AEROSMITH 1

 On peut vraiment parler d'un classique absolu du hard-rock, pour le coup, avec ce disque. Sorti en 1976, Rocks est le quatrième album d'Aerosmith, et leur sommet absolu. Non pas que leurs précédents albums ne soient pas bons, au contraire : le premier opus (Aerosmith, 1973), offre quelques classiques comme Dream On, Mama Kin, une reprise efficace de Walkin' The Dog. Le deuxième, Get Your Wings (1974), mal-aimé parfois, offre Seasons Of Wither, Pandora's Box, Lord Of The Thighs, une reprise tuante de Train Kept A-Rollin' ou S.O.S. (Too Bad). Enfin, en 1975, le troisième album, Toys In The Attic, est un des meilleurs opus du groupe, avec la chanson-titre, Walk This Way (que le groupe refera en 1983 avec les rappeurs de Run DMC), Sweet Emotion, Adam's Apple, Uncle Salty, You See Me Crying... Mais Rocks, lui, va tout faire définitivement péter. C'est le disque le plus court du groupe, seulement 34 minutes (et 37 secondes), et sa courte durée s'explique de la plus conne des manières, selon le guitariste Joe Perry : une fois que le groupe a eu suffisamment de chansons pour faire un album convenable, ils ont bouclé l'affaire, n'ayant qu'une seule envie, ramoner ces nouvelles chansons en concert (peu après la fin de l'enregistrement, Aerosmith remplit pour la première fois un stade et devient, dès lors, vraiment surpuissant). L'enregistrement de Rocks ne fut pas forcément plus long que d'habitude, mais fut entrecoupé de concerts, avec pour ainsi dire aucun jour de repos pour la bande à Steven Tyler (chant) et Joe Perry. Laquelle bande est aussi constituée de Tom Hamilton (basse), Brad Whitford (guitare) et Joey Kramer (batterie).

AEROSMITH 4

Sous sa sobre pochette (ça change !) représentant cinq diamants symbolisant les cinq membres du groupe (à l'intérieur, une illustration représentant le groupe en plein boulot, illustration que Tyler trouvera hideuse, et il n'a pas tout à fait tort), Rocks (jeu de mots sur 'cailloux', argot pour 'diamants', et sur le fait que le disque rocke beaucoup !) offre 9 chansons, et est définitivement trop court. Produit par Jack Douglas, l'album a été enregistré entre février et mars 1976 (sorti en mai) au Record Plant de New York et dans un entrepôt de Waltham, dans le Massachusetts. Trois singles ont été issus de l'album, Last Child, Home Tonight et Back In The Saddle, et les meilleures chansons de l'album (pour ainsi dire, tout !) seront pendant longtemps des chevaux de bataille des Duponts Volants en concert. Commençant définitivement à plonger dans l'enfer des drogues dures, Tyler et Perry livrent ici des chansons de malade, Perry se permet même d'en chanter une, Combination, qui achève la face A avec efficacité (quel riff !). Mais tous se mettent à la tâche, Last Child est une idée de Whitford, Sick As A Dog d'Hamilton... Seul le batteur, Kramer, ne collabore pas à l'écriture, mais il remplit parfaitement son office de soudard (sa frappe sur Nobody's Fault, juste après une intro de wah-wah atmosphérique, est juste butante), et offre même des choeurs sur la ballade finale Home Tonight (signée de Tyler seul), chanson lacrymale et magistrale, une des plus belles ballades, si ce n'est la plus belle, du groupe. C'est la seule ballade d'un album, sinon, peu avare en rocks bien cinglants : Last Child (dont l'intro est cependant douce), Rats In The Cellar, Combination, Sick As A Dog (quelle chanson !), Lick And A Promise, Nobody's Fault, et l'intense Back In The Saddle sur lequel Tyler chante comme jamais encore il ne l'avait fait. La seule chanson un tant soit peu anodine ici, à la rigueur, est Get The Lead Out, mais elle est tout de même efficace.

AEROSMITH 6

Intérieur de pochette

Le son est puissant, la production assure à fond. Rocks est clairement le meilleur album du groupe, et un des sommets du hard-rock pur et dur, avec notamment Overkill de Motörhead, Killer et Billion Dollar Babies d'Alice Cooper, In Rock et Machine Head de Deep Purple, Cat Scratch Fever de Ted Nugent, Led Zeppelin II, Led Zeppelin IV, Houses Of The Holy et Physical Graffiti de Led Zeppelin et Jailbreak de Thin Lizzy. Et d'autres, évidemment. On est ici dans la cour des très grands, des immenses, même. Pour ainsi dire parfait (à part Get The Lead Out), Rocks démantibule l'auditeur du début à la fin, une fulgurance hard tenace, durable dans le temps (même au bout de la centième écoute, le disque reste ce qu'il est, une claque, une date). Après ce coup d'éclat prodigieux, le groupe se tasse : la suite sera en effet une alternance entre disques moyens (Draw The Line, Done With Mirrors, Nine Lives) et nullités (Night In The Ruts, Rock In A Hard Place, Just Push Play), avec cependant une trilogie magique en 1987/1993, Permanent Vacation, Pump et Get A Grip. Mais même ces trois excellentissimes opus n'arrivent pas à être aussi quintessentiels que ce Rocks décidément anthologique. C'est dire !

FACE A

Back In The Saddle

Last Child

Rats In The Cellar

Combination

FACE B

Sick As A Dog

Nobody's Fault

Get The Lead Out

Lick And A Promise

Home Tonight