GAINSBOURG C 4

Pour son troisième album solo, Charlotte Gainsbourg a opté pour le tout-en-noir. Noir pour l'ambiance de l'album, souvent oppressante, et, en tout cas, expérimentale. Noir pour la pochette et le disque lui-même (l'objet), aussi : le CD est noir sur ses deux faces, s'il n'y avait pas l'inscription du nom de l'album sur la face recto, on ne saurait pas trop laquelle mettre sur le lecteur. les tranches du boîtier du CD sont noires et vierges de toute inscription (même le Floyd, pourtant peu avares en pochettes sans texte, n'ont pas osé faire ça !)... Bon, cessons de se concentrer sur la pochette (une sublime photo noir & blanc de Charlotte, à la Nico) pour parler de l'album en tant que tel. C'est le troisième disque de Charlotte 'fille de' Gainsbourg, et selon moi, son deuxième vrai album, vu que son premier, Charlotte For Ever, de 1984, avait été entièrement fait par son père, Charlotte, alors âgée de 13 ans, se contentait de chanter. Sur 5:55 (2006), le deuxième album, elle écrit quelques textes (peu, certes, mais tout de même) et à un certain contrôle du résultat final. L'album, fait par et avec le groupe Air (et avec des textes de Jarvis Cocker et Neil Hannon, aussi), était une belle réussite de rock à tendance pop vaporeuse et ambient à la Air ou Eno. Pour son album suivant, Charlotte ne retravaille plus avec Air, mais avec Beck Hansen, ou Beck tout court, artiste américain multi-instrumentiste et touche-à-tout, dont le Odelay (1996) n'a pas fini de résonner dans les oreilles des mélomanes.

GAINSBOURG C 2

Ce troisième opus a donc été produit par Beck, qui a signé, aussi, tous les morceaux sauf Voyage et Greenwich Mean Time, qu'il a co-signé avec Charlotte. Beck tient guitare, basse, programmation de batterie, claviers divers, un peu de chant en choeur, percussions et marimba sur le disque, Charlotte, elle, joue du piano sur le dernier titre et de la fûte sur Greenwich Mean Time, mais, sinon, se contente de chanter. Drew Brown, David Campbell, Jason Falkner, Joey Waronker, Bram Inscore, notamment, jouent sur ce disque, un album qui porte le charmant nom d'IRM, allusion à l'accident qui, en 2007, lui cause une hémorragie cérébrale (un accident de ski) et occasionnera des séances d'IRM. Elle s'en sortira sans dommages, heureusement pour elle, et en entendant les bruits de machine dans le caisson d'IRM, aura l'idée de faire un disque utilisant ces sons, ou des sonorités similaires. L'album s'appelle donc IRM et offre des sonorités, ambiances, assez étranges, oppressantes, inhabituelles, tout du long de ses 41 minutes (pour 13 titres, dont certains en français). L'album peut faire penser aux albums de Nico faits avec John Cale (The Marble Index, Desertshore, The End...), dans un sens. Moins difficile d'accès, moins expérimental, mais tout aussi froid et étonnant. Et magnifique, aussi, car autant le dire, si 5:55, le précédent opus, était très bon, IRM, lui, est incroyable.

GAINSBOURG C 5

Les morceaux sont fantastiques : IRM, Le Chat Du Café Des Artistes, Trick Pony, Me And Jane Doe, le court (2 minutes) In The End, Voyage (très étrange !) ou La Collectionneuse. Interprétation de qualité d'une Charlotte qui trouve de plus en plus son créneau (ce n'est pas une chanteuse à voix, comme Nico que j'ai citée plus haut, mais dans son registre, elle assure), production remarquable et étonnante de Beck, chansons sublimes, arrangements dérangeants et originaux, IRM est vraiment une réussite, un disque bluffant, à écouter plusieurs fois, car la première risque d'être un peu difficile à digérer, c'est vraiment à part et expérimental. Mais qu'est-ce que c'est bon, aussi et surtout !

Master's Hands

IRM

Le Chat Du Café Des Artistes

In The End

Heaven Can Wait

Me And Jane Doe

Vanities

Time Of The Assassins

Trick Pony

Greewich Mean Time

Dandelion

Voyage

La Collectionneuse