R1

Quand Ritchie Blackmore quitte Deep Purple, en 1975, le soir-même d'un concert donné à Paris (le 7 avril ; concert existant en album), c'est parce qu'il en à marre de la coloration funky que la musique du groupe a chopé avec Stombringer. Le colérique guitariste à gueule de con (quand il sourit, c'est, j'imagine, mauvais signe, et il existe d'ailleurs très peu de photos de lui avec le sourire) avait envie de faire autre chose, et peu de temps après son départ du Pourpre, il fonde son propre groupe, Ritchie Blackmore's Rainbow, qui sort son premier album éponyme en 1975, en août. Premier album qui fut d'ailleurs enregistré entre février et mars, alors qu'officiellement, Blackmore était encore dans le Pourpre. La première formation de Rainbow sera quasi-intégralement lourdée par Blackmore, sauf le chanteur Ronnie James Dio. Cette première formation était, en fait, le groupe dans lequel évoluait alors Dio, Elf. Blackmore engage d'autres musiciens (Cozy Powell à la batterie, Tony Carey aux claviers, Jimmy Bain à la basse) et le groupe enregistre Rising en 1976. L'année suivante, le groupe va sortir son premier album live, enregistré durant la tournée de Rising en septembre et décembre 1976, en Allemagne et au Japon. Ce double live s'appelle On Stage

R2

Bien que double, ce live est scandaleusement court : il ne dure en effet que 64 minutes, inutile de dire donc que tout tient sans problème sur un seul CD. Cette courte durée m'a longtemps semblé être une tare, avant de me rendre compte que, finalement, mieux vaut 64 minutes (une grosse heure, donc) parfaite plutôt que 80 ou 90 minutes correctes, mais qui peuvent sentir parfois le remplissage. On Stage n'a aucun défaut, sauf peut-être, éventuellement, sa pochette, avec ces trois ou quatre lignes colorées autour des quatre angles, répétant World Tour autour de la photo du groupe sur scène et au verso, ça fait moche. Musicalement, en revanche, strictement rien à dire, rien de rien. La qualité audio est à tomber du haut de la tour Eiffel en string léopard taché de merde, la prestation du groupe est à la hauteur de la qualité sonore et de la même tour Eiffel... Sur ce live, on entendra quelques unes des meilleures envolées vocales du regretté (mort en 2010) Ronnie James Dio. Ce dernier quittera Rainbow en 1978 après Long Live Rock'n'Roll (le meilleur album studio du groupe, et le suivant après ce live dans leur discographie) pour rejoindre Deep Purple, au sein desquels il restera jusqu'en 1982 (il y reviendra à deux reprises), puis il fondera son groupe, Dio. Le chanteur de Love Is All (on en a parlé il y à peu de temps, quelques semaines, vous vous en souvenez ?) livre ici notamment un Catch The Rainbow de 15 minutes à pleurer de joie (morceau initialement issu du premier Rainbow), et il livre aussi ce qui, je pense, est LA version de Mistreated, morceau de Deep Purple (de Burn) à la base. David Coverdale au sein du Poupre comme de son propre Whitesnake plus tard, la chantera toujours bien, évidemment, mais cette version Dio...13 minutes de splendeur. Ces deux morceaux totalisent chacun une face entière, la B et la C respectivement. 

R3

Les deux autres faces contiennent chacune deux titres (oui, seulement six titres sur ce double live). La première s'ouvre sur une petite citation audio du film Le Magicien D'Oz (Judy Garland s'exclamant Toto, I have a feeling we're not in Kansas anymore. We must be over the rainbow, rainbow, rainbow, rainbow...) avant que le groupe ne joue, pendant quelques secondes, la mélodie de Over The Rainbow (chanson du film) et de passer à Kill The King, première chanson de l'album, un inédit d'époque que le groupe enregistrera en studio sur l'album suivant. Tuant. Le morceau suivant est un medley incluant Man On The Silver Mountain (du premier album) et Starstruck (du deuxième) entrecoupés d'un solo de guitare bien bluesy. La face D, elle, contient deux titres du premier album : Sixteenth Century Greensleeves (sublime) et une reprise, ici chantée mais la version studio de cette reprise était instrumentalle, elle, du Still I'm Sad des Yardbirds. Une manière parfaite de finir un album génial. Seul regret, l'absence de Stargazer, immense chanson de Rising, sans aucun doute interprétée au cours des concerts, mais on se doute bien qu'avec 64 minutes, On Stage ne propose pas la reconstitution intégrale (les sources, ici, sont multiples, Tokyo, Cologne, Nuremberg, Munich) d'un concert du groupe. Pas grave (même si c'est dommage), car ce que l'on a sur ces quatre faces est, tout de même, fantastique. Essentiel absolu pour tout fan de hard-rock. 

FACE A

Kill The King

Medley : Man On The Silver Mountain/Blues/Starstruck

FACE B

Catch The Rainbow

FACE C

Mistreated

FACE D

Sixteenth Century Greensleeves

Still I'm Sad