En 2000, Paul McCartney, veuf inconsolable depuis deux ans, retrouve l'amour en la personne de Heather Mills, 32 ans, un mannequin handicapé (en 1993, suite à un accident de circulation, elle dût se faire amputer d'une jambe et porte depuis une prothèse) et activiste pour les droits des animaux et la cause végétarienne/vegan. Vu que Linda et lui étaient tous deux (et lui l'est évidemment toujours) des fervents défenseurs de la cause animalière et des végétariens de longue date, ça ne pouvait que coller. En 2001, il se fiance officiellement avec Heather, et les deux tourtereaux se marieront en 2002. Leur enfant Beatrice naîtra en 2003. Le couple ne durera pas aussi longtemps que celui que Paul et Linda : en 2006, ils se séparent, et en 2008, divorcent. Raisons du divorce ? Mills supportait de plus en plus mal les intrusions de la presse dans leur vie (ah oui, épouser un ancien Beatles, forcément, entraîne quelques problèmes de ce genre), les relations avec les enfants de Macca, et surtout Stella, étaient merdiques, et surtout Mills se plaindra quasi-publiquement (des documents 'traîneront' sur Internet) du comportement de Paul, amateur de cannabis et d'alcool, il aurait essayé de l'agresser à plusieurs reprises... Bref. Tout ceci fera donc que le couple divorcera, et le divorce ne se passera vraiment pas bien, en 2008. A l'époque, Macca sort Memory Almost Full, dont une des chansons, House Of Wax, parle peut-être bien (ou pas) de cette situation catastrophique. Mais retour en 2001, année des fiancailles.
En cette année 2001, Macca va sortir son nouvel album (enregistré entre février et juin, à Los Angeles, sorti le 12 novembre), et son premier de chansons originales inédites depuis Flaming Pie en 1997 (rappelons que Run Devil Run, de 1999, est essentiellement un disque de reprises de standards de rock'n'roll, avec cependant trois inédits). Sorti sous une pochette absolument hideuse et qui fut prise par une montre équipée d'un petit appareil-photo. Les autres photos du livret ont été prises par le même appareil, et toutes sont fortement pixellisées, à outrance. On notera que pour chaque photo du livret, certains pixels sont mis en avant par du vernis sélectif (passez le livret vers une source de lumière, vous verrez les carrés de pixel briller). Driving Rain, tel est le nom de l'album, bénéficie d'une durée assez généreuse, 67 minutes (qui incluent un morceau bonus non crédité, car rajouté in extremis, Freedom, en final, une chanson sur les attentats du 9/11 et la volonté des USA d'y survivre, un morceau enregistré live au cours du concert caricatif donné après les attentats et sur lequel des overdubs studio ont été rajoutés, Eric Clapton joue dessus), le plus long album studio de Macca pour l'époque et il le reste à l'heure actuelle (en attendant de voir combien de temps durera Egypt Station, son prochain album, qui sort le 7 septembre). L'album est produit par David Kahne (qui a bossé avec des artistes ou groupes tels que Stevie Nicks, Tony Bennett, les Strokes, Regina Spektor, New Order, les Bangles, Fisbone et Lana Del Rey).
Driving Rain est un album qui fait la part belle à la nouvelle relation amoureuse de Macca et Heather Mills, ce qui explique que j'ai utilisé quasiment tout un paragraphe (on peut virer le 'quasiment', en fait...) à parler d'elle alors que, je pense, on s'en fout à peu près, sur un blog de rock. Macca a retrouvé l'amour et veut que tout le monde le sache : Your Loving Flame, Heather (quasiment instrumental tant les vocaux se font attendre), About You (dans laquelle Macca la remercie pour lui avoir permis de surmonter son deuil)... D'autres chansons, comme Magic, parlent, elle, de Linda. Le premier morceau de l'album, et un des meilleurs, Lonely Road, parle d'elle, aussi, les paroles sont assez explicites : J'ai essayé de trouver quelque chose de nouveau/Mais tout ce que j'ai réussi à faire/C'est de remplir mon temps avec des pensées de toi. La chanson est interprétée par un Macca en forme, assez furieux, qui semble s'en vouloir à lui-même de ne pas réussir à surmonter son deuil. Il se peut, après, que la chanson ne parle pas de ça, ait une autre explication, mais si c'est le cas, je ne vois pas quoi. L'album est, en dépit de ces sujets (la mort de Linda et son deuil, le nouvel amour en la personne de Heather), un disque très varié. On y trouve de la pop pure et dure (From A Lover To A Friend, Driving Rain, Tiny Bubble), des petites merveilles à l'ancienne (I Do), un blues bien charpenté (Back In The Sunshine Again, co-écrit avec son fils James, qui joue de la guitare dessus), quelques étrangetés, aussi : Riding Into Jaipur, Spinning On An Axis, et les 10 minutes hallucinantes, quasiment progressives, de Rinse The Raindrops.
Pour faire ce disque franchement excellent (mais pas immense : il est trop long et sa production est, parfois, un peu fatigante), Macca, qui joue à peu près de tout comme à son habitude (basse, guitares, claviers, batterie, percussions), s'est entouré de musiciens exemplaires : Abe Laboriel Jr (batterie), Rusty Anderson (guitares), Gabe Dixon (claviers), le producteur Kahne joue des claviers aussi, et comme je l'ai dit, James, le fiston de Paul, joue sur le disque. Heather Mills est créditée pour les arrangements, pour ce que ça change. Laboriel et Anderson feront partie des musiciens (avec le claviériste Paul 'Wix' Wickens, un fidèle de l'époque 1989/1994, et le guitariste Brian Ray, connu pour avoir joué à de multiples reprises, en live, pour Johnny Hallyday) pour la tournée 2001/2002 (qui donnera lieu à deux lives, oui, deux ! Mais en réalité, un seul live avec une différence légère de tracklisting selon qu'il soit sorti aux USA - Back In The U.S. - ou dans le reste du monde - Back In The World). Driving Rain est donc un très très bon opus, il offre des chansons mémorables (les deux premières sont parmi les meilleures ouvertures d'albums de Macca, rien que ça, et d'autres chansons comme Driving Rain, Back In The Sunshine Again ou Your Way sont vraiment belles), mais entre sa durée assez épuisante, sa production qui l'est tout autant (je ne pense pas que Kahne était le meilleur pour produire l'album) et certaines chansons un peu mièvres, ce n'est pas le plus grand album de Paul McCartney. Il lui a cependant permis de remettre totalement le pied à l'étrier. La tournée mondiale sera triomphale, les deux albums live (l'un des deux, Back In The U.S., propose une rare interprétation de C' Moon et une version live de Vanilla Sky, que Macca fera pour le film du même nom et qui sortira uniquement en single, tandis que l'autre live, Back In The World, plus facile à trouver, ne les contient pas, mais propose une autre version live de Hey Jude, ainsi que Michelle, She's Leaving Home, Let 'Em In et Calico Skies, absentes de Back In The U.S.) sont excellents. Il faudra cependant attendre 2005 pour que Macca refasse un disque. Mais quel disque ce sera !
Lonely Road
From A Lover To A Friend
She's Given Up Talking
Driving Rain
I Do
Tiny Bubble
Magic
Your Way
Spinning On An Axis
About You
Heather
Back In The Sunshine Again
Your Loving Flame
Riding Into Jaipur
Rinse The Raindrops
Freedom
Sinon, un album très correct. Inférieur à l'excellent Flaming Pie toutefois...
Rien qui ne me fasse vraiment vomir, à part le plus que maladroit "Freedom".
"Un droit donné par Dieu... je vais me battre...", complètement crétin.