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 La mort de John Bonham, en 1980, a scellé le destin de Led Zeppelin : le groupe décide d'arrêter, ne pouvant se résigner à continuer sans son fidèle et incroyablement talentueux (le meilleur de l'histoire du rock ?) batteur. En dépit de quelques rares prestations scéniques telles celle (bien ratée) du Live Aid de 1985 ou celle du Rock'n'Roll Hall Of Fame (1995), Led Zeppelin ne se reformera officiellement qu'en 2007 le temps d'un concert immense à l'O2 Stadium de Londres, concert en hommage à leur ami Ahmet Ertegun, patron d'Atlantic Records (compagnie de disques qui les signa et hébergera leur propre label Swan Song), concert commercialisé depuis la fin de 2012 en CD et DVD (et Blu-Ray) : Celebration Day. Bon. Robert Plant, chanteur du groupe, n'a pas attendu longtemps après la fin de Led Zeppelin pour commencer une carrière solo : son premier album solo (paru sur Swan Song Records), Pictures At Eleven, date en effet de 1982, année de sortie de CODA (dernier album studio officiel du groupe, une compilation de chutes de studio qui, sincèrement, ne vaut pas grand chose). Pictures At Eleven est un disque assez moyen, pour ne pas dire pire, et Plant semble l'avoir quelque peu renié : lorsqu'il sortira, bien des années après, un box-set regroupant le meilleur de sa carrière solo, il ne proposera aucun titre de l'album dessus. Un an plus tard, il sort The Principle Of Moments, qui est du même tonneau du rock tendance hard-FM, bien produit pour son époque, mais ayant pris, c'est le cas de le dire, un bon gros coup dans l'aile 30 ans après. Daté. En 1984, Plant sort un disque avec un groupe du nom de The Honeydrippers, groupe constitué, excusez du peu, de Jeff Beck, Nile Rodgers et Jimmy Page notamment ; l'album est un EP de 18 minutes (The Honeydrippers Vol. 1) qui offre du rock teinté de rhythm'n'blues, pas de quoi faire sauter les braguettes vu les pointures qui jouent sur l'EP, mais sympa. En 1985, c'est le pompon, Shaken'n'Stirren est un naufrage intersidérant, de sa pochette à ses chansons, rien à sauver. Plant mettra quelques trois ans (allez, deux ans et demi, en fait) avant de ressortir un album, et ça sera en 1988 (album enregistré courant 1987), et ça sera Now And Zen, c'est à dire, cet album.

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Sous sa pochette montrant un Plant inexpressif (expression, en fait, vaguement hautaine) dans un décor montagneux et désertique, avec un porte-étendard non loin, Now And Zen (titre en jeu de mots sur 'now and then') est une sorte de miracle. C'est le premier album réellement bon (même s'il n'est pas parfait, mais je vais y revenir) de l'ex-Led Zeppelin. Par la suite, il offrira d'autres albums encore plus aboutis : Dreamland en 2002 (quasiment un album de reprises, avec une poignée d'inédits), Mighty ReArranger en 2005 (un sommet absolu), Band Of Joy en 2010, sans oublier Raising Sand fait, en 2007, avec la chanteuse country Allison Krauss, et le fameux No Quarter - Unledded fait en 1994 avec Jimmy Page (et, en 1998, Walking Into Clarksdale, autre album fait avec Page, moins grandiose, mais pas mal du tout). Certains citeront aussi les très bons Fate Of Nations de 1993 et Manic Nirvana (ce dernier, je l'aborde bientôt) de 1990. Pourquoi pas ? Toujours est-il que Now And Zen est vraiment, lui, le premier bon disque de Plant. 47 minutes (plus en CD, on a quelques bonus-tracks depuis 2006, date de la dernière réédition ; des versions live de certains titres de l'album) et 10 chansons dans l'ensemble remarquables. Même si je ne suis vraiment pas fan de Billy's Revenge, Tall Cool One et White, Clean And Neat, ces trois chansons, et surtout la première et la dernière citées, ne me plaisent pas. Manque de bol pour moi, les deux premières font partie des trois titres présents en live en bonus-track (le dernier bonus-track est une autre version live, de Ship Of Fools, chanson remarquable et une ballade sublime. Deux des morceaux de l'album, Dance On My Own et Why, sont très datés dans leur production, très dance, mais ce ne sont pas de mauvaises chansons, en particulier Why. Après, il est vrai que comparé à Heaven Knows, Helen Of Troy, Ship Of Fools ou Walking Towards Paradise, ça a moins bien vieilli.

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Entouré de musiciens très bons (et on notera la participation, sur Tall Cool One et Heaven Knows, de Jimmy Page !), Plant livre un album vraiment réussi, bien qu'un peu daté, il est de 1988 et ça s'entend quand même. Jouent sur ce disque : Phil Johnstone (claviers, production), Doug Boyle (guitare), Phil Scragg (basse), Chris Blackwell (batterie, aucun lien avec le fondateur d'Island Records qui s'appelle exactement pareil), David Barratt (claviers, programmations), et des choristes du nom de Toni Halliday et Kirsty MacColl. Ces noms ne vous diront sans doute rien, mais croyez-moi, ce sont de bons musiciens. Plant (qui en profite, de ci de là sur l'album, pour faire des allusions à Led Zeppelin : on entend des bribes éparses de morceaux du groupe, comme Custard Pie, The Ocean, Whole Lotta Love ou Black Dog) chante super bien, la production (à moitié de Plant, par ailleurs) est efficace bien que totalement dans son époque... Now And Zen est un excellent album de hard-FM, pas violent, du genre à bien passer à la radio (Ship Of Fools marchera d'ailleurs très bien ; cette chanson n'a, au fait, rien à voir avec les chansons de John Cale et des Doors, sauf de partager le même titre qu'elles), et si vous aimez Led Zeppelin et son chanteur, alors vous devriez vous laisser tenter.

FACE A

Heaven Knows

Dance On My Own

Tall Cool One

The Way I Feel

Helen Of Troy

FACE B

Billy's Revenge

Ship Of Fools

Why

White, Clean And Neat

Walking Towards Paradise