Pour ce nouveau track-by-track, je vous propose de disséquer le cinquième album de Pearl Jam, donc Yield, sorti en 1998. Ne vous attendez pas une chronique particulièrement élogieuse, loin de là. En effet, avec Backspacer, dernier album en date de la bande à Eddie Vedder, Yield est probablement le plus mauvais disque du groupe de Seattle.
En plus, pas de bol, Yield fait suite à l'excellent No Code, un disque qui a provoqué la polémique parmi les fans de Pearl Jam. Avec Yield, le groupe sort un album de rock classique, assez éloigné de leurs disques précédents, avec une tonalité très pop rock.
Brain Of J. est évidemment le premier titre de Yield. C'est un morceau plutôt court, à peine 3 minutes. C'est du gros rock, porté par la voix criarde d'Eddie Vedder. A la première écoute, Brain of J. est plutôt efficace et annonce un album (à priori) rageur.
Pourtant, au fil des écoutes, l'évidence se fait rapidement. Brain of J. est un titre particulièrement agaçant. Cette entrée en la matière n'est guère convaincante. Néanmoins, comparé aux deux morceaux suivants, Brain of J. fait presque figure de chef d'oeuvre !
Faithfull: là, ça se complique sérieusement. Avec Faithfull, Pearl Jam explore un terrain plus pop rock qu'à l'accoutumée. L'introduction est franchement pourrie. La suite du morceau n'est guère supérieure. Cette fois-ci, les choses sont claires.
Pearl Jam signe probablement son plus mauvais disque. Un premier morceau très moyen, tout du moins, assez bancal, et un second franchement très médiocre. Ca commence très mal pour Yield.
No Way: même chose que pour Faithfull. A la rigueur, No Way est un tantinet plus nerveux. Là aussi, Pearl Jam explore des contrées plus pop rock. Parfois, on se croirait devant un morceau composé par le groupe R.E.M. Hélas, la comparaison s'arrête bien là.
Profondément ennuyeux, No Way reflète assez bien cette cinquième livraison de Pearl Jam, à savoir un album inspide et peu inspiré.
Given to fly est le premier single tiré de Yield. C'est un single plutôt efficace. D'ailleurs, le groupe joue régulièrement ce titre lors de ses concerts. Là aussi, on trouve cette influence pop rock, quasi omniprésente (hélas...) sur ce disque.
Bien que supérieur aux trois premiers morceaux (pas trop difficile en même temps...), force est de constater que Given to Fly lasse assez rapidement au bout de plusieurs écoutes. Toutefois, je reconnais que le refrain est assez efficace. Rien de génial nonobstant.
Wishlist est probablement l'un des plus mauvais titres de Yield. Etonnant de retrouver régulièrement ce morceau ultra répétitif sur les différents live de Pearl Jam. Wishlist est un titre profondément ennuyeux, qui commence et se termine de la même façon.
Ce titre est vraiment pompeux, rébarbatif et particulièrement monotone. Même les paroles sont stupides: "I wish I was a neutro bomb... I Wish I was a sacrifice"
Pilate: l'un des rares moments de grâce de l'album. En effet, Pilate est probablement le ou l'un des meilleurs titres de Yield. Pour une fois, Pearl Jam réussit à marier habilement rock classique et pop rock. Le refrain est également réussi. Après cinq titres peu glorieux, Pearl Jam redresse un peu la tête, pas pour longtemps...
Do the evolution: sur la forme, Do the Evolution ressemble beaucoup à Brain of J., le premier morceau du disque. Par là, comprenez que Do the Evolution est un titre nerveux, à la limite punk, et qui ravage tout sur son passage. Pourtant, au même titre que Brain of J., Do the evolution se révèle rapidement agaçant au bout de plusieurs écoutes.
En plus, le morceau dure beaucoup trop longtemps, soit presque 4 minutes (franchement, ce titre aurait dû être écourté de deux bonnes minutes) et se distingue par la voix criarde et braillarde d'Eddie Vedder, particulièrement agaçante sur ce titre.
