"New Yorker" - Hugues Aufray

12 février 2012

"New Yorker" - Hugues Aufray

Entre Hugues Aufray et Bob Dylan, c'est une amitié indestructible qui dure depuis le début des années 60. C'est grâce à Aufray que Dylan est aussi connu en France, quand il venait en France, à Paris, dans les années 60 et par la suite, il passait souvent chez Aufray, qui lui faisait visiter les plus beaux coins de la ville. Dans le livret de ce CD se trouve un texte, en anglais, signé Dylan, récent, un petit texte au sujet de cette profonde amitié entre les deux folkeux. Dylan dit, dans ce texte, que lorsqu'il a entendu les adaptations en français de ses chansons par Aufray, il avait eu l'impression que c'était lui, Dylan, qui avait adapté en anglais ces chansons, et non pas l'inverse, histoire de dire à quel point il trouve ces adaptations (qu'Aufray fait depuis 1965 et un Aufray Chante Dylan anthologique) magnifiques et réussies. Cet album, pas Aufray Chante Dylan mais New Yorker, est à ce jour le dernier opus d'Hugues Aufray, et il est sorti en 2009, sous une pochette photographique représentant Aufray donner la touche finale à un buste sculpté du Barde (qu'il a sans aucun doute sculpté lui-même). Sous-titre Hommage A Bob Dylan, ce nouvel album d'Aufray est donc un disque de reprises de chansons du Zimm'. 13 titres, pour un peu moins d'une heure (57 minutes), et sur ces 13 titres, 11 sont des duos. Seule la première chanson, basée sur Blowin' In The Wind, et la dernière (Cloches Sonnez, adaptation de Ring Them Bells), sont d'Aufray seul. Au sujet de la première, New Yorker, ce n'est pas une adaptation, mais un texte inédit d'Aufray, sur sa relation avec Dylan, sur fond de la mélodie de Blowin' In The Wind, laquelle chanson est cependant adaptée sur le disque.

Les 11 chansons restantes sont donc des duos, avec des stars de la chanson française. Eddy Mitchell pour La Fille Du Nord (Girl From The North Country), Voulzy pour Mr L'Homme Orchestre (Mr Tambourine Man), Souchon pour L'Homme Dota D'Un Nom Chaque Animal (Man Gave Name To All The Animals), Cabrel pour Dans Le Souffle Du Vent (Blowin' In The Wind), Johnny pour Jeune Pour Toujours (Forever Young), Lavilliers pour Knock Knock, Ouvre-Toi Porte Du Ciel (Knockin' On Heaven's Door), Jane Birkin pour Tout Comme Une Vraie Femme (Just Like A Woman), Arno pour Au Coeur De Mon Pays (Heartland)...Plus étonnant, Didier Wampas pour Tout L'Monde Un Jour S'Est Planté (Rainy Day Women #12 & 35) et Pep's et Wasis Diop pour Nous Serons Libres (I Shall Be Released). Sans oublier la Première Dame de France pour N'Y Pense Plus, Tout Est Bien (Don't Think Twice, It's Alright). Si l'on excepte justement ces deux dernières chansons (choix de duo idiot en ce qui concerne Pep's dont tout le monde se contrefout, et Carla Bruni n'est pas une bonne chanteuse), ce New Yorker n'a pour ainsi dire que du bon. La chanson avec Didier Wampas est sympathique, les duos avec Lavilliers, Voulzy, Birkin, Hallyday et Mitchell valent vraiment le coup, idem pour Arno très convaincant, et le reste, ben, c'est du bon, pas toujours de l'extraordinaire, mais rien de catastrophique, à part les performances de Pep's (pour Wasis Diop, c'est un peu meilleur, mais pas extraordinaire non plus) et Carla Bruni.

New Yorker - Hommage A Bob Dylan est donc un très bon disque de reprises en français des chansons du Barde, avec des choix assez originaux parfois (Man Gave Name To All The Animals, Heartland, Ring Them Bells, Rainy Day Women #12 & 35, Forever Young), et, évidemment, des choix plus évidents (Mr Tambourine Man, Girl From The North Country, Blowin' In The Wind, Knockin' On Heaven's Door). On peut reprocher que les adaptations soient parfois édulcorées par rapport aux textes originaux (Rainy Day Women #12 & 35, dont le refrain Everybody must get stoned - 'tout le monde doit se défoncer - devient Tout le monde un jour s'est planté), et que certaines adaptations soient trop littérales, trop proches (Knock Knock, Ouvre-Toi Porte Du Ciel est une bonne adaptation, pour le chant, la musique, mais la traduction fait un peu pompeuse, scolaire, traduction au mot près, pour le refrain et pas mal des couplets : Maman, jette ce badge loin de ma vue...). Mais dans l'ensemble, ce disque est très réussi, pas aussi grandiose qu'Aufray Chante Dylan de 1965, mais vraiment un bon disque, qui prouve encore une fois la profonde amitié et le respect qu'Aufray a pour Dylan, respect réciproque (je me demande en revanche pourquoi Aufray n'a pas demande à Dylan de faire une chanson en duo avec lui sur le disque). Bref, si vous aimez Dylan et Aufray (ou l'un des deux, ou les deux), New Yorker devrait vous plaire !