Et revoilà Izïa, fifille de Jacques Higelin. Elle m'avait bien surpris, en 2009 (en fait, j'ai découvert ce disque en 2010), avec son premier album, éponyme, un disque de rock bien saignant entièrement anglophone, un disque sous influence Led Zeppelin (avec des accents un peu funky par moments : Blind). Un premier album pas monumental, mais qui délivrait bien 45 minutes franchement réjouissantes, bien interprétées, 12 chansons vraiment efficaces, un premier album à lui seul cent fois meilleur que quasiment toute la nouvelle scène rock française (Second Sex, Naast, BB Brunes, Plasticines...). Elle a de toute façon de qui tenir, la Izïa (son vrai prénom, même si elle s'appelait M'zia à la base, ce qui, en georgien, signifie 'ensoleillé'). Son deuxième album sort en novembre 2011, sous une pochette sexy (Izïa, torse nu, un serpent enroulé sur ses épaules), et elle l'a enregistré avec les mêmes musiciens, son groupe : Sébastien Hoog (guitare), Antoine Toustou (basse), Vincent Polycarpe (batterie, percussions). Long de 42 minutes pour 10 titres, ce deuxième album, le toujours difficile deuxième album, s'appelle So Much Trouble. Le son est plus mélodique et moderne, grunge, et toujours interprété intégralement dans la langue de Shakespeare, ce qui est une preuve de bon goût, car on sait bien qu'en général (il y à des exceptions : Noir Désir, le meilleur de Téléphone), le rock ne passe pas très bien en français.
Son premier album (Izia) était franchement excellent et, donc, très bourrin, très heavy. Son deuxième album est, lui, donc, plus rock classique, plus mélodieux et recherché. De là à dire qu'Izïa a perdu de la hargne, est devenue plus commerciale, ça serait faire un pas que je ne ferai, personnellement, pas. So Much Trouble est certes moins rentre-dedans que le premier album éponyme, mais, franchement, de Baby à I Hate You en passant par le long (plus de 6,30 minutes !) Penicilline, les dix chansons sont vraiment excellentes. Comme Géant Vert, journaliste de Rock'n'Folk et avant ça, punk (il a bossé pour Parabellum, en tant qu'auteur) l'a dit dans sa critique de l'album, Izïa n'en est pas encore à faire un chef d'oeuvre à la Horses (de Patti Smith, artiste qu'elle adule et on sent d'ailleurs son influence, comme celle de Janis Joplin), elle est encore en début de carrière, ce n'est que son deuxième album, et nul doute qu'elle va surprendre dans les années à venir si elle continue sur sa lancée (et, avant tout, si elle continue de faire de la musique, tout court). So Much Trouble, Your Love Is A Gift, She, Twenty Times A Day ou Penicilline, autant de chansons efficaces, nerveuses, plus 'modernes' que les brulôts heavy rock 70's du premier album (remember Lola, Back In Town ou The Train ?). Voilà de quoi faire de ce deuxième effort studio de la môme Higelin, troisième Higelin à faire de la musique après son père et son demi-frangin Arthur, voilà de quoi faire de ce deuxième effort studio, donc, une réussite.
Pas un disque monumental, et le premier ne l'était pas non plus, mais un album ultra efficace, nerveux, jouissif, super bien interprété, écrit et produit, un disque classieux et rock, qui, sincèrement, apporte une preuve de plus que chez les Higelin, le talent ne saute pas de générations. Et une preuve supplémentaire qu'Izïa est une artiste à suivre. So Much Trouble plaira à celles et ceux qui ont aimé Izia, mais aussi à ceux qui ont trouvé ce premier album un peu trop hard. Là, c'est moins heavy, mais toujours on ne peut plus rock. Bref, c'est vraiment bon, que demander de plus sinon 42 minutes de bon vieux rock, hein, je vous le demande ? Si vous recherchez quelque chose de plus original, le rock progressif vous tend les bras. Là, c'est juste du rock, du binaire, et voilà, c'est aussi simpliste et efficace que désiré !
Baby
So Much Trouble
Your Love Is A Gift
I Can Dance
On The Top Of The World
Penicilline
Twenty Times A Day
That Night
She
I Hate You