Place maintenant à Eric Clapton, un maître de la guitare made in England ! Comme toujours, je n'aborde que les albums officiels, studio et live, et hors compilations. A noter qu'ici, j'aborderai aussi les albums des différents groupes dont a fait partie Clapton (Cream, Yardbirds), parmi ceux sur lesquels il joue si ce n'est pas le cas de l'ensemble des albums de ces groupes ; j'aborderai aussi les albums de collaboration.
The Yardbirds :
Five Live Yardbirds (1964) : Un très bon live, malgré une qualité sonore assez moyenne, vu son âge. Here 'Tis, Respectable, I'm A Man, Smokestack Lightning seront réutilisés un an plus tard sur un album à moitié compilation. L'album est très sympathique et les morceaux ont été enregistrés au cours d'un concert donné au Marquee Club de Londres. Clapton à la guitare principale et Chris Dreja à la rythmique. Du bon boulot en général.
For Your Love (1965) : Un album très correct contenant deux hits des Yardbirds, I Wish You Would (que Bowie reprendra en 1973 sur son Pin Ups) et For Your Love (que Fleetwood Mac reprendra en 1974 sur leur Mystery To Me). Dans l'ensemble, ce n'est pas le meilleur album du groupe (leur meilleur opus studio, Roger The Engineer, de 1966, date d'après le départ de Clapton), mais ce disque très court (31 minutes) est tout de même pas mal du tout.
Having A Rave-Up (With) (1965) : Clapton ne joue que sur la face B de cet album, laquelle face B, live, propose des titres issus de Five Live Yardbirds. Qualité sonore discutable (ça date !!), mais, comme je l'ai dit plus haut au sujet du live, le groupe est en forme. Ah oui, la face A propose des titre studio avec le nouveau guitariste du groupe, ayant remplacé Clapton parti chez John Mayall : Jeff Beck. C'est tout bon aussi, mais y à pas Clapton, donc j'en parle pas !
Sonny Boy Williamson And The Yardbirds (1965) : Un live très correct de Sonny Boy Williamson avec les Yardbirds plus que le contraire ! 34 minutes assez sympathiques dans l'ensemble. J'avoue cependant qu'il y à beaucoup mieux dans le genre.
Blueswailing July '64 Live (2003) : 31 minutes enregistrées en live en 1964, on ne sait exactement à quelle date précise. 7 titres sortis en 2003, une petite pépite pour les fans des Yardbirds, avec notamment Smokestack Lightning et Good Morning Little Schoolgirl. C'est pas mal du tout, malgré le son correct, mais pas extraordinaire.
John Mayall & The Blues Breakers :
Blues Breakers - With Eric Clapton (1966) : Traumatisme de la génération 1966, cet album offrant la première performance vocale de Clapton (sur Ramblin' On My Mind ; le reste de l'album est chanté par Mayall) a lancé, littéralement, le guitariste au firmament ; son surnom de God ('Dieu') date de cet album qui a mis tout le monde d'accord. John Mayall engage Clapton pour le seconder, il ne restera que le temps d'un album. A noter que le futur bassiste de Fleetwood Mac, John McVie, est dans le groupe (assis à la gauche de Clapton, selon le point de vue de Clapton, qui est, lui, en train de lire un comic-book ayant entraîné le surnom de l'album, Beano). Un album anthologique de pur blues-rock, un disque totalement, non pas essentiel, mais vital.
Cream :
Fresh Cream (1966) : Eric Clapton (guitare), Jack Bruce (chant, basse), Ginger Baker (batterie) : Cream. Un power-trio puissant, un des groupes les plus mythiques et heavy de son époque. Ce premier opus renferme déjà des classiques du groupe (N.S.U., I'm So Glad, l'instrumental Toad qui sera prétexte à des soli de batterie surpuissants en live, Spoonful, la reprise du standard blues Rollin' And Tumblin', Sleepy Time Time). Ce premier opus, plus long que les autres albums studio (Wheels Of Fire est double, mais avec un disque live et un disque studio, et le disque studio est plus court que Fresh Cream), il dure 42 minutes. C'est un très bon premier album pour Cream, qui fera cependant mieux par la suite.
