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Making Movies, en 1980, malgré un certain côté un peu putassier (je sais que j'exagère un peu en disant ça, mais c'est ce que je pense de l'album) résultant d'une tentative de bien américaniser leurs sonorités, est un nouveau pas en avant pour Dire Straits. L'album cartonne, sous sa pochette rouge criarde, et offre plusieurs hits, dont Romeo And Juliet et Tunnel Of Love, qui font partie des essentiels de la bande à Knopfler. Qui, pendant l'enregistrement, était encore un groupe de 4 membres, mais comme David Knopfler, le petit frère et second guitariste, claquera la porte vers la fin des sessions, le groupe est officiellement un trio. Pour la tournée mondiale (baptisée "On Location", terme qui, comme le titre de l'album, vient des paroles d'une des chansons de l'album, Skateaway), le groupe recrute deux nouveaux membres : le guitariste rythmique Hal Lindes et le claviériste Alan Clark, premier claviériste officiel du groupe. C'est sous cette formation qu'en mars 1982, et jusqu'en juin, le groupe entre en studio, aux mêmes studios que pour le précédent opus (Power Station de New York), pour y enregistrer leur quatrième album studio : Love Over Gold. Cet album est souvent qualifié de meilleur opus du groupe, et je dois dire que c'est vraiment le cas. C'est le disque qui va vraiment, définitivement, tout changer pour le groupe, qui impose ses idées musicales, ses vues, tout en offrant de la musique de haute qualité, remplie de hits, totalement commerciale. Vous en connaissez beaucoup, vous, des groupes qui, tout en restant commerciaux et populaires, sortiront un album de seulement 5 titres (et ce, pour 41 minutes au compteur) ? L'album est produit par Knopfler lui-même et sera l'écrin de deux singles.

Vu le nombre de morceaux, c'est un beau ratio.

Vu leurs durées, c'est une gageure. 

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Seul album du groupe pour lequel la pochette, au moment du CD, sera légèrement différente (le lettrage sera grossi et sur deux lignes, l'éclair sera zoomé et sera aussi plus clair), pochette qui représente donc un éclair dans la nuit et est très belle (au verso et sur la sous-pochette, des captures d'écran d'antiques ordinateurs, visuellement abominables mais, hé, c'est comme ça qu'ils étaient, les ordinateurs, à l'époque, y'en à sûrement qui s'en souviennent !), Love Over Gold est un chef d'oeuvre quasi parfait, qui entremêle rock, progressif et même un peu jazz. C'est le dernier album du groupe avec Pick Withers, leur premier batteur (et le seul album studio avec Hal Lindes, au passage). Seulement 5 titres, mais que du lourd. Bon, OK, Industrial Disease, qui sera un des deux singles (et il ne sera pas un triomphe, ce single), est clairement le morceau le moins bon ici, c'est une sorte de pochade amusante (Knopfler semble s'être bien amusé à la chanter, on l'entend même rire un peu, lui qui, souvent, semble royalement s'emmerder, à voir les tronches qu'il tire sur la plupart des photos du groupe ; et quand il sourit, ça fait, hélas pour lui, vraiment neuneu) mais si on la compare avec le reste, ben, c'est vrai, c'est moins fort. Mais pas mauvais pour autant. L'autre single, c'est Private Investigations, chanson sur un détective privé, qui raconte une de ses affaires, ou des éléments de sa vie, d'un air désabusé, sur une mélodie un peu jazzy et vaguement latino. Le final, instrumental, est saisissant, avec ces power-chords tonitruantes retentissant dans un quasi complet silence (on entend même des effets sonores : miaulement de chat, bris de verre...), cette double explosion sonore... Long de presque 7 minutes, le morceau sera raccourci pour le single. Quant à Industrial Disease, je ne sais pas combien de temps dure le single, mais sur l'album, le morceau dure un petit peu moins de 6 minutes...et est le plus court du lot.

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Dire Straits en 1983/84 (Terry Williams, avec le col moumoute noir, étant arrivé après 1982)

On a aussi, sur le disque, It Never Rains, 8 minutes sublimes (mais au final peu connues, il faut connaître l'album pour connaître la chanson) qui achèvent superbement l'album (de belles envolées de guitare dans le final) ; on a Love Over Gold, le morceau-titre donc, long d'un peu plus de 6 minutes, qui sortira en single, en 1984, dans une très courte (deux fois moins longue que la studio) version live, en complément au double live Alchemy (en CD, elle est sur le live ; en vinyle, elle manque à l'appel), et dont la version studio, dotée d'un sublime piano classique, est à tomber à poil dans un buisson d'orties en criant Geronimo; et on a, aussi et surtout, le morceau inaugural : Telegraph Road. Long de 14 minutes et quasiment autant de secondes (les versions live seront presque aussi longues), c'est le morceau le plus long de l'album, évidemment, mais aussi et surtout de l'entier catalogue du groupe. C'est une épopée à tomber par terre sur la conquête de l'Ouest, plus précisément sur la construction, à partir de rien, d'une petite ville par des pionniers. Et on la relie aux autres par le télégraphe. Le morceau est évidemment propice aux atmosphères aériennes, ambiantiques, cinématographiques, et à de belles envolées de guitare, notamment à un duel entre Knopfler et Lindes (qui délivre des power-chords tels des coup de tonnerre par-dessus le solo de Knopfler, dans le long et jouissif final). Si vous aimez la guitare, impossible de ne rien ressentir en écoutant Telegraph Road, pour moi LE sommet du groupe et de Knopfler. Ahurissant, parfait pendant ses 14 minutes qui, vraiment, passent trop vite. C'est limite une faute de goût que d'avoir fait démarrer l'album par ce morceau ; même si les 4 autres titres sont excellents (voire exemplaires), Telegraph Road est le sommet de Love Over Gold, de loin. Durant les sessions de l'album seront enregistrées d'autres chansons qui, pour l'une, finira sur le disque suivant du groupe (mais pas dans toutes ses versions ; pour en savoir plus, attendez demain, même heure !), et pour une autre, sera, en 1984, offerte à Tina Turner : Private Dancer. C'est aussi après Love Over Gold que Knopfler partira produire (et jouer aussi dessus) l'album Infidels pour Bob Dylan, qui sera sa deuxième et dernière collaboration avec le Barde...

FACE A

Telegraph Road

Private Investigations

FACE B

Industrial Disease

Love Over Gold

It Never Rains