa pochette montrant plusieurs vues photographiques des Red Hots de l'époque, enchevêtrés dans des poses très yo', man, l'album est produit par un doux-dingue, George Clinton. Les fans de funk connaissent bien ce mec, grand amateur de sexe et de crack (et d'humour très salace et frappé), leader de Parliament et Funkadelic, deux immenses groupes de funk teinté de rock psychédélique. Une sorte de Frank Zappa de couleur, qui a réussi ici une production haute en couleurs, justement. Le groupe, quant à lui, est à l'époque constitué d'Anthony Kiedis (chant), Michael 'Flea' Balzary (basse), Cliff Martinez (batterie) et Hillel Slovak (guitare). Ce dernier, on le sait, décèdera d'overdose en 1988, l'album Mother's Milk, le premier avec son remplaçant John Frusciante, en 1989, lui sera dédié. Jack Irons, qui sera batteur du groupe sur l'album suivant, ne participe pas à l'album, mais est cocrédité sur deux titres, pour l'écriture : Sex Rap et Nevermind. L'album ne sera pas un grand succès à sa sortie, et c'est peu dire que les Red Hots, en 1985, n'étaient pas considérés comme un grand groupe. Ils exploseront à la face du monde en 1991, mais en attendant, c'est un 'petit' groupe de frappadingues mélangeant rock, pop, funk, hip-hop et délires. Ici, on notera quelques chansons purement géniales, Jungleman, la reprise du Hollywood (Africa) des Meters, celle du If You Want Me To Stay de Sly & The Family Stone, Freaky Styley, les courts (moins de 2 minutes) et amusants Catholic School Girls Rule et Battleship... En revanche, Thirty Dirty Birds (qui ne dure que 13 secondes !) ne sert à rien, idem pour Lovin' And Touchin' qui en dure 37 (secondes) et le morceau final, Yertle The Turtle (3,40 minutes). Marrant, le groupe ne reprend rien de Parliament et Funkadelic, sans doute n'ont-ils pas osé alors que le patron de ces deux groupes cultes produisait leur opus... En même temps, et même si cet album est vraiment bon (j'insiste), je n'ose imaginer une reprise à la sauce RHCP de Maggot Brain, One Nation Under A Groove, Wars Of Armageddon ou Free Your Ass And Your Mind Will Follow (morceaux de Funkadelic) !
Dans l'ensemble, Freaky Styley est un disque amusant de funk-rock, c'est probablement le disque le plus funky (au sens traditionnel du terme) du groupe. Kiedis n'a pas encore vraiment sa voix un peu zozotante (du moins, j'ai toujours trouvé que c'était le cas, mais sans doute sont-ce mes oreilles), Flea est déjà un grand bassiste (j'insiste, là aussi : ce mec, qui doit son surnom de 'puce' au fait qu'il ne cesse de sautiller sur scène et n'est pas très grand, est vraiment un bassiste exceptionnel, un des meilleurs qui soient ; un peu trop technique et démonstratif parfois, mais quelle maîtrise !), la batterie de Martinez est pas mal, et la guitare d'Hillel Slovak assure, ce mec a su porter les Red Hots au début de leur carrière et ils (et surtout Flea, je crois) se remettront difficilement de la mort de Slovak. Même si ça entraînera l'arrivée de Frusciante, et, par la suite, le début du succès. Pour finir, ce deuxième album des Red Hot Chili Peppers est vraiment un disque à écouter, pas un sommet comme l'est One Hot Minute (1995, unique album avec le guitariste Dave Navarro, limite un disque de hard-rock), mais clairement un de leurs meilleurs. Et c'est un non-fan qui le dit ! Deux ans plus tard, le groupe sortira The Uplifting Mofo Party Plan, qui n'arrivera pas à être aussi bon (mais n'est pas à chier), puis Slovak décèdera, et une page se tournera pour les Piments Rouges... Freaky Styley, en partie pour sa production et en partie pour ses morceaux, mérite vraiment le détour, profitez-en, le disque n'est généralement pas vendu très cher, surtout en ce moment (soldes) ! A noter que le CD propose des bonus-tracks plutôt sympas dans l'ensemble.
FACE A
Jungleman
Hollywood (Africa)
American Ghost Dance
If You Want Me To Stay
Nevermind
FACE B
Freaky Styley
Blackeyed Blonde
The Brothers Cup
Battleship
Lovin' And Touchin'
Catholic School Girls Rule
Sex Rap
Thirty Dirty Birds
Yertle The Turtle
George Clinton est un génie, non seulement avec Parliament et Funkadelic, mais aussi tout seul ("Computer Games", 1982). Ce type était un modèle pour Prince, a quasiment inventé le hiphop et l'électrofunk (avec "Computer World" de Kraftwerk aussi), et c'est une grosse influence pour les jeunes blacks et blancs qui ont fait plus tard la house de Chicago, la techno de Detroit... Influence majeure de beaucoup des genres musicaux qu'on a entendu entre la fin des seventies-début des eighties jusqu'à aujourd'hui.