Disraeli Gears (1967) : 33 minutes bien psychédéliques (rien que la pochette...mais musicalement, aussi !), sous un titre d'album bizarroïde trouvé par un roadie défoncé qui parlait d'une bicyclette avec, en anglais dans le texte, dérailleurs gears...sa prononciation défoncée entraînera une déformation de ses paroles, et le titre de l'album ! J'ai mis du temps à aimer le disque, je l'ai longtemps trouvé surestimé. Mais il faut reconnaître que SWLABR (à la base, le morceau s'appelait She Was Like A Bearded Rainbow, seules les initiales du morceau seront conservées), Tales Of Brave Ulysses, Sunshine Of Your Love (un hit) et Strange Brew sont immenses. On a aussi des titres moins bons (Take It Back, Blue Condition). Pour certains fans, le meilleur album de Clapton. Non, là, faut pas déconner non plus, ce n'est pas le meilleur album de Cream, alors comment ça pourrait quand même être le sommet du guitariste ? Mais c'est très bon.
Wheels Of Fire (1968) : Double album (toujours en CD, mais de peu) avec un disque studio de 36 minutes renfermant des joyaux absolus (Deserted Cities Of The Heart, White Room, Politician, Those Were The Days) et un disque live de 44 minutes renfermant 4 grands moments, Crossroads, Spoonful (16,40 minutes !), Traintime et Toad (16 minutes !). Sous une pochette grisâtre et anthologique (et bien colorée à l'intérieur...). Une production, signée Tom Dowd, qui a mal vieilli, sinon, le son est un peu écrasé, mais enregistrer Cream était une gageure pour l'époque : le groupe sonnait très lourd. Les tensions commencent à se faire sentir dans le groupe, il parait qu'entre Bruce et Baker, c'était la haine, littéralement... Clapton va bientôt se casser... Disque mythique.
Goodbye (1969) : 30 minutes sorties à la va-vite, offrant 6 titres. Les trois premiers (toute la face A et le premier titre de la B, soit 20 minutes sur les 30) sont live, et remarquables (I'm So Glad...). Les trois restants sont studio, et si on excepte l'anthologique Badge co-écrit par Clapton (qui chante) et un certain El Angelo Mysterioso (George Harrison), ce n'est pas bon du tout (What A Bringdown). Goodye, album de conclusion de la discographie studio de Cream (pochette amusante, mais nanarde), est un disque dispensable, malgré Badge et les morceaux live.
Live Cream (1970) : Le son est assez mauvais, mais les morceaux sont très bons (N.S.U., Rollin' And Tumblin', Lawdy Mama). Sorti de manière 'posthume' alors que Cream n'est plus qu'un souvenir, il a été enregistré au cours de concerts donnés en 1967 et 1968. J'insiste sur la qualité assez moyenne, voire même médiocre, du son. Mais un fan de Cream appréciera ces 5 titres (dont un d'un quart d'heure), tout de même.
Live Cream II (1972) : Enregistré au cours de concerts de 1968, ce second volume à la qualité sonore un peu meilleure, mais pas excellente offre 6 titres, dont 3 issus de Wheels Of Fire et 2 de Disraeli Gears. Parmi eux, Tales Of Brave Ulysses et Deserted Cities Of The Heart. C'est meilleur que le premier volume, sans être puissant à fond non plus. Pour fans de Cream et de Clapton.
Royal Albert Hall London May 2-3-5-6, 2005 (2005) : Reformation tardive, fonctionnant sur le principe imbattable du on est toujours en vie, on peut le faire, alors on le fait, principe qui sera repris par Led Zeppelin, notamment, en 2007. Que dire ? Existant aussi en DVD (perso, je possède le DVD, mais pas le CD), c'est un live remarquable permettant de revoir Cream en live bien des décennies après leur rupture en 1969 (et dernier concert en 1968). Des chansons mythiques (Sunshine Of Your Love, White Room...), d'autres jamais jouées live par le groupe (Badge, Pressed Rat And Warthog), de grands moments (Crossroads, Toad, Deserted Cities Of The Heart, We're Going Wrong...), pour un live remarquable.
Blind Faith :
Blind Faith (1969) : Clapton quitte Cream avec rage (la mésentente dans le trio était vraiment du genre à pourrir l'atmosphère) et décide de se ressourcer un peu. Stevie Winwood, un ami, quitte, lui, Traffic, avec la même idée. Les deux, rapidement rejoints par le batteur de Cream (Ginger Baker), montent un groupe qu'ils baptisent Blind Faith. Ils enregistrent des jams, et sont ensuite rejoints par le bassiste et violoniste de Family, Ric Grech. Le quatuor est sur place, Jimmy Miller est engagé comme producteur, le disque sort en 1969 (le groupe aura des emmerdes à cause de la pochette), ça sera l'unique album du groupe, qui ne survivra pas à une tournée épuisante. L'album, pour seulement 6 titres (dont un d'un quart d'heure), est éponyme et totalement réussi, un chef d'oeuvre absolu de rock bluesy, chanté par Winwood. Une pure merveille et un des sommets de Clapton et du rock.
