Et voici maintenant le tour de Jacques Dutronc pour un nouvel article discographique (albums studio et live officiels) !
Jacques Dutronc (Et Moi, Et Moi, Et Moi) (1967) : Dire que Dutronc, à la base, qui bossait chez les Disques Vogue, ne devait pas chanter ! Guitariste, il a accepté de chanter pour remplacer un chanteur qui ne correspondait pas bien aux chansons que Dutronc avait signées. Le résultat est là, un chanteur est né... 12 titres, et quasiment autant de classiques. Et Moi, Et Moi, Et Moi, Les Playboys, Les Cactus, La Fille Du Père Noël, Mini, Mini, Mini, On Nous Cache Tout, On Nous Dit Rien, L'Espace D'Une Fille, et ce délire qu'est La Compapade, qui sera un des chevaux de bataille de Dutronc en live. Ce premier album à la pochette mythique est grandiose et essentiel. Son meilleur, sans doute !
Jacques Dutronc (Il Est Cinq Heures, Paris S'Eveille) (1968) : Quasiment aussi remarquable que le premier opus. Il Est Cinq Heures, Paris S'Eveille, Fais Pas Ci, Pas Pas Ca, Les Rois De La Réforme, autant d'excellentes chansons sur ce deuxième opus. Encore une pochette anthologique d'un Dutronc déjà cigarisé et pierrecardinisé, dandy cynique et rigolard. Un deuxième album qui n'est pas un de mes préférés du bonhomme, mais nombreux sont les chanteurs qui aimeraient avoir dans leur discographie un disque aussi bon !
Jacques Dutronc (L'Opportuniste) (1969) : Oui, il y à L'Opportuniste, une des plus grandes chansons de Dutronc, et de la chanson française. Il y à aussi Le Mythofemme. Mais dans l'ensemble, ce troisième album toujours sans vrai titre (les titres entre parenthèses sont les titres que, généralement, les fans et journalistes donnent à ces albums) n'est vraiment pas aussi remarquable que les deux premiers. On sent une baisse de qualité, de niveau, baisse qui ne durera pas trop, mais sera quand même bien présente dans les années 70. Enfin, ce n'est pas catastrophique non plus !
L'Aventurier (1970) : Nettement meilleur, ce disque mal remastérisé en CD (un vrai carnage, autant le dire : il manque des secondes d'intro à plusieurs chansons, le son est pourri...) offre de pures petites merveilles : L'Hôtesse De L'Air, L'Aventurier, et est le premier album de Dutronc à avoir un vrai titre. Une pochette bien dans la norme de l'époque (le lettrage multicolore) pour un album pas grandiose, mais quand même meilleur que le précédent et que la majorité des suivants (des années 70 s'entend). Oui, L'Aventurier est un bon cru de Dutronc !
Jacques Dutronc (L'Arsène) (1971) : A nouveau une petite baisse de qualité (mais rien de grave) avec ce disque, qui contient quand même L'Arsène, Restons Français, Soyons Gaulois, Le Fond De L'Air Est Frais (signée du dessinateur de BD Fred) et Les Parasites. Mais dans l'ensemble ce cru 1971, sans être le moins bon de Dutronc, n'est pas un des meilleurs, clairement pas même. On a plus de chansons moyennes, ou même pas terribles du tout, qu'autre chose. Les années 70 seront un peu difficiles pour Dutronc, de toute façon, et ce disque le prouve bien...
Jacques Dutronc (Le Petit Jardin) (1972) : Là, c'est franchement mauvais. Si on excepte Le Petit Jardin, je ne vois rien de réellement potable dans ce cru 1972 sorti sous une pochette assez timbrée (jeu de mots, ah ah ah). Dutronc dans le creux de la vague, une collection de 11 chansons dont aucune ou presque ne restera dans les annales. A noter, une chanson signée Gainsbourg, et le dessinateur de BD Fred signe à nouveau des chansons. Franchement à oublier, ce cru 1972, le moins bon de toute la carrière de Dutronc...
Jacques Dutronc (L'Île Enchanteresse) (1975) : Un peu meilleur, avec L'Île Enchanteresse, Gentleman Cambrioleur, Les Roses Fanées, J'Comprend Pas. Ce cru 1975 est, dans l'ensemble, du niveau de L'Aventurier (1970), autrement dit, ce n'est pas le sommet de Dutronc, mais certainement pas raté, c'est nettement supérieur aux deux précédents albums et à ceux des années 80 (celui de 1980, le suivant de la liste, excepté)
Guerre Et Pets (1980) : Premier album en 5 ans, et quel album ! Introuvable en CD (jamais édité sous ce format, comme, il me semble, le suivant), Guerre Et Pets contient 9 titres, pour seulement 28 minutes. Une reprise proto-technoïde du Temps De L'Amour (chantée autrefois par Françoise Hardy, Dutronc avait fait la musique), deux chansons signées Jacques Lanzmann (dont l'énervant mais rigolo Manque De Tout) et six morceaux signés Gainsbourg, dont L'Ethylique, Mes Idées Sales et l'immense chanson-choc anti racisme L'Hymne A L'Amour (Moi L'Noeud), aux couplets constitués d'insultes diverses, sur une musique assez heavy. Mon album préféré de Dutronc, un de ses meilleurs aussi, probablement. Et un disque fait pour se marrer, par deux zigotos amateurs de noubas (Dutronc et Gainsbourg), un disque rigolo et à prendre au second degré (au moins) ! Son meilleur depui 1968, ni plus ni moins, et il faudra attendre 1995 pour avoir à nouveau un disque studio aussi bon.
