J'ai envisagé de refaire un cycle complet des albums de George Harrison, mais, ayant réabordé Dark Horse récemment (il y à quelques bonnes semaines), c'est un peu trop tard, maintenant, pour refaire les autres, chronologiquement, en sautant Dark Horse dans le cycle. Ca ferait con. Alors je me dévoue, et je réaborde ce qui est souvent considéré (Electronic Sound excepté, mais cet album de 1969 est vraiment à part) comme le pire de Harrison en solo. Oui, vous l'avez deviné (de toute façon, avec le titre de l'article et le visuel principal, deviner devient une notion toute relative...), c'est de Gone Troppo, le très mal-aimé, que je veux parler. Un album que j'avais autrefois rangé, sans trop d'hésitation mais avec quand même un peu de tristesse (je suis un vrai Beatlemaniaque, aussi bien le groupe que les carrières solo, et dire du mal d'un album estampillé Beatles m'est toujours délicat), dans les ratages. Tout en conservant le tag, j'ai décidé de le sortir de cette catégorie, pour le ranger dans la pop-rock. Ce n'est pas que je me suis mis, soudainement, à ne plus détester cet album ; il serait plus logique de dire que je ne l'ai jamais détesté, en fait. Je sais très bien ce qu'il vaut, ce disque, tout le monde sait ce qu'il vaut, et Harrison lui-même le savait (il n'a fait aucune campagne de promotion pour le défendre...) : il ne vaut pas grand chose. On a affaire ici à un disque de pop/rock sans envergure, sans prise de tête aussi. Un peu con. Mais je ne peux m'empêcher de vraiment aimer, presque adorer, une partie de ses morceaux, la moitié de l'album en fait. Oui, je suis normal.
Enfin, je crois.
Mais Gone Troppo, reçu à l'époque comme une quatrième vague de Covid, et musicalement aussi recherché que n'importe quel album de Ringo Starr depuis 1974 (autrement dit...oui, on s'est compris, c'est du boulot sans envergure), mérite tout de même qu'on l'écoute. Il possède une touche très agréable, un peu nanarde (rien que la pochette, ni faite ni à faire...et quelqu'un peut-il m'explique le pourquoi du comment de la présence, sur la sous-pochette, d'une recette pour réussir son ciment ?), mais bien sympathique. Une atmosphère on est en vacances, on va pas s'faire chier la teub à faire un concept-album. Le fait est que Beatle George, bien marqué par la mort de Beatle John en décembre 1980, était aussi en colère contre l'industrie du disque. Et puis il avait crée sa société de production cinématographique, HandMade Films (qui a notamment produit Shanghaï Surprise avec Madonna (film qui, en 1982, année de sortie de Gone Troppo, n'existait pas encore), mais aussi Bandits, Bandits... de Terry Gilliam en 1981) et s'intéressait beaucoup, depuis des années, à la Formule 1 et écumait les Grands Prix en connaisseur. Il n'avait pas trop le temps pour faire de la musique. Un album en 1979, un en 1981, celui-ci en 1982, le suivant sera en 1987 et sera son dernier opus solo studio sorti de son vivant... Quand Gone Troppo est sorti, on aurait pu croire à un évênement, Harrison est de retour, mais en fait non, le disque est passé inaperçu ou presque. Ce qui n'a pas dû gêner Harrison qui ne s'est pas foulé pour le faire et n'a, je l'ai dit, pas daigné le défendre. Comme le disque est sorti sur son propre label Dark Horse Records, il faisait ce qu'il voulait pour la promotion, après tout, et il n'a rien fait.
Pourtant, ici, on a du bon. Sincèrement, j'adore cet instrumental, Greece (qui contient quelques lignes de texte sans intérêt) et sa guitare un peu hawaïenne (ce qui, pour un morceau baptisé ainsi, est déjà une belle preuve d'humour, et de l'humour, Harrison, fan et ami des Monty Pythons et du Bonzo-Dog-Doo-Dah Band (Legs "Larry" Smith, un des membres du groupe, a fait la pochette), en avait à revendre) ; j'adore aussi Wake Up My Love, morceau d'ouverture un peu tonitruant (les synthés, très présents sur le disque, ne sonnent pas toujours super bien) mais amusant. That's The Way It Goes est si réussi que lors du Concert For George de 2002, génial concert collectif conçu pour lui rendre hommage, le morceau fut repris par Joe Brown, qui joue rapidement sur le disque. Impossible aussi de ne pas citer Mystical One, qui ouvre sublimement bien la face B. Circles, en final, morceau étrange, date initialement des sessions du Double Blanc de 1968, Harrison tentera de le refaire en 1979, finalement il ne verrouillera le morceau qu'en 1982, donc. Le reste est moins marquant. Le morceau-titre est pas mal, mais Baby Don't Run Away tourne en rond, I Really Love You est une reprise certes hilarante mais nanarde d'un vieux morceau des Stereos, et Dream Away, issu de la bande-son de Bandits, Bandits..., possède un gimmick vocal positivement irritant, qui nique le morceau. Au final, la moitié de l'album est d'un niveau très correct. Pour moi, Gone Troppo n'est pas le ratage annoncé et proclamé partout (je trouve le précédent, Somewhere In England, moins réussi encore, totalement insipide, à deux chansons exceptées). Ce n'est pas génial, c'est clair, c'est un des moins bons Harrison, clairement. Mais j'aime bien ce disque, voilà. Je laisse le tag 'ratages' parce que ce n'est pas glorieux quand même, mais c'est limite, j'ai quand même vraiment envie de l'enlever...
FACE A
Wake Up My Love
That's The Way It Goes
I Really Love You
Greece
Gone Troppo
FACE B
Mystical One
Unknown Delight
Baby Don't Run Away
Dream Away
Circles