Plastic Ono Band :
Live Peace In Toronto 1969 (1969) : Un live culte, très connu, avec un line-up de folie : Lennon, Clapton, Klaus Voormann, Yoko Ono... Si la face B, constituée en totalité de deux titres chantés (braillés, plutôt) par Yoko, est inécoutable, la face A est un régal de rock'n'roll survolté, Blue Suede Shoes, Yer Blues, Cold Turkey, Dizzy Miss Lizzy. Le son est un peu rocailleux, cependant. Ce supergroupe éphémère fondé par le couple Lennon/Ono ne tiendra pas longtemps ; quelques mois plus tard, Lennon sort son premier disque solo, sous le même nom que celui de ce groupe. Clapton sera déjà avec ses Dominoes...
Delaney & Bonnie & Friends :
On Tour With Eric Clapton (1970) : Un live assez court (une quarantaine de minutes) de Delaney & Bonnie & Friends, avec Clapton à la guitare, sorti en 1970. C'est pas mal du tout (Things Get Better, Comin' Home). On a ici la participation, en plus de Clapton, de Leon Russell, Bobby Whitlock, Carl Radle, George Harrison, Dave Mason, Jim Gordon, Bobby Keyes, Jim Price, Rita Coolidge ; et Jimmy Miller à la production. Dans l'ensemble, ce live est une petite réussite dans le genre (morceaux datant d'un concert de 1969) !
Derek & The Dominoes :
Layla And Other Assorted Love Songs (1970) : Double album (simple CD) anthologique, du blues-rock totalement grandiose. L'album sera cependant un bide à sa sortie, à cause d'une pochette moyenne, de l'absence du nom de Clapton sur le recto, et d'un nom de groupe trompeur (Derek & The Dominoes, nom du supergroupe fondé par Clapton, devait à la base s'appeler Eric & The Dynamos, mais un annonceur, au cours d'un concert d'avant l'album, les annoncera en se trompant, et le nom erroné restera). Duane Allman (guitariste des Allman Brothers Band, groupe de blues-rock sudiste) joue sur le disque, rivalisant amicalement avec Clapton. Les musiciens viennent de Delaney & Bonnie & Friends (Whitlock, Gordon, Radle). 14 morceaux, pour 77 minutes, dont des classiques absolus : Bell Bottom Blues, Have You Ever Loved A Woman, Tell The Truth, Anyday, Nobody Knows You When You're Down And Out, la reprise du Little Wing d'Hendrix qui n'aura jamais le temps de l'entendre (mort avant), et, évidemment, Layla. Alors amoureux fou de la femme de son pote Harrison (Patti, la femme d'Harrison, finira par quitter George pour retrouver Eric en 1977), Clapton imagine ce disque triste et bluesy sur l'amour impossible. Il est alors en pleine addiction à l'héroïne, par ailleurs, mais en 1970, ça lui réussissait bien, on peut dire...
In Concert (1973) : Sorti en 1973, enregistré en 1970 au Fillmore East de New York. 90 minutes (double live, donc) très réussies, avec seulement 9 titres en tout (3 seulement viennent de l'unique album studio du supergroupe). Ce live ressortira en 1994 dans une version amplifiée, avec un meilleur son et plein de morceaux en plus. L'album suivant, quoi. Qui lui est mille fois supérieur. A noter, une pochette de merde...
Live At The Fillmore (1994) : La version rallongée du In Concert de 1973, qui est nettement meilleure. 2 heures de blues-rock super efficace, avec notamment Blues Power, Have You Ever Loved A Woman, Crossroads, Tell The Truth. On regrettera l'absence de Layla, sinon. Mais ce live est un des essentiels claptoniens absolus pour le fan de base.
