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C'est un fait : il existe peu de choses officielles concernant John Lennon en live. Outre le seul live officiel des Beatles (Live At The Hollywood Bowl), on a aussi, et là c'est pour sa carrière solo, le Live Peace In Toronto 1969, le disque live du double Some Time In New York City de 1972, et un EP live enregistré en 1974 (sorti en 1981) au cours d'un concert d'Elton John, sur lequel on entend Lennon et Elton chanter trois titres dont deux des Beatles). Ah oui, et la face A du Unfinished Music #2 : Life With The Lions en 1969, que l'on aimerait oublier, mais qui existe pourtant bel et bien. On a aussi des titres lives épars sur le coffret 4 CD Lennon Anthology sorti en 1998. Mais c'est tout, vu que Lennon ne s'est vraiment pas produit très souvent en concert, et jamais en tournée). Enfin, avec l'album que je vous propose (en nouvelle chronique, l'ancienne était vraiment devenue trop poussiéreuse...) aujourd'hui. Cet album est sorti en 1986. Donc...oui, bravo, il est posthume. C'est un des deux albums sortis en 1986, concernant Lennon, l'autre étant Menlove Ave., compilation d'inédits et de chutes de studio des sessions de Rock'n'Roll (celles avec Spector, 1973) et Walls & Bridges. Celui-ci est sorti avant, en février 1986, et il s'agit, donc, d'un live. Un live extrêmement court, 42 minutes, de quoi sentir un peu le foutage de gueule quelque part. Il a été capté le 30 août 1972 au Madison Square Garden de New York, et s'appelle, donc, logiquement, Live In New York City

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La pochette, montrant un Lennon au visage fermé, donnc vachement envie, n'est-ce pas ? Ce live a été enregistré au cours d'un concert (en fait, deux, un dans l'après-midi, un en soirée) en faveur d'une institution pour enfants handicapés mentaux. D'autres artistes se sont produits au cours de ces deux shows, comme Roberta Flack, Stevie Wonder, Sha Na Na et Melanie, une chanteuse folk révélée à Woodstock. Evidemment, Yoko a aussi chanté au cours des shows, durant la prestation lennonienne, mais Live In New York City ne propose que les morceaux interprétés par Beatle John. Ce qui ne veut pas dire que l'on n'entend pas Yoko dans les choeurs parfois (et elle joue de quelques claviers et d'un peu de percussions), mais son absence vocale sera, j'imagine, un soulagement pour beaucoup (pourtant, elle a fait de bons trucs, surtout en 1973). Lennon est ici accompagné du groupe qui joue sur Some Time In New York City, qui était sorti depuis deux mois environ : Elephant's Memory. Ce groupe blues-rock engagé, qui sortira notamment en 1972 un album éponyme très réussi produit par LennOno, jouera aussi sur le Approximately Infinite Universe de Yoko, double album magistral de 1973. Il est cependant essentiellement connu pour sa collaboration, en 1972, avec Lennon, et serait, sans ça, retombé totalement dans l'oubli. Ils jouent un boogie/blues-rock un peu bourrin, mais qui correspond bien à l'ambiance générale, Lennon semblant assez enragé (les mauvais résultats de son album récent, aussi bien accueilli qu'une troisième vague du Covid-19 ?). 

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Le son est un peu, je ne vais pas dire rugueux, mais dans le ton de l'époque : ça date de 1972, ça a été restauré pour le CD en 1986 (aussi sorti en vinyle, je l'ai, et en VHS, qui offre en plus Power To The People en intro (absent du CD, on en entend des bribes chantées par la foule en ouverture du live), et deux titres interprétés par Yoko, Sisters O Sisters et Born In A Prison), mais si le disque est toujours facilement trouvable actuellement, il n'a pas été remastérisé, c'est toujours l'antique édition CD qui est commercialisée. Donc, ça peut sembler un peu fade. La prestation musicale est dans l'ensemble très correcte, sans être parfaite. On y trouve un morceau des Beatles (Come Together), on trouve souvent cette version sur divers best-ofs de Lennon, qui la chante d'une voix bien enragée. Les morceaux rock sont, d'ailleurs, tous interprétés avec hargne et puissance : New York City, It's So Hard, Well Well Well, Cold Turkey, et une courte reprise de Hound Dog. Les morceaux calmes, eux, sont un peu décevants, surtout Imagine, que le piano électrique affaiblit considérablement, et Instant Karma ! (We All Shine On) qui semble poussif. Mais Mother est très prenante, et Woman Is The Nigger Of The World, très efficace. Dans l'ensemble, c'est vraiment dommage que le seul document live de longue durée (sans oublier le Live Peace In Toronto 1969 et le Live Jam de Some Time In New York City dont la moitié, dans les deux cas, est occupée par Yoko) soit aussi frustrant. Mais on est obligé de s'en contenter... A réserver aux fans, donc. 

FACE A

New York City

It's So Hard

Woman Is The Nigger Of The World

Well Well Well

Instant Karma ! (We All Shine On)

FACE B

Mother

Come Together

Imagine

Cold Turkey

Hound Dog

Give Peace A Chance