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Cet album sera toujours très important pour moi (il l'est pour d'autres : Prince, oui, Prince, ne cessera de clamer son admiration pour Joni Mitchell, et pour cet album notamment), parce que j'ai découvert l'oeuvre de Joni Mitchell par son biais. Je feuilletais un hors-série de Rock'n'Folk sur les 500 meilleurs albums de rock, ce disque était dedans. Pas que ce disque, pour Joni (sauf erreur, Blue aussi est dedans, et sans doute un ou deux autres), mais pas mal de choses ont fait que j'ai directement tilté et me suis dit si jamais je ne dois écouter qu'un seul album de cette artiste, que ça soit celui-là. Joni, je connaissais déjà, de réputation (et deux-trois chansons comme Woodstock, mais par le biais de la version CSN&Y, pour celle-là), et je savais que tôt ou tard, il me faudrait écouter ses albums. Mais par lequel commencer ? Le premier, et tout faire par ordre chronologique (c'est ceci dit très conseillé de faire ça, pour voir l'évolution de sa musique, de son songwriting) ? Le plus vendu (Blue, dans ce cas, je pense) ? Une vulgaire compilation ? Ou bien choisir un disque au pif (si ça tombe sur Court And Spark ou Hejira, bien joué, mais si ça tombe sur Dog Eat Dog...) ? Ou bien prendre en jugeant selon la pochette ? En ce qui me concerne, ce fut ça. La pochette, vert et argent, le titre ("le bruissement des pelouses d'été"), et même l'année (1975), cet assemblage m'a férocement donné envie de l'écouter, ce disque. La pochette, cependant, n'est pas particulièrement sublime, mais son style graphique me parlait, me parle encore, elle a ce parfum seventies indéniable. A noter qu'au verso, une petite maison colorée en bleu ciel (ou en vert, selon le pressage) est la maison de Joni, représentée, dans le quartier de Beverly Hills. 

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Sorti e 1975, faisant suite à Court And Spark et au double live Miles Of Aisles (tous deux de 1974), The Hissing  Of Summer Lawns est le septième album studio et huitième album tout court de la Canadienne. Son précédent opus, Court And Spark, était sa première tentative dans le merveilleux univers du jazz-rock, et une tentative totalement réussie, enregistrée avec le groupe L.A. Express de Tom Scott, qui allait l'accompagner en live pour la tournée promotionnelle (le double live qui suivra). On retrouve le L.A. Express sur l'album (John Guerin - avec qui Joni aura une aventure - à la batterie, Max Bennett à la basse, Larry Carlton à la guitare, Joe Sample aux claviers), mais pas le saxophoniste Tom Scott. On trouve aussi, sur l'album, des musiciens tels que Victor Feldman (claviers), Robben Ford (guitare), Wilton Felder (basse), Chuck Findley (trompette, cuivres), Bud Shank (saxophone), David Crosby, Graham Nash et James Taylor (choeurs) et, sur un titre, les Tambours Guerriers du Burundi. Joni joue de la guitare acoustique, des claviers (Moog, piano, ARP et Farfisa). Elle est aussi la seule productrice des 42 minutes de cet album qui, encore une fois, entremêle adroitement jazz/rock et folk. Avec un petit peu d'avant-garde. L'album, à sa sortie, sera d'ailleurs critiqué, on reprochera à Joni d'avoir fait un album de musique lounge, artificiel, alors que les textes sont, eux, très lettrés. La photo de l'intérieur de pochette (Joni allongée nonchalamment dans l'eau de sa piscine) fera jaser, aussi. Par la suite, la réputation de l'album ne cessera d'augmenter, et on en parle aujourd'hui comme du sommet de Mitchell, tout du moins un de ses sommets. 

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Il faut dire ce qui est, The Hissing Of Summer Lawns est un triomphe. Une pop folk/jazz finement ciselée sur laquelle la voix de Joni fait des miracles. Je défie quiconque de ne pas craquer, de ne pas fondre comme un chocolat dans un bûcher, en entendant In France They Kiss On Main Street, Edith And The Kingpin ou Shades Of Scarlet Conquering. Pour ne pas citer le final, Shadows And Light, sur lequel Joni surmultiplie les pistes de sa voix avec, comme seul accompagnement, en fin de couplet, un ARP et un Farfisa, et rien d'autre que ces synthés vaporeux. Frissons. A côté, on a aussi Harry's House - Centerpiece, morceau assez étendu (avec presque 7 minutes, c'est le plus long ici) qui allie un morceau inédit composé par Joni, très calme et jazzy, avec une reprise d'un standard du jazz de 1958. On a aussi The Boho Dance, dont le titre est inspiré par un livre de Tom Wolfe (The Painted Word). On a The Jungle Line, puissant et évocateur, qui s'ouvre sur les Tambours du Burundi et sur lequel la voix de Joni est mélangée à un Moog qui offre une atmosphère poisseuse, palpable, inquiétante. On a les plus traditionnels Don't Interrupt The Sorrow, Sweet Bird et le morceau-titre, inoubliable. Il n'y à strictement rien à jeter sur cet album majeur de Joni Mitchell et de la pop et du jazz-rock de l'époque. Chanson à tomber, production magistrale, interprétation parfaite, ce disque est un monument. Dire que le suivant sera encore plus beau... Mais ça c'est pour dans quelques jours !

FACE A

In France They Kiss On Main Street

The Jungle Line

Edith And Kingpin

Don't Interrupt The Sorrow

Shades Of Scarlett Conquering

FACE B

The Hissing Of Summer Lawns

The Boho Dance

Harry's House - Centerpiece

Sweet Bird

Shadows And Light