Carrière solo :
Eric Clapton (1970) : A l'époque ravagé par l'héroïne et par un amour impossible (lui et Patti Boyd, femme de George Harrison, s'aiment, mais elle est mariée, et Harrison est le meilleur pote de Clapton...), Clapton se lance en solo, en 1970, avec un premier opus éponyme enregistré entre 1969 et 1970. Après ce disque, il lance son supergroupe Derek & The Dominoes, et, ensuite, si on excepte des participations à des concerts (The Concert For Bangla Desh d'Harrison), se mettra en stand-by pendant trois ans, ne revenant qu'en 1974, son addiction guérie. Ce premier opus solo n'est pas son meilleur, mais il contient quand même Blues Power, Bottle Of Red Wine, Let It Rain (présents sur le live de Derek & The Dominoes au Fillmore East) et une reprise du After Midnight de J.J. Cale. Pas mal du tout, quoi !
Eric Clapton's Rainbow Concert (1973) : La pochette dit tout : un concert de Clapton au Rainbow, avec plein de musiciens invités, comme Winwood, Townshend, Ron Wood, Ric Grech (de Blind Faith). C'est pas mal du tout, sans être un grand opus live de Clapton. Badge, Presence Of The Lord, Little Wing, After Midnight sont notamment au programme de ce live assez court (6 titres, 35 minutes en vinyle ; plus long en CD, plus de morceaux, 14 en tout, pour 40 minutes supplémentaires). Le CD est plus recommandé que le vinyle, donc.
461 Ocean Boulevard (1974) : Enregistré à l'adresse du titre, en Floride (Clapton y résidait à l'époque, il pose devant sa maison sur la pochette), cet album est une pure merveille qui sera un gros succès et permettra à Clapton de revenir au niveau, son addiction à la came guérie (mais il devient alcoolique, à la place, bravo, mon gars). Un remarquable album avec notamment un hit : la reprise, plus connue que l'originale, du I Shot The Sheriff de Bob Marley. Celle de Willie And The Hand Jive est remarquable aussi, comme les morceaux Let It Grow, Mainline Florida et Motherless Children. Un de ses meilleurs albums, au final, essentiel.
There's One In Every Crowd (1975) : Pochette amusante mais pas très réussie, et titre d'album en allusion ironique et humoristique au surnom donné à Clapton par ses fans, depuis 1966 : God. Selon le principal intéressé, il y en à un dans chaque foule de gens, de dieu... L'album reprend la formule gagnante de 461 Ocean Boulevard, mais ne sera pas aussi bien accueilli. Il n'en demeure pas moins très bon, pas autant que le précédent, certes, mais il ne faut pas bouder son plaisir, There's One In Every Crowd est vraiment un bon cru méconnu et efficace de Clapton.
E.C. Was Here (1975) : Il n'a pas grand chose pour lui, ce live : trop court (6 titres, 47 minutes ; vu la qualité des morceaux, on aurait aimé plus de matos), sorti sous une pochette d'un goût infâme et aux couleurs criardes (c'est pire sur l'image ci-contre que dans la réalité, en fait), avec un titre d'album ridicule ("E.C. était là"), enregistré on ne sait où ni quand exactement (en 1974/75 sans doute, aux USA sans doute, mais dans les crédits, rien n'est dit), pendant la tournée promotionnelle de 461 Ocean Boulevard, mais aucun morceau de l'album ne s'y trouve. En plus, Clapton était certes sorti de son addiction à la came, mais pour mieux devenir alcoolo... Mine de rien, j'adore cet E.C. Was Here à la mauvaise réputation. Les morceaux (un de Derek & The Dominoes, deux de Blind Faith, et trois reprises de blues) sont grandioses, super bien joués. A réhabiliter d'urgence !
No Reason To Cry (1976) : Plutôt méconnu, ce disque est au final vraiment pas mal, du niveau de There's One In Every Crowd, autrement dit, un très bon niveau général. On notera la participation, non créditée à l'époque, de Bob Dylan, de quasiment tout le Band (Danko, Manuel, Robertson) et de Ron Wood. Les deux autres membres du Band, Hudson et Helm, sont dans les crédits de remerciements du dos de pochette mais apparemment, ne jouent pas sur le disque. Un disque, vraiment, plus que correct au final, à (re)découvrir.
Slowhand (1977) : Album anthologique offrant la reprise (un hit dans cette version) du Cocaine de J.J. Cale, ainsi que Lay Down Sally, Wonderful Tonight. Ces trois morceaux sont des essentiels de Clapton en live. Slowhand (du nom d'un des surnoms de Clapton, qui n'a jamais été un guitariste aimant la rapidité) est un de ses meilleurs albums, son meilleur depuis 461 Ocean Boulevard, et il faudra attendre plus de 10 ans pour avoir à nouveau un disque studio aussi quintessentiel. Grandiose, mais trop court (39 minutes).