(Red Dot): Ce "Red Dot" n'est pas vraiment un morceau à proprement parler. En vérité, il s'agit d'une sorte d'interlude musical, qui se distingue surtout par une sorte de grand "n'importe nawak". Visiblement, il s'agit d'une sorte de délire entre Eddie Vedder et les autres musiciens du groupe, en mode "nous sommes totalement dingues".
Il s'agit donc d'un interlude très particulier et surtout très médiocre, qui ne sert strictement à rien, faisant office de remplissage. Ce délire est totalement incompréhensible.
MFC: avec Pilate, MFC fait partie des rares bons moments de l'album. En l'occurrence, ce neuvième titre est court, soit à peine deux minutes et trente secondes (2.27 minutes pour être exact). C'est un morceau efficace, rapide et assez classique en fin de compte.
Après, rien d'extraordinaire non plus. Mais au même titre que Pilate, MFC apparaît presque comme un chef d'oeuvre comparé aux nombreuses inepties présentes sur ce disque.
Low Light: Pearl Jam continue sur sa lancée pop rock avec cette balade encore une fois pompeuse, rébarbative et franchement navrante. Arrivé à ce dixième morceau, le fan que je suis a vraiment envie de balancer le disque. Hélas, le supplice n'est pas terminé puisqu'il reste encore trois morceaux à écouter.
In Hiding: Pearl Jam se situe encore et toujours dans une tonalité pop rock. Pour une fois, le groupe réussit son passage avec une mention "bien"... Allez, pour faire plaisir, on va même dire "très bien". Vous l'avez donc compris: In Hiding fait partie de ces rares instants de grâce sur Yield. Du tout bon, donc ! C'est suffisamment rare pour mériter d'être souligné !
Push Me, Pull Me: J'ai envie de dire "Pffffffffffffffff !!!!!!!!!!!". Encore une fois, quel titre lourdingue et raté ! En l'occurrence, difficile de dire à quoi correspond Push Me, Pull Me, qui ne ressemble à vrai dire à rien. Ce n'est pas vraiment un morceau pop rock ni un morceau rock dans le sens classique du terme. L'introduction est assez étrange. Il n'y a pas vraiment de refrain non plus.
Bref, j'avoue ne pas trop savoir quoi dire sur cet avant dernier morceau, encore une fois très médiocre. On a juste envie de se dire: "Pourvu que le disque se termine !".
All those yesterdays clôt enfin les hostilités. Il était temps. A la rigueur, dans ce désastre artistique et musical, All those Yesterdays est loin d'être le plus mauvais morceau de Yield. Attention, c'est loin d'être une réussite pour autant, mais au moins, cette ultime "galette" a le mérite de ne pas être trop agaçante. C'est une balade parfois un peu pompeuse et assez quelconque, mais qui s'écoute sans déplaisir, à condition de ne pas se l'enfiler plusieurs fois de suite. Faut pas exagérer non plus ! En trois mots: un titre moyen.
Que retenir alors de Yield ? Au final, on relève trois bons morceaux (Pilate, In Hiding et MFC), quelques titres moyens (Brain Of J., Given to fly et All Those Yesterdays) mais surtout d'innombrables purges (Wishlist, Faithfull, Push Me Pull Me et j'en passe...).
Avec Yield, Pearl Jam abandonne quasiment son style grunge/hard rock pour céder (d'où le titre du disque) à la tendance pop rock. Clairement, ce genre ne correspond pas du tout à Pearl Jam, peu à l'aise (c'est le cas de le dire) dans ce registre musical. En résulte une sombre bouse qui annonce plusieurs années de purgatoire pour le groupe de Seattle.
Finalement, l'album suivant, donc Binaural, sera à peine meilleur.
TRES mauvais album, sinon, je ne sauve que "Pilate", justement, et encore...