C'est en 1971 que T-Rex, anciennement Tyrannosaurus Rex (John Peel, fameux animateur radio - BBC - anglais, proposera à Marc Bolan, leader du groupe, de raccourcir leur nom), devient énorme. Electric Warrior, produit par Tony Visconti, enregistré un peu partout pendant une tournée américaine (comme ce fut le cas du deuxième opus de Led Zeppelin deux ans plus tôt), sort et cartonne, avec à la clé un hit (Get It On, qui sera renommé (Bang A Gong) Get It On aux USA car une chanson du nom de Get It On existait déjà) et plusieurs chansons devenues indémodables, comme Life's A Gas, Cosmic Dancer, Jeepster, Monolith, Mambo Sun, Planet Queen... et une production bluffante, qui vieillit super bien (malgré les choeurs de Flo & Eddie, qui sont cependant bien plus sobres qu'au sein des albums de Frank Zappa à la même époque !). Les albums précédents étaient souvent très bons, mais pas autant qu'Electric Warrior. Ils étaient surtout un peu différents (à la base, Tyrannosaurus Rex était un groupe de folk chantant des chansons à la Tolkien sur des albums aux titres longs de la distance Paris/Nice, et dont un des membres originaux, d'avant la reconversion en T-Rex, s'appelait Steve Peregrin Took, en allusion à un des Hobbits du Seigneur Des Anneaux !). Avec Electric Warrior, T-Rex devient une valeure sûre d'un genre musical alors très nouveau, le glam. Son leader, Marc Bolan, ami de David Bowie et à la beauté elfique proche de celle d'une de ses idoles (Syd Barrett) et la voix chevrotante (et au destin sinistre : en 1977, un accident de voiture le tue), devient une légende au même titre que, tiens, Bowie. En 1972, le groupe sort The Slider, un album encore une fois produit par Tony Visconti, et enregistré en France, au Château d'Hérouville (Val d'Oise, près d'Auvers), un album à la pochette faussement signée Ringo Starr (en fait, la photo est signée Visconti, et a été prise dans le jardin de la propriété anglaise de John Lennon, pendant que Ringo filmait le documentaire Born To Boogie, sur T-Rex ; Bolan a donné les crédits de photo à Starr en cadeau, mais c'est bel et bien Visconti qui a pris le fameu cliché de Bolan en chapeau). Un album rempli de grandes chansons, encore une fois, comme la chanson-titre, Rock On, Metal Guru, Buick Mackane, Main Man et le fameux Telegram Sam. Bref, un autre grand disque essentiel.
Après ces deux albums mythiques (lequel des deux est le meilleur, honnêtement, je ne sais pas !), Bolan va quelque peu se reposer sur ses lauriers, ce qui était à craindre. Son album suivant, qui sortira en 1973, sera enregistré lui aussi à Hérouville (sauf erreur de ma part, ça sera la dernière fois qu'il ira là-bas) même s'il fut dans un premier temps commencé à Abbey Road - mais Bolan refera tout en France - et porte le nom de Tanx. Court (13 titres, comme The Slider, mais seulement 35 minutes ; The Slider en faisait, lui, 43), l'album est encore une fois produit par Visconti, et est considéré de manière un peu schizophrène par les fans du groupe et les spécialistes : on en parle à la fois comme du début de la fin pour T-Rex et d'un album de son Âge d'Or. C'est vrai dans les deux cas : Tanx est le dernier album de la période dorée (commencée en 1971) du groupe de Bolan, et dès l'album suivant (Zinc Alloy And The Hidden Riders Of Tomorrow, 1974, qui sera un bide commercial monstrueux, mais n'est pas honteux, sans être génial), le groupe s'enfoncera dans une lente mais sûre médiocrité. Je préfère ne pas parler de Bolan's Zip Gun, de 1975... Précédé par un single monstrueux (Children Of The Revolution, fin 1972) qui ne se trouvera pas sur l'album, Tanx est un disque un peu étrange, peuplé de chansons souvent courtes (10 des 13 titres n'atteignent pas 3 minutes, et deux d'entre eux en font même moins de 2 ; et le titre le plus long fait à peine 5 minutes), et la première écoute qu'on en aura pourra sembler frustrante, on a l'impression d'un album fantoche, bâclé, expédié. Il n'en est rien, l'album offre des chansons vraiment fulgurantes, comme Tenement Lady, Shock Rock, Born To Boogie, Rapids ou Mad Donna et son amusante intro in zeu langue of Molière : on y entend une petite fille d'une dizaine d'années (à peu près) dire, en français, d'une petite voix enjouée, Donna la folle, par T-Rex !, et Bolan grogner de contentement, avant de commencer le morceau. Autre grand morceau, le dernier (et le plus long), Left-Hand Luke And The Beggar Boys, qui achève le disque avec panache. Ca excuse la petite platitude de morceaux comme Highway Knees ou Country Honey.
Dos de pochette
Quelque peu anodin parfois, franchement réjouissant dans d'autres, ce disque à la pochette amusante (un Bolan un peu empâti, caché derrière un tank miniature) est plus que correct. Certes, il est vrai que si on le compare à Electric Warrior ou The Slider, la comparaison n'ira pas en sa faveur, Tanx étant quand même moins fort, et on sent que Bolan s'est laissé fortement aller. Manque de bol pour lui, la suite de sa carrière sera assez déplorable (surtout en terme de ventes), Bolan tentera de gagner le marché américain, imprégnera ses albums de soul, et le résultat sera assez moyen, même médiocre. Si Zinc Alloy... (et son titre en allusion à un fameux album de Bowie) et Dandy In The Underworld (1977, sorti très peu de temps avant sa mort et, donc, le dernier) sont corrects, Bolan's Zip Gun (pas sorti aux USA, tout comme Zinc Alloy... ; en revanche, Bolan y sortira Light Of Love, qui contient beaucoup de chansons de Bolan's Zip Gun et certaines de Zinc Alloy... dessus, album qui ne sortira, lui (je parle de Light Of Love), pas en Europe) et Futuristic Dragon (1976) ne valent vraiment rien, ou presque rien. Oui, vraiment, bien que n'étant pas parfait, bien qu'étant un peu paresseux parfois, Tanx est bel et bien le dernier grand disque de T-Rex, et si vous aimez T-Rex, il est recommandé. Et puis, rien que pour Born To Boogie, Left-Hand Luke And The Beggar Boys et Tenement Lady...
FACE A
Tenement Lady
Rapids
Mister Mister
Broken Hearted Blues
Shock Rock
Country Honey
Electric Slim And The Factory Hen
FACE B
Mad Donna
Born To Boogie
Life Is Strange
The Street And Babe Shadow
Highway Knees
Left-Hand Luke And The Beggar Boys