Backless (1978) : Difficile de passer après Slowhand. Backless est un très bon album, rien à dire, mais il est, aussi, moins percutant que Slowhand, et là aussi, rien à dire. Une quarantaine de minutes bien efficaces, du niveau des deux albums précédent Slowhand, donc, un bon niveau. Tulsa Time, Promises, Watch Out For Lucy, notamment, valent bien le coup. Belle pochette.
Just One Night (1980) : Excellentissime double live offrant notamment une reprise du Setting Me Up de Dire Straits, mais aussi Wonderful Tonight, Lay Down Sally, After Midnight, Cocaine, Further On Up The Road...14 titres (8 sur le premier disque, 6 sur le second, c'est toujours double en CD, l'album durant 88 minutes) enregistrés au cours de concerts japonais, au Budokan de Tokyo. Le son est excellent. Au final, assurément un des meilleurs albums live de Clapton en solo, si ce n'est le meilleur.
Another Ticket (1981) : Il fallait bien que ça arrive : un disque vraiment mineur de Clapton. Après autant de superbes albums (qui sont au pire très très bons, et au mieux géniaux), Another Ticket, sous sa pochette hideuse et trompeuse (j'ai longtemps cru, avant de l'écouter, que c'était un live, rapport au ticket qui est celui d'un concert ; or, c'est un disque studio, enregistré aux Bahamas), est un album un peu décevant de Clapton. On note la participation d'Albert Lee et de Gary Brooker (Procol Harum) sur ce disque, le dernier de Clapton chez Polydor. Vraiment un disque plat.
Money And Cigarettes (1983) : Clapton n'est plus alcoolo. Le titre de l'album est ce qui lui est venu à l'esprit en pensant à ce qu'il restait de lui, une fois son addiction guérie : du pognon (il est riche depuis quelques années déjà) et des clopes, la seule addiction qu'il lui reste. L'album est encore moins réussi qu'Another Ticket, je suis forcé de le dire. Mais Clapton fera pire par la suite (les années 80, définitivement, furent dures pour tout le monde ayant vécu les années 60 et/ou 70). Enfin, ça reste moyen, quand même.
Behind The Sun (1985) : Des musiciens en pagaille, et assez électiques ici : Lindsey Buckingham (de Fleetwood Mac), Donald 'Duck' Dunn, Phil Collins, Lenny Castro, James Newton Howard, Ray Cooper, Steve Lukather (de Toto), Jeff Porcaro (itou), Greg Phillinganes, Chris Stainton. Une pochette abominable. Un album un peu meilleur que le précédent, mais tout de même du niveau du précédent encore, Another Ticket, bref, un disque moyen et mineur. Et ça n'a rien à voir avec la réputation d'artistes pop et commerciaux de certains des musiciens collaborant à l'album !
August (1986) : On y est : le pire album studio d'Eric Clapton. 55 minutes enregistrées en 1986, annus horribilis s'il en est, et franchement rien à sauver. Un des morceaux, Behind The Mask, est co-écrit par un certain Michael Jackson, et Ryuichi Sakamoto (Clapton n'a pas de crédits dessus). Le morceau est plus ancien, des sessions du Thriller de Bambi, qui l'avait enregistré, mais ne le conservera pas pour l'album. Clapton, par l'intermédiaire de Greg Phillinganes (claviériste ayant bossé avec Jackson, et jouant sur le disque), le reprend. August, au final, est un disque vraiment mauvais, et après un tel ratage, Clapton ne pourra que remonter.
Journeyman (1989) : Le retour en grâce après des albums médiocres (surtout le précédent). Entre temps, Clapton a sorti le long-box Crossroads, anthologique compilation en plusieurs disques. Journeyman est une réussiten offrant notamment Old Love, Before You Accuse Me, Running On Faith (présents sur Unplugged en 1992), Pretending. Un disque de reprises, essentiellement, avec, comme musiciens, Phil Collins, George Harrison, Nathan East, Jim Keltner, Pino Palladino, Darryl Jones, Alan Clark (de Dire Straits), Greg Phillinganes. Ca fait du bien de retrouver un Clapton au meilleur de sa forme !
