Je tiens tout d'abord à remercier Koamae pour m'avoir fait découvrir cet album live de Pink Floyd, lequel n'est pas un album officiel, mais un bootleg. Et même, généralement considéré comme LE bootleg le plus réussi, concernant Pink Floyd (selon les spécialistes et fans du groupe). Cet album a été enregistré en 1969, le 17 septembre, à Amsterdam, au Concertgebouw (une salle de concerts), et est constitué de deux disques de 41 minutes chacun, tous deux bénéficiant d'une prise de son réellement bluffante ; et pour cause : ce live a été diffusé, à l'époque, sur une station de radion néerlandaise, et, donc, captée avec de bons moyens pour l'époque ! C'est à se demander pourquoi The Complete Concertgebouw Concert 1969 (titre de ce bootleg sorti en 2001 dans la version que j'aborde ici) est resté non-officiel, vu que, d'un point de vue sonore, la qualité est meilleure que sur l'unique live officiel du groupe de cette période (et même de la période 1967/1978 !), à savoir le disque live (à la qualité sonore un peu datée) du double album Ummagumma de 1969. Revenons à ce bootleg, car non seulement il est techniquement remarquable, ce qui est rare pour un disque pirate, mais, en plus, il offre des morceaux absents de tous les albums lives officiels. Et pour cause, on trouve, ici, dispatchée sur les deux disques, les deux mini-suites The Man et The Journey. Cette double suite, The Man And The Journey, est mythique chez les connaisseurs es Pink Floyd, jamais officiellement placée sur album, que ce soit en live ou en studio. Il faut cependant savoir que la quasi-totalité des 16 titres présents ici sont en fait des versions différentes, embryonnaires parfois, ou remaniées, et retitrées, de morceaux issus d'albums du groupe, du premier album à Ummagumma (pas encore sorti au moment où le groupe donne ce live à Amsterdam ; Ummagumma est sorti en fin octobre 1969). On comprend un peu mieux pourquoi cette double suite n'a jamais eu les honneurs d'un album studio officiel !
Le Concertgebouw d'Amsterdam
Voici d'ailleurs quels sont les morceaux studios officiels cachés derrière ces titres de morceaux parfois assez étonnants. Mais avant ça, commençons par deux morceaux. Le premier, c'est Introduction, une minute pendant laquelle on entend une voix féminine en néerlandais, annonçant le concert. Sans intérêt, donc. Le deuxième, qui comporte encore moins d'intérêt, mais est assez amusant quand même, c'est Teatime, 3,40 minutes pendant lesquelles on n'entend rien, le groupe profitant de ce moment pour se taper une tasse de thé sur scène (à cette époque, ils le faisaient très souvent, ils abandonneront cette habitude par la suite quand leur standing ne leur permettra plus ce genre de fantaisies faisant patienter le public pendant plusieurs minutes). Ensuite, on a une version embryonnaire de la troisième partie (celle qui est chantée) de The Narrow Way (qui se trouvera sur Ummagumma), chantée par Gilmour, version assez différente, imparfaite, mais tout de même très belle. La version studio est supérieure, car on sent que David Gilmour n'avait pas encore finalisé le morceau. Mais ça reste très bon (et le seul morceau de ce double live à être connu du 'grand public' et proposé sous son titre officiel) ! Sinon, voici, en gros, ce que représentent ces morceaux du bootleg : The Man commence par Daybreak, qui est très similaire à Grantchester Meadows (Ummagumma), et le final de The Man, Daybreak, Part II, en est évidemment une reprise (avec des bruitages de sonnerie d'alarme/réveil). Tandis que Work est une morceau inédit à base de vibraphone, percussion et scie musicale, Afternoon, qui suit Teatime, est en fait Biding My Time, morceau qui ne se trouvera en album que sur la compilation Relics en 1971 (mais date des sessions de Ummagumma). Doing It est une étude de batterie de Nick Mason inspirée par The Grand Vizier's Garden Party (Entertainment) de Ummagumma, en partie, en version nettement plus concise, moins de 4 minutes. Sleep est une plage assez envoûtante ressemblant assez au Quicksilver de la bande-son de More (alors, au moment du concert d'Amsterdam, le plus récent album du groupe), Nightmare est très semblable à Cymbaline issu du même album, et est, elle, nettement plus longue (9 minutes, le morceau le plus long du bootleg, mais pas de beaucoup) et quand même différente. Puis la deuxième partie de Daybreak achève la première suite.
La deuxième suite, The Journey, qui dure aussi longtemps mais avec moins de morceaux, commence par un morceau au titre éloquent, The Beginning ('le commencement'), qui ressemble fortement à Green Is The Colour, issu de More Soundtrack. Beset By The Creatures Of The Deep (titre vraiment étrange) est en fait une version assez space de Careful With That Axe, Eugene, dont le groupe avait déjà enregistré, pour le film Zabriskie Point d'Antonioni, une version sous un autre titre (Come In, Number 51, Your Time Is Up). Ce n'est pas la même version, mais c'est pour dire à quel point le groupe aimait apparemment changer les titres de ses morceaux ! Cette version (Beset...) n'est pas la meilleure que le groupe ait fait, mais elle est quand même excellente. Arrive The Narrow Way dont j'ai parlé plus haut, puis The Pink Jungle, qui n'est autre qu'un morceau inspiré par Pow R. Toc H. de l'album The Piper At The Gates Of Dawn. Encore une fois remarquable. The Labyrinths Of Auximenes est un morceau se basant un peu sur Interstellar Overdrive, pour un riff, mais est, dans l'ensemble, assez à part et original. Tout comme Behold The Temple Of Light, composition en quasi-totalité inédite ; on entend juste un petit peu (quelques secondes) de ce morceau envoûtant, étrange et solennel à la fin de The Narrow Way (Part 2), sur Ummagumma ! Il reste à parler de The End Of The Beginning, qui n'est autre que la dernière partie (Celestial Voices) de A Saucerful Of Secrets, comme toujours sublime, et parfaite pour achever la suite (et le live). Dans l'ensemble, cette deuxième suite est aussi grandiose que la première, et ce live bootleg, franchement puissant, mythique, une totale réussite !!
CD 1
Introduction
Daybreak
Work
Teatime
Afternoon
Doing It
Sleep
Nightmare
Daybreak, Part II
CD 2
The Beginning
Beset By The Creatures Of Deep
The Narrow Way
The Pink Jungle
The Labyrinths Of Auximenes
Behold The Temple Of Light
The End Of The Beginning
J'aime bien ce boot, assez mythique c'est vrai et qui montre un Floyd très expérimental, dans une démarche assez proche d'Ummagumma. Y a vraiment de tout ici, même s'il y a aussi comme tu l'as dis des trucs qui servent à rien (Teatime).
Par contre je préfère largement les boots de 71, beaucoup plus "tendus" au niveau de l'ambiance, avec des Careful With That Axe Eugene d'enfer, des A saucerful Of Secret, Cymbaline ou Atom Heart Mother bien plus prenant que ce live à Amsterdam.
Mais c'est un bon bootleg, mythique et plutôt original!