"XTRMNTR" - Primal Scream

16 juillet 2018

"XTRMNTR" - Primal Scream

Bon, on a gagné la Coupe. C'est cool. We're gonna get loaded, gonna have a good time. Mais je suis là pour parler musique, et puis vous savez, moi, le foot... Alors revoici Primal Scream. Après un Screamadelica génial et séminal, un Give Out But Don't Give Up tout aussi génial, mais dans un registre très rock et radicalement différent (dans la catégorie machine arrière toute, il se pose là) et un Vanishing Point pas aussi génial que les deux autres, mais tout de même excellent, Primal Scream va, en 2000, encore surprendre son monde avec un album au titre et à la pochette assez tapageur(se) : XTRMNTR. Soit Exterminator mais sans les voyelles. D'ailleurs, le nom du groupe est aussi écrit de la sorte, soit PRML SCRM, sur cette pochette rouge et argentée représentant des aviateurs et leurs engins. La pochette me fait beaucoup penser à celle du Never Say Die ! de Black Sabbath (musicalement, on n'est vraiment pas dans la même catégorie, en revanche), je ne sais pas si ce fut une source d'inspiration graphique pour la pochette de l'album, mais le fait est là. En même temps, montrez-moi deux pochettes d'albums différentes avec des marins dessus, je vous dirai probablement que l'album le plus récent des deux s'est inspiré, même inconsciemment, de l'autre album pour cette pochette. XTRMNTR date de 2000, donc. C'est un disque qui emmène le Cri Primal encore plus loin que Vanishing Point ne l'avait fait.

Et pourtant, Vanishing Point allait parfois très loin, on était en présence d'un disque de dub-rock technoïde/transe/expérimental à gogo (Kowalski, Trainspotting fait pour le film de Boyle). XTRMNTR va encore plus loin : tout du long de ses 60 minutes (parmi lesquelles on trouve, en avant-dernière position, et faisant bien partie de l'album, un remix de Swastika Eyes, un morceau présent aussi plus tôt sur l'album dans une autre version), on a affaire à de la furie électro/rock/jungle/psychédélique absolue. Le groupe de Bobby Gillespie, Andrew Innes et Robert Young (et aussi Martin Duffy, Gary Mournfield...), accompagné ici, selon les morceaux, de Kevin Shields (My Bloody Valentine), Bernard Sumner (New Order), Brendan Lynch (un des producteurs de l'album, il y en à un pacson) ou Darren Morris, et qui remercie, dans ses laconiques notes de pochette, Liam Howlett (The Prodigy) et Jaki Liebezeit (batteur de Can, groupe ayant fortement influencé Primal Scream), est en forme et livre un album de haute, très haute volée, qui va vous exploser les oreilles comme rarement un album le fera. A condition de l'écouter au casque, et à volume respectable. Vous n'avez pas d'acouphènes ? Rassurez-vous, vous en aurez, comme tout le monde. Vous avez des bouchons de cire coincés au fond des esgourdes ? Ils sauteront tout seuls, de peur.

Ce disque est un programme de démolition (Accelerator, bon Dieu de merde... Ce morceau, c'est le Your Pretty Face Is Going To Hell de Primal Scream, ni plus, ni moins, aussi agressif, violent, noisy et jouissif que le morceau des Stooges). Avec des morceaux de choix en guise de wrecking balls : Kill All Hippies, Exterminator, Swastika Eyes, Insect Royalty, MBV Arkestra (If They Move Kill' Em), Shoot Speed/Kill Light, Pills, Accelerator... Produit notamment par Brendan Lynch, Dan The Automator, The Chemical Brothers, Kevin Shields (on s'en doute, mais je le précise : le MBV de MBV Arkestra sont les initiales de son groupe My Bloody Valentine), David Holmes, Jags Kooner et le groupe lui-même, XTRMNTR est un disque brutal, violent, sans concession, incontestablement un des meilleurs du groupe de Gillespie et Innes. Mon préféré avec le très rock Give Out But Don't Give Up en tout cas (et Screamadelica en troisième), un album ravageur, furieux et radical, aussi radical que son titre agressif et sa pochette tapageuse. Le groupe semble avoir atteint ici son point de non-retour en terme d'audace musicale. Absolument tétanisant et quintessentiel, mais attention, ce n'est pas réservé aux oreilles fragiles et aux goûts musicaux restreints à la pop FM !