Sous sa plutôt belle pochette marron clair finement dessinée, Long Live Rock'n'Roll est le quatrième album de Rainbow, et date de 1978. Rainbow est un groupe de hard-rock fondé en 1975 par Ritchie Blackmore, guitariste qui venait alors tout juste de quitter Deep Purple. Blackmore a immédiatement recruté, dans son nouveau groupe, le chanteur Ronnie James Dio, qui sera le seul membre du groupe, avec Blackmore évidemment, à survivre à une formation instable ayant enregistré, en 1975, Ritchie Blackmore's Rainbow, le premier opus du groupe. En 1976, Rising sort, le groupe est alors constitué de Cozy Powell (batterie), Jimmy Bain (basse), Tony Carey (claviers) autour de Blackmore et Dio. Cette formation tiendra un petit moment : en 1977, le double (simple CD de 64 minutes, cependant) live On Stage sort, avec les mêmes membres. Encore une réussite dans le genre. Et, en 1978, Long Live Rock'n'Roll sort. Là, le personnel va changer : exit Jimmy Bain, remplacé par Bob Daisley sur trois titres, et Blackmore himself sur les cinq autres. Et Tony Carey ne joue plus de claviers que sur les deux premiers titres, et pour le reste, c'est David Stone. Cozy Powell est, en revanche, toujours là derrière ses fûts. Et Dio ? Ah, Dio aussi est toujours là, mais plus pour longtemps : une fois le disque achevé, le petit gars (Dio, mort en 2010 à 67 ans, n'était pas très grand) se barre pour rejoindre un autre gros groupe de hard-rock, Black Sabbath, avec qui il tiendra pendant la période 1978/1981 avant de fonder son propre groupe, Dio. Ronnie James reviendra par la suite dans Black Sabbath, mais pas dans Rainbow, groupe qui, de toute façon, cessera son activité dans les années 80. Après Dio, le groupe engagera Graham Bonnet (peu de succès) et Joe Lynn Turner (un peu plus de succès), et gagnera aussi un autre ex-Deep Purple, le bassiste Roger Glover.
Intérieur de pochette. Pour info, cette photo a été prise à un concert de...Rush ! La banderole fut modifiée, et des t-shirts à l'effigie de Rush furent noircis après coup !
Long Live Rock'n'Roll est donc le dernier opus de l'Arc-En-Ciel avec son plus charismatique chanteur, et le moins que l'on puisse dire, c'est que Dio, justement, offre le meilleur de lui-même pour cette ultime participation à un disque du groupe. Le disque offre 8 titres, pour 39 minutes bien tassées. Sur ces huit titres, on peut en désigner deux de plutôt corrects, mais pas extraordinaires, clairement les deux moins bons de l'ensemble. Il s'agit de Sensitive To Light (en ce qui la concerne, c'est vraiment la moins bonne de l'ensemble) et de The Shed (Subtle), une chanson plutôt sympa, au riff efficace, mais un peu répétitive. Ces deux chansons se trouvent sur une face B un peu moins percutante que la A, donc, mais qui offre quand même, sinon, Kill The King (morceau que le groupe jouait sur scène depuis 1976, ici en album studio pour la première fois, mais présent sur le double live de 1977 à part ça), qui est une vraie furie, et, aussi et surtout, la beauté absolue, enregistrée avec un orchestre symphonique, de Rainbow Eyes (7 minutes et 10 secondes de magnificence). Ce dernier morceau est un régal aussi doux que le reste de l'album est heavy, un morceau acoustique, avec une flûte sublime, un Dio apaisé qui n'a jamais aussi bien chanté (j'insiste), une guitare hendrixienne de Blackmore... c'est le genre de morceau qui fait rêver et planer, une pure splendeur. Rien que Rainbow Eyes suffit à rendre l'album époustouflant, et pourtant, comme je l'ai dit, la face B, qui contient ce titre, est moins forte que la A, qui est, elle, heavy et monstrueuse : Long Live Rock'n'Roll ouvre le feu, une chanson mortelle, gigantesque, un Dio totalement allumé dessus, c'est géantissime... Suivi du grandiose Lady Of The Lake (mon morceau 'hard' préféré de l'album, car mon morceau préféré en général est Rainbow Eyes), avec un refrain sublime et un solo qui ne l'est pas moins ; puis L.A. Connection, chanson un petit peu longuette à la rigueur (5 minutes), mais efficace au possible. Et enfin, Gates Of Babylon, que Dio ne cessera jamais de jouer sur scène, 6,50 minutes de tuerie avec orchestre symphonique pour en rajouter à la puissance du bouzin. Le sommet de la face A, et le sommet heavy de l'album, et son deuxième sommet en général. Monstrueux !
L'album est un des classiques du hard-rock, une réussite quasi-totale, excepté deux titres (Sensitive To Light, surtout, car l'autre est plutôt bon quand même) un peu moyens. Dans l'ensemble, c'est le meilleur album studio de Rainbow, même si Rising (avec Stargazer, immense) et Difficult To Cure (de 1981, avec Joe Lynn Turner au chant, très hard-FM) valent le coup, surtout Rising. Mais dans l'ensemble, Long Live Rock'n'Roll est le dernier monument du groupe, la suite sera en effet parfois très bonne, mais la plupart du temps décevante quand même (Down To Earth avec Bonnet). Bref, si vous aimez Dio, Blackmore, et le hard-rock, ce disque de 1978 est tout simplement essentiel, rien que pour Lady Of The Lake, Gates Of Babylon et Rainbow Eyes. Immense !
FACE A
Long Live Rock'n'Roll
Lady Of The Lake
L.A. Connection
Gates Of Babylon
FACE B
Kill The King
The Shed (Subtle)
Sensitive To Light
Rainbow Eyes