C'Est Pas Du Bronze (1982) : Anne Segualen (femme de Lanzmann) signe à elle seule quasiment tous les titres de cet album qui, sans être mauvais, n'est pas un des meilleurs crus de Dutronc, quoi qu'on en dise. Inexistant en CD comme le précédent, C'Est Pas Du Bronze marchera assez bien, grâce, notamment, à Savez-Vous Planquer Vos Sous et Tous Les Goûts Sont Dans Ma Nature, que Dutronc reprendra 13 ans plus tard en duo avec Daho. Pochette assez sexy, et Dutronc signe lui-même certaines chansons en totalité (paroles et musique), chose assez rare (si on excepte La Compapade sur le premier album, c'est même la première fois ici). Un disque assez mineur, mais pas honteux.
C.Q.F.D...utronc (1987) : Sorti sous quatre pochettes différentes (celle ci-contre est le plus courante), ce disque contient Corsica, Opium (avec Bambou, dernière femme de Gainsbourg), Les Gars De La Narine, Qui Se Soucie De Nous (co-écrit avec Daho)... Disque d'or, C.Q.F.D...utronc est un disque assez sympa, mais du même niveau que le précédent, assez mineur, inégal. Il faudra attendre 8 ans pour que Dutronc refasse un album studio (et 5 ans pour un album tout court), l'attente sera longue, et récompensée, mais en attendant, ce disque a plutôt mal vieilli, et passait sans doute mieux la rampe en 1987 que maintenant. Ce n'est pas raté non plus, juste moyen.
Dutronc Au Casino (1992) : Anthologique. Deux inédits (Entrez M'Sieur Dans L'Humanité et L'Âme Soeur), et, au total, 19 morceaux, pour 71 minutes, pour le premier live de Dutronc, au Casino de Paris. Une des plus grosses ventes d'album live en France et une des plus grosses ventes, et même la plus grosse, pour Dutronc. Tout simplement parfait, de L'Opportuniste (dans sa meilleure interprétation) à Et Moi, Et Moi, Et Moi, en passant par Corsica, L'Hymne A L'Amour (Moi L'Noeud) et La Compapade. Tout simplement grandiose et essentiel.
Brêves Rencontres (1995) : Trois ans après son remarquable live au Casino de Paris, Dutronc livre son premier album studio en 8 ans. Contenant les versions studio des deux titres inédits du live (Entrez M'Sieur Dans L'Humanité et L'Âme Soeur), ainsi qu'un instrumental remarquable (Thomas) sur lequel joue Thomas Dutronc, plus une reprise de Tous Les Goûts Sont Dans Ma Nature en duo avec Etienne Daho, plus, aussi, la chanson-titre et Laisse Lucie Faire, ce Brêves Rencontres, 40 minutes (le plus long à l'époque), est une réussite, tour à tour assez énergique/rock et chanson classique. Un régal !
Madame L'Existence (2003) : 8 ans d'attente pour un nouvel album, attente heureusement satisfaite en 2003 avec Madame L'Existence. Son dernier opus studio à ce jour, en attendant que Dutronc en ressorte un autre (on ne sait jamais). Avec 43 minutes, ce n'est pas bien long, mais c'est son plus long album studio ! De très très bonnes chansons (Face A La Merde, la chanson-titre) pour un disque à écouter plusieurs fois, car il faut bien l'apprivoiser pour bien l'apprécier.
Et Vous, Et Vous, Et Vous (2010) : Un live remarquable, issu de la tournée du grand retour (2009/2010). Pendant toutes ces années, depuis 1992, Dutronc ne refera pas un seul concert. Il faudra toute la force de conviction de son entourage, et notamment son fils Thomas, pour qu'il accepte. Le résultat est là : ses meilleures chansons, anciennes ou plus récentes (mais surtout anciennes), sur un live franchement excellent (même s'il n'est pas aussi quintessentiel que celui de 1992). Seul regret : il n'est que simple, ce live (comme le précédent)...
écoutez les intolérables Tic Tic (rien que le titre, tu sens que ça va être métaphysique...), L'âge d'Or ("de la belle ouvrage vocale !" selon un pote halluciné), Ksst Ksst (écrit par Jo Moutet... il prenait vraiment n'importe qui en 72...), la reprise ignoble du Temps de l'Amour (chantée comme un cul !), Savez-vous planquer...(et son intro du professeur Thibault...)
Eh ben, ces chansons sont ultra-attachantes...
Un génie, je vous dis !