24 Nights (1991) : Un très bon résumé de plusieurs concerts donnés au Royal Albert Hall de Londres en 1990/1991, en deux disques. Sans être le sommet live de Clapton, 24 Nights est vraiment efficace, sympathique comme tout, on y trouve Badge, White Room, Pretending, Bell Bottom Blues, Sunshine Of Your Love... Pour fans.
Unplugged (1992) : Dans la série des albums lives acoustiques des années 90, généralement produits par MTV, celui-ci est le plus connu avec celui de Nirvana. C'est aussi le meilleur (avec celui de Nirvana !). Clapton n'en voudra pas à la base, sa maison de disques non plus, pensant que ce n'était pas commercial, que ça ne se vendrait pas. Au final, une des plus grosses ventes de disques de la carrière de Clapton, un succès mondial, et une réussite majeure, une heure de grands moments (Layla en version acoustique deviendra plus connue que sa version rock de 1970 !), comme Old Love, Tears In Heaven dédié à son fils Connor, mort accidentellement, ou Running On Faith. Magistral. Essentiel absolu.
From The Cradle (1994) : Je vais être clair : le meilleur album de Clapton depuis Slowhand. Voire même depuis Layla... de Derek & The Dominoes. Un disque de pur blues-rock des familles, une heure bien remplie et grandiose (16 titres en tout ! Parmi eux, Hoochie Coochie Man, Motherless Child, Driftin', It Hurts Me Too, Reconsider Baby). Sous sa très sobre pochette, From The Cradle ("du berceau") est un chef d'oeuvre absolu. Que dire d'autre ?
Pilgrim (1998) : Là, en revanche, je dois dire que ce n'est pas d'un grand niveau. Sans arriver jusqu'à être aussi mauvais qu'August, Pilgrim est le deuxième moins bon disque studio de Clapton derrière August, et même en étant un peu gentil avec lui (j'essaie vraiment de lui donner le plus de chances possible, je l'écoute sans doute plus souvent que nécessaire), je dois dire que je n'arrive pas à l'apprécier, ce disque. Je vais sans doute cesser de l'écouter, quoi. Alors bon, My Father's Eyes, Pilgrim et Goin' Down Slow sont bonnes, mais dans l'ensemble, c'est beaucoup trop long (75 minutes ! 14 titres !) et inégal.
Riding With The King (2000) : Album de collaboration avec le grand B.B. King. Le résultat est à la hauteur des attentes : sous sa très cool pochette, Riding With The King est un excellent album qui fait oublier le ratage de Pilgrim. Key To The Highway, la chanson-titre, Three O'Cock Blues, Come Rain Or Come Shine, I Wanna Be, Days Of Old, les grands moments ne sont pas rares sur cette heure de musique bluesy terriblement réussie. Un album essentiel de plus pour tout fan de blues et de Clapton.
Reptile (2001) : Sous sa pochette insouciante montrant Clapton enfant, Reptile (titre étrange, au vu de la pochette...), plutôt bien accueilli à sa sortie, est un excellent album, généreux (64 minutes, 15 titres dont quelques uns sont vraiment bluffants, comme Reptile, I Want A Little Girl, Got You On My Mind ou Come Back Baby de Ray Charles), et au final, en dépit de sa pochette, assez sombre, on y parle pas mal de la mort. A noter que c'est le premier album de Clapton avec le claviériste Billy Preston, une première collaboration très tardive vu que les deux zigotos ont souvent bossé ensemble sur des albums d'autres artistes (Harrison). Un excellent album.
One More Car, One More Rider (2002) : Double live correct de la tournée Reptile. Pas le sommet live de Clapton encore une fois, et on peut même considérer le résultat comme inégal, dans son ensemble. Le son est très bon, les morceaux sont bien choisis (enfin, on a Layla sur un live de Clapton, le Unplugged excepté, et ici en électrique, longue de 9 minutes ! Et on a aussi Badge, Have You Ever Loved A Woman, Bell Bottom Blues, My Father's Eyes, Wonderful Tonight, Tears In Heaven), et on a, sur chaque disque, une partie acoustique et une partie électrique. Pochette assez ratée, titre d'album assez moyen, mais durée généreuse (115 minutes). Dans l'ensemble, j'aime beaucoup, même si Clapton a fait mieux en live (Just One Night).
