RM1

Ca faisait un petit moment que je n'avais pas parlé de Roxy Music. Ah ! non, pardon, j'avais parlé, un peu, de ce groupe en mai dernier, via une nouvelle chronique de leur dernier album Avalon. Bon, ça remonte quand même à 8 mois, donc on va dire que ça fait un petit moment. Roxy Music, c'est vraiment un groupe qui compte énormément pour moi. Pour tout dire, pendant un bon moment, ma sonnerie de réveil, c'était l'intro de All I Want Is You, un des morceaux de l'album que je vais rechroniquer aujourd'hui. Quiconque connaît cette chanson le confirmera : en guise de réveil, c'est assez radical : guitares carillonnantes bien bruyantes, c'est parfait pour sortir du sommeil en quelques secondes ! Le groupe a démarré en 1971/72, leur premier album, sans titre, date de 1972 et, déjà, toutes les bases sont là : pochette glamour avec une belle jeune femme affriolante, ambiance décalée, à la fois glam, avant-gardiste et très rock (le hautbois d'Andy Mackay, mais ausi les bidouillages synthétiques, électroniques, d'Eno), et des classiques à la pelle (Re-Make/Re-Model, Ladytron, Virginia Plain sorti en single séparé de l'album). Après un deuxième album (For Your Pleasure) encore meilleur en 1973, Eno se barre, il y avait une sorte de divergence artistique (et une petite bataille d'ego) avec le chanteur, Bryan Ferry. Ce qui n'empêchera pas Eno de dire, sincèrement, que le troisième opus, Stranded, sorti aussi en 1973, est le meilleur du groupe à l'époque (A Song For Europe, Mother Of Pearl). Gentil, le Brian, il n'était pas obligé. Ceci dit, il se permettra tout de même une petite pique à Ferry sur Dead Finks Don't Talk, la même année, sur son premier opus solo. 

RM2

En été 1974, le groupe enregistre ce qui sera son quatrième album, Country Life (le titre vient d'un fameux magazine britannique). Pochette encore une fois très sexy-glamour. Celle-ci l'est tellement que l'album sortira, dans certains pays (Espagne encore franquiste, les très puritains USA...) sous une pochette censurée, située en-dessous de ce paragraphe. Il faut dire que dans le genre, c'est du lourd, Ferry lui-même (qui convaincra les deux jeunes femmes, rencontrées au Portugal en vacances, et qui ont foncé dans une boutique de fringues pour acheter des sous-vêtements chics en vue de la photo) avouera avoir été heurté par la brutalité porno de l'image. Deux jeunes femmes quasi nues, côte à côte, se touchant et/ou se cachant pas très pudiquement les parties intimes. L'une des deux, il me semble, est la soeur du guitariste de Can, Michael Karoli. Les deux femmes sont créditées sur la pochette pour leur aide à la traduction en allemand des paroles de la chanson Bitter-Sweet, qui ouvre la face B : Evaline Grunwald, Constanze Karoli (blanche et noire sur la pochette, respectivement). Bon, l'album, musicalement, il vaut quoi ? Parce que s'il y à bien un truc à dire au sujet de Country Life, c'est que c'est, surtout, son contenant qui rend l'album culte, limite les gens l'achètent pour la pochette, sans se soucier du disque dedans (Manoeuvre l'avait inclus dans sa "Discothèque Idéale" - tome 2 - et passait tout l'article à parler de la photo, presque rien sur le contenu musical, un comble...). Hé bien, je vais être clair : c'est un triomphe du genre. 

RM3

C'est sans doute le meilleur album post-Eno de Roxy Music, une montée de niveau par rapport à Stranded, et le suivant, Siren (1975) sera certes excellent, mais pas meilleur selon moi. Même un petit peu moins bien, en fait (bon, OK, Love Is The Drug...). Là, tout du long de 42 minutes paradisiaques, c'est du lourd. Ca démarre en fanfare (quelle intro...) par le très teutonique, wagnérien The Thrill Of It All, qui semble en foutre un peu partout (guitares en furie de Phil Manzanera, claviers en pagaille, saxophone bien présent), et ensuite, montagnes russes, on passe de la douceur de Three And Nine à la furie de All I Want Is You. Out Of The Blue est un régal sur lequel le violon d'Eddie Jobson (invité de luxe, membre pas vraiment officiel) et la guitare de Manzanera rivalisent de présence. If It Takes All Night achève pépèrement la face A, la B, elle, s'ouvre sur Bitter-Sweet, et son ambiance un peu pesante, presque glauque, et ses paroles en allemand dans le dernier couplet. Triptych nous embarque dans un univers baroque, presque médiéval, étrange, tandis que Casanova (qui parle de Bowie ? Il me semble bien...sans jamais le citer, évidemment) est assez féroce et glam en même temps. A Really Good Time permet de souffler un peu avant le final Prairie Rose, ode à Jerry Hall, petite amie de Ferry à l'époque, future modèle de la pochette de Siren, et par la suite future madame (ex, ensuite) Jagger. Ce morceau final est un régal de glam countrysante qui achève le disque en beauté. Que dire de plus ? Country Life est bel et bien le sommet d'un groupe qui, à l'époque, l'est vraiment, au sommet. Avec Avalon, c'est mon préféré d'eux. Mais ce dernier point est accessoire. 

FACE A

The Thrill Of It All

Three And Nine

All I Want Is You

Out Of The Blue

If It Takes All Night

FACE B

Bitter-Sweet

Triptych

Casanova

A Really Good Time

Prairie Rose