GENESIS 1

 Ce disque n'est pas le premier de Genesis, mais c'est celui qu'il faut, cependant, considérer comme leur premier vrai album. En effet, un an avant Trespass (qui date de 1970), ou plutôt, quelques mois avant, le groupe avait déjà enregistré un disque, From Genesis To Revelation, un disque qui, sous sa pochette noire, sera une grosse déception : mal enregistré, son pourri (enfin, médiocre), chansons souvent insipides, groupe pas encore au point... Le groupe est alors constitué de Peter Gabriel (chant, flûte, tambourin, percussions diverses), Anthony Phillips (guitare), Tony Banks (claviers), Mike Rutherford (basse, guitare acoustique) et John Mayhew (batterie). Produit par John Anthony pour le label Charisma (qui restera leur label pendant des années, quasiment toute la carrière du groupe), l'album a été enregistré à Abbey Road et dans un studio du nom de The Farm, qui sera le lieu d'enregistrement d'autres opus de la Genèse. La pochette, sublime, est signée, déjà, de Paul Whitehead, qui signera les pochettes des deux albums suivants. Elle représente un couple à l'allure médiévale et/ou grecque, regardant un beau paysage à un rebord, on distingue un ange non loin d'eux. On distingue, aussi, un trait noir qui traverse en diagonale le dessin. Au verso, ça se précise : un couteau, non peint (une photo) est à l'origine de ce trait, il a tranché le dessin. A l'intérieur de la pochette ouvrante, un beau paysage bucolique dans un médaillon central, le reste est blanc, avec les crédits. Pas de paroles dans la pochette.

GENESIS 4

Intérieur de pochette

Trespass est un excellent cru de Genesis, sans pour autant être leur sommet. En fait, j'ai toujours eu un petit peu de mal avec ce disque qui contient, et c'est paradoxal quelque part en ce qui me concerne, trois de mes chansons préférées du groupe (sur 6 titres pour 42 minutes) : White Mountain, une histoire de clan de loups de montagne ; Visions Of Angels, une pure magnificence sous influence Epitaph (King Crimson) ; et le court (4 minutes ! Le morceau le plus bref de l'album, de très loin) Dusk, méconnu et même franchement sous-estimé. Le reste ? Looking For Someone, au chant très soul, est très beau ; Stagnation est, en revanche, trop long (plus de 8 minutes) et assez moyen, malgré un passage instrumental assez mythique, que le groupe jouera souvent live, généralement en interprétant I Know What I Like (In Your Wardrobe) ; et The Knife, 9 minutes, est clairement LE THE classique de Trespass. Une histoire violente (musicalement, on n'est pas dans la grande douceur Cajoline non plus) sur un seigneur de guerre envoyant ses troupes au carnage, et les encourageant avant de partir à l'assaut (I'll give you the names of the men you must kill/All must die with their children est une ligne de texte qui reste longuement en mémoire ; sur la version live de la chanson présente sur Genesis Live, 1973, cette phrase n'est pas chantée). 7 ans plus tard, sur Wind & Wuthering, le groupe, alors avec Phil Collins au chant, fera une sorte de The Knife 2, en version calme et mélancolique, mais sur un sujet similaire : One For The Vine. La chanson est géniale, clairement, mais elle n'est pas une de mes préférées de Genesis. Bon, sinon, elle est musicalement plus aboutie que Dusk ou White Mountain, que tout le reste de Trespass (Visions Of Angels excepté, sans doute) !

GENESIS 3

Pochette dépliée, extérieur

Enregistré, selon la légende, avec la pochette du In The Court Of The Crimson King (1969) de King Crimson placardée au mur du studio afin que l'influence soit nettement et durablement installée (et de fait, on sent cette influence ici), Trespass est un des meilleurs deuxièmes albums jamais faits, là où les deuxièmes albums sont souvent difficiles à pondre. Mais il faut dire aussi que le premier opus était tellement raté que faire pire aurait quand même été difficile (et si ça avait été le cas, Genesis n'aurait pas duré longtemps) ! Après Trespass, Genesis va perdre deux de ses membres : John Mayhew, le batteur (qui n'a jamais réussi à s'intégrer) sera remplacé par un certain Phil Collins, et Anthony Phillips, le guitariste, partira, remplacé par Steve Hackett (qui restera jusqu'à 1977). Si le départ de Mayhew est l'occasion pour Genesis d'incorporer un des meilleurs batteurs qui soient (et leur futur leader, dès le départ de Gabriel en 1975), c'est dommage que Phillips soit parti, car même si Hackett est un grand guitariste, Phillips en était un aussi (contrairement à Mayhew, dont le jeu de batterie est classique). Musicalement, après Trespass, le groupe s'améliorera d'album en album, une lente et imposante progression, jusqu'à 1977 et Wind & Wuthering, dernier chef d'oeuvre absolu d'une série imparable (1971/1977). Dès 1978, en effet, ça plonge un peu, même si, en 1980, 1986 et 1991, le groupe réussira trois albums certe pop/rock, mais musicalement excellentissimes.

FACE A

Looking For Someone

White Mountain

Visions Of Angels

FACE B

Stagnation

Dusk

The Knife