Me & Mr. Johnson (2004) : Un chef d'oeuvre entièrement constitué de reprises de standards de blues du grand, du mythique Robert Johnson. Mais sans Crossroads, morceau légendaire que Clapton a souvent joué live. En même temps, Crossroads ne manque pas trop ici, vu que cet album est, dans l'ensemble, d'une réussite absolue. Little Queen Of Spades, 32-20 Blues, Love In Vain (popularisé par les Stones), Traveling Riverside Blues, Last Fair Deal Goes Down, il faudrait tout citer. Disque court (une cinquantaine de minutes, un petit peu moins en fait) et parfait, essentiel.
Sessions For Robert J. (2004) : Commercialisé avec un DVD, ce disque est un complément agréable à Me & Mr. Johnson. Des versions alternatives de morceaux de l'album (Me And The Devil Blues, If I Had Possession Over Judgement Day) et des titres inédits (Terraplane Blues, Ramblin' On My Mind), qui sont aussi des reprises de Johnson, évidemment. Cependant, bien que réussi, ce disque ne peut être vu que comme un complément à l'album précédent, et pas vraiment un disque en tant que tel.
Back Home (2005) : Immense déception que ce disque, qui contient certes un ou deux bons moments, mais est dans l'ensemble trop long (une heure) et vraiment plus qu'inégal. C'est encore une fois un mauvais Clapton, son pire depuis Pilgrim, et il est à peine meilleur que lui. Le troisième moins bon opus studio de Clapton, en gros. Pour fans absolus uniquement.
The Road To Escondido (2006) : Album de collaboration entre Clapton et J.J. Cale, son alter-ego américain. Les deux avaient déjà collaboré ensemble sur un titre ou deux, Clapton jouera sur un album de Cale (Roll On), Clapton a souvent repris Cale, a permis au monde entier de mieux le connaître... Cet album de 2006 est une réussite totale dans le genre. Pour fans de n'importe lequel des deux gratteux (voire même des deux : quand on est fan de Clapton, on l'est, généralement, de J.J. Cale), The Road To Escondido, généralement trouvable à bas prix, est essentiel !
After Midnight Live 1988 (2006) : Logiquement, je n'aborde pas les bootlegs dans les articles discographiques (sinon, je ne m'en sors plus !), mais j'ai quand même décidé d'aborder celui-ci, proposant un concert de 1988 sur lequel participe Mark Knopfler. C'est un double live à la qualité sonore un peu rugueuse parfois, mais au contenu musical vraiment réussi que cet After Midnight Live (sur lequel on retrouve évidemment la chanson After Midnight de J.J. Cale, que Clapton avait reprise depuis longtemps), sorti en 2006. C'est sans aucun doute un bootleg (et encore, je n'en suis pas sûr ; un semi-bootleg, qui sait ?), mais c'est un bon. Donc, pour l'article, c'est l'exception confirmant la règle que la présence de cet album ici !
Live From Madison Square Garden (2009) : Excellent double live de Clapton et Steve Winwood, son ancien compère de Blind Faith. On y trouve des morceaux de Blind Faith, mais aussi de Traffic (groupe de Winwood avant qu'il ne co-fonde Blind Faith), de Cream, de Winwood et Clapton en solo, des reprises... Dans l'ensemble, c'est du très, très très bon niveau, sous une pochette qui fleure bon les années 60 psychédéliques, malgré que ce live date de 2009 !
Clapton (2010) : En attendant Old Sock, le nouvel album (a paraître en mars), Clapton est le dernier album studio officiel sorti en commerce d'Eric Clapton. Un album ma foi très plat, un peu plus d'une heure de blues bien enregistré, avec la participation de musiciens talentueux tels que J.J. Cale, Jim Keltner, Derek Trucks, Willie Weeks, Wynton Marsalis, mais, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce disque passe par une oreille et ressort direct par l'autre, rien de bluffant ici. Un disque facile, trop facile, bien enregistré, Clapton joue toujours aussi bien, mais il a fait mieux par le passé. Pour fans hardcore soucieux de tout posséder, donc.
Je crois que je lui reproche un peu son "purisme" du blues, c'est respectable, mais à toutes les époques il y a meilleur que lui dans le blues (au pif Bonamassa à l'heure actuelle). Sauf s'il est bien accompagné (Jack Bruce, Mayall, Duane Allman, Winwood), ou que les morceaux sont composés par d'autres (I Shot The Sheriff, Cocaine, After